Étude Sur "La Règle Du Jeu", Jean Renoir

Étude Sur "La Règle Du Jeu", Jean Renoir

ETUDE SUR LA RÉGLE DU JEU Frédéric de Scitivaux Ancien élève / Fontenay-Saint-Cloud Agrégé de Lettres modernes CLASSIQUES DU BAC LAROUSSE Présentation de l'épreuve Descriptif L'épreuve de français au baccalauréat en Terminale est obligatoire pour la série L, et optionnelle pour la série ES. Elle ne comporte qu'un écrit (durée 2 heures, coefficient 2 pour les deux sections L et ES) si vous ne passez que le premier groupe d'épreuves, c'est-à-dire si vous obtenez l'examen sans oral de rattrapage. Vous pouvez aussi présenter une épreuve de français à l'oral si vous obtenez entre 8 et 10 à l'issue des épreuves du premier groupe et que vous êtes donc amené à passer les matières de rattrapage. En section L et en section L seulement, vous avez la possibilité de remplacer la note d'écrit que vous avez obtenue en Première lors des épreuves anticipées de français par la note que vous obtiendrez lors de l'épreuve de fin de Terminale. Dans ce cas, les coefficients s'additionnent et le coefficient total devient 2+3 = 5. En revanche vous ne pouvez cumuler les coefficients d'oral. L'esprit de l'épreuve de français en Terminale est différent de celui de l'épreuve de fin de Première. L'épreuve s'appuie sur un programme pré- cis, composé de quatre œuvres qui ne sont ni exclusivement des œuvres françaises, ni exclusivement des œuvres littéraires, puisque cette année, avec La Chute d'Albert Camus, Les Récits de Petersbourg de Nicolas Gogol et Éthiopiques de Léopold Sédar Senghor, vous avez à étudier une œuvre cinématographique, La Règle du jeu de Jean Renoir. D'autre part, la durée de l'épreuve (2 h) et l'exercice requis (répondre à deux ou trois questions n'ayant pas nécessairement de lien entre elles et ne concernant pas forcé- ment la même œuvre) supposent des qualités de rapidité, une maîtrise plus importante des techniques de réflexion et de rédaction. Objectif Comme pour l'épreuve de Première, la réflexion du candidat doit s'ap- puyer sur une connaissance précise de l'œuvre étudiée, ainsi que sur des notions d'histoire littéraire, d'histoire des idées, d'histoire de l'art ou du cinéma propres à éclairer l'analyse et la réflexion. Plus spécifiquement, l'étude d'un thème, d'une problématique ou d'une séquence filmique de La Règle du jeu suppose que vous soyez à même de respecter, dans votre analyse et dans votre réflexion, la spécificité de la nature de l'œuvre en ques- tion. Le cinéma possède un certain nombre de points communs avec le roman et avec le théâtre, mais il comporte aussi des caractéristiques for- melles et esthétiques propres, qu'il est indispensable de prendre en compte (voir « les éléments de méthodologie pour l'analyse du film », p. 24) L'objectif des épreuves de français au baccalauréat est d'apprécier : • la pratique de la langue ; • l'acquisition d'une culture littéraire et générale ; • la maîtrise de méthodes de travail et de réflexion. Critères d'appréciation À chacun de ces objectifs correspond un critère d'appréciation général : • capacités d'analyse et de synthèse ; • clarté de la réflexion ; • capacité à opérer des rapprochements et à appuyer la réflexion sur une culture qui ne se borne pas exclusivement au cadre du programme étudié pendant l'année ; • qualité de l'expression. Il est donc important de connaître précisément l'œuvre étudiée dans l'année pour pouvoir y faire référence (savoir, par exemple situer précisé- ment un passage dans l'action, pouvoir citer le texte). Il est bon de pouvoir citer aussi d'autres pièces contemporaines relevant de la même probléma- tique d'ensemble. Il faut enfin s'être exercé à l'exercice de la dissertation dont les critères principaux de qualité sont : • fidélité au sujet ; • clarté du plan ; • correction de l'expression. Les écueils à éviter Répondre à côté du sujet Il ne s'agit pas de recopier des développements tout faits, que vous aurez lu dans un livre ou qui proviendront de votre cours : l'examinateur attend que vous lui proposiez une réflexion personnelle sur le sujet propo- sé et non pas sur un sujet voisin. Être vague Ne pas se contenter de répéter des idées toutes faites, ne pas avancer des idées qui seraient valables pour n'importe quel texte : ce que cherche à évaluer l'examinateur, c'est si vous avez saisi et si vous êtes capable de formuler ce que l'œuvre étudiée présente de particulier. Faire un devoir (ou un exposé oral) décousu Le sujet comporte en général une question à laquelle il faut répondre de façon construite. Être confus ou incorrect Assurez vous, en relisant attentivement ce que vous avez écrit, que vous n'avez pas fait de fautes que vous auriez pu éviter et que vous comprenez clairement ce que vous avez voulu formuler. L'étape de la relecture de votre copie (il n'est pas inutile de répéter cette évidence) est absolument cruciale, ne la négligez pas. Biographie Filmographie de Jean Renoir L'enfance Né le 15 septembre 1894, Jean Renoir est le fils d'Aline Charigot et du peintre Pierre Auguste Renoir. Il est élevé par Gabrielle Renard, une cousine de sa mère engagée pour s'occuper de lui. Elle sera la compagne attentive de ses jeunes années, à Montmartre, d'abord au château des Brouillards, demeure des Renoir dans un quartier de Paris qui est alors la pleine campagne. C'est avec elle qu'il va au cinéma et découvre Jack Sheppard ou Les Chevaliers du Brouillard dont il se souviendra quand il filmera la campagne solognote de La Règle du jeu. Les Renoir passent l'été dans le Sud, et, à partir de 1915, Pierre auguste Renoir s'installe définitivement dans la propriété des Collettes, qu'il a achetée en 1907. De son père, Renoir hérita, dit-on, le goût et le sens de l'observation de la campagne et de ses habitants, ainsi que le goût des jolies femmes. Premières armes Après son baccalauréat, Renoir est entraîné dans la « Grande Guerre ». Blessé à la jambe, il restera légèrement boiteux toute sa vie. Né pratique- ment en même temps que le cinéma, il se met à fréquenter souvent les salles obscures et découvre notamment les films de Chaplin, qui connaît alors un succès considérable, puis ceux de D. W. Griffith et de Erich von Stroheim pour lequel il conservera, sa vie durant, une immense admira- tion. En 1919, Pierre auguste Renoir meurt. Jean Renoir épouse peu après un des anciens modèles de son père, Dédée. Pour célébrer la beauté de cette dernière, comme son père l'avait fait par la peinture, Jean Renoir décide de se lancer dans le cinéma. En 1924, il réalise son premier film, La Fille de l'eau. Dédée est devenue sa principale interprète, sous le nom de Catherine Hessling. En 1926, son adaptation de Nana, d'après Zola, n'est pas comprise ou pas appréciée par le public. C'est aussi un échec finan- cier. Suivent Charleston en 1927, un film jugé osé sur cette danse alors à la mode, et dont il ne reste aujourd'hui qu'une vingtaine de minutes et, en 1928, La Petite Marchande d'allumettes, d'après le conte d'Andersen. Les années trente En 1928 et 1929, Jean Renoir continue à apprendre son métier de réali- sateur en tournant plusieurs films de commande : Tire-au-flanc, Le Bled. Puis, après l'avènement du parlant, il réalise, en 1931, On purge bébé, d'après Feydeau, puis La Chienne, d'après le roman d'un auteur aujourd'hui oublié, Georges de La Fouchardière. Cette œuvre noire, magistralement interprétée par Michel Simon, raconte l'humiliation d'un peintre amateur, amoureux d'une prostituée qui ne l'aime pas et l'exploite. C'est son premier chef-d'œuvre. Il lui coûte son mariage car Catherine Hessling, écartée du rôle principal par les producteurs qui lui préfèrent une autre actrice, le quit- te. La Nuit du carrefour, adaptée d'un roman noir de Georges Simenon en 1932, est un échec mais est considérée par Jean-Luc Godard comme « le seul grand film policier français ». En 1933, Renoir réalise coup sur coup deux films inspirés de pièces de théâtre : Boudu sauvé des eaux, et, sur commande cette fois, Chotard et Compagnie. En 1934, son adaptation de Madame Bovary, produite par Gaston Gallimard, est un échec commercial. L'année 1934 marque l'infléchissement de l'œuvre de Renoir, comme celle d'ailleurs d'autres réalisateurs français, vers des préoccupations plus sociales (voir « Contextes historique et cinématographique », p.9). Toni, en 1935, a pour thème l'affrontement entre travailleurs immigrés et population locale dans la région de Marseille, à propos d'une histoire de femme. Le Crime de Monsieur Lange, en 1935, et La vie est à nous, commandé en 1936 par le parti communiste, et censuré, procèdent de la même veine populaire. Avec Partie de campagne, moyen métrage de quarante minutes inspiré du récit de Maupassant, Renoir réalise un film dont le décor, les bords du Loing, peut évoquer des réminiscences picturales, en particulier de l'œuvre du père de Jean Renoir. Tourné en 1936, le film ne sortira qu'après la guerre. Cette même année, l'adaptation des Bas-fonds, d'après Maxime Gorki, gagne le prix Louis Delluc, mais ne rencontre pas le succès populaire espéré. En 1937 sort La Grande Illusion, un film dont l'action se déroule pendant la guerre de 1914-1918, et qui montre que les solidarités de classe peuvent prendre le pas sur les antagonismes nationaux.

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