Débâcle Militaire

Débâcle Militaire

1 2 DR Une du Progrès en date du 8 septembre 1939. A la suite de l’entrée des troupes allemandes en Pologne, la mobilisation générale est décrétée en France et au Royaume Uni. 4 Débâcle militaire A la suite de l’invasion de la Pologne, le 3 septembre 1939, par les forces armées du IIIe Reich, la France et la Grande-Bretagne déclarent la guerre à l’Allemagne nazie. Il faut attendre le 10 mai 1940 pour que les combats s’engagent réellement avec la percée allemande dans les Ardennes. C’est la fin de la « Drôle de guerre ». La défaite est fou- droyante et meurtrière jusqu’à l’arrêt effectif des combats en France, après le 17 juin 1940. Le combat coûte à la France, selon André Kaspi1, « 90 000 morts, 200 000 blessés et près de 2 000 000 de prisonniers» et quelques 4 000 tués britanniques. Cette campagne doit être appré- hendée pour ce qu’elle est, une défaite militaire, mais pas un désenga- gement de l’armée française qui, en un mois et demi d’affrontements, a perdu autant d’hommes qu’au cours des six premiers mois de la Première Guerre mondiale. A la fin de juin 1940, les Belges ont perdu près de 8 000 hommes, les Hollandais 3 000 et les Polonais comptent près de 6 000 tués et blessés. Débâcle politique Envahissant la France en passant par les Pays-Bas puis la Bel- gique, l’avancée allemande désorganise l’armée française ainsi que les pouvoirs publics et les institutions d’État. Le 18 mai 1940, Paul Reynaud remanie pour la deuxième fois son cabinet ce qui lui permet de remplacer Maurice Gamelin par Maxime Weygand à la tête des armées françaises et le maréchal Pétain, ambassadeur à Madrid, quitte son poste pour entrer au gouvernement. Le 4 juin 1940 se ter- mine l’évacuation de la poche de Dunkerque. Le 5 juin a lieu un troi- sième remaniement ministériel du cabinet Paul Reynaud. Édouard Daladier est définitivement renvoyé et un jeune général de bri- gade, à titre temporaire, entre au gouvernement comme sous- secrétaire d’État à la Défense, il s’agit de Charles de Gaulle. Le 10 juin, le gouvernement quitte Paris qui est déclarée « ville ouverte », le Président et les ministres se déplacent au château de Cangé (Indre-et-Loire). Les 12 et 13 juin, le conseil des ministres se déchire 1 Il était devenu ambassadeur de France auprès du dictateur espagnol Franco avant d’être rappelé en France 5 entre partisans et opposants à l’armistice. Le 14 juin, Paris est occupée et le gouvernement français se replie à Bordeaux. Le 16 juin, Paul Rey- naud, favorable à la poursuite du combat depuis l’Afrique du Nord, est contraint de démissionner et le maréchal Pétain lui succède comme président du Conseil, dans la nuit du 16 au 17 juin. Pétain est, aux yeux de ses contemporains, celui qui a gagné à Verdun, le héros de la Grande guerre, qui a donné à l’armée française une réputation d’invincibilité. Mais, le 17 juin à 12h30, il est celui qui demande aux militaires français de cesser le combat. Lyon : Septembre 1939 – 19 juin 1940 La fin des hostilités n’est totale qu’à partir du 22 juin 1940. Edouard Herriot, maire de Lyon et président de la Chambre des députés, suit le gouvernement à Tours puis à Bordeaux lors de la débâcle. Il demande au maréchal Pétain, président du Conseil, de pouvoir déclarer Lyon « ville ouverte », c’est-à-dire de permettre aux troupes allemandes de la traverser sans qu’il y ait de combats engagés, afin de ne causer ni des pertes humaines, ni des dégradations. La cité est donc ouverte aux forces allemandes dès le 18 juin 1940. Après le 17 juin 1940, certains militaires décident de ne pas abandonner le combat, c’est le cas de l’armée des Alpes, mais aussi du 25e régiment de Tirailleurs sénégalais, qui livre d’âpres combats au nord de Lyon. Ces combattants, parce-que noirs, sont sauvagement massacrés par les forces nazies à Chasselay le 19 juin 1940 (cf. nécro- pole du Tata sénégalais à Chasselay), ainsi qu’à la montée de Balmont à la Duchère (Lyon 9e). 6 Photo Émile Rougé / collection Ordan Photo prise le 7 juillet 1940 dans la cour de la préfecture : autour d’Édouard Herriot se trouvent les six otages lyonnais du 19 juin 1940. Le 19 juin à 16 h 15, l’avant-garde allemande pénètre dans la cour de la préfecture. Le préfet Bollaert, qui est resté à son poste malgré l’avancée ennemie, reçoit les conditions des occupants. Six otages sont désignés, ils répondent sur leur vie de la sécu- rité des soldats allemands à Lyon : le préfet Bollaert, le cardinal Gerlier, le premier adjoint Cohendy, le président de la chambre de commerce Charbin, le secrétaire des anciens combattants Vicaire, et le secrétaire de l’Union départementale des syndicats confédérés du Rhône, Vivier-Merle. A Lyon, le préfet doit assumer en plus des relations avec les forces d’occupation, la question du ravitaillement dans une ville qui a accueilli de nombreux réfugiés. La cité n’est pas spécialement visée par les transferts de population d’Alsace Lorraine au début du conflit (374 000 et 227 000 personnes déplacées d’Alsace-Lorraine vers toute la France), mais ces familles se rajoutent aux républicains espagnols, à des soldats de l’armée polonaise, à des juifs réfugiés et 7 aux autres populations du Nord fuyant devant l’avancée allemande. La Préfecture doit organiser le ravitaillement et l’hébergement de ces premières victimes de la campagne de France. Une défaite française Du 18 au 22 juin 1940, le général de Gaulle lance trois appels à continuer le combat. Pour lui, cette guerre est mondiale et seule la France a pour le moment demandé la fin des hostilités. Le 28 juin, le gouvernement britannique le reconnaît comme le chef de tous les Français libres, où qu’ils se trouvent. Le 22 juin 1940, à Rethondes2, un armistice est signé entre la France et l’Allemagne. Entre autres clauses, la France est divisée en différentes zones d’occupation. Le pays est contraint de verser des sommes démesurées à l’occupant, officiellement pour l’entretien de ses troupes. DMPA 2 Dans le wagon où a été signée la capitulation allemande de 1918 8 De la fin de la IIIe République à l’État français Le 10 juillet 1940, le Sénat et la Chambre des députés votent les pleins pouvoirs à Pétain, 80 parlementaires s’y opposent et 20 s’abs- tiennent. L‘État français est institué, il marque la fin de la IIIe Répu- blique. Dès cet été 1940, la France est divisée en zones par une ligne de démarcation : • La Zone nord est occupée par les Allemands. • L’Alsace Lorraine devient une province allemande. • Certaines zones sont dites interdites • La Zone sud de la France, parfois appelé ZNO (zone non occupée, ou libre), est directement soumise à l’autorité du maréchal Pétain qui installe son gouvernement à Vichy • Les Italiens occupent une partie du Sud-est. Wikimedia Commons 9 La République est prétendument dissoute par le maréchal Pétain qui proclame la création d’un état autoritaire et réactionnaire, l’État français. Dans les premiers temps, cet État français regroupe des représentants de nombreuses sensibilités politiques. Résumons cette situation en rappelant que l’on trouve à Vichy « toutes les droites et quelques gauches » (Stanley Hoffmann). La refonte totale du socle national et politique, voulue par le Chef de l’État, prend le nom de Révolution nationale, où, sous l’influence des courants de pensée conservateurs et d’extrême-droite, le pouvoir va être progressive- ment confié à des personnalités de plus en plus proches, idéologique- ment, du régime nazi3. Le maréchal Pétain fait le choix de la collaboration idéologique, économique, militaire, et policière. Le gouvernement de Vichy met en place des instruments répressifs et d’organisation de l’État qui perdurent après la guerre, tels que la création des préfets de région, l’étatisation de la police, puis son renforcement par les GMR (Groupes mobiles de réserve). A la fin du mois d’août, est promulgué un texte antidaté au 14 août 1941, créant les sections spéciales près la cour d’appel en Zone nord et définissant une nouvelle utilisation répressive des tribunaux mili- taires en Zone sud, ainsi que deux tribunaux d’État, à Lyon et Paris. Les communistes sont les premiers visés, puis les compétences de ces cours s’étendent à tous les résistants à mesure que croît la clandestinité. L’État français décline à tous les niveaux de la politique, intérieure et extérieure, cette collaboration qui, au fil des mois, se transforme en une adhésion à l’idéologie nazie. Qu’est-ce que la Révolution nationale ? Pour résumer, soulignons que la Révolution nationale place au cœur du nouvel État français des valeurs traditionnelles et chré- tiennes, que sont le travail et un certain patriotisme : « Travail, Famille, Patrie » devient la nouvelle devise. La plupart des dirigeants demeure favorable à un maintien de la souveraineté nationale. C’est 3 Notons le rôle de Pierre Laval et de Joseph Darnand, chef de la Milice dès sa création en janvier 1943. 10 la raison pour laquelle, les autorités décident de confier la charge des persécutions raciales et de la répression politique directement aux forces de police et de gendarmerie françaises. Les hommes de Vichy sont partisans de la ségrégation et de la stigmatisation des Juifs, c’est l’esprit de la promulgation du premier statut des Juifs du 3 octobre 1940.

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