Richard Monvoisin www.observatoire-zetetique.org Ce dossier a été réalisé pour l’Observatoire Zététique à l’automne 2004. Sa première version, de même titre, est disponible sous forme de brochure sur : - le site du laboratoire de zététique de l’Université de Nice, France, Rubrique Médecines magiques : www.unice.fr/ zetetique/articles/index.html#medecines, - le site Infokiosques : http://infokiosques.net/spip.php?article=212. Il a fait l’objet de plusieurs articles : - dans les Annales Pharmacologiques Françaises : Pseudo-thérapie - Élixirs fl oraux de Bach: étude zététique : Critique des concepts pseudo-scientifi ques, pseudo-médicaux et des postures philosophiques induites par la théorie du Dr Bach (Bach fl ower remedies : a critic of the pseudoscientifi c, pseudomedicinal concepts and philosophical postures inducted by Dr Bach theory). Abstracts: - sur PubMed : http://minilien.com/?nFCjp8kvT4, - sur INIST CNRS : http://cat.inist.fr/?aModele=affi cheN&cpsidt=17254651. - dans la Revue Sciences & Pseudosciences de l’Association Française pour l’Information Scientifi que (AFIS) : Monvoisin R., Fleurs de Bach : une action avérée sur l’esprit critique, SPS, n° 273, juillet-août 2006 (version un peu tronquée en ligne : www.pseudo-sciences.org/spip.php?article590, - dans la revue Skepter : Monvoisin R., Moralisme en bloesemkracht, Edward Bach en zijn remedies, 19(3), 34-37, herfst, 2006. (disponible sur : www.skepsis.nl/bachbloesemremedies.html) - dans le bulletin du GEMPPI (Groupe d’Etude des Mouvements de Pensée en vue de la Protection de l’Individu) : Monvoisin R., Ebauche de critique scientifi que des pseudo médecines : le cas frappant des élixirs Floraux de Bach,Actes du colloque « Science, pseudo-sciences et thérapeutiques déviantes », GEMPPI, bull. 72, 2006. Cette version en ligne a été retouchée en octobre 2006. Elle est accessible et ne nécessite pas de connaissance scientifi que particulière. L’auteur est à votre disposition pour toute demande, remarque, suggestion ou correction. Couverture : François Blaire Mise en page : Géraldine Fabre Sommaire Fleurs de Bach : Histoire 5 Enfance : le prélude de Bach 5 Bach affl eure : une rémission miraculeuse 5 Bach élite : psore et nosodes 6 Bach + 7 6 Bach au bocage 6 Bach terrien - une recherche compliquée … de simples 7 Fin d’existence : le mort Bach 8 Fleurs de Bach : Tout un concept 9 Typologie des 7 états négatifs de déséquilibre psychologique 9 Historique et fi liation 9 Liste des fl eurs 11 Energie et résonance 14 L’élixir et sa préparation 15 Principes homéopathiques 16 La « philosophie » de Bach 17 Critique : Nosodes de Broch, le jeu zététique dont vous êtes le héros 19 Préliminaire : votre barda 19 Les lieux communs de l’hagiographie 22 Problèmes de la théorie 25 Les «objets» pseudoscientifi ques 28 Pensée magique et principes homéopathiques 30 Les arguments pseudo-philosophiques 32 Interlude : La chaîne de raisonnement de Bach en équation 34 Conclusion 37 Annexes Annexe n°1 : Revue des (rares) expériences menées sur les Fleurs de Bach 39 Annexe n°2 : Affaire Nelson’s, histoire d’un Lobby 43 Annexe n°3 : Fleurs, Essences et Harmonie… et interdiction de publicité ! 47 Annexe n°4 : La psore, concept fourre-tout 48 Annexe n°5 : Bibliographie 49 Fiche récapitulative 53 Fleurs de Bach : Histoire « Remarquez bien que les nez ont été faits pour porter des lunettes, aussi avons-nous des lunettes ». Pangloss, à Candide. récisons d’emblée deux compositeur Johann-Sebastian détails : primo, Fleurs du même nom. Enfi n, si vous P de Bach, Elixirs du Dr prononcez BAK, vous passerez Bach ou Remèdes Floraux de pour un Gallois ; si vous pro- Bach représentent la même noncez BEiTCH, vous passerez chose ; secundo, les Fleurs pour un anglais. Si vous pro- de Bach sont des « remèdes » noncez BÂCHE, vous passerez fl oraux que l’on doit au médecin pour un âne. anglais Edward Bach, et non au Enfance : le prélude de Bach est le 24 septembre à la fonderie familiale de cuivre, enfi n, en 1914, celui de Santé 1 Pour les anecdotes sur l’enfance 1886 que naquit le trois années durant. Hélas ! Ed- Publique de Cambridge. Il se de Bach, cf. Prouzet A., Les fl eurs du petit Edward, préci- ward n’était pas assez costaud mit donc à la tâche en milieu bien, comment se soigner avec les C’ élixirs fl oraux du Dr Bach, Coll. Santé, sément à Moseley, village près pour la fonderie. En 1906, son hospitalier, en tant que médecin Editions Vivez Soleil, août 2000, p 15. de Birmingham en Angleterre. père l’autorisa enfi n à faire ses au service des urgences de Voir aussi Weeks Nora, 1973, p 16, Aîné de trois enfants, précoce études médicales, à la faculté l’UCH en tant que chirurgien in Lynn McCutcheon, Bach fl owers Remedies : time to stop smelling the et très émotif, on dit que le futur de Birmingham puis à l’Univer- au National Temperance Hos- fl owers, Skeptical Inquirer, Vol 19 docteur Bach nourrissait déjà sity College Hospital (UCH) à pital, avant d’ouvrir en 1913 N°4 July - August 1995, p 34. L’article un grand intérêt pour la vaste Londres. un cabinet dans la très chic est disponible sur le site allemand www.mystrobl.de/ws/bachfl e.htm. Une gamme de comportement des Bien que passant peu de Harley Street. La même année, version française du livre « Les dé- gens : il était rempli de com- temps sur ses livres, et persua- il épouse Gwendoline Caiger, couvertes médicales d’Edward Bach, passion pour toute la souffrance dé que son intuition personnelle à Hendon, dans le Middlesex2. médecin » de Nora Weeks est disponi- ble à l’Or du temps (1993) ou en ligne vécue et c’est pour cela qu’il surpassait les connaissances Puis il évite, grâce à sa santé sur www.edwardbach.org/background_ aurait décrété dès les bancs disponibles en librairie1, il décro- précaire, l’écueil du service mi- history.asp, 1928. de l’école qu’il serait médecin. cha en 1912 un double diplôme litaire en pleine guerre mondiale Toutefois, il dut pour d’obscures au Royal College of Surgery et et devient en 1915 assistant en 2 Entre nous, quel meilleur endroit raisons dissimuler cette voca- au Royal College of Physicians, bactériologie à l’UCH. pour une voyage de noces que le tion à son père : il quitta donc puis le diplôme de médecin Débute alors une aventure qui Middlesex ? l’école à 16 ans et vint travailler et de chirurgien de l’UCH, et revêtira tous les oripeaux du Bach affl eure : une rémission miraculeuse e 5 avril 1917, sa fem- ne lui donne plus que quelques c’est dans cet effort ultime, dit la me meurt. Quatre mois mois à vivre, Bach regroupe ses légende, qu’il prend conscience L plus tard, très affecté et dernières forces, sort du coma, du repli de ses propres symptô- négligeant sa propre santé, il revient à lui, se hisse chance- mes et de sa santé revigorée. s’effondre épuisé dans son la- lant sur ses mollets et, outre- On raconte qu’il recouvra, grâce boratoire, fait une hémorragie passant ses souffrances et son à ses forces spirituelles et à son et sombre dans le coma. Cer- affaiblissement, décrète de con- état psychologique « positif », 3 Prouzet A., op.cit. p 17, mais aussi tains biographes ajoutent que sacrer sans relâche les jours qui toute sa vigueur au bout de 3 Jelger D., Aromathérapie et Fleurs de ses collègues en auraient alors lui restent à vivre à son œuvre mois3. Bach, sur http://sylde.chez.tiscali.fr/ profi té pour lui retirer une tu- cachée : sa méthode de soin L’hagiographie est déjà en sfbach.htm. meur cancéreuse à la rate, ce naturelle « globale » ! Le plus branle. qui laisse songeur. Alors qu’on surprenant est encore à venir : 5 Bach élite : psore et nosodes n 1919, il est désormais en la Psore, qui désigne dans le bacilles sur les maladies chro- 4 Ibid. p 17. Note : L’Organon ou l’art de guérir de S. Hahnemann est en ligne sur pleine forme. Son hôpital système hahnemannien une niques, il avait émit l’hypothèse www.edwardbach.org/contactus.asp en venant de lui interdire de sorte de maladie chronique, un qu’il existât une corrélation cliquant sur Organon of Medicine. E cumuler son activité hospitalière genre de prurit ou de gale qui entre la personnalité de ses Quelques extraits censés avoir infl uencé et sa clientèle privée, il entre au serait du à un défaut dans la ca- patients et les bactéries qui Bach sont traduits sur www.sante.cc/ London Homoeopathic Hospital pacité du corps à s’auto-guérir5. grouillaient dans leurs entrailles, bach/therapie/bach08.htm. et se penche sur la doctrine Sans rentrer dans le détail, cette et en avait déduit une causalité 5 Passant sur le plaisir intellectuel de Samuel Hahnemann. C’est psore déclenche chez Bach un forte avec leurs maladies chro- d’avoir du prurit en pays de gale, les désireux d’en savoir plus sur la psore se notamment le fameux ouvrage raisonnement analogique fort niques. En découvrant que pour référeront à l’annexe n°4, la psore, un Organon qui attire son regard. Il captivant. Hahnemann existait aussi une concept fourre-tout. Notons que le terme y trouve une rigueur de pensée Elle ressemble étrangement corrélation entre certaines ma- psore a donné psoriasis. très proche de la sienne : on y aux pathologies bacillaires in- ladies chroniques et les poisons soigne avec elle des malades testinales qu’avait étudié Bach intestinaux, bon sang mais c’est plutôt que des maladies4. Une à l’UCH quelques années plus bien sûr : c’est bien la person- notion, surtout, séduit Edward : tôt.
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