Au Maroc De Mehdi Ben Barka LE

Au Maroc De Mehdi Ben Barka LE

www.lemonde.fr er 57e ANNÉE – Nº 17552 – 7,50 F - 1,14 EURO FRANCE MÉTROPOLITAINE DIMANCHE 1 - LUNDI 2 JUILLET 2001 FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI Fiat s’associe Comment Ben Barka a disparu deux fois à EDF b « Le Monde » révèle comment le corps de l’opposant marocain a été dissous dans une cuve pour lancer d’acide à Rabat b Mehdi Ben Barka avait été enlevé à Paris et assassiné en 1965 b Son fils Bachir une OPA demande que la justice entende tous les agents secrets marocains cités dans notre enquête APRÈS LA PUBLICATION, ven- par le général Oufkir et le comman- dredi 29 juin, de la première partie dant Dlimi dans une villa de Fonte- sur Montedison de notre enquête sur l’enlèvement, nay-le-Vicomte, a été ramené au le 29 octobre 1965 à Paris, puis la Maroc avec la complicité de la Fran- FIAT aurait décidé de s’associer mort sous la torture de Mehdi Ben ce et l’assentiment de la CIA qui, dès F. NASCIMBENI/AFP à EDF pour lancer une offre publi- Barka, le fils aîné de l’ancien oppo- le début, avait suivi toute l’opéra- que d’achat inamicale sur le sant marocain, Bachir, demande tion. Puis comment le cadavre de PROCÈS conglomérat italien Montedison que tous les agents marocains impli- l’opposant, espoir de toute une géné- (énergie, chimie, agroalimen- qués dans ce crime d’Etat soient ration, a été dissous dans une cuve taire). L’OPA, soutenue par des entendus par la justice. « Rien ne d’acide installée dans un centre de Patrick Dils banques italiennes, devrait être lan- sera possible, au Maroc, sans volonté torture et de détention à Rabat. Le cée lundi 2 juillet. Les assaillants politique et, en fait, sans une décision crime d’Etat perpétré par le Maroc auraient mobilisé 20 milliards du roi », Mohammed VI, a-t-il dé- sur le sol français était devenu crime coupable d’euros, selon des sources financiè- claré au Monde. L’enlèvement avait d’Etats, impliquant la France. res. Cette initiative résoudrait la cri- été organisé par Hassan II, le père La cuve d’acide, dont l’agent Le jury de la cour d’assises de la Mar- se qui s’est ouverte entre Paris et de celui-ci. Bachir Ben Barka affir- Ahmed Boukhari a dessiné le cro- ne a rendu un verdict inattendu, ven- Rome à propos des ambitions ita- me que le juge français Jean-Baptis- quis, a servi, selon lui, à éliminer des dredi 29 juin, en condamnant Patrick liennes d’EDF. L’électricien fran- te Parlos, qui a pu se rendre au dizaines d’opposants. Abraham Dils à vingt-cinq ans d’emprisonne- çais, qui vise la filiale Edison, a Maroc début juin, pour la première Serfaty, ancien prisonnier du roi ment. Tout concourait pourtant à son acquis 20 % de Montedison. Mais fois, n’a pas bénéficié, sur place, Hassan II, a déclaré au Monde que cette offensive d’un groupe fran- d’une « collaboration franche et cor- son tortionnaire de l’époque lui acquittement dans ce procès en révi- çais public a provoqué une levée diale ». disait parfois : « Dommage qu’on ne sion, en raison de la présence du de boucliers en Italie, et M. Berlus- Le Monde publie aujourd’hui la puisse pas vous tremper dans un bain tueur en série Francis Heaulme sur les coni a décidé de l’empêcher en deuxième partie de l’enquête menée d’acide. » lieux du crime. Patrick Dils avait été dépit de son caractère légal selon conjointement avec l’hebdomadaire condamné pour le meurtre de deux les lois européennes. Une opéra- marocain Le Journal. A partir de la Notre enquête pages 10 et 11, enfants à Montigny-lès-Metz en tion conduite par Fiat trouverait confession d’un ancien des services nos autres informations page 4 l’assentiment de Rome. secrets marocains, Ahmed Bou- et notre éditorial page 14 1986. Il était mineur au moment des khari, nous révélons comment le faits. L’avocat général avait demandé Lire page 15 corps de Medhi Ben Barka, assassiné f www.lemonde.fr/benbarka l’acquittement. p. 6 Vivre avec A « Bouillon de culture », l’apostrophe de Pivot : « Fermez les guillemets ! » IL RÉFLÉCHIT avant de trouver le mot exact. bardier s’était à nouveau énervée contre « l’apla- « J’hésite entre la verveine et le tilleul. » Godard : le diabète La tristesse ? « Non, ce n’est pas mon genre. La ventrisme » des Français face à la langue anglai- « Le romanesque. » Mot préféré ? Woody Allen : déprime, je ne connais pas non plus. Le vague à se, Amélie Nothomb avait articulé avec une très « Je ne peux pas le dire à la télévision. Vraiment, je MALADIE CHRONIQUE,le l’âme, ça oui, il m’arrive d’avoir du vague à l’âme. grande précision des idées bizarres, Isabelle ne peux pas. Ma mère regarde peut-être l’émis- a diabète juvénile, qui peut Quant à la nostalgie, elle viendra plus tard. » Il est Huppert était belle et intelligente. Seule présen- sion. » Juron favori ? Piccoli : « Que Dieu me tri- apparaître entre cinq et neuf ans, minuit passé, vendredi 29 juin, et c’est fini, la ce inédite, celle de l’austère Américain James pote. » Raymond Barre : « Connard. » La plante est synonyme de traitement long dernière de « Bouillon de culture ». Avec un léger Lipton, célèbre interviewer de stars devant les dans laquelle vous souhaiteriez être réincarné ? et contraignant. Les recherches différé pour les téléspectateurs. A l’écran, Ber- élèves de l’Actors Studio et dévot de Bernard Woody Allen : « L’éponge. C’est sympathique, AFP des équipes de l’INSERM ont pour nard Pivot a dit avec son entrain de toujours : Pivot. Il y avait aussi les écrivains Gilles Lapouge, l’éponge, ça n’a pas d’ennemi. » Modiano : «En objectif premier de permettre aux « Le livre se referme, je vous souhaite une bonne Patrick Rambaud, Annie Cohen-Solal, le Prix pin parasol, parce que… euh, la Méditerranée. » MODE MASCULINE jeunes malades de mener une vie nuit à tous, fermez les guillemets. » Mais il n’est Nobel de physique Georges Charpak, et deux Bernard Pivot pensait pouvoir remettre la normale et de prévenir les compli- pas au bout de ses peines. Dans la salle mitoyen- académiciens, Erik Orsenna et Jean d’Ormesson nostalgie à plus tard. « Mais quand même, cations ultérieures. Les travaux du ne du plateau de France 2, le petit monde des – recordman des invitations chez Pivot. « Orga- confie-t-il, l’effet du bourgogne aidant, tous ces Milan : la fibre professeur Jean-Paul Souillou à gens de lettres le retient à la fête. Environ 700 per- niser soi-même sa cérémonie d’enterrement, l’exer- morts qu’on vient de voir défiler dans le florilège, Nantes concernent la greffe de tis- sonnes, selon les organisateurs. Des inconnus se cice était difficile », ironise un invité à la sortie. ça m’a surpris. Alphonse Boudard, Yehudi commerciale su vivant capable de sécréter de pressent autour du présentateur vedette pour lui « Les numéros franchouillards de Bombardier et Menuhin, Frédéric Dard… Et moi, je passe. Mes Après la créativité tonitruante des deux l’insuline en réponse au glucose, voler une dédicace. Il en a marre, Bernard Pivot, il Lucchini commencent à me gonfler sérieusement, cheveux sont devenus gris, j’ai grossi. Il y a ça de dernières années, les présentations de remplaçant les cellules productri- les supplie du regard de le laisser tranquille, mais grogne un autre. Pivot, c’est mieux que ça. » « Ne particulier, à la télévision : on y mesure le temps. ces d’insuline disparues. Des résul- il ne sait pas dire non, signe et resigne, se fend plus entendre sa voix le vendredi soir, ça va être ter- De vendredi en vendredi. Et maintenant ? C’est prêt-à-porter masculin, qui se sont tats prometteurs – 90 % de réussite d’une longue phrase pour chacun. rible », dit-on encore parmi les éditeurs qui curieux à dire, j’ai peur que le temps ralentisse. » achevées jeudi 28 juin à Milan, ont – devraient aider cette pratique de Sur le plateau de l’émission, un peu plus tôt, s’étaient cotisés pour publier dans Le Monde une cédé la place aux réalités commercia- la double greffe (reins et pancréas) on avait repris les habitudes. Un petit air siffloté pleine page de publicité : « Bernard, merci. » Marion Van Renterghem les. Miyake, Prada ou Gucci proposent à se développer rapidement. par 407 « Bouillon de culture », précédé de 724 Il y eut aussi le florilège. Entre autres, un choix « Apostrophes ». Fabrice Lucchini avait donc de réponses au désormais célèbre « question-nai- Lire l’entretien avec Guillaume Durand dans des tenues « normales » plus proches Lire page 17 refait son numéro, la Québecoise Denise Bom- re » de Bernard Pivot. Drogue favorite ? Sagan : notre supplément Télévision des envies quotidiennes. p. 18 Les crimes Bush-Poutine, des Balkans les yeux dans les yeux « J’AI REGARDÉ l’homme dans c’était à la fin de 1987, dans une les yeux. Je l’ai trouvé direct et digne Amérique baignant dans la « Gorby- de confiance. » Si quelque chose mania », et le vieux président répé- doit rester de la première rencontre tait sans arrêt, devant un Gorbat- entre George W. Bush et Vladimir chev mi-amusé, mi-agacé, le dicton Poutine, en juin, ce ne pourra être russe qu’il avait appris pour la cir- que cette étonnante sortie de l’ac- constance : « Doveriai, no prove- tuel occupant de la Maison Blan- riai » (fais confiance, mais vérifie). che. D’un côté, le républicain qui a Pourquoi donc, devant un Pouti- UN DESSIN, UN PERSONNAGE fait campagne en dénonçant l’exces- ne infiniment moins « populaire » ISMAÏL KADARÉ sive « personnalisation » des rap- aux Etats-Unis que ses deux prédé- ports américano-russes sous la pré- cesseurs, George W.

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