Dossier d’accompagnement de la conférence-concert du samedi 18 juin 2011 programmée dans le cadre du projet d’éducation artistique de l’ATM, en coproduction avec les Champs Libres. Cycle : “Décryptage du rock” Conférence-concert “LE ROCK DE 1990 A 2010” Conférence de Jérôme Rousseaux Concert de NagNagNag Cela ne s’est pas démenti depuis l’aube des années quatre-vingt-dix : le rock Afin de compléter la lecture de ce est désormais une musique adulte. Il continue à être pratiqué par quelques-uns dossier, n’hésitez pas à consulter de ses créateurs et ceux des “Trente glorieuses” (les fameuses “sixties”, les dossiers d’accompagnement “seventies” et “eighties”), et les nouvelles générations s’en saisissent, apportant des précédentes conférences- avec elles de nouvelles approches. concerts ainsi que les «Bases de données» consacrées aux éditions Au cours de cette conférence, après avoir constaté plusieurs phénomènes (la 2005, 2006, 2007, 2008, 2009 et tendance muséale du rock, son institutionnalisation, et le peu de politisation de 2010 des Trans, tous en la majorité de ses protagonistes, la musique étant plus que jamais le message téléchargement gratuit sur premier), nous raconterons l’évolution des courants anciens (rock, pop, hard) et www.jeudelouie.com. modernes (grunge, fusion, électro-rock), sans oublier les écoles revivalistes, folk et psychédélique par exemple, chacune de ces esthétiques étant d’ailleurs une réponse à la mort du rock maintes fois annoncée… Enfin, nous montrerons que, autant pour les artistes que pour le public, les frontières entre les genres sont de moins en moins hermétiques. Dans un éternel recommencement qui tient aussi du recyclage et où la nouveauté est parfois une illusion, les styles se mélangent et de plus en plus de créateurs inclassables inventent leur propre musique ; déjà cannibale, le rock est désormais un produit de la globalisation. “Une source d’informations qui fixe les connaissances et doit permettre au lecteur mélomane de reprendre le fil de la recherche si il le désire” Dossier réalisé par Pascal Bussy et Jérôme Rousseaux (Atelier des Musiques Actuelles) en juin 2011. 1 - 1990 : état des lieux. Après sa naissance dans les années cinquante et son explosion dans les années soixante, une décennie qui a en outre été le moment de la rupture rock / pop, le rock en 1990 est déjà synonyme d’un ensemble de musiques très différentes et il a révélé nombre d’individualités (de David Bowie à Bruce Springsteen) et de groupes (de Pink Floyd aux Talking Heads) dont le plus petit dénominateur commun n’est pas toujours facile à trouver… Si les racines du blues sont toujours présentes dans les courants "rock pur" et hard, elles le sont beaucoup moins dans la pop et dans les familles plus expérimentales qui font appel depuis le début des années soixante-dix à l’électronique et à une science du son qui n’a pas arrêté de se développer avec la miniaturisation des équipements de studio. D’autres familles de musiques ont aussi montré leur influence, en prouvant que le rock était capable d’absorber des couleurs et des rythmes venus parfois de très loin. Ainsi, les musiques noires, le funk et le rap, comme d’ailleurs leurs aînées le rhythm’n’blues et la soul naguère, mais aussi le reggae né en Jamaïque et certaines musiques africaines, ont donné au rock - et à la pop – des aspects dansants plus "modernes" et des rythmes plus élaborés, intégrant par exemple les syncopes des Caraïbes et la transe du continent noir. Après être passé par beaucoup d’étapes, parmi lesquelles le "folk rock", le "progressif" et le "rock arty", le rock s’est aussi internationalisé. Par sa diffusion, bien sûr, mais aussi par ses foyers artistiques qui ne sont plus localisés qu’aux États-Unis et en Angleterre. Des écoles de rock différent ont vu le jour dès le début des années soixante-dix en Allemagne de l’Ouest, on parle sans rougir de rock français, des pays comme le Brésil possèdent des scènes très diversifiées qui incluent de la pop passionnante et du hard rock de grande qualité, et on fait du rock jusqu’en Australie où le punk est dominé par The Saints. L’une des révolutions du rock a été l’émergence, dans le sillage du punk, du grand mouvement "indépendant", ainsi nommé au début des années quatre- vingt en raison de l’éclosion de multiples labels qui n’étaient pas affiliés aux majors du disque. Basé sur le principe du "do it yourself" ("fais-le toi-même"), le cahier des charges de ces nouveaux responsables de maisons de disques rompt avec les modèles traditionnels de l’industrie musicale et laisse beaucoup plus de liberté aux artistes, favorisant l’éclosion de styles très personnels, parfois avant-gardistes, et moins liés à la recherche du profit à tout prix. Même si aujourd’hui il n’est pas simple de faire la séparation entre la "musique indépendante" et celle qui ne l’est pas - car en fait seule la "bonne" musique compte -, ce tournant a considérablement marqué la création rock en essaimant de nombreux enfants, d’abord dans la new-wave de la décennie quatre-vingt, et très vite dans quasiment toutes les familles de la musique rock. Cette pulsion indépendante a provoqué l’apparition à la fin des années quatre- vingt d’un genre qui va être déterminant dans les deux décades suivantes, le "lo-fi". Plus qu’un style à proprement parler, il s’agit d’ailleurs plus d’une démarche, d’un esprit qui se veut en opposition radicale au son aseptisé et Le terme "lo-fi" est l’abréviation de "low prévisible des courants F.M., pop et rock au sens large. S’il fallait faire une fidelity" (littéralement : "basse fidélité"), généalogie du "lo-fi", on pourrait le faire remonter à Link Wray l’inventeur du un terme qui fait référence à la "hi-fi" rock garage, puis au psychédélisme balbutiant de groupes comme les 13th ou "haute fidélité" qui a été la marque Floor Elevators, sans oublier le son brut cultivé par le Velvet Underground à ses de fabrique de toute une évolution du débuts. On y rattache quelquefois plusieurs artistes et groupes d’origines très son, de son enregistrement à sa diffusion, depuis la fin des années différentes, tels Neil Young, Patti Smith et Can, mais il s’agit plus d’une soixante. Il s’agit de refuser les association "par défaut" ou qui couvre un moment précis de leur carrière. Le méthodes de travail des studios "vrai lo-fi", lui, a commencé avec des Américains comme le chanteur Daniel traditionnels, de se concentrer sur une Johnston et les groupes Sebadoh et Pavement, qui enregistraient des œuvres approche plus personnelle qui passe souvent passionnantes mais sans finalement trop se préoccuper de leur qualité souvent par le "home studio", et de sonore, une vision qui changera quelque peu avec les années même si pour retrouver certaines des techniques qui certains la musique restera toujours plus importante que le "beau son", à moins ont présidé aux débuts du rock, à que ce son volontairement brut et sale en soit justement l’une des principales l’époque où la technique était composantes. Nous retrouverons les traces de cette philosophie, qui a aussi à artisanale. Parmi les musiciens voir avec une certaine recherche d’authenticité, tout au long de ce dossier. d’aujourd’hui qui doivent beaucoup au "lo-fi", on peut citer Sonic Youth, The Strokes, les White Stripes, The Black Le rock en 1990 ne ressemble pas tout à fait au rock des origines, ni même à Keys, Beck, les représentants du post- celui de la fin des années soixante. En plus de la routine et de la force des rock et une grande partie de la habitudes dont tous les arts et toutes les musiques sont victimes, il a dû nouvelle scène folk. 1 - 1990 : état des lieux (suite). surmonter deux écueils. L’apparition du clip vidéo et plus généralement de la civilisation de l’image filmée dans les années quatre-vingt, un phénomène qui paradoxalement lui a enlevé un peu de sa substance première, la musique. Et celui de la mondialisation, avec cette tendance naturelle à l’uniformisation du goût qui se répand autour du monde, et la relative difficulté qu’il y a pour les amateurs à pouvoir s’"éduquer" et s’y retrouver dans le dédale d’une production qui ressemble parfois à un labyrinthe. 2 - Les piliers du nouveau rock. Les vingt dernières années sont dominées par une génération de formations qui ont pris la place des Beatles qui n’existent plus, des Who qui sont silencieux (jusqu’en 2006…) et des Rolling Stones qui s’essoufflent. Ces groupes, U2 et R.E.M. en tête, ont des allures de conquérants flamboyants. Ils sont nés dans les années quatre-vingt mais c’est au cours de la décennie suivante qu’ils vont définitivement s’installer dans le paysage musical. Groupes incontournables sur disque, ce sont aussi des mastodontes qui parcourent régulièrement le globe, et il n’est pas exagéré de dire que leur niveau de notoriété se mesure aussi à l’aune de leurs résultats commerciaux impressionnants. Les Irlandais de U2 savent s’entourer de réalisateurs aventureux (Daniel Lanois "Nous sommes passés de et Brian Eno) qui les aident à moderniser leur son où le guitariste The Edge l’innocence à l’expérience." occupe une place de choix. Ils inventent de nouveaux concepts comme leur Bono, chanteur et auteur-compositeur album de 1991 Achtung Baby, enregistré à Berlin en jouant sur le décor de la irlandais, leader du groupe U2, né à vieille Europe comme source d’inspiration.
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