PIERRE DÉLÈZE AU TOP NIVEAU DU DEMI-FOND L'ATHLÉTISME SUISSE PRÉSENTÉ PAR : PIERRE DÉLÈZE AU TOP NIVEAU DU DEMI-FOND COMPILATION DES DOCUMENTS EXISTANTS ET TEXTES RÉALISÉS PAR PIERRE-ANDRÉ BETTEX PRÉFACE DE JEAN-FRANÇOIS PAHUD ENTRAÎNEUR DE PIERRE DÉLÈZE C'est bien volontiers et avec plaisir que je réponds au désir de Pierre-André Bettex, statisticien hors pairs, de bien vouloir préfacer son ouvrage dédié à la trajectoire sportive de Pierre Délèze. Une belle histoire que j'ai eu la chance de partager durant près de 10 ans avec un jeune Valaisan devenu athlète de haut niveau, période durant laquelle nous avons été accompagné par de nombreux coureurs lors d'entraînements, de stages et de compétitions de niveau national et international. Pour ce faire je retiendrai trois événements qui, pour moi, constituent des étapes importantes dans sa carrière. Automne 1975 Chaque année, en automne, la firme "Rivella", l'un des sponsors de notre Fédération, invitait à Rothrist, siège de son usine, les cadres des meilleurs coureurs du pays et leurs responsables. L'occasion pour les athlètes de différentes régions et de leurs entraîneurs de se retrouver, de régler différents problèmes administratifs et de planifier la saison à venir. Dans l'après-midi un entraînement en commun était organisé dans les forêts avoisinantes sur une boucle de plusieurs kilomètres. Un "van" muni d'un haut-parleur diffusant de la musique suivait le peloton des coureurs. Les moins en forme du moment montaient dans la voiture après la première boucle. Ceux déjà plus avancés dans leur entraînement attendaient la fin du deuxième tour pour en faire de même alors que les coureurs de fond continuaient pour une troisième voir une quatrième boucle. En 1975, Pierre Délèze, participait pour la première fois à cette réunion. Assis dans la voiture suiveuse j'observais avec la plus grande attention son comportement pensant le voir s'arrêter après la première boucle. Il n'en fut rien. Tout au long de la deuxième j'attendais quelques signes de fatigue de sa part. Mais non, la foulée était toujours très fluide et facile. Au moment d'initier le troisième tour le cadet A s'embarquait avec les ténors, sans hésitation, prêt à poursuivre son périple tout de facilité et de décontraction. C'est à ce moment que je pris la décision de l'arrêter et de lui demander de monter dans la voiture... assuré qu'un nouveau talent venait de se découvrir dans les forêts argoviennes. Ses différents excellents résultats réalisés dans les catégories inférieures qui avaient attiré mon attention n'étaient certainement pas qu'un feu de paille ! Bulle, le 8 mars 1981 / Championnat suisse de cross country Les organisateurs avaient conçu un parcours magnifique, exigeant, un vrai parcours de cross country. Dans la semaine précédent la compétition les éléments s'étaient déchaînés sur la région et avaient considérablement durci les conditions de course ce que n'avait pas prévu les res- ponsables techniques. Cette pluie abondante avait trans- formé le parcours en un véritable bourbier. Prenant conscience de ces conditions très difficiles, plusieurs entraîneurs sont venus vers mois, alors entraîneur national, pour me demander d'intervenir auprès des responsables pour les informer de leur désir de diminuer d'un tour le «pensum» proposé aux acteurs. Je n'en fis rien bien que l'un des favoris, dans ces nouvelles conditions normales, auraient pu favoriser un coureur que j'entraînais person- nellement, Pierre Délèze ! Résultat. Dans ces conditions qui, au départ, semblaient lui être totalement défavora- bles, Pierre Délèze, coureur de demi-fond, réalisait une course magnifique, remportant le titre en battant tous les meilleurs coureurs de fond du pays qui, certainement à cause de l'attitude de leurs entraîneurs, avaient perdu la course avant même de l'avoir disputée. Pour moi c'est l'une des plus belles victoires de Pierre. Elle démontrait l'importance de la pratique du cross country dans l'évolution de la carrière d'un coureur. Pour preuve, la plupart des athlètes dont je me suis occupé personnellement ont remporté ce titre avant de briller sur piste ou sur route. Zürich, le 21 août 1985 / Weltklasse Même si je n'ai plus aucune fonction officielle dans les milieux de l'athlétisme suisse depuis la fin de l'année précédente il est évident que je n'allais pas rester indifférent à la suite de la carrière de Pierre. Il savait qu'après près tant d'années de partage, quoiqu'il arrive je resterais à l'écoute et qu'en cas de besoin il pourrait toujours me solliciter. Ce soir d'août est donc une soirée spéciale pour moi. Pas de dossard à aller chercher, pas de terrain d'échauffement à hanter, pas de chambre d'appel, pas de vérification de dernière minute, et pour- tant Pierre va courir... Je peux m'asseoir tranquillement sur mon siège, dans la tribune principale du Letzigrund pour jouir pleine- ment du spectacle que vont nous offrir les athlètes. Et ce soir-là Pierre m'a offert une immense émotion et un merveilleux cadeau d'au revoir. Une course tactique parfaite, une victoire éclatante devant l'un des meilleurs coureurs de demi-fond du monde le tout couronné d'un fantastique record de suisse du 1500 m 3'31''75 ! Alors que l'entier du stade se levait pour l'acclamer, l'émotion m'a assailli et resté assis sur mon siège, les yeux humides, j'ai vu défiler en un instant tout ce que nous avions fait ensemble durant ces années de collaboration et réaliser qu'il venait de me démontrer qu'il pouvait continuer seul avec succès... Quel bonheur ! Jean-François Pahud Entraîneur de Pierre Délèze Lausanne, le 11 mars 2018 SAISONS 1974-1976 DES DÉBUTS PROMETTEURS Pierre Délèze est né le 25 septembre 1958 à Basse-Nendaz. Celui qui se faisait appeler "Pierrot" a passé toute son enfance dans ce village, où il a de très bons souvenirs. Les parents de Pierre Délèze étaient des gens très simples, des paysans ouvriers. Sa maman Lucienne, dite "Lulu", devait jouer un rôle important dans la vie de Pierre. Son père Denis avait des cultures de framboises et il était clair que le jeune Pierre et son grand frère Michel devaient aider leur papa. Il y avait tout de même un kilomètre et demi pour s'y rendre et là-bas il fallait porter des paniers ou tirer des chars. C'était déjà une belle activité physique et c'est cette vie relativement rude qui l'a guidé plus tard dans son choix de faire un sport qui demande un certain effort. A cette époque, en tant que Valaisan d'un village, il y avait (et il y a toujours) deux possibilités : soit on regarde du côté de la montagne, soit on regarde du côté de la plaine. Du côté de la montagne, on pouvait s'orienter vers des professions comme l'hôtellerie et le tourisme ou alors être un simple commerçant local. Au niveau de la plaine, c'est l'aspect économique qui prévaut. En tant que Valaisan de Nendaz, Pierre aurait dû être séduit par le ski ou l'alpinisme. Mais il a toujours été attiré par la plaine, dans le sens où il a toujours voulu faire des études. Une fois son école primaire terminée, il fallait obligatoirement se diriger à Sion pour poursuivre des études secondaires. Il a treize ans lorsqu'il fait les trajets quotidiens Basse-Nendaz - Sion et retour. Au niveau du sport, c'est le football qui fait naître en lui ses toutes premières vocations de sportif. C'était l'époque du grand Ajax Amsterdam avec Johan Cruyff, Johan Neeskens ou Piet Keizer. En bon Valaisan, il était évidemment très intéressé par tous les matches du FC Sion. Il est vrai que l'équipe de l'entraîneur Miroslav Blazevic avait fière allure, avec de nombreux joueurs internationaux : Jean-Claude Donzé dans les buts, Milenka Bajic, Pierre-Antoine Dayen, Edmond Isoz, Otto Luttrop et Jean-Yves Valentini en défense, Günthert Herrmann, Alvaro Lopez, Hubert Schaller, Serge Trinchero en milieu de terrain et Umberto Barberis, Fernand Luisier (le capitaine), Philippe Pillet, René-Pierre Quentin et Roger Vergère en attaque. Le Président André Filippini - ex-membre de l'équipe suisse de bobsleigh aux Jeux Olympiques 1952 à Oslo où il fut médaillé de bronze en bob à quatre - était particulièrement fier de la victoire en Coupe de Suisse 1974 contre Neuchâtel Xamax, que son FC Sion avait remporté 3-2 grâce à des réussites de Luttrop, de Barberis et de Pillet. A l'âge de quinze ans, alors que Pierre jouait au football en juniors B à Nendaz, il fut approché par l'un des dirigeants du FC Sion pour lui demander s'il Fernand Luisier soulève la Coupe Suisse en 1974 voulait venir jouer pour eux en interrégionaux ! Pour un villageois, c'était toujours un grand honneur que de pouvoir jouer pour le club du chef-lieu. C'est pourtant à ce moment là que le jeune Pierre Délèze commençait à avoir le goût pour la course à pied. Gamin, au village, il courait toujours un peu partout avec son frère et ses sœurs Marie et Anita. C'est donc naturellement que le goût de la course lui est venu. Puis un jour de 1973, Pierre s'est inscrit sans ambitions ni arrière-pensées à une course dans la station de Haute Nendaz. Le hasard a fait que Pierre a rencontré ce jour-là le vainqueur de la catégorie élite : Jean-François Pahud, l'homme qui deviendra par la suite son entraîneur ! A ce moment-là, Jean-François Pahud est un athlète confirmé et chevronné de l'athlétisme suisse.
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