Christoph Marthaler 12 Graham F

Christoph Marthaler 12 Graham F

Création Vidy CHRISTOPH MARTHALER Aucune idée avec Graham F. Valentine © Julie Masson 2 SOMMAIRE GÉNÉRIQUE 3 PRÉSENTATION 4 MARTHALER PAR VALENTINE 8 MÉDIAS 11 CHRISTOPH MARTHALER 12 GRAHAM F. VALENTINE 13 MARTIN ZELLER 14 CONTACTS 15 GÉNÉRIQUE 3 Aucune idée Création Création juin 2021 Vidy Durée estimée 1:20 Conception et mise en scène Production Christoph Marthaler Théâtre Vidy-Lausanne ▼ Avec Coproduction Graham F. Valentine Festival d’Automne Théâtre de la Ville, Paris Martin Zeller - Temporada Alta, Festival international de Catalunya Giron/Salt - TANDEM Scène Dramaturgie nationale - Napoli Teatro Festival - Maillon, Malte Ubenauf Théâtre de Strasbourg, scène européenne - Scénographie Théâtre National de Nice – CDN Nice Côte Duri Bischoff d’Azur - Le Manège, scène nationale-Maubeuge Musique Avec le soutien de Martin Zeller Pro Helvetia, Fondation Suisse pour la Culture - Fondation Françoise Champoud Costumes Sara Kittelmann Assistanat à la mise en scène Le Cercle des mécènes soutient Camille Logoz le Théâtre Vidy-Lausanne Floriane Mésenge pour ce spectacle Son Charlotte Constant ▼ Avec les équipes de production, technique, Lumière (en alternance) communication & publics et administration Jean-Baptiste Boutte ▼ du Théâtre Vidy-Lausanne Jean Luc Mutrux ▼ Régie Générale Stephane Sagon ▼ Plateau (en alternance) Textes et traductions de Camille Logoz, Diane Sicault ▼ Christoph Marthaler, Floriane Mésenge, Malte Stephane Devantery ▼ Ubenauf et Graham F. Valentine avec des Habillage (en alternance) citations des œuvres en prose et des poèmes Cécile Delanoë ▼ de Walter Abish, Kurt Kusenberg, Henri Machteld Vis ▼ Michaux, Georges Perec, Kurt Schwitters, Construction décor Edith Sitwell, Richard Wagner et Rosemarie et accessoires Waldrop. Théâtre Vidy-Lausanne ▼ Les compositions jouées sont de Jean- Production Sébastien Bach, Léo Ferré, Antoine Forqueray, Anouk Luthier ▼ Thomas Morley, Camille Saint-Saëns, Franz Traduction des surtitres Schubert, Rev. John Skinner, Richard Wagner Camille Logoz ainsi qu’une chanson populaire irlandaise. Dominique Godderis-Chouzenoux REVENIR AU SOMMAIRE PRÉSENTATION 4 par Eric Vautrin dramaturge du Théâtre Vidy-Lausanne Qu’est-ce que partage le metteur en scène suisse Christoph Marthaler avec l’acteur d’origine écossaise Graham F. Valentine ? Une complicité estudiantine, une inclinaison certaine pour le chant et la musique, un grand nombre de spectacles et de blagues ensemble et un goût prononcé pour l’irrévérence élégante, sans doute. Les voilà rejoints par un autre complice de longue date, le joueur de viole de gambe Martin Zeller, pour un spectacle au titre programmatique : Aucune idée. Il se trouve que par un hasard qui deviendra mémorable, le jeune Graham frappa un jour, à l’aube des années 70, à la porte de la pension de famille tenue par les Marthaler pour engager quelques études littéraires à Zurich. Et depuis une certaine fête de patronage qui suivit, hilarante ou scandaleuse selon le témoignage recueilli, l’étudiant longiligne devint l’acteur et chanteur du fils des tenanciers, Christoph. De la Rote Fabrik, haut-lieu de la scène indépendante zurichoise, à la Cour d’honneur du Palais des papes en Avignon, de la pension familiale pour étudiants à l’atmosphère décatie au Waldhaus de Sils-Maria et son luxe d’antan, d’une pharmacie zurichoise investie des heures durant pour y jouer les Vexations de Satie à un Lear tonitruant créé le mois passé à l’Opéra de Munich, Christoph Marthaler et Graham F. Valentine ont cheminé ensemble, tout sauf en ligne droite mais pas n’importe comment : Graham F. Valentine est progressivement devenu, de spectacles en spectacles, une figure d’organisateur aussi averti que cocasse de ces communautés désœuvrées qu’ordonne musicalement Marthaler. Majordome pête-sec, maître de cérémonie pince-sans- rire, coordinateur inapte ou guide touristique aveugle, celui qui a le pouvoir mais que le pouvoir commande, celui qui observe du coin de l’œil, l’air de rien. Ils se sont installé à Vidy quelques semaines pour créer un nouveau spectacle ensemble, avec le musicien zurichois, joueur de viole de gambe et violoncelliste baroque, acteur à l’occasion pour Marthaler, Martin Zeller. Le metteur en scène, rénovateur modeste mais radical du théâtre musical, amateur de bonne chère et de rituels familiers, dédie ce spectacle à cet acteur et chanteur exceptionnel. Voilà un homme qui habite un entre-deux aux multiples portes où le dehors et de dedans se confondent; un lieu des imbroglios et du voisinage aléatoire, du chez-soi et avec-soi, des attentes et des ennuis comblés par des airs de ritournelles et les problèmes ordinaires. Le dérisoire côtoie l’absurde, les nouvelles de l’extérieur ont des airs de réclames ou d’énigmes, et Bach se mêle à la pompe des génériques télévisuels. C’est Franz Kafka au théâtre de boulevard et ses portes qui claquent, l’amateur de contraintes Georges Perec fredonnant du Marin Marais, le dada Kurt Schwitters en complet veston : nous sommes chez Graham F. Valentine ou chez son alter ego, et il se fait le concierge ou le guide de son palier – ou de son cerveau ? – multiple et choral à lui tout seul. Aucune idée n’est pas un manifeste ou une provocation, mais un art poétique ou un art de vivre, une manière gaie et tendre d’habiter le temps. Une philosophie pratique, portée par l’humour et la musique, à l’usage d’un monde confus et incertain en instance de se réinventer. Il fallait bien un acteur comme celui-là pour l’incarner. REVENIR AU SOMMAIRE 5 © Julie Masson REVENIR AU SOMMAIRE © Julie Masson 6 © Julie Masson REVENIR AU SOMMAIRE © Julie Masson 7 – Qui êtes-vous ? – Je suis un peu gêné, mais le concierge a dit que je pouvais visiter l’appartement à tout moment. – Ah oui ? – Dites-moi : c’est comment, de vivre ici ? Est-ce que l’appartement est calme ? – L’appartement en soi est très calme. Il ne fait pas de bruit. – Est-ce qu’il y a déjà des personnes intéressées ? – Beaucoup. Des centaines. Des milliers. – Mais personne ne l’a pris ? – Non, il est encore libre. Enfin, pas tant que j’y habite. – Est-ce que l’appartement a subi des dégâts ? – Parfois il y a des craquements bizarres. On dirait que l’immeuble va s’effondrer. Mais il ne s’est encore jamais effondré. – Est-ce qu’il y a des chiens qui aboient ? – Beaucoup. Mais ils n’aboient que quand le chat va dans le jardin. – Est-ce qu’il va souvent dans le jardin ? – Le chat VIT dans le jardin – Qu’est-ce qu’on peut entendre d’autre ? Est-ce que les gens font de la musique ? – Oui. Ils sont très mélomanes par ici. – Maintenant que j’ai vu l’appartement, je vais rentrer chez moi et y réfléchir. – Ne réfléchissez pas trop longtemps, sinon quelqu’un d’autre vous le piquera. MARTHALER PAR VALENTINE 8 Extraits d’un texte écrit par Graham F. Valentine sur sa rencontre avec Christoph Marthaler et leurs différentes collaborations. (version intégrale du texte ici) Première rencontre et premier scandale À la fin des années soixante, je suis parti de l’Écosse pour venir en Suisse étudier la littérature allemande à l’Université de Zurich. Les parents de Christoph dirigeaient alors un foyer d’étudiants. Je m’étais inscrit dans ce foyer sans savoir à quoi m’attendre. Christoph n’avait que dix-sept ans, il avait déjà quitté l’école. Il prenait des cours de hautbois et faisait de la pantomime et de la danse. Quand je suis arrivé à Zurich, c’est Christoph qui m’a ouvert la porte. Nous avons probablement tout de suite su que nous avions chacun quelque chose à nous apporter. Cette maison d’étudiants était une maison réformée. Les parents de Christoph étaient croyants. Je viens moi-même d’une famille religieuse. Dans une telle maisonnée, les pen- sées dadaïstes affluaient à mon cerveau. Il régnait une atmosphère de doux déclin – ce qui n’a rien à voir avec le désespoir, attention. Chaque année, le foyer proposait une excursion à la campagne, dans une paroisse ; l’an- née 1970 ne fit pas défaut. Le foyer accueillait des gens de l’École Polytechnique Fédé- rale et des étudiants en théologie et d’autres facultés. Les étudiants en théologie s’étaient chargés de préparer le culte. La veille, il y avait toujours une fête. Sans alcool bien sûr, mais avec un spectacle que Christoph, alors âgé de dix-sept ou dix-huit ans, avait lui- même mis en scène. Cette fête à Wilchingen, un petit village dans les environs de Schaf- fhouse, a marqué notre première collaboration. Je chantais une chanson de Marlene Die- trich. Sur scène, il y avait un trou par lequel je pouvais faire mon entrée. Je chantais la chanson de Dietrich avec une attitude très lascive et en me déshabillant un peu. J’appa- raissais sur scène comme une créature démoniaque. J’avais l’air complètement à l’ouest, uniquement vêtu d’un vieux drap. Dans le village, ça a fait un énorme scandale. Le len- demain matin, au petit-déjeuner – je logeais avec un autre étudiant chez une famille de villageois –, tout le monde était mal à l’aise et personne ne pipait mot. La soirée avait mis le pasteur et les villageois en colère. Cette scène, qui n’a duré que trois minutes, a pro- bablement été déterminante pour notre future relation, à Christoph et à moi. Le lende- main, lors du culte religieux, la gêne était palpable. Ce fut notre premier évènement. Un gros scandale – parfaitement ridicule. [...] 9 Indeed Les préparations pour le projet Indeed ont commencé pour moi dès le soir où je suis arri- vé à Zurich. Je vivais chez Christoph et Petia Kaufman, et à l’époque Christoph avait tou- jours un petit enregistreur sur lui. Petia Kaufman et moi avons improvisé quelque chose, elle au clavecin, moi avec le texte « Anna Blume » de Kurt Schwitters.

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