Cinéma Canadien

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Document generated on 09/28/2021 3:10 a.m. Séquences La revue de cinéma Cinéma canadien Number 108, April 1982 URI: https://id.erudit.org/iderudit/51021ac See table of contents Publisher(s) La revue Séquences Inc. ISSN 0037-2412 (print) 1923-5100 (digital) Explore this journal Cite this review (1982). Review of [Cinéma canadien]. Séquences, (108), 16–21. Tous droits réservés © La revue Séquences Inc., 1982 This document is protected by copyright law. Use of the services of Érudit (including reproduction) is subject to its terms and conditions, which can be viewed online. https://apropos.erudit.org/en/users/policy-on-use/ This article is disseminated and preserved by Érudit. Érudit is a non-profit inter-university consortium of the Université de Montréal, Université Laval, and the Université du Québec à Montréal. Its mission is to promote and disseminate research. https://www.erudit.org/en/ f jKj ** - « " > * CINEMA CANADIEN AVRIL 1982 15 proportions qu'elle aurait pu avoir en réalité. Une seule chose m'a un peu embarrassé: la disparité des paysages. On passe sans transitions de la luxuriance du Kenya à l'aus­ tère (et pelée!) grandeur des monts Grampian, en Ecosse, puis le long des côtaux verdoyants du Haut-Ontario. Cela m'a semblé un peu brusque et parfois difficilement plausi­ ble. Je pense que c'était une question — non résolue — de montage. Mais ce n'est vraiment qu'un défaut mineur parmi tant de qualités. À Saint-Césaire, en France, on vient de mettre la main sur une preuve. Voilà trente mille ans seulement, il y avait encore des Néanderthaliens (la tribu rivale de celle à laquelle appartient Naoh, le héros du film) sur le territoire français. Evidemment, il devait cohabiter avec les autoch­ tones? Que s'est-il passé? A-t-on fraternisé, ou s'est-on tra­ qué comme des ours? Jean-Jacques Annaud a tranché: La Guerre du feu commence par une fantastique scène d'étripage entre les deux races, au seuil d'une caverne, pour la conquête du feu: tout vole, les gourdins, les os ébré- chés, les cervelles et le sang. Les femelles glapissent... Les autochtones gagnent. Tant mieux. L'enjeu, c'était l'avenir Sally, une fille dans la vingtaine employée dans un restau­ de l'humanité. rant de fruits de mer. Chaque soir, en une sorte de rituel, Patrick Schupp elle se passe la poitrine au jus de citron au son d'un aria de la « Norma » de Bellini; et Lou l'observe de sa fenêtre GÉNÉRIQUE — Réalisatbn: Jean-Jacques Annaud — Scé­ sachant bien qu'il n'a guère de chance de prendre con­ nario: Gérard Brach, d'après le roman de J.H. Rosny aîné tact avec une aussi jeune et charmante créature. Sally a — Images: Claude Agostini — Musique: Philippe Sarde — aussi ses rêves, mais ils sont tournés vers l'avenir; elle ambi­ Interprétation: Everett McGill (Naoh), Rae Dawn Chong tionne de devenir la première femme à tenir la fonction de (Ika), Ron Perlman (Amoukar), Nameer el Kadi (Gaw) — croupier au Casino de Monte-Carlo (on ne vise jamais trop Origine: France / Canada — 1981 — 100 minutes. haut) et suit donc des leçons en ce sens. Rien ne semble devoir réunir ces deux êtres isolés l'un dans ses souvenirs, l'autre dans ses anticipations. Mais TLANTIC CITY • « Paddy, t'as tort de pourquoi le hasard n'interviendrait-il pas puisque l'on se vivre dans le passé. » Survenant au milieu de trouve dans l'une des capitales du hasard? Il surgit en la l'avant-dernier film de Louis Malle, cette répli­ personne du mari de Sally, vagabond nerveux flanqué que a des résonances étrangement ironiques. d'une compagne éminemment enceinte qui se trouve être Depuis le début de la projection, en effet, l'in­ sa jeune belle-soeur. trigue baigne dans un climat nostalgique presque palpa­ ble et celui-là même qui prononce la phrase précitée ne Comment ces cinq personnages seront entraînés dans cesse à toute occasion de rappeler les jours anciens. Il s'ap­ une aventure rocambolesque où le destin de l'un influera pelle Lou, cet homme de la souvenance, qui a d'ailleurs sur celui de l'autre? ce n'est pas à moi de le dire. Qu'il suf­ tendance à colorer ses réminiscences. Il achève ses jours fise de savoir qu'il y aura des coups de chance, des coups de fantassin de la pègre dans une demi-déchéance, réduit durs, des coups fourrés et quelques coups d'épée dans à récolter les petits paris de joueurs minables dans une l'eau avant que Lou accepte avec bonne grâce de pren­ opération de loterie clandestine. Il partage la vie d'une dre un coup de vieux. Cela se déroulera un peu comme ancienne beauté, Grace, qui lui impose ses caprices dans un rêve, dans des couleurs légèrement irréelles où d'hypocondriaque et lui fournit quelque argent pour ses dominent des teintes rougeâtres tant en intérieur qu'en exté­ dépenses courantes. Non, Lou n'est vraiment pas un per­ rieur, comme si l'on se trouvait dans un monde crépuscu­ sonnage reluisant, mais il reste touchant dans sa volonté laire perpétuel. C'est d'ailleurs ce contrôle des couleurs de conserver un reste de fierté, une certaine élégance jus­ qui m'a le plus frappé comme élément de style. On peut que dans la pratique du voyeurisme, comme on le voit dès y chercher un signe d'intentions thématiques et il ne serait les premières images. Car Lou a pour voisine de palier pas difficile de le trouver. AVRIL 1982 17 L'idée d'une telle thématique serait venue au scéna­ une fois, il semble avoir délaissé son attitude d'observa­ riste John Guare à l'occasion d'une visite d'Atlantic City teur lucide et froid, de technicien impassible, pour se per­ en compagnie de Louis Malle. La vue de cette ancienne mettre quelques frissons de connivence. Nanti d'une ville de plaisirs aux édifices vieillissants lui aurait laissé une expression morose dans les premières images, le visage impression de pourrissement, de décrépitude, impression de Lou s'éclaire en finale d'un sourire satisfait, même si accentuée encore par les démolitions s'y opérant pour le personnage en est à peu près au même point sur le plan amener une soi-disant transformation sous l'égide d'une social. Entre-temps, il a réalisé quelques rêves, joué au caïd, nouvelle génération d'exploiteurs. John Guare est d'abord protégé une femme aimée, conquis la jeunesse et la un dramaturge, l'un des plus appréciés de sa génération, beauté. Et si beaucoup de ces exploits reposent sur une et n'a guère fait de cinéma jusqu'ici; on n'a vu son nom illusion, du moins cette illusion a-t-elle eu des effets eni­ qu'au générique d'un seul film, Hair de Milos Forman. Cette vrants. Atlantic City où la vie est faite d'illusions, cinéma impression ressentie devant Atlantic City, il s'est bien rendu pourvoyeur de rêves, cela s'entremêle en un produit fluide compte qu'elle était difficile à rendre en termes scéniques, et légèrement vénéneux dont Louis Malle a la recette. La mais que le cinéma pouvait la transmettre. Il a donc renoncé recette d'un art subtil qui transforme les choses et les êtres à un projet que lui avait offert un producteur de Broadway et nous tient sous le charme. pour plutôt s'associer à Louis Malle dans la conception d'un film. Ce fut l'occasion du deuxième projet américain de Robert-Claude Bérubé Malle, qui déjà avait décrit un autre haut-lieu du plaisir dans Pretty Baby. La collaboration semble avoir été cordiale GÉNÉRIQUE — Réalisation: Louis Malle — Scénario: John entre les deux hommes puisque, il y a peu, Malle faisait Guare — Images: Richard Ciupka — Musique: Michel ses débuts de metteur en scène au théâtre avec une pièce Legrand — Interprétation: Burt Lancaster (Lou), Susan de John Guare, « Lydie Breeze ». À quel moment ce pro­ Sarandon (Sally), Kate Reid (Grace), Robert Joy (Dave), jet typiquement américain est-il devenu une production Hollis McLaren (Christie), Michel Piccoli (Joseph), Al Wax­ canadienne? Je serais bien en peine de le dire, mais le man (Alfie), Sean Sullivan (Paddy) — Origine: Canada — fait est là, Atlantic City est un film tourné à Montréal en 1980 — 105 minutes. bonne partie et mis au monde sur le plan financier, par nul autre que Denis Héroux. Il est d'autant plus surprenant que les Montréalais soient presque les derniers à le voir. Sorti dans nos salles en mars de cette année, le film était ïjj E CONFORT ET L'INDIFFERENCE pourtant terminé depuis l'été 1980, puisqu'il fut présenté • À l'occasion de la sortie de son film Le au festival de Venise, cette année-là (il y remporta d'ailleurs ^^1 Confort et l'indifférence, Denys Arcand décla- le lion d'or, ex-aequo avec Gloria de John Cassavetes.) cffSS/ rait dans une interview: « Moi, je m'arroge un Depuis, les Parisiens d'abord, puis les New Yorkais et les rôle de critique absolu. » Pourquoi pas? Ce Torontois ont eu droit de visite au long.de l'année 1981, n'est pas moi qui l'en dissuaderai. Bien au contraire. Et mais Atlantic City se faisait toujours attendre sur nos écrans. il ajoutait: « Je ne crois pas à l'objectivité d'un film. » Bien Il y eut toutefois une projection quasi clandestine au cinéma fou qui y croirait. Car qu'est-ce que l'objectivité? Et si on Elysée en décembre 1980, pour satisfaire aux normes de a affaire à un auteur, il doit certainement transparaître quel­ la compétition pour les prix « Génie ».

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