Copies exécutoires RÉPUBLIQUE FRANÇAISE délivrées aux parties le : AU NOM DU PEUPLE FRANÇAIS COUR D'APPEL DE PARIS Pôle 1 - Chambre 3 ARRET DU 27 JUIN 2018 (n° 399 ,16 pages) Numéro d'inscription au répertoire général : 18/04310 Décision déférée à la Cour : Ordonnance du 16 Février 2018 - Président du TGI de PARIS - RG n° 17/60993 APPELANTE SAS DAY FOR NIGHT PRODUCTIONS prise en la personne de son représentant légal 33 rue de Tlemcen 75020 PARIS N° SIRET : 800 372 765 Représentée par Me Alain FISSELIER de la SCP AFG, avocat au barreau de PARIS, toque : L0044 Assistée par Me François POUGET de la SELARL FACTORI, avocat au barreau de PARIS, toque P300 INTIMEES Madame Marie Joséphine KAMA DABANY 11571 LIBREVILLE LIKOUALA GABON Représentée par Me Matthieu BOCCON GIBOD de la SELARL LEXAVOUE PARIS-VERSAILLES, avocat au barreau de PARIS, toque : C2477 Assistée par Me Georges ARAMA et Maître Laurent BADIANE de la société KGA AVOCATS, avocat au barreau de PARIS, toque : K 110 UNION SYNDICALE DE LA PRODUCTION AUDIOVISUELLE (USPA) représentée par son délégué général en exercice 5, rue Cernuschi 75017 Paris 1 N° SIRET : 343 224 754 Représentée par Me Christophe CARON de l'AARPI Cabinet Christophe CARON, avocat au barreau de PARIS, toque : C0500 Assistée de Me Clotilde FOUQUET substituant Me Christophe CARON de l'AARPI Cabinet Christophe CARON, avocat au barreau de PARIS, toque : C0500 COMPOSITION DE LA COUR : En application des dispositions des articles 786 et 905 du code de procédure civile, l'affaire a été débattue le 07 Mai 2018, en audience publique, les avocats ne s'y étant pas opposés, devant Mme Martine ROY-ZENATI, Première Présidente de chambre, chargée du rapport et M. Renaud SORIEUL, Président de chambre. Ces magistrats ont rendu compte des plaidoiries dans le délibéré de la Cour, composée de : Mme Martine ROY-ZENATI, Première Présidente de chambre M. Renaud SORIEUL, Président de chambre Mme Christina DIAS DA SILVA, Conseillère Qui en ont délibéré Greffier, lors des débats : M. Aymeric PINTIAU ARRÊT : - CONTRADICTOIRE - par mise à disposition de l'arrêt au greffe de la Cour, les parties en ayant été préalablement avisées dans les conditions prévues au deuxième alinéa de l'article 450 du code de procédure civile. - signé par Martine ROY-ZENATI, Première Présidente de chambre et par Véronique COUVET, Greffière. Mme Dabany, ex-épouse de l'ancien président de la république gabonaise, M. Omar Bongo Ondimba, et mère de l'actuel Président, M. Ali Bongo Ondimba, a été contactée par la société de production audiovisuelle Day For Night Productions dans le cadre d'une série documentaire, réalisée par M. Joël Soler intitulée 'Despot Housewives', qui traite du rôle des personnages qualifiés de dictateurs dans l'histoire contemporaine, et a donné son accord le 30 janvier 2017 pour être interviewée. Faisant valoir qu'elle n'avait pas été informée des réelles intentions de la société de production, ni du titre de la série documentaire et avoir découvert ses intentions dissimulées ainsi que le véritable sujet caché du documentaire dans les comptes rendus publiés dans les magazines spécialisés qui avaient pu le visionner avant sa diffusion programmée sur Planète + le 28 septembre 2017, Mme Marie Joséphine Kama Dabany dite Patience Dabany a écrit le 25 septembre 2017 pour dénoncer les manoeuvres déloyales de la société Day For Night, et lui demander de retirer son interview du documentaire. Planète + a répondu que dans ces circonstances elle décidait de suspendre à titre conservatoire la diffusion du documentaire 'Despot Housewives', mais celui-ci a été diffusé 2 sur la plate-forme MyCanal le 29 septembre 2017. Autorisée par ordonnance présidentielle du 3 novembre 2017, Mme Marie Joséphine Kama Dabany a assigné le 14 novembre 2017 à heure indiquée la société Day For Night Productions devant le juge des référés du tribunal de grande instance de Paris, aux fins notamment d'ordonner l'interdiction de l'exploitation de son interview comprise dans l'épisode 'Les Matriarches' de la série documentaire 'Despot Housewives', à quelque titre que ce soit et sur quelque support que ce soit et de condamner la société Day For Night Productions à lui verser une provision de 30 000 euros à valoir sur la réparation de son préjudice moral. L'Union syndicale de la Production Audiovisuelle est intervenue volontairement aux débats. Par ordonnance du 16 février 2018, le président du tribunal de grande instance de Paris a : - Rejeté le moyen de nullité et la fin de non-recevoir, - Déclaré l'Union syndicale de la Production Audiovisuelle recevable à agir, - Ordonné à la société Day For Night Productions de ne pas exploiter l'entretien réalisé avec Marie Joséphine Kama dite Patience Dabany, comprise dans l'épisode 'Les Matriarches'de la série documentaire 'Despot Housewives', sur quelque support que ce soit, - Condamné la société Day For Night Productions à payer à Marie Joséphine Kama dite Patience Dabany une provision de 3 000 euros pour l'atteinte portée à son droit à l'image, - Condamné la société Day For Night Productions à payer à Marie Joséphine Kama dite Patience Dabany la somme de 2 000 euros en application des dispositions de l'article 700 du code de procédure civile, - Débouté les parties de leurs demandes, plus amples ou contraires, - Condamné in solidum aux dépens la société Day For Night Productions et l'Union syndicale de la Production Audiovisuelle. Par déclaration du 26 février 2018, la société Day For Night Productions a interjeté appel de cette ordonnance. Par ses conclusions transmises le 30 avril 2018, elle demande à la cour de : Vu notamment les articles 10 et 11 de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789, l'article 19 de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme du 10 décembre 1948, l'article 10 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'Homme et des libertés fondamentales, Vu notamment les articles 12, 808 et 809 du Code de procédure civile, Vu notamment l'article 9 alinéa 2 du Code civil, Vu notamment les dispositions de la loi du 29 juillet 1881, et en particulier ses articles 29 et 53, Vu la loi du 29 juillet 1982 sur la communication audiovisuelle et notamment son article 3 93-3, - Dire et juger recevable et bien fondé l'appel de la société Day For Night Productions, En conséquence : - infirmer l'ordonnance de référé du 16 février 2018 dans toutes ses dispositions en ce qu'elle a : - rejeté les demandes de la SAS Day For Night Productions aux fins de : * in limine litis, voir prononcer la nullité de l'assignation en référé d'heure à heure délivrée le 14 novembre 2017 et de voir déclarer Mme Marie Joséphine Kama dite Patience Dabany irrecevable à agir, s'agissant d'une action relevant de la diffamation et faute de mise en cause de la société Groupe Canal Plus et des directeurs de la publication ; * à titre principal, voir dire n'y avoir lieu à référé ; voir débouter Mme Marie Joséphine Kama dite Patience Dabany de ses demandes ; * en toute hypothèse, voir dire que la mesure d'interdiction de diffusion de l'interview litigieuse ne saurait être prononcée en raison de son caractère disproportionné ; * voir condamner Mme Marie Joséphine Kama dite Patience Dabany à verser à la SAS Day For Night Productions la somme de 15.000 € sur le fondement de l'article 700 du Code de procédure civile, ainsi qu'aux entiers dépens ; - ordonné à la SAS Day For Night Productions de ne pas exploiter l'entretien réalisé avec Mme Marie Joséphine Kama dite Patience Dabany, comprise dans l'épisode « Les Matriarches » de la série documentaire « Despot Housewives », sur quelque support que ce soit ; - condamné la SAS Day For Night Productions à payer à Mme Marie Joséphine Kama dite Patience Dabany une provision de 3.000 € pour l'atteinte portée à son droit à l'image ; - condamné la SAS Day For Night Productions à payer à Mme Marie Joséphine Kama dite Patience Dabany la somme de 2.000 € en application des dispositions de l'article 700 du code de procédure civile ; - condamné in solidum la SAS Day For Night Productions et l'Union syndicale de la Production Audiovisuelle aux dépens, Et jugeant a nouveau In limine litis, - dire et juger que l'action intentée par Mme Dabany contre la société Day For Night Productions sur le fondement d'une atteinte alléguée de son droit à l'image relève de l'action en diffamation régie par les dispositions de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse, - constater l'absence de mise en cause de la société Groupe Canal +, directeur de la publication de la chaîne Planète +, et MM. Jean-Christophe Thiery et Maxime Saada, directeurs de la publication du site internet www.mycanal.fr, En conséquence, 4 - prononcer la nullité de l'assignation délivrée par Madame Dabany contre la société Day For Night Productions, - déclarer Mme Dabany irrecevable à agir contre la société Day For Night Productions, A titre principal, - constater l'absence de caractérisation tant d'une atteinte à l'intimité de la vie privée de Mme Dabany que d'un trouble manifestement illicite ou d'un dommage imminent ; - dire et juger que Madame Dabany a donné son accord à la société Day For Night Productions pour la diffusion de son interview dans le film documentaire intitulé « Les Matriarches » et que l'intimée ne justifie d'aucune cause légitime de révocation ; - dire et juger que la société Day For Night Productions n'a pas porté atteinte au droit de Madame Dabany sur son image ; - dire et juger en toute hypothèse que Mme Dabany ne peut s'opposer à la diffusion de son image dès lors que l'interview litigieuse traite
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