On en a pris plein la gueule. On en redemande Allez, les Nuls • En scène • Bruno est mort Mais ce n'est pas en vous sabordant que vous étoufferez votre chagrin h, vous, les Nuls, vous n'allez pas vous arrêter, dites ? C'est une plaisanterie ! Ce n'est pas en vous enterrant que vous allez faire revivre celui qui vous man- que. Vous êtes condamnés à perpé- Etuité : il vous manquera à vie. Mais arrêter ! C'est une idée de vieux, ça, d'arrêter. Regardez les Stones, ils ont continué, même sans Brian Jones. « Bruno est mort :Dieu s'est payé un super cadeau de Noël »: vous l'avez lu ce petit mot arrivé à Canal-Plus le lendemain?' Et les lettres et les messages Minitel de tous ces gosses qui ont perdu « comme un frère», que disent-ils ? « Allez, les Nuls, haut les coeurs! Que la famille continue à nous distraire ! » « Même si vous n'avez plus envie de rire, continuez pour Bruno. Nous avons tous besoin de vous. Courage ! » « Bruno va nous manquer, c'est trop nul, il faut que vous restiez ! » Il faut I Vous ne vous appartenez plus tout à fait. En devenant les Nuls, vous avez créé un autre être vivant, composite et fragile, dont aucun de vous n'est totalement maître, même si la mort vous a ramenés à votre solitude d'avant. Avant, quatre drôles, qui ne formaient pas encore une bande, s'essayaient à l'humour libre, aux deux coins opposés de la France. Bruno Carette, le pied-noir de Cherchell, avait de qui tenir. « Un clown dans la famille, ça suffit ! », lui avait dit son père, en apprenant qu'il voulait jouer la comédie. Deux pour être exact, si l'on compte un oncle, Georges Blanés, chanteur populaire, très, très off; et une sacrée tantine, nommée Lucette Raillat, inénarrable interprète de « la - Môme aux boutons ». Sourd aux admonestations paternelles, Bruno, à 18 ans, fonce sur les studios deRadio-France-Côte-d'Azur et réussit à décro- cher une tranche matinale, à l'usage des jeunes. Chantal Lauby est matinale et jeune, il était De gauche à droite : Alain Chabat, Dominique Faruggia, Bruno Carette et Chantal Lauby. normal que ces deux-là se rencontrent. - Normal mais pas fatal. C'est par hasard que chapeau, à des hommes politiques effondrés... grammes de Canal-Plus, au Festival de Télé- Chantal atterrit dans le Midi, à 20 ans, après avoir Avec Bruno, elle va, pour de vrai, faire du rire un vision de Monte-Carlo, ils sont au zénith de leur tiré entre Paris et le Sud à pile ou face. Avant de métier. L'émission s'appelle « BZZZ », c'est un gloire chez les kids marseillais. Dans le Midi, deux s'associer avec Bruno, elle avait déjà rodé sur le mélange de clips (de moins en moins de clips) et Nuls sont nés, qui n'en ont encore ni le nombre ni terrain tous les rôles qu'elle nous jouerait plus tard de gags (de plus en plus de gags) ; et « BZZZ » fait le nom, mais déjà la salutaire insolence et le au second degré : porteuse de magnétos, speake- un tabac sur l'antenne de FR 3 Marseille. En 86, simplissime talent. rine énamourée, journaliste de micro-trottoir, lorsque Chantal et Bruno rencontrent Alain de Pendant ce temps, là-haut, dans le Nord, deux poseuse de questions idiotes, tirées dans un Greef et Albert Mathieu, directeurs des pro- pensionnaires de Canal-Plus sont en train de 90 LE NOUVEL OBSERVATEUR /NOTREÉPOQUE.
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