ÉLÉMENTS DE DROIT PUBLIC MAROCAIN Collection «Logiques Juridiques» dirigée par Gérard MARCOU Déjà parus: ASSOCIATION INTERNATIONALE DES JURISTES DEMO- CRATES, Les Droits de l'Homme: universalité et renouveau, 1789-1989, 1990. BOUTET D., Vers l'Etat de Droit, 1991. SIMON J. P., L'Esprit des règles: réseaux et règlementation aux Etats-Unis, 1991. ROBERT P. (sous la direction de), Les Politiques de prévention de la délinquance à l'aune de la recherche, 1991. ROBERT P. (sous la direction de), Entre l'ordre et la liberté, la détention provisoire, deux siècles de débats, 1992. LAS COMBE M., Droit constitutionnel de la Vème République, 1992. HAMON F., ROUSSEAU D., (sous la direction de), Les institu- tions en question, 1992. LOMBARD F., Les jurés. Justice représentative et représenta- tions de la justice, 1993. BROVELLI G., et NOGUES H., La tutelle au majeur protégé, la loi de 68 et sa mise en œuvre, 1994. NIORT J.-F., VANNIER G. (sous la direction de), Michel Villey et le droit naturel en question, 1994. COUTURIER I., La diversification en agriculture, 1994. (Ç)Éditions L'Harmattan, 1994 ISBN: 2-7384-2425-2 ABDELLAH BOUDAHRAIN ÉLÉMENTS DE DROIT PUBLIC MAROCAIN Éditions L'Harmattan 5-7, rue de l'École-Polytechnique 75005 PARIS DU MÊME AUTEUR 1 - Labour law in Morrocco, International Encyclopaédia for labour law and industrial Relations, Editor en chef Prof. Dr. R. Blanpain, Kluwer, The NETHERLANDS, Décembre 1982, 138 p. 2 - The Arab I-Jabour Organisation, International Encyclopaédia for Labour law and industrial Relations, Editor en chef Prof. Dr. R. Blanpain, Kluwer, The NETHERLANDS, Octobre 1983,84 p. 3 - Droit Social Marocain (Droit du travail et sécurité sociale), Sochepress- Université, Casablanca, 1984, 2èmeéition 1986, 140 p. 4 - Contentieuxflscal au Maroc, Edemar, Casablanca, 1984, 140 p. 5 - Nouvel ordre Social International et Migrations (Dans le cadre du Monde Arabe et de l'espace Euro-arabe), L'Harmattan, Paris, 1985, 109 p. 6 - Droit Maritime Marocain, SECEA, Casablanca, 1986,230 p. 7 - Les voies de recours en matière civile (Droit et Sociologie judiciaire). SECEA, Casablanca, 1986, 240 p. 8 - Manuel de procédure civile (Droit judiciaire privé), Casablanca, 246 p .1986. 9 - Les voies d'exécution au Maroc, Les éditions Toubkal, Casablanca, 1988, 155 p. 10 - La sécurité sociale au Maroc (étude comparative et prospective avec les systèmes africains, arabes et européens), Forum du Livre, Casablanca, Octobre 1989, 262 p. Il - Un droit nucléaire en devenir (vision éthique et prospective au Maroc et au Maghreb). Casablanca, Févier 1991,140 p.,. PREFACE 1- On qualifie souvent le Maroc de pays des contrastes en mettant en relief un amalgame de données quantitatives et qualitatives qui semblent caractériser son originalité. Une telle qualification ne lui est pourtant pas exclusive. D'autres pays d'Afrique ou d'Amérique peuvent également s'en prévaloir. Pour se limiter au niveau de ses institutions fondamentales, on relève néanmoins plusieurs traits spécifiques déterminés à la fois par la tradition, découlant de sa civilisation et de sa culture arabo-musulmane et africaine, et par la modernité en raison de l'impact de la colonisation et d'une domination persistante de l'ordre occidental régnant sur le monde actuel. Mais il y a lieu de tenir également compte des réalités de la société marocaine qui dépassent cette distinction quelque peu simpliste, ce qui enrichit encore plus l'analyse du système politique, entendu dans son sens large. 2 - Autrement dit, la présente contribution ne peut s'en tenir à une exégèse des textes au risque de rester en dehors de ces réalités. L'observateur avisé et objectif ne peut éluder aisément les multiples problèmes de développement auxquels est confronté le pays, les mentalités et les comportements imprimant tout ordre normatif, une évolution différente selon les époques et les hommes. On s'interrogera aussi sur les opportunités auxquelles nous convient les tendances récentes dans le monde et qui sont axées principalement sur les libéralismes politique et économique. L'Afrique, par exemple, après l'ex Europe de l'Est et l'ex-Union Soviétique, connaît des bouleverse~ments importants que le Maroc est obligé de prendre en considération. Cet Etat ne peut donc se complaire dans un splendide isolement qui n'est plus de mise dans un monde de plus en plus interdépendant. Quoi qu'il en soit, l'être humain et toute société humaine aspirent légitimement à un devenir meilleur. Aussi tout système de gouvernement ne peut-il demeurer statique et sclérosé, son amélioration progressive doit être imbue de la dynamique d'une éthique humaine et sociale toujours renouvelée. C'est l'espoir en un tel devenir qui permet d'éviter des déviations contraires aux droits et intérêts légitimes des peuples et des êtres humains ou citoyens. L'ambition de la présente étude est toutefois bien modeste. Il est surtout question d'informer un public plus ou moins averti des institutions politiques et publiques marocaines, tout en essayant de réfléchir sur la portée de leurs limites et, dans certains cas, sur les possibilités de dépasser les contradictions négatives du système actuel. L'auteur. (Casablanca., Juillet 1993) 5 INTRODUCTION GÉNÉRALE Notion de droit constitutionnel et détermination du champ de l'étude Limité traditionnellement au droit qui s'applique aux institutions poli- tiques, en l'occurrence celles concernant les gouvernants et leur autorité, les chefs et leur pouvoir, on tend de plus en plus à concevoir le "droit constitutionnel" en tant que discipline qui embrasse l'étude du pouvoir considéré dans son ensemble. Aussi n'est-il pas question de traiter seulement le régime et les institutions politiques proprement dits, mais élargir le débat aux normes et pratiques régissant d'autres aspects non négligeables du pOUVOIr. Ce ne serait donc pas une hérésie que de se pencher, outre sur les sources du droit constitutionnel (1ère partie) et la forme de gouvernement (2~me partie), sur le cadre dans lequel s'exprime l'autorité publique, à savoir l'Etat et son organisation (3ème partie), voire sur la citoyenneté et l'administration de la justice (4ème partie). On ne peut, en effet, oublier que le pouvoir existe et agit en rapports constants avec les citoyens, sinon doit être à leur service. Des problèmes fondamentaux spécifiques seront examinés en dernier lieu (Sème partie). On abordera, en définitive, quelques éléments essentiels du droit public marocain, pour répondre notamment au souci d'informer les personnes intéressées par les études comparatives de droit constitutionnel ainsi que tous ceux qui souhaitent connaître les grandes lignes du droit public d'un pays en mal de développement et pauvre qui cherche une voie sûre pour sortir d'une situation aussi complexe que désastreuse. Un bref éclairage à cet égard ne sera pas inutile, d'où l'examen préalable, dans l'introduction générale, de l'histoire constitutionnelle (A), d'un aperçu assez succinct de la forme de gouvernement (B), des données géographiques (C) et des.données démographiques du Maroc (D). A - HISTOIRE CONSTITUTIONNELLE Il s'agit de rappeler brièvement l'évolution des institutions politiques marocaines depuis que les Idrissides (788-954) ont tenté d'unifier le Maroc et de constituer la première ébauche de gouvernement central, au lieu de 7 décrire et d'analyser chacune de ces institutions 1. On distinguera à cet effet quatre grandes étapes, celles de la monarchie traditionnelle et du protectorat franco-espagnol (I), les tentatives d'institutionnalisation du pouvoir (II), la mise en place et l'évolution de la monarchie constitutionnelle (III) et les expériences constitutionnelles récentes (IV). I - LA MONARCHIE TRADITIONNELLE 1 -La monarchie traditionnelle. Depuis le VIlIèmesiècle de l'ère chrétienne jusqu'à la fin du protectorat en 1956, l'assise religieuse du pouvoir est restée le trait dominant. Les apports du Khalife et du Sultanat expliqueront l'importance maintenue de la tradition en la matière.Toutefois, dès le début du XXèmesiècle, quelques années avant le protectorat français instauré par le Traité de Fès du 30 mars 1912, la pénétration des idées européennes (ou occidentales) va entraîner la modernisation du système politique marocain, sans néanmoins que soient reniées ses origines ancestrales. 2 -Apport du khalifat Le prophète Sidna Mohammed a été chargé non seulement de révéler la parole divine (Le Coran), mais encore de diriger la Communauté des musulmans (UMMA). Après lui, le successeur, ou "khalife", doit suivre la voie ainsi tracée sans qu'il y ait séparation entre le spirituel et le temporel. De fait, le khalife est "Amir al moumininne" (Commandeur des croyants), à qui les musulmans doivent obéissance. Cette obéissance a pour limite principale que le Khalife œuvre pour l'intérêt général de la Communauté. Dans la pratique, cependant, l'absolutisme Khalifal est plus ou moins éclairé selon les successeurs du prophète. Cet apport, constant au Maroc, ne sera que très peu aménagé par une vision occidentale du pouvoir. Il n'en demeure pas moins qu'avec la naissance de l'État marocain sous les Idrissides, le khalife va céder la place au Sultan. 3 - Apport du Sultanat Après la rupture des liens politiques et institutionnels avec le khalifat au XIème siècle, qui se trouvait au moyen-orient,le Sultan a remplacé le khalife en tant que successeur du prophète pour le Maroc. Le Sultan est, lui aussi, considéré comme chef spirituel et temporel. Il est le représentant de Dieu 1 Ce qui a été déjà fait avec des développements inégaux dans les ouvrages sur le droit constitutionnel et les institutions politiques cités en bibliographie. 8 (Allah) sur terre; mais il est néanmoins investi du Sultanat au moyen d'un mandat de la Communauté.Cette investiture s'exprime matériellement par une allégeance ou "baïa" au Sultan. Un contrat est ainsi conclu entre ce dernier et la population qui lui a consenti une délégation du pouvoir.
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