Conseil général de la Haute-Saône Extraits d’archivES La guerre au feu pompiers de Haute-Saône des origines à nos jours Le journal de l’exposition no spécial Conseil général de la Haute-Saône Archives départementales 14 B, rue Miroudot - Saint-Ferjeux 70000 Vesoul 03 84 97 15 80 [email protected] http://archives.cg70.fr © Conseil général de la Haute-Saône, 2008 La guerre au feu Le feu, une fatalité Les incendies ont toujours été considérés comme un Le principal moyen de lutte contre l’incendie demeure fléau d’autant plus que, pendant longtemps, les moyens donc la prévention : le 21 juin 1544, Claude de Vergy, de lutte étaient réduits. Ravageur, le feu était alors vécu gouverneur de Bourgogne, ordonne aux « Mayeurs et comme une fatalité. Officiers de la ville [de Gray] de faire faire le guet au Le curé de Gray relate, dans un registre paroissial, une pro- clocher de cette ville ». Le guet doit permettre de « pré- cession improvisée pour aider à circonscrire un incendie : venir et empêcher les voleries, larcins, inconvénients du « À la postérité soit notoire et manifeste que le mardi feu, violences. » 23e jour du mois d’aoust de l’an 1622 environ le midy, L’impuissance face à l’incendie justifie une très grande le feu prit à la maison de Claude … aussy à la maison sévérité à l’égard des incendiaires : contigue…, [la procession démarra] devant le fourg d’en « ayant essuyés un coup aussi funeste que celuy dont bas à la porte Saint-André [longea] la muraille du costé notre ville [Faucogney] fut frappée le 18 avril 1745, jour du moulin et retourna par la ruelle… estant voisine à fatal où elle vit dans moins d’une heure plus de trois la maison du Sieur Jacques Jacquinot et ayant demeuré quarts des maisons renfermées dans l’enceinte de ses deux heures... » murs réduites en cendres, la toiture de l’église, le clocher Généralement une grande partie des maisons sont dé- avec ses autres édifices publiques consumés, les cloches truites : en 1773 « le Roy étant informé de l’incendie fondues et plusieurs mesmes de ces habitants étouffés arrivé dans la ville de Pesmes les derniers jours du mois dans les flammes… » de septembre dernier, lequel a réduit en cendres 74 « Pour réparations de quoy condamnons ladite Sarrasin à maisons contenant 108 ménages. » être pendue et étranglée jusqu’à ce que mort s’ensuive à une potence qui sera pour cet effet dressée en la place La catastrophe créée par l’incendie demeure longtemps publique de cette ville ce fait son corps [sera] brûlé au indélébile car lorsque le feu n’est plus maîtrisable, le seul pied de ladite potence, et ses cendres jetées au vent. » moyen de l’arrêter est de le circonscrire en détruisant les maisons voisines. Incendie d’une maison rue des tanneurs à Vesoul, vers 1960. Incendie du château de Villersexel, 1871. La chapelle de Ronchamp après l’incendie de 1913. « Il y a peu de villes et de villages… qui ne soient char- plusieurs petites pour les feux de cheminées et autres, que gés de familles ruinées par des incendies ; mais on ne l’on puisse porter partout où l’occasion l’exigera. Chaque pense jamais à ces accidents funestes que lorsqu’on en village doit avoir aussi sa pompe… Quant à la meilleure a sous les yeux le tableau effrayant ; et par le peu de forme des pompes, on peut consulter M. Belidor : précaution qu’on prend pour s’en garantir, je m’étonne • la première, exécutée à Strasbourg, est montée sur qu’ils ne soient pas encore plus fréquens. 4 roues, accompagnée d’un train, pour être voiturée par … si donc on ne veut plus s’exposer aux dangers de l’in- des chevaux ; suffisance de secours, … il faut tous les dimanches après • la seconde, en usage à Ypres, est posée sur un vêpres, quand il fait beau…faire jouer les pompes sur la traineau ; place, les visiter, les graisser; les réparer s’il est nécessaire, • la troisième à double piston pour lancer l’eau sans exercer à leur manœuvre les sergens de police et les interruption. » ouvriers qu’on destine à l’emploi des secours. Les villes doivent avoir au moins autant de grosses pom- pes ambulantes qu’elles ont de quartiers, outre une ou 2 La guerre au feu S’organiser : le temps des incitations Avant la Révolution, la lutte contre le feu demeure spon- Lure où se sont trouvés le maire et les échevins… ont tanée, excepté dans les grandes villes comme Paris où formé une compagnie de bourgeois pour servir dans les elle est organisée dès la fin du Moyen âge. Chacun est cas d’incendie, …pour satisfaire à l’ordonnance de M. concerné car ses propres biens sont menacés ; s’organi- de Beaumont, intendant de cette province, du 29 octo- sent alors les secours : « … il seroit à propos que la ville bre 1752. » en fut pourvue d’environ 50 [seaux] qui suffiroient dans Les villes acquièrent également du matériel, notamment les cas d’incendie, avec les baquets que les bourgeois des pompes et des seaux : y apportent. » « les villes de Luxeuil et Faucogney m’ont priés de vous Au 18e siècle, sous la direction vigilante de l’intendant de demander qui est le marchand à Besançon qui vend des Franche-Comté, les communautés de Haute-Saône com- seaux d’oziers garnis de peau et à combien vous les avez mencent à s’organiser. Ainsi à Lure en 1752 : taxés pièce. » « Règlement de la compagnie pour le feu : l’an 1759, le 17e jour du mois de novembre en l’hôtel de la ville de Projet de seau et crochet pour la communauté de Valay, par l’architecte-ingénieur Amoudru, 30 septembre 1773. M. de Beaumont, intendant de Franche-Comté, aux magistrats de Jussey, 23 juillet 1752 : « …au sujet de la garde qui devra être placée au haut du clocher de l’église paroissiale. …vous pourrés quant à présent ne faire emplette que de la moitié des cent seaux d’ozier… dont vous devés vous pourvoir, vous acheterés l’autre moitié aussitôt que vous en aurés les moyens. » « je vous avois mandé que vous pourriés faire faire à Besançon les pompes qui vous sont nécessaires… j’ai été si peu sa- tisfait de l’essay de celles que l’on vient d’y faire pour la ville de Besançon que je me suis déterminé à écrire à Rouen et à Strasbourg pour avoir des modèles des pompes que l’on y fait. » Le 13 avril 1753 : « j’ai l’honneur de vous informer que je vous feray passer dans quelques temps deux pompes propres à éteindre le feu dont l’une moyenne et l’autre petite que M. ­l’intendant a fait acheter à Paris. » Pompe à incendie, extrait de l’Encyclopédie, 1751. 3 La guerre au feu S’organiser : le temps de la réglementation À partir de la Révolution, l’organisation de la lutte contre Villersexel fait figure d’exemple dès 1834 : « le maire l’incendie se structure, notamment avec la loi du 24 août [pense] qu’il serait à propos de créer dans la com- 1790 : les municipalités sont chargées de prendre des mune une subdivision de pompiers et de se procurer précautions convenables pour prévenir et faire cesser les les échelles, seaux et crochets indispensables en cas incendies. En novembre 1790, le président du Directoire d’incendie. » départemental de la Haute-Saône Emmanuel Tricornot Les corps de sapeurs-pompiers s’intègrent à la Garde adresse à toutes les communes de Haute-Saône des nationale. Créée en 1790 pour assurer le main- « Mesures de lutte contre les incendies » : tien de l’ordre et la sécurité des citoyens, celle-ci « … les précautions consistent dans la bonne construc- constitue naturellement un réservoir d’hommes tion et le nettoiement des cheminées. pour l’organisation de la lutte contre l’incendie. Les moyens les plus propices pour en arrêter les progrès La Garde nationale est supprimée le 25 août consistent à se procurer dans chaque communauté des 1871 : seul subsistent les corps des pompiers. échelles, seaux, crochets de même que des pompes… » Ils sont reconnus comme indispensables à Les villes comtoises prennent réellement conscience de la nation par le décret du 29 décembre la nécessité de disposer de véritables compagnies de sa- 1875 portant « ­Organisation communale peurs-pompiers : celle de Gray est créée en 1809, celle des corps de Sapeurs Pompiers qui re- de Lons-le-Saunier en 1811 et enfin celle de Belfort en çoivent missions et uniformes et sont 1825. Les communes rurales s’équipent également et rattachés au Ministère de l’Intérieur. » créent progressivement des corps de sapeurs-pompiers. Pompier de la Garde nationale en grande tenue, 1843. Construction d’une pompe, Vellechevreux, 1876. Réfection des fontaines et réservoir d’eau Vellechevreux, 1876. À Paris et Marseille, des soldats du feu... militaires Après un incendie tragique, le 10 juillet 1810, l’empereur Napoléon Ier décide de professionnaliser la lutte contre le feu à Paris. Par décret impérial du 18 septembre 1811, il confie cette mission à un corps militaire, le bataillon des sapeurs-pompiers de Paris. À cette époque, seul le modèle militaire constitue un gage d’efficacité. Ce modèle s’est ensuite étendu aux corps de pompiers communaux. Il demeure encore actuellement un patrimoine et des traditions communes aux pompiers civils et aux pompiers de Paris : les galons et les grades ; le cérémonial (le drapeau, les commandements, la participation au défilé du 14 juillet). Le bataillon des marins-pompiers de Marseille, second corps militaire de pompiers, a été créé en 1939.
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