Roger DRIES MONACO Football des Princes... Préface de S.A.S. Le Prince RAINIER III de Monaco EDITIONS ALP'AZUR Cet intéressant livre raconte, non seulement la passionnante "aventure" de l'Equipe Professionnelle de Football de l'A.S.M., mais encore l'histoire intérieure de cette valeureuse équipe. Les auteurs ont voulu ainsi révéler la personnalité humaine de chaque joueur, car, en dehors du joueur salarié qui remplit son contrat avec talent et conscience, c'est l'homme avec ses soucis, ses problèmes et ses satisfactions, un homme simple face à la vie ! Enfin, le lecteur revivra, non sans émotion, le dur cheminement de l'équipe durant la saison 1977/78 dans le Championnat et la Coupe de France.... jusqu'à la victoire et le titre de Champion de France ! M. Driès et M. Platano ont le mérite d'avoir voulu, en écrivant un livre sportif, donner une large place au facteur humain, nous faisant découvrir chaque joueur, une équipe en nous faisant comprendre que le grand vainqueur c'est finalement : l'amitié ! LES MEMES REVES QUE NOTTINGHAM FOREST... Photo : Jean Petit : « Sans Madeleine aujourd'hui, je ne serais qu'un clochard ! » 2 mai 1978. Il est 21 h 51. Bernard Gardon, à l'image de son équipe se défend « bec et on- gles » ! Il a dégagé loin, là-bas, côté mer, le ballon que Vital is a réussi à subtiliser à Rep, le blond ailier hollandais de Bastia. Sur son banc, Lucien Leduc ne tient plus en place. Il avouera d'ailleurs avoir vécu les mo- ments les plus durs de sa longue carrière d'entraîneur. Les mains en porte-voix il hurle à Christian Dalger le plus près de lui sur le bord de la touche : « Tenez bon, Nantes mène 5 à 1 devant Nice ! « Mais le gentil ailier Monégasque a- t-il du mal à le croire ? toujours est-il qu'il reste imperturbable. A moins qu'il n'ait pas enten- du car dans les tribunes écarlates de monde, l'ambiance est chaude. Les spectateurs de plus en plus bruyants ont redoublé « d'intensité », en donnant de la voix, en soufflant dans les trompettes, en faisant hurler les sirènes. On dirait que M. Rizza, le jeune et dévoué Prési- dent du Club des Supporters, instituteur de son état, a équipé toutes les écoles de la Princi- pauté tellement les banderoles, les crécelles et les avertisseurs sont légion. A croire que le public monégasque a découvert le championnat ce mardi soir à l'occasion du match de véri- té. 21 h 58. Nos confrères de R.T.L. et de Radio Monte-Carlo, Guy Kedia et Yvan Médecin, le confirment bien. Après que les Niçois aient égalisé, Nantes s'est rué à l'assaut des buts de Baratelli, et Rampillon, Pécout, Michel, Bossis, etc... ont bel et bien dynamité Nice. Nantes n'avait fait que son devoir, mais Monaco allait-il craquer face à ces Bastiais, qui eux, jouaient le jeu jusqu'au bout ? 21 h 59. Le bruit court qu'au Stade Louis II Bastia vient justement d'égaliser et nos con- frères des postes périphériques n'entendent plus rien tellement le vacarme est assourdis- sant au Stade Marcel Saupin. Ce n'est qu'une fausse nouvelle. 22 h 02. Plus que dix minutes à jouer. Vitalis, fauché dans la surface de réparation par Or- landucci, obtient le penalty. Le stade est debout. Delio Onnis qui est chargé de la transfor- mer serre bien fort le ballon contre son cœur. Il l'embrasse même. C'est lui qui a ouvert la marque, tandis que peu après la mi-temps, Gardon s'étant infiltré, a marqué sur un centre ve- nu de la gauche. Certes, à la 64e minute Johnny Rep jusque là assez effacé a su profiter d'un relâchement de la défense pour réduire la marque, mais à cette minute présente, Onnis a l'occasion de creuser définitivement l'écart. Il s'apprête à tirer... ... Mais quelques secondes plus tard il sombre dans le désespoir. Il a manqué son tir. Le- duc, figé sur son banc, le Prince Rainier en train de hocher la tête, pour eux comme pour tous les minutes sont interminables. Onnis décidément malchanceux tirera encore sur le poteau. Un coup de sifflet de l'arbitre M. Konrath, plus fort que les autres, fait croire un ins- tant que le match est terminé, mais il demande aux joueurs de continuer, alors que Lucien Leduc est déjà porté en triomphe. 22 h 10. Encore quatre minutes, et à l'issue de la déroute officiellement confirmée de Ni- ce à Nantes, un nul concédé par Monaco signifierait irrémédiablement cette fois la perte du titre pour les joueurs de Jean Petit ! Jean-Luc Ettori : de la Division Honneur à la coupe d'Europe, en un an ! 22 h 11. Sur le terrain chauffé à blanc par les clameurs de 10 000 supporters incondition- nels, au milieu des pétards et des feux de Bengale, les joueurs ne sont pas... loin de craquer tellement les nerfs ont été mis à rudes épreuves. 22 h 14. Le coup de sifflet, final celui-là, a retenti. Les effusions commencent, cependant que des jeunes garçons et filles, porteurs de ballons multicolores, entament un Tour d'Hon- neur suivis des joueurs. Des banderoles sont tendues : « C'est Leduc qui fait régner ses Su- jets » dit l'une. « La marée rouge et blanche ravage le Continent » dit l'autre. Puis le Capitaine Jean Petit, qui est tombé à genoux et a levé les bras au ciel à la fin du match, est monté dans la loge princière où le Prince souverain lui a donné l'accolade. C'est la dernière image d'un championnat passionnant, et qui aura tenu en haleine, jusqu'aux der- nières secondes la France entière, et une Principauté en fête... Une demi-heure après, alors que le stade Louis Il s'est peu à peu vidé du dernier carré de spectateurs, un dirigeant, M. Max Poggi, affalé sur la banquette du long couloir qui mène au terrain, cache son visage mouillé de larmes. Ces ultimes minutes du Sacre lui ont été insou- tenables. Il ne sera pas le seul. Notre confrère Georges Bertellotti, membre également du Comité de Gestion, le visage pâle, vient le consoler. Une accolade brève. Discrète. Mais les mots ne sortent pas. Après la saison au Purgatoire de cette « équipe » de Dirigeants, l'ascen- sion au Paradis est trop brutale, et le bonheur contenu. Dans les vestiaires, les joueurs ont du mal à se frayer le passage. Des supporters ont réussi à s'infiltrer. Les journalistes n'ont jamais été aussi nombreux. Des « Anciens » aussi sont là. On reconnaît Yvon Douis, Henri Biancheri, le grand Novak, Claude Quittet, Stojaspal, etc... « Je dédie ce succès à Monseigneur, notre premier supporter » déclare au micro Jean Pe- tit. « Notre titre sera lourd à porter mais nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour nous distinguer en Coupe d'Europe répète pour la « nième » fois le Président Louis Campo- ra. Mais les traces de ces âpres combats sont encore visibles sur les visages des joueurs. Pas d'effusions délirantes, mais un calme serein mêlé d'un sentiment de délivrance. L'ima- ge finalement que l'on a vue maintes fois au cours de cette saison, de la part de cette bande de copains ne se prenant pas au sérieux et dont les « clins d'œil » successifs se sont termi- nés par un coup d'éclat. Dehors c'est la fièvre par contre. Aux bruits des moteurs des bolides du Grand Prix de Monaco préparant les essais, ont succédé ceux des supporters faisant inlassablement le tour de la ville. Pendant ce temps, quittant le stade par une porte dérobée, certains joueurs comme Raoul Noguès sont allés rejoindre le restaurant le « Bec Rouge » où une soirée parti- culièrement endiablée aux sons des guitares espagnoles a commencé... Certes, les Monégasques n'ont pas encore terminé la saison, car une demi-finale contre Nice les attend, mais le « sommeil » d'une année, les cauchemars de la seconde division, et soudain ce réveil en pleine lumière, c'était trop fort. Au diable le repos ! « Les enfants, c'est bien d'être champions, mais pensez quand même un peu à la Coupe de France » déclara d'un ton paternel le Président J.L. Campora. Finalement on se séparera vers les deux heures du matin... ... En faisant les mêmes rêves dorés que les champions d'Angleterre Nottingham Forest, qui quittant la seconde division à l'aube de la saison 1977/78 remportait le titre de première division, à l'issue d'une trépidante campagne, ressemblant comme une sœur à celle de Mo- naco. Une campagne que nous allons revivre en compagnie des acteurs et avec Lucien Plata- no, un des fidèles témoins. De tous ceux qui sous la conduite de Lucien Leduc ont bataillé pendant des mois se contentant d'écouter les détracteurs, tous ces bien pensants qui affi- chaient un air étonné et narquois parfois, quand la formation monégasque caracolait en tête. Samedi 2 mai 1978. Une belle histoire prenait fin. Une nouvelle aventure avait déjà commencé. Dieu seul sait ce qu'elle nous réserve, tant il est vrai que le football comme la vie est un mouvement perpétuel et en « éternel revenir ». Alors, arrêtez-vous un moment... et regardez l'émouvante rétrospective, l'extraordinaire épopée de l'Association Sportive de Monaco... 22 h 10. Les joueurs Monégasques vont-ils perdre le titre dans les dernières minutes ? Ici Jean Petit, à la gauche de l'arbitre M. Konrath, essaye de conserver le contrôle du ballon, malgré l'action de Larios.
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