HIVER 2018 RÉTROSPECTIVE JOHAN VAN DER KEUKEN DU COURT, TOUJOURS NOUVELLES ÉCRITURES DOCUMENTAIRES 1 2 ÉDITO À partir de janvier 2018, la Bibliothèque Organisée en trois grandes saisons publique d’information s’engage dans proposant chacune un cycle phare, un pari un peu fou : proposer chaque la programmation de la Bpi aura jour, aux curieux, aux cinéphiles, à tous, pour objectifs d’accompagner et de venir voir des films documentaires diffuser la création contemporaine, dans les salles du Centre Pompidou. de montrer les films de patrimoine Des films venus du monde entier, sur leur support d’origine et en version des grands classiques aux dernières restaurée, de valoriser et interroger créations, des films pour se donner le des corpus artistiques et thématiques, temps de regarder et penser le monde, à commencer au 1er trimestre 2018 ensemble, au cinéma. par une rétrospective consacrée au cinéaste néerlandais Johan van C’est toute l‘ambition de l’incarnation der Keuken. La cinémathèque du parisienne d’un projet à part, La documentaire à la Bpi proposera cinémathèque du documentaire. aussi des rendez-vous réguliers : courts métrages, nouvelles écritures, En résonance avec la société, ses travaux en cours, fenêtre sur festivals, espoirs, ses rêves, ses inquiétudes, avant-premières…, ainsi qu’un volet la création documentaire connaît d’éducation à l’image destiné aux une effervescence extraordinaire. scolaires. Elle attire un public toujours plus nombreux. Au cinéma, à la télévision, Le cinéma documentaire a toujours sur les réseaux numériques, elle été au cœur de l’identité de la Bpi qui enrichit chaque jour un fonds d’une fut en 1977 la première bibliothèque exceptionnelle diversité de regards, multimédia en France. La bibliothèque d’écritures et de formes. propose aujourd’hui une collection de 3000 documentaires à visionner sur L’exposition de ces œuvres est un place et ouvrira bientôt un centre de enjeu majeur auquel La cinémathèque ressources spécialisé. La diffusion du documentaire entend contribuer. numérique des films documentaires Initiée par la Scam, portée par l’action dans les bibliothèques à travers le commune de nombreux acteurs Catalogue national est également institutionnels et associatifs sur le un défi majeur pour la Bpi dont la territoire (CNC, Ministère de la Culture, plateforme de vidéo à la demande, France Télévisions, Sacem, Audiens, Les yeux doc, entre dans sa 2e année. Ardèche Images, Bnf, Bpi, Images en Cette plateforme permet à un large bibliothèques, filmdocumentaire.fr) public de visionner, à domicile ou cette nouvelle structure a pour mis- via des projections, une sélection de sions de contribuer au recensement films documentaires régulièrement et à l’identification des œuvres, de renouvelée ; la formule est simple, favoriser leur circulation, de mettre les bibliothèques s’abonnent et leurs en valeur les différentes actions d’un usagers en profitent. Quant à Cinéma réseau de lieux de diffusion. du réel, le festival international de films documentaires co-organisé par la Elle trouve un écrin parisien au sein de Bpi et Les Amis du réel va fêter son 40e la Bibliothèque publique d’information. anniversaire du 23 mars au 1er avril prochain. C’est donc avec la fierté du chemin accompli et la joie de l’anticipation des belles choses à venir que j’ai le plaisir d’introduire cette programmation cinéma Hiver 2018. Christine Carrier, directrice générale de la Bibliothèque publique d’information 3 JOHAN VAN DER KEUKEN VOYAGE PROLONGÉ DANS UNE ŒUVRE EN PERPÉTUEL MOUVEMENT 4 C’est son collègue-cinéaste Luc On n’a jamais cessé de redécouvrir Dardenne qui définit le mieux les les films du « Hollandais planant » impressions ressenties par le spec- (Serge Daney). Cette rétrospective, eu tateur devant un film de Johan van der égard au grand nombre de films qui Keuken. Dans un article aussi pertinent sont proposés, ne dérogera pas à la que peu connu, publié à Bruxelles en règle. La totalité des emblématiques 1983 dans l’ouvrage collectif Johan van longs métrages de Van der Keuken der Keuken cinéaste et photographe, il côtoiera des séances thématiques de parle d’une « expérience spatiale », courts et moyens métrages souvent une « descente-remontée-traversée moins connus (« Le Jeune Van der des couches et des horizons du Keuken et Amsterdam », « Portraits regard », un « Voir au-delà du Regard », d’artistes », « L’intimité du cinéaste ») qui s’étendent bien au-delà du temps mais qui constituent pourtant des de la projection. « Si aujourd’hui, un repères essentiels pour comprendre an après [avoir vu ses films] il m’est son œuvre. encore possible d’en parler, de me À ce corpus généreux viendront souvenir de leurs images, c’est sans s’adjoindre plusieurs exclusivités : des doute que mon séjour dans cette tour entretiens jamais montrés en France, n’est pas terminé, que les images ont un film récemment découvert dans les survécu ». archives de la télévision néerlandaise, Bien que tous les observateurs ne Wat zijn mooie meisjes (Les Jolies Filles, partagent pas cette impression 1959) ; ainsi qu’un court métrage col- d’immédiateté - certains parlent même lectif conçu et réalisé en 1982 à la de la difficulté à se remémorer ses Cellule audiovisuelle du CAC d’Annecy, films - ils sont d’accord sur un point : Le Résistant. il se passe quelque chose de très Nous avons fait appel à des Grands particulier quand on voit un film de Van Témoins pour introduire et accompagner der Keuken. Quand la projection est les séances : critiques et analystes de terminée, on n’en a pas terminé avec son œuvre, anciens collègues et pro- le film. D’où la nécessité de revenir ducteurs, cinéastes et autres créateurs. dessus. Il faut « re-voir » (Jean-Paul Ils seront vos éclaireurs dans ce voyage Fargier) ou « revisiter » (Alain Bergala) à travers l’œuvre du cinéaste. son œuvre, la réinterpréter. Dans Les Vacances du cinéaste (1974), Van der Dans son rapport impulsif au réel, Keuken affirme que « le film se déroule Johan van der Keuken était un cinéaste toujours au présent ». Il est toutefois engagé et ses films ont souvent revenu assez souvent sur ses œuvres dénoncé les injustices et les grands antérieures. problèmes contemporains : la pénurie Ce regard prolongé et en perpétuel de logements (Quatre murs, 1965), les mouvement, cette œuvre majeure, inégalités Nord-Sud (la trilogie des ouverte sur le monde, ont guidé le années 1972-74) ou encore l’écologie choix de la Bibliothèque publique (La Jungle plate, 1978). Ce dernier d’information du Centre Pompidou, film est même prémonitoire d’une qui inaugure avec cette rétrospective conscience à peine née à cette époque. ses activités de vitrine parisienne Il n’est donc pas étonnant que ses de la toute jeune Cinémathèque du propos résonnent encore aujourd’hui. documentaire. Cette rétrospective se veut la preuve que la voix de « Johan » ne cesse de nous interroger. Harry Bos, programmateur de la rétrospective Johan van der Keuken 5 LES FILMS 7 RÉTROSPECTIVE SÉANCE D’OUVERTURE Entretien avec Les Jolies Filles Johan van der Keuken Wat zijn mooie meisjes Pays-Bas, 1965, noir et blanc, 5 min Johan van der Keuken Pays-Bas, 1959, noir et blanc, 9 min 30 sec Le critique, journaliste et scénariste de cinéma Jan Blokker interroge Des jeunes filles filmées sur le vif le jeune Van der Keuken pour dans les rues d’Amsterdam. Film l’émission télévisée « Filmvenster ». récemment découvert dans les Le réalisateur affirme notamment que archives de la télévision néerlandaise, le cinéma ne peut exister tout seul l’Instituut voor Beeld en Geluid (Institut et doit refléter ce qui se passe dans de l’Image et du Son). la société. Beppie Masterclass Johan van der Johan van der Keuken Pays-Bas, 1965, noir et blanc, 38 min Keuken (fragments) Thierry Nouel Elle avait dix ans et elle était le rayon de France, 2000, couleur, 8 min soleil du canal où j’habitais. Une vraie gamine d’Amsterdam, drôle, pleine En novembre 2000, deux mois avant sa d’esprit, à la fois gentille et maligne mort, Johan van der Keuken vient au comme un singe. (JvdK) cinéma MK2 Beaubourg pour donner Au cinéaste, Beppie raconte et une Masterclass. Accompagné par montre sa vie quotidienne et ce qui la l’historien du cinéma François Albéra, préoccupe : la vie, la mort, la télévision, il commente des extraits de ses films. l’amour, l’argent. Mercredi 17 janvier à 20h 8 RÉTROSPECTIVE Amsterdam Global Village Johan van der Keuken Pays-Bas, 1996, couleur, 4 h 02 min Van der Keuken filme Amsterdam comme une métaphore de l’Europe avec sa population multiple et mélangée, entre jeunes branchés et paumés, entre immigrés et locaux. Un mouvement lent, circulaire à travers les saisons, au niveau de l’eau, du sol, puis dans les airs. (JvdK) Samedi 17 février à 17h Séance présentée par Claire Simon, cinéaste Face Value Johan van der Keuken Pays-Bas, 1991, couleur, 2 h Tout tourne autour du visage et du voir : le désir de se donner à voir, la peur de se faire voir, l’impossibilité de se voir soi-même, la peur et le désir de voir l’autre. Et dans cette thématique (…), la lutte confuse pour l’identité, la lutte féroce pour le territoire. (JvdK) Vendredi 2 février à 20h Séance présentée par Aurélien Py, chef opérateur Dimanche 18 février à 17h Lundi 5 mars à 20h Journal Dagboek Johan van der Keuken Pays-Bas, 1972, couleur, 1 h 20 min Tourné au Cameroun, au Maroc et aux Pays-Bas, ce film raconte une histoire des outils qui permettent aux hommes d’avoir prise sur les forces de la nature. Parallèlement, Johan van der Keuken met en scène l’intimité de son couple. Premier volet du triptyque Nord/Sud. Vendredi 19 janvier à 20h Séance présentée par Rommy Albers, conservateur en chef de Eye Film Instituut Nederland Vendredi 2 mars à 17h 9 RÉTROSPECTIVE La Forteresse blanche Vietnam Opéra Het witte kasteel Vietnam Opera Johan van der Keuken Johan van der Keuken Pays-Bas, 1973, couleur, 1 h 18 min Pays-Bas, 1973, couleur et noir et blanc teinté, 11 min Une île espagnole envahie par le tourisme ; une usine aux Pays-Bas Une troupe de comédiens vietnamiens occupée par les ouvriers ; des jeunes se produit à Amsterdam.