839 UNIVERSITÉ D'OTTAWA « ÉCOLE DES GRADUÉS LA POESIE DE LA RESISTANCE (Louis Aragon, Gabriel Audisio, Jean Cassou, René Char, Paul Eluard, Pierre Emmanuel) par Madeleine Betts Thèse présentée à la .Faculté des Arts de l'Université d'Ottawa (Département de Français) en vue de l'obtention de la maîtrise es arts en français. UMI Number: EC56074 INFORMATION TO USERS The quality of this reproduction is dépendent upon the quality of the copy submitted. Broken or indistinct phnt, colored or poor quality illustrations and photographs, print bleed-through, substandard margins, and improper alignaient can adversely affect reproduction. In the unlikely event that the author did not send a complète manuscript and there are missing pages, thèse will be noted. AIso, if unauthorized copyright material had to be removed, a note will indicate the deletion. UMI® UMI Microform EC56074 Copyright 2011 by ProQuest LLC AH rights reserved. This microform édition is protected against unauthorized copying underTitle 17, United States Code. ProQuest LLC 789 East Eisenhower Parkway P.O. Box 1346 AnnArbor, Ml 48106-1346 UNIVERSITÉ D'OTTAWA - ÉCOLE DES GRADUÉS RECONNAISSANCE Cette étude a été préparée sous la direction de Monsieur Eugène Roberto, Docteur es Lettres, professeur à l'Université d'Ottawa et nous le remercions bien vivement de l'aide judicieuse qu'il nous a prodiguée. Nous remercions également le Révérend Père Julien, o.m.i., qui nous a guidée dans le choix de cette thèse, Madame Crevier qui a obtenu le prêt de nombreux livres dont nous avions besoin; Monsieur Louis Parrot, le Professeur Pierre Costil de l'Université de Caen, Mademoiselle Lacour, Secrétaire de la Bibliothèque de Documentation Internatio­ nale Contemporaine, Madame Migot de Paris qui nous ont ai­ dée dans nos premières recherches; Messieurs Gabriel Audi­ sio, Pierre Seghers, Jacques Debû-Bridel et Jean .Cassou qui ont bien voulu correspondre avec nous et nous guider de leurs conseils; et \ tous ceux dont la bienveillance ou la collaboration nous ont permis de mener à bien notre tra­ vail de recherche. UNIVERS1TY OF OTTAWA ~ SCHOOL OF GRADUATE STUDIES UNIVERSITÉ D'OTTAWA - ÉCOLE DES GRADUÉS CURRICULUM STUDIORUM Madeleine Betts (née Quintaine) naquit à Isigny- sur-mer, Calvados, France» le 20 mai 1920. Elle obtint son Brevet Supérieur en 1941, suivi de quatre années d'ensei­ gnement dans une école de campagne de la Normandie. Au cour*! de ces quatre années, elle prépara le Diplôme de Conseillère d'Orientation Professionnelle, et remplit les fonctions de Conseillère d'Orientation à la Chambre de Métiers de Paris de 1945 à 1948. Elle obtint le Baccalauréat es Arts de l'Universi­ té d'Ottawa en mai 1961. Inscrite pour la maîtrise es Arts depuis i960, elle compléta la scolarité en 1962. Elle en­ seigne présentement le Prench et la littérature française à l'Université d'Ottawa. UNIVERSITY OF OTTAWA - SCHOOL OF GRADUATE STUDIES UNIVERSITÉ D'OTTAWA - ÉCOLE DES GRADUÉS TABLE DES MATIERES Chapitres pages INTRODUCTION iv 1. LA FRANCE MARTYRISEE ET ARAGON 1 1. La vie du poète 5 11. Les thèmes 13 A. Son amour pour la France, sa sensibilité. 14 B. Les idées principales 24 1. Les malheurs de la France 24 2. La Mort 39 111. Caractères formels de cette poésie 51 11. LA POESIE CONCENTRATIONNAIRE 61 1. Tie de G-., Audisio et de J. Cassou 62 11. Le fond de leurs poèmes 67 A. L'emprisonnement et le poète 68 B. Les sentiments du poète ÛO C. Comment lutter contre l'emprisonnement... 92 111. Les formes de leur poésie concentrationnaire 102 ' 111. LA POESIE DE L'ACTION 115 1. Les idées 118 A. Chant d'action de la vie et de la Résis­ tance 119 B. Définition de la condition humaine 130 C. Dignité^dd l'homme 141 11. Les caractères formels de cette poésie 144 111. Relation de l'action et de la poésie 150 IV. LA POESIE DE L'ESPOIR ET DE LA DELIVRANCE 158 1. La vie de ces poètes: Paul Eluard 159 Pierre Emmanuel 166 11. Les thèmes 170 A. L 'Espoir 171 B. Aspects de cet Espoir 178 1. Espoir de vengeance 178 2. Espoir de victoire et de justice 183 3. Espoir de bonheur pour tous 185 4. Espoir àe libération 189 C. La Liberté 196 111.La poésie au service de l'Espoir, ses carac­ tères formels 200 CONCLUSION 212 BIBLIOGRAPHIE 220 APPENDICE 232 INDEX DES NOMS PROPRES 238 SOMMAIRE 245 UNIVERS1TY OF OTTAWA - SCHOOL OF GRADUATE STUDIES UNIVERSITÉ D'OTTAWA ~ ÉCOLE DES GRADUÉS INTRODUCTION Juin 1940 - L'Allemand s'installe chez nous - Hi­ tler a conquis, ou semble avoir conquis la plus grande par­ tie de l'Europe, y compris la France. Mais il sait fort bier qu'il ne suffit pas qu'un pays soit occupé pour qu'il per­ de ses caractéristiques; il sait que, tant que les Françaie auront des pensées françaises, la France ne lui appartien­ dra pas. C'est pourquoi son premier désir est de gagner lee occupés à la cause de 13- "Collaboration" - par des moyens persuasifs d'abord; par la force ensuite si cela s'avérait nécessaire. Mais il sait avant tout que la fraction la plus importante qu'il lui faut gagner, c'est celle des intellec­ tuels, des écrivains surtout dont l'influence est si éten­ due e-'t si importante. Matériellement, physiquement,la Fran ce pouvait bien avoir succombé: qu'importait tant que de­ meurait vive l'âme française, tant que dans nos villes et dans nos villages, tant que dans nos foyers resterait viva- ce l'Idéal des libertés qui l'avait animée, ce respect de l'homme, ce respect de la dignité humaine que les Français, fidèles à la tradition chrétienne, que les héritiers de la tradition des Encyclopédies et de la Révolution avaient défendu en commun. C'était à l'espÇi't même de la France, désormais, que l'ennemi victoirdeux s'attaquait. Il importait à la vic- UNIVERSITY OF OTTAWA - SCHOOL OF GRADUATE STUDIES UNIVERSITÉ D'OTTAWA ~ ÉCOLE DES GRADUÉS INTRODUCTION v toire allemande que la nation française renie, l'une après l'autre, toutes les idées fortes qui as/aient fait sa grandeur et sa gloire. Cette France de Saint-Louis, de Montaigne, de Calvin, de Pascal, de Descartes, de Voltaire, de Victor Hugo, la France des Croisades et des Révolutions, il fallait la ramener au culte de la lorce brutale. Il fallait qu'elle s 'agenouillâ-Çla France catholique et la France de l'Encyclo­ pédie devant les idoles du nazisme. Et pourtant, il faut le reconnaître, il s'est trou­ vé t*i certain nombre d'écrivains pour mettre leur intelli­ gence au service de l'occupant, pour colporter les idéaux nazistes au coeur de leur pays. Deux écrivains d'un certain talent, mais d'esprit léger et d'intelligence très limitée, >Jhâteaubriant et Drieu la Rochelle étaient depuis longtemps gagnés. De l'a­ dhésion à la trahison, il n'était qu'un pas à faire et qui fut fait légèrement. Dès octobre 1940, Drieu prenait posses­ sion de la Nouvelle Revue Française, pour Aletz et Château- briant créait la Gerbe. Eux du moins furent portés à la tra­ hison par conviction ou déficience intellectuelle, comme un Ganelon qui, converti à l'Islam, aurait par la force des choses était entraîné à trahir Oharlemagne. Mais ils ne furent pas seus. Par ambition, ou par lâcheté, ou par rancoeur, les plus sincères aveuglément, ils furent nombreux à trahir, puis, au nom de leur trahison, à UNIVERSITY OF OTTAWA -- SCHOOL OF GRADUATE STUDIES UNIVERSITÉ D'OTTAWA ~ ÉCOLE DES GRADUÉS INTRODUCTION vi adopter la foi du conquérant. Nos Montherlant, nos Abel Bonnard, nos Chardonne, nos Giono, nos Brasillach, nos Céline, nos Pierre Hamp à tour de rôle déshonoraient leur mission d'écrivains français Ce fut l'heure de leur triomphe dans les hebdomadaires lifté raires de la Progaganda Abteilung. Ils n'étaient qu'une dou­ zaine et qui ne firent tant de bruit que grâce au silence forcé des autres écrivains. Ils ne pouvaient engager la pen­ sée française que dans la mesure où l'ensemble des écrivains français accepteraient d'être complices. Ces complices vinrent malheureusement trop nombreux Ce fut un des scandales de l'époque que de trouver au sommai re des revues et des périodiques au service de l'ennemi tant de signatures réputées honorables. Ecrire aux côtés des a- gents nazis c'était, sinon trahir, du moins couvrir et acha- lander la trahison. L'article en soit anodin de telle grande romancière, de tel grand poète, hier homme de gauche, de tel critique littéraire d'un des plus grands journaux de la Troisième République, ou de tel Académicien bien pensant, publié dans tel journal ou revue allemande de langue fran­ çaise atteignit plus sans doute le moral du pays et l'in­ fluence de la pensée française que la vraie propagande al­ lemande; et que dire de ces écrivains soi-disant patrioti­ ques qui publiaient pour garantir leur tranquillité ou sa­ tisfaire leur vanité tel ou tel livre contre l'Angleterre UNIVERSITY OF OTTAWA ~ SCHOOL OF GRADUATE STUDIES UNIVERSITÉ D'OTTAWA ~ ÉCOLE DES GRADUÉS INTRODUCTION vil alors qu'elle luttait seule pour la cause de la Liberté. A la veulerie individuelle de trop d'auteurs s'a­ joutait celle, collective des éditeurs (de tous les éditeurs à peu d'exceptions près), sans parler de la défaillance d'un Gouvernement et celle des- corps constitués qui laissaient disparaître un Henri Bergson, notre plus grand philosophe depuis Descartes, sans honorer sa mémoire parce que Juif. Face à tant de lâchetés, les meilleurs et les plus qualifiés des maîtres de la pensée française ne pouvaient que répondre par leur abstention, par leur silence -ou par quelques démarches privées.