LIBRARY OF THE THEOLOGICAL SEMINARY PRINCETON, N. J. DC 158TT R4 7 T922^'^'^^ Reuss, Rodolphe^ 1841-1924 La ' Constitution civile du clerg e et la crise j « Digitized by the Internet Archive in 2014 Iittps://archive.org/details/laconstitutionci02reus LA CONSTITUTION CIVILE DU CLEROÉ EN ALSACE PRINCIPALES PUBLICATIONS DU MEME AUTEUR La destniction du protestantisme en Bohême. Episode de la guerre de Trente Ans, 26 édit., Strasbourg, 1868, 80. La sorcellerie au seizième et au dix-septième siècle, particulièrement en Alsace, Paris, 1871, 80. Vieux noms et t^ues nouvelles de Strasbourg, causeries biographiques d'un flâneur, Strasbourg, 1883, 160. La justice criminelle et la police des mœurs au seizième et au dix-septième siècle, causeries strasbourgcoises, Strasbourg, 1885, 160. Charles de Butré, un pkysiocrate tourangeau en Alsace, d'après ses papiers inédits, Paris, 1887, 80. Louis XIV et l'Eglise protestante de Strasbourg au moment de la révocation de l'Edit de Nantes, Paris, 1887, 80. La Cathédrale de Strasbourg pendant la dévolution. Etudes sur l'histoire politique et religieuse de l'Alsace (ijSç-iSoi), Paris, 1887, 160. L'Alsace peiidant la Révolution française, documents tirés des Archives de Stras- bourg, Paris, 1880-1894, 2 vol., 80. Correspondances politiques et chroniques parisiennes adressées à Christophe Giintzer, syndic royal à Strasbourg (1681-1685), Paris, 1890, 80. Histoire du Gymnase protestatit de Strasbourg pendaiit la Révolution (i'jSç-1804), Paris, 1891, 180. Un érudit alsacien, Xavier Mossmann, archiviste de la ville de Colmar {18II à 1893), Mulliouse, 1893, 40. L'Alsace au dix-septième siècle au point de vue géographique, historique, économique, social, intellectuel et religieux, Paris, 1897- 1898, 2 vol., 80 Les Eglises protestantes d'Alsace pe^idanl la Révolution (ijSç-1802), Paris, 1906, 80. Notes sur l'instruction primaire en Alsace pendant la Révolution, Paris, 19 10, 80. Histoire d'Alsace, Paris, 1912, 8» (19e édition, 1920). La France et PAlsace à travers fhistoire, Paris, 19 15, 40. Histoire de Strasbourg depuis ses origines jusqu^à nos jours, Paris, 1922, pet. 40. Cet ouvrage est sorti des presses de /'IMPRIMERIE ALSACIENNE à STRASBOURG, le 15 Mai 1922. Il a été tiré d 1000 exemplaires. Droits de traduction et de reproduction réservés pour tous pays. PUBLICATIONS DE LA FACULTE DES LETTRES DE L'UNIVERSITÉ DE STRASBOURG Fascicule 8. Rodolphe REUSS Correspondant de l'Institut Directeur d'études à l'Ecole pratique des Hautes Etudes \/^^ honoraire l'Université de Strasbourg Professeur à ""v^^^^GICALSt^ LA CONSTITUTION CIVILE DU CLERGÉ ET LA CRISE RELIGIEUSE EN ALSACE (1790—1795) d'après des documents en partie inédits EN DÉPÔT: LIBRAIRIE ISTRA, Maison d'Édition Strasbourg, 15, rue des Juifs — Paris, 57, rue de Richelieu BRITISH ISLES, BRITISH EMPIRE UNITED STATES 0/ AMERICA Oxford University Press CoLUMBiA University Press Amen Corner, London E. C. 4 Columbia University, New-York I 92 CHAPITRE XIX LA GUERRE MENAÇANT DU DEHORS ACTIVE LES DISSENSIONS INTÉRIEURES. — L'ADRESSE DU 25 JANVIER 1792 A LA CONSTITUANTE. — L'INTERNEMENT DES MOINES (janvier— mars 1792) C'était avec des sentiments d'inimitié plus ardents que jamais, sous l'influence aussi d'un sourd malaise, qu'on entrait en Alsace dans l'année nouvelle, alors que 1791 «s'échappe à l'horizon, enve- loppée dans les voiles flottants du pâle crépuscule, tandis que le bruit de ses pas .se perd au firmament assombri»'). Année tra- gique, car elle avait vu s'évanouir tant de belles espjérances, tant de rêves généreux, mais nul plus beau, ni plus tristement démenti, que le rêve d'une paix religieuse universelle, fondée sur la tolérance fraternelle de tous. Bien peu d'entre ceux qui saluaient 1792 de leurs élucubrations lyriques, se doutaient sans doute de ce qu'elle leur apportait de tristes.ses et de maux; mais, parmi eux, la plupart ne songeaient qu'à continuer la bataille, sur le terrain politique et religieux. Bien peu avaient pris à cœur les exhortations si sensées que nous citions dans le chapitre précédent, et qu'un correspondant de Colmar avait adressées à un journal libé- ral modéré de Strasbourg sur la nécessité de faire en sorte que les non-conformistes « fussent obligés de renoncer à la funeste erreur qu'on voulait les persécuter » °). Sages paroles, mais plus vaines *) Cette citation est empruntée à une belle pièce de vers en allemand publiée dans le Pol. Lit t. Kurier du 31 décembre 1791. *) Pol. Litt. Kurier, 15 novembre 1791. 2 I.A CONSTITUTION CIVILE DU CLERGÉ EN ALSACE encore, car dans les époques de crise, ce ne sont pas les modérés, mais les violents qui l'emportent, et dans le double courant qui va se heurter avec une furie croissante, sombrera d'abord l'Eglise et bientôt la Liberté. Dès le début de l'année 1792, nous voyons se continuer la lutte entre les deux clergés qui se disputent les âmes de l'Alsace catho- lique, ainsi que les efforts des administrateurs pour en amortir la violence, pour soutenir les assermentés contre les non-jureurs. Mais l'attention générale se détourne un peu de ces querelles ecclésias- tiques, car la crise politique à l'intérieur s'accentue, le danger de la guerre extérieure, d'une invasion prochaine peut-être, grandit à l'horizon. Nos administrateurs ont trop de préoccupations plus urgentes, trop d'inquiétudes plus immédiates, pour se soucier encore de tout le détail de ces querelles villageoises. C'est d'abord le nouveau ministre de la guerre, M. de Narbonne, qui arrive pour inspecter la frontière du Rhin ; ce sont les princes du sang venant ^) s'établir à Ettenheim, qui regorge d'émigrés ; c'est Dietrich et La Fayette se rencontrant à Phalsbourg, pour discuter l'attitude du parti constitutionnel ; c'est l'émigré, le traître Klinglin, reconnu sous un déguisement à Fort-Louis *) ; c'est la proposition du maire, de déclarer Strasbourg en étal de guerre, afin de pouvoir mieux veiller à la sécurité générale, alors que « nous sommes environnés d'ennemis et de traîtres fuyant le royaume ou rentrant en France avec des vues également hostiles»''). Au milieu de l'agitation crois- sante des esprits, ces spectacles nouveaux, ces thèmes à discussion et bientôt la rupture définitive entre feuillants et jacobins, la guerre acharnée qui s'établit entre modérés et radicaux, jusqu'à la veille du 10 août, tout cela rejette un peu dans l'ombre la question ecclé- siastique. Cependant, comme nous n'écrivons pas ici l'histoire générale de la Révolution en Alsace, mais seulement celle du conflit Il fut à Strasbourg du ler au 3 janvier 1792, et rendit compte de son voyage à l'Assemblée dans la séance du 11 janvier (Archives parle- mentaires XXXVII, p. 233. Condé, Bourbon et Enghien y arrivent le 3 janvier. Le bruit courut à Strasbourg que les membres du Directoire du district de Benfeld traversaient nuitamment le Rhin pour conférer avec eux et Rohan (Strassb. Zeitung, 5 janvier 1792). ') Le 13 janvier 1792. *) Moniteur du 11 janvier 1792 (tome XI, p. 253-254). ^) Le Maire de Strasbourg à ses concitoyens, 21 janvier 1792, p. 6. LE PROJET DE CIRCONSCRIPTION DES PAROISSES 3 religieux qui en forme un des épisodes les plus marquants, nous devons nous borner à raconter ce qui se rapporte le plus directement à notre sujet. On se rappelle avec quelle lenteur les administrations des dis- tricts avaient élaboré le projet de circonscriptions pour leurs paroisses futures, réclamé par le Directoire du département; ils jugeaient que ce n'était point de la besogne urgente, les candi- dats faisant défaut. Quand enfin l'état du district de Haguenau eut été dressé vers la fin d'aoîit, il ne fut examiné de plus près qu'au début de janvier 1792, pour être renvoyé alors par le département au district, parce que ce dernier n'avait pas réduit suffisamment le nombre des curés. On ne peut sans doute appliquer rigoureusement l'article XV, qui exige 6.000 âmes pour une paroisse, « mais vous pourriez vous en rapprocher davantage... Le projet ne marque d'ailleurs que la population catholique des com- munes ; il importe de connaître aussi la population totale, attendu que c'est sur ce chiffre que doit être basé le traitement du curé^). » Un reproche identique était fait au Directoire du cUstrict de Wissembourg, auquel la même invitation de supprimer un certain nombre de paroisses avait été adressée et qui n'en avait pas tenu compte. Le 8 février, les administrateurs du Bas-Rhin lui écrivaient en termes pressants : « Les circonstances exigent que nous prenions ces mesures générales relativement aux affaires religieuses. La première et la plus importante est de procéder incessamment et en même temps à la nomination de tous les curés du département et de faire cesser le salaire des anciens, que nous sommes obligés de conserver jusqu'à leur remplacement, malgré l'inci- visme reconnu de la plupart. Il n'y a que cent quarante prêtres qui aient prêté ou qui soient disposés à prêter le serment, y compris ceux qui sont déjà placés. Vous voyez, messieurs, que pour exécuter le projet que nous croyons le plus convenable à notre position, nous sommes forcés de régler le nombre des paroisses d'après celui des candidats. A mesure que le peuple se désabusera et que la dignité et le service du culte le demanderont, il sera facile aux corps administratifs de former de nouvelles paroisses, sous l'approbation de l'Assemblée nationale. Il nous suffit, dans ce moment, de solliciter auprès d'elle, pour le soulagement des curés, la permission d'établir des succursales qui seront desservies par des vicaires. Nous ne doutons pas que ce plan soit économique pour la nation, mais cette considé- ration n'est pas celle qui nous a conduits à l'adopter.
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