Archives départementales du Tarn Chartrier de Graulhet, Castelnau-de-Lévis et Saint-Sulpice en Quercy (1234-1788) 30 J 1-254 Inventaire sommaire par Romain Joulia sous la direction de Sylvie Desachy Albi, 2008 Introduction Chartrier de Graulhet, Castelnau-de-Lévis et Saint-Sulpice en Quercy (30J) Cote 1 J art. 142-935 ; 30 J art. 1-254 Dates extrêmes 1234-1802 Description physique Les dommages subis par le chartrier, notamment entre la Révolution et son exploration par Cabié et Mazens, expliquent l’état particulièrement critique de certains documents. Plusieurs parchemins ont ainsi été très largement rongés, si bien que l’analyse du contenu est parfois fastidieuse. De même, plusieurs pièces papier ou registres présentent des tâches d’humidité sévères ou des traces de moisissures inactives. Le recours à la lampe de Wood a permis d’exploiter les documents à l’écriture très pâlie. La communication tiendra compte, comme précédemment au classement, de l’état matériel des documents. Les documents endommagés les plus prestigieux font néanmoins l’objet de restauration afin de les préserver. C’est ainsi que le « cartulaire des Alaman » (30 J 132) et l’enquête menée par Bertrand de Nogaret sur les droits de Philippe de Lévis (30 J 135) ont été confiés entre des mains qualifiées. Nombre de fiches de description 256 Producteur Graulhet (Tarn ; seigneurie)/Castelnau-de-Lévis (Tarn ; seigneurie)/Saint-Sulpice (Lot ; seigneurie) Catégorie du producteur Administration Histoire du producteur Seigneurie de Castelnau-de-Lévis La seigneurie de Castelnau-de-Lévis fut d’abord possédée par la famille Alaman. L’acte le plus ancien du chartrier, qui nous est parvenu sous forme du copie réalisée au XIVe siècle, consacre la fondation du château et du village de Castelnau par Raymond VII, comte de Toulouse, en 1234. C’est Sicard Alaman, dit le vieux, qui sera chargé de cette édification et deviendra le seigneur des lieux. Très vite, il va étendre ses possessions albigeoises, notamment à Graulhet et Puybegon. L’étendue territoriale des biens de Sicard Alaman le vieux atteindra son apogée à sa mort en 1275. Son fils, Sicard le jeune, lui succède, mais étant mineur, il est placé sous la protection de son oncle maternel Bertrand, vicomte de Lautrec et seigneur de Sénégats. Ce dernier n’hésitera pas à s’approprier les biens immenses de son neveu une fois celui-ci décédé en 1280. Dès lors, les seigneuries de Castelnau-de-Lévis et Graulhet entrent dans la famille des vicomtes de Lautrec. Cette transition sera de courte durée. En effet, Bertrand de Lautrec n’aura que deux filles et à sa mort en 1295, Béatrix, alors mineure, sera désignée comme héritière universelle des biens de son père. La jeune femme, dotée d’un patrimoine considérable, attire très vite les convoitises. Guy de Lévis, puissant seigneur de Mirepoix, et Alazie de Najac, la mère de Béatrix, organisent le mariage de cette dernière avec Mathieu de Lévis dès 1296. Mathieu de Lévis disparut juste après cet accord et Guy de Lévis ne voulant priver l’un de ses fils d’une dot si confortable organisa un nouveau mariage avec Philippe, un autre de ses neuf fils. Cette union donna naissance à deux fils : Philippe, vicomte de Lautrec, qui poursuivra la lignée des seigneurs de Castelnau-de-Lévis et Graulhet, et Bertrand, de la lignée des seigneurs de Florensac (Hérault). Philippe de Lévis père mourut en 1304 et Béatrix de Lautrec, encore très jeune, se remaria avec Bertrand de Got, vicomte de Lomagne et d’Auvillar, dont le terrier nous est parvenu (30 J 79). Pendant plus d’un siècle et demi, la famille de Lévis restera à la tête des seigneuries de Castelnau-de-Bonafous (localité qui a gardé son nom) et Graulhet. C’est en effet en 1466 que Jean de Lévis, comte de Villars, procède à la vente des seigneuries de Graulhet, Castelnau- de-Lévis, Labastide-de-Lévis, Puybegon et Sénégats en faveur de Jean d’Armagnac, comte de Comminges. Conformément à sa volonté, c’est son unique fille posthume, Madeleine, qui hérita de ses possessions. Celle-ci épousa Hugues d’Amboise, seigneur d’Aubijoux, en 1484. En 1598, François d’Amboise contracte mariage avec Isabelle de Lévis, fille de Jean-Claude de Lévis-Léran, baron d’Audon, sieur de Bélesta et Labastide-Beauvoir. Ces deux dernières seigneuries vont ainsi entrer dans la famille d’Amboise et explique la présence du fonds de la seigneurie de Labastide-Beauvoir, aujourd’hui commune de la Haute- Garonne. Introduction 3 La famille d’Amboise conservera les seigneuries de Castelnau-de-Lévis et Graulhet jusqu’en 1656, année de la mort de François Jacques d’Amboise. Sa sœur Louise d’Amboise lui succéda après l’accord intervenu avec son autre sœur, Elisabeth d’Amboise, marquise de Thoiras, en 1660. Louise d’Amboise était l’épouse, depuis 1637, de Jacques de Crussol, marquis de Saint-Sulpice en Quercy. La famille de Crussol conservera les seigneuries de Castelnau-de-Lévis et Graulhet jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, Marie Louise de Crussol, comtesse de Senneterre, étant la dernière seigneuresse. La résidence principale de la famille fut fixée au château de Crins dans l’actuelle commune de Graulhet et le chartrier y fut classé par Claude Cresty entre 1728 et 1739. Seigneurie de Saint-Sulpice en Quercy Les origines de la seigneurie de Saint-Sulpice sont au moins aussi anciennes que celles de Castelnau-de-Lévis. Le plus vieux document concernant ce fonds qui nous est parvenu est daté de 1280 (30 J 40). Il s’agit d’un achat de rente à Cajarc pour Aymeric Hébrard, évêque de Coïmbre au Portugal. D’autres documents, tout aussi anciens, sont toujours conservés dans la propriété privée du château de Saint-Sulpice et notamment la donation par noble Raymond Dupuy de la coseigneurie de Saint-Sulpice au même Aymeric Hébrard en 1283. Ces documents, tout comme l’inventaire général des titres de Saint-Sulpice dressé par Cresty en 1738-1739 au château de Crins, proviennent assurément du chartrier dispersé par les héritiers de Louis Mazens au tout début du XXe siècle. L’extension territoriale de la seigneurie de Saint-Sulpice sera une constante jusqu’à la fin du XVIe siècle, date à laquelle la famille de Crussol entre en possession de la seigneurie par le mariage, en 1601, de Claude Hébrard avec le duc d’Uzès, Emmanuel de Crussol. Peu après, Saint-Sulpice sera érigé en marquisat par Louis XIII en 1612. Le fonds de Saint-Sulpice couvre les grandes familles qui régnèrent sur le Quercy au Moyen Age et à l’époque moderne et notamment les Cardaillac avec qui plusieurs membres de la famille Hébrard s’unirent. Des localités pittoresques sont également concernées à l’instar de Saint-Cirq-Lapopie. Historique de la conservation Le chartrier de Graulhet, comme de nombreux autres, a connu une histoire mouvementée. Constitué au fil des siècles par les seigneurs de cette localité, ses origines remontent à 1234 avec l’acte de fondation de Castelnau-de-Lévis (autrefois Castelnau-de-Bonafous) par lequel Raymond VII, comte de Toulouse, confie le Puy de Bonafous à Sicard Alaman le vieux dans le but d’y construire un château et un village. Les familles se succèdent à la tête de la seigneurie jusqu’au mariage, en 1637, de Louise d’Amboise, fille et héritière du baron de Graulhet, François d’Amboise d’Aubijoux, avec Jacques de Crussol, marquis de Saint-Sulpice (Lot). Ce mariage va dès lors unir les destins des chartriers de Graulhet et Saint-Sulpice. On sait en effet qu’au XVIIIe siècle, ce double chartrier se trouve au château de Crins, dans l’actuelle commune de Graulhet, où la famille de Crussol-Saint-Sulpice a fixé sa résidence habituelle. C’est dans ce même château que Claude Cresty, « déchiffreur et archiviste » procéda au classement du chartrier en 1728 pour le fonds albigeois et en 1738-1739 pour la partie quercynoise, sur ordre du marquis de Saint-Sulpice, Philippe Emmanuel de Crussol. Pour des raisons inconnues, à la veille de la Révolution, le chartrier entra en possession de Jean-François Ferrasse, exerçant la profession de notaire à Lasgraïsses (localité des environs de Graulhet) entre 1779 et 1812. Au moment de la Révolution, l’ensemble du chartrier perd sa valeur juridique puisque, lors de la nuit du 4 août 1789, l’Assemblée constituante met fin au système féodal. Dès lors, les documents du chartrier « ne tardèrent pas à être relégués au galetas, et on ne prit plus dès lors aucun soin pour assurer leur conservation. Plus ou moins foulés aux pieds, rongés par la dent des rats, détériorés par l’eau des gouttières, employés parfois pour les besoins du ménage, ils paraissaient destinés à disparaître », selon Edmond Cabié , érudit qui exploita le fonds à la fin du XIXe siècle. On n’a pu que confirmer cette description particulièrement sinistre au moment du traitement des documents qui constituent aujourd’hui le chartrier. Les dommages énoncés ont bel et bien abîmé de nombreux rouleaux de parchemin et plusieurs registres rendant leur exploitation scientifique parfois très difficile. Il faut attendre le milieu du XIXe siècle pour qu’un parent et successeur de Maître Ferrasse sorte le chartrier de l’oubli. Louis Mazens, notaire de Lasgraïsses entre 1858 et 1891, très vite dépassé par le volume et la richesse du chartier, aura la bonne idée de faire appel à un véritable érudit en la personne d’Edmond Cabié. La collaboration des deux hommes s’avéra fructueuse avec notamment la publication dès 1883 d’Un cartulaire et divers actes des Alaman, des de Lautrec et des de Lévis (XIIIe et XIVe siècles).
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