UN NOUVEAU GENRE DE NUDIBRANCHE MÉCONNU DES CÔTES ATLANTIQUE ET DE LA MANCHE : PRUVOTFOLIA (nov. g.) PSELLIOTES, (Labbé). 1923 Jean Tardy To cite this version: Jean Tardy. UN NOUVEAU GENRE DE NUDIBRANCHE MÉCONNU DES CÔTES ATLAN- TIQUE ET DE LA MANCHE : PRUVOTFOLIA (nov. g.) PSELLIOTES, (Labbé). 1923. Vie et Milieu , Observatoire Océanologique - Laboratoire Arago, 1969, pp.327-346. hal-02958026 HAL Id: hal-02958026 https://hal.sorbonne-universite.fr/hal-02958026 Submitted on 5 Oct 2020 HAL is a multi-disciplinary open access L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est archive for the deposit and dissemination of sci- destinée au dépôt et à la diffusion de documents entific research documents, whether they are pub- scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, lished or not. The documents may come from émanant des établissements d’enseignement et de teaching and research institutions in France or recherche français ou étrangers, des laboratoires abroad, or from public or private research centers. publics ou privés. UN NOUVEAU GENRE DE NUDIBRANCHE MÉCONNU DES CÔTES ATLANTIQUE ET DE LA MANCHE : PRUVOTFOLIA (nov. g.) PSELLIOTES, (Labbé). 1923 par Jean TARDY Laboratoire de Zoologie, Faculté des Sciences de Poitiers SOMMAIRE Pruvotfolia pselliotes (Labbé, 1923) n. g. a été décrit pour la première fois par A. LABBÉ SOUS le nom de Facelina pselliotes. Certains carac- tères morphologiques très nets justifient la création d'un nouveau genre. L'anatomie et la biologie de cette espèce sont également étudiées et sa position systématique discutée. Pruvotfolia pselliotes a été décrite pour la première fois par A. LABBÉ, en 1923, sous le nom de Facelina pselliotes; bien que cet auteur n'ait pas vu les caractères essentiels à la diagnose du genre proposé ici, il a été possible d'identifier l'espèce étudiée grâce à la description qu'il en a faite : la coloration et la disposition des taches de couleur sont en effet caractéristiques. Il est probable que ce soit également l'espèce récoltée par HECHT (1895) et qu'il catalogua sous le nom de Facelina coronata, car il donne un dessin d'une « ano- malie » qui est vraisemblablement la lame charnue qui surplombe les orifices génitaux. Cette lame n'atteignant son complet dévelop- pement que progressivement, il est très possible qu'elle soit passée inaperçue ou prise pour une malformation bien d'autres fois et que Pruvotfolia pselliotes ait été cataloguée sous les noms de Facelina PLANCHE 1 1. — Adulte en pleine extension, papilles écartées, laissant paraître la lame pénale externe (flèche). 2. —p Deux adultes; celui de gauche montre les papilles spéciales de type 1 (flèche.. to 00 3. — Jeune individu agressé, ayant déroulé ses papilles et les agitant énergiquement. 4. — Individu adulte face ventrale, activité réduite. 5. — Ponte. 6. — Individu au repos. — 330 — coronata, F. drummondi ou F. punctata, espèces s'en rapprochant le plus par l'aspect général de la coloration. Chez les Facelinidae, les spécimens d'une môme espèce peuvent en effet varier parfois considérablement d'aspect et, d'autre part, les ressemblances sont souvent assez frappantes au premier abord entre espèces, voire entre genres voisins. Ceux-ci ne sont pas encore bien définis, leur biologie est très souvent obscure; cet état de fait s'étend d'ailleurs à l'ensemble des Facelinacea, comme l'a souligné RISSO-DOMINGUEZ (1962). La méconnaissance de Pruvotfolia pselliotes (LABBÉ) 1923, récoltée par plusieurs spécialistes est par conséquent assez natu- relle. Certains caractères passés sous silence sont cependant très frappants et seront soulignés ici; ils justifient la création d'un nou- veau genre : Pruvotfolia (1). I. — DESCRIPTION DE PRUVOTFOLIA PSELLIOTES (Labbé) A. — MORPHOLOGIE. Taille et proportion (pl. I, phot. 1, 2, 3, 4 et 6) : Pruvotfolia pselliotes est une grande espèce de 30 à 35 mm de long en moyenne, dont la taille peut atteindre et dépasser 40 mm : le plus grand spécimen récolté mesurait 50 mm. — Les proportions varient fortement suivant l'extension : l'aspect de l'animal se déplaçant est assez grêle : Ac/Bx = 15/100 environ, tandis qu'au repos il est trapu. Angle du pied, extrémité caudale : En avant, les angles du pied sont tentaculiformes comme chez les Facelines; la queue est longue et effilée. Corps : Le corps et le dessus du pied sont blanc-translucide piquetés de points blanc-opaque, le tégument est légèrement teinté de brun sur les palpes et sur le dos. On aperçoit par transparence, en arrière des rhino- phores, les ganglions nerveux, les yeux très visibles, l'œsophage brun foncé et l'estomac, brun également, mais plus clair. Palpes et rhinophores (pl. I et III) : Les palpes sont longs, forts à la base, effilés à l'extrémité; sans cesse en mouvement quand l'animal se déplace, ils se relèvent en « S » au repos (1) En hommage à MME Alice PHUVOT-FOL. — 331 — ou sont enroulés en crosse au-dessus du mufle. Leur extrémité est ocre avec un anneau médian de la même couleur. Les rhinophores, brun foncé, à sommet ocre, portent une trentaine de fines lamelles. Ils sont parfois très légèrement géniculés à la manière de ceux de certains Doridiens. Chez les échantillons conservés leur aspect est celui donné par la figure F, pl. III. Papilles (pl. I, II, III et IV) : On peut distinguer plusieurs types de papilles : Les papilles normales, que l'on peut voir chez tous les individus quel que soit leur âge. Les papilles spéciales dont la différenciation complète n'est atteinte qu'avec la pleine maturité sexuelle de l'animal. a) Disposition, nombre et caractères des papilles normales. Les papilles normales sont disposées en rangées obliques de chaque côté d'avant en arrière, du dos vers les flancs. Elles forment quatre grou- pes triangulaires bien distincts de chaque côté, les dernières papilles étant distribuées de façon peu régulière. On peut cependant considérer qu'il y a 7 à 8 groupes de papilles de part et d'autre. Le premier groupe de chaque côté porte approximativement une soixantaine de papilles dis- posées en sept à neuf rangs qui représentent en nombre et importance presque l'ensemble des autres groupes. Le nombre de papilles décroît environ de moitié lorsque l'on va des groupes les plus antérieurs vers les groupes postérieurs : 60, 30, 15, 8, 4, 2, 1 de chaque côté. — Les papilles normales sont très particulières et caractéristiques, car elles diffèrent fortement de celles des autres Facelinidae. Sur les flancs elles sont petites ou très petites (un demi-millimètre), nombreuses, relevées obliquement d'avant en arrière. Elles sont au contraire très longues et fortes sur le dessus où elles s'enroulent sur elles-mêmes en période normale. Par contre si l'animal est inquiété elles se déroulent, s'allongent, peuvent atteindre ainsi une longueur de 2 cm, et elles battent l'eau dans tous les sens autour de l'animal. On distingue des plis trans- versaux très fins tout autour de chacune de ces grandes papilles, qui per- mettent l'allongement; ces plis sont plus importants du côté interne, permettant le déroulement. La structure histologique montre une forte concentration de fibres musculaires circulaires et longitudinales dans ces appendices. Chacun d'eux est brun translucide avec deux anneaux opa- ques ocre jaune, le premier est médian au tiers proximal, diffus, le second, plus haut, est plus net. Le sommet est également ocre jaune clair. On distingue par transparence le diverticule hépatique brun plus ou moins foncé devenant grêle et pelotonné, qui se prolonge par un canal transparent pelotonné lui aussi, se jetant dans un cnidosac blanchâtre, ovoïde ou très allongé à sommet effilé. Toutes les grandes papilles s'auto- tomisent facilement si l'on pince leur extrémité, si l'animal est dans de mauvaises conditions ou s'il est manipulé sans précaution. Elles régénè- rent ensuite très vite. Au contraire les petites papilles ne s'autotomisent pas ou très difficilement. 7 bis — 332 — mf 3 BP _. 5 i - f 6 7, y — —_~ /7 W PLANCHE II A : Individu sub-adulte dont la majorité des papilles ont été perdues par auto tomie et repoussent, montrant leur disposition dans les différents groupes. 1-7 : groupes de papilles; a : anus; p II : lame péniale externe surplombant les orifices génitaux; u : pore urinaire. B : Dissection de l'appareil digestif. 1-6 : ramifications hépatiques : a : anus; b : bulbe radulaire; est : estomac; i : intestin; m : mâchoire; œ : œsophage; p II : lame péniale externe; rh : rhinophore; sn : système nerveux. — 333 — b) Les papilles spéciales : Il en existe trois sortes : 1°) Le dernier rang du premier groupe de droite est formé de papilles particulières chez l'animal sexuellement mûr; leur diamètre est presqu'aussi grand que celui des plus grandes papilles normales pour une longueur trois ou quatre fois moindre. Par transparence on peut voir le lobe hépatique extrêmement grêle et le cnidosac très petit. Ces appen- dices tranchent par leur coloration plus claire, laiteuse parmi les autres papilles. Je les ai désignées comme papilles spéciales 1 sur la figure de la planche III; on les remarque aussi sur la photo 2 de la planche I. 2°) Les papilles spéciales 2 : En arrière du premier groupe de papilles à droite, en partie recou- verte par ces appendices se trouve une formation spéciale qui surplombe les orifices génitaux et qui joue le rôle d'appareil copulateur annexe : C'est une lame charnue en forme de gouttière, non rétractile, qui n'atteint son complet développement qu'avec la maturité sexuelle de l'animal (pl. III, A, B et C), sur la partie externe de cette gouttière se trouvent 5 à 6 papilles très particulières. Leur sommet est mucronné; elles con- tiennent un très petit diverticule hépatique relié au foie droit et un énorme cnidosac. Ces appendices sont disposés en deux groupes, l'un formé de trois ou quatre petites papilles, en arrière, l'autre de deux plus fortes sur le dessus, qui peuvent s'allonger démesurément comme nous le verrons plus loin.
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