1 - LUIGI COMENCINI - JEAN-LOUIS COMOLLI - JOSÉE DAYAN - CLAIRE DENIS - DANTE DESARTHE - JÉRÔME DESCHAMPS - JACQUES DOILLON - XAVIER DOLAN - SERGE FRYDMAN - JEAN-CLAUDE GALLOTTA - CHRISTIANE GERHARDS - FRANCIS GIROD - JEAN-LUC GODARD - FIONA GORDON - ROMAIN GOUPIL - ŞERIF GÖREN - PIERRE GRANGE - RUY GUERRA - YiLMAZ GÜNEY - MICHAEL HANEKE - PASCAL HÉROLD - Pierre HODGSON - SERGE JULY - VITALI KANEVSKY - MARIN KARMITZ - A B Z E D I E L I L T L A A H T C I F E K N E N C E I H T I É C H - l E O - A R B B B A A H S C K E I A D R U O A S L T C A - M R I E - I K S R S Z O Y L S B Z K T O C I F R K T I A E P ś L - O C W N S A K L I B - C E É H D P R O I T C S I K R L A H P C I - S C T H N - O M M A L R E I B O N S E L L A I R N A E H - C P - H I N L O I P L P L E E B L E K C C L I E N R N C A - Y J - A L O I I L H C L C E S O L P L E E R B T O - K C E R N A L M O - A T C H A É - B P A S V E E L L L I L G O U - N S G A U B I N A E T R - L A O B U - I I S N M A A U L L L B E A - B M A A L C 40 ans apres... ans 40 E H G A - M S A A K Y E A Ï E S F S F A - R S E A I M V I I L R O A - M S A O L K U H O M P A Ó L L B E A G F N A - T Ó A E R H E T Q - U E E H M C A U S O U A D M - A M M I O S H S S A E N N - M D A I K B H R M A A E L L B L A E I F N - A D D J I - B R L I E L B D A I O P E U M Q A I M N I B é M T O Y - I N A I V A T O I R O T T I V T E O L O A P - R E N N A T N I A L A - A L L E H C C A T S E L R A H C - N A E J - R E T T U O S L E H C I M - I K S W O M I L O K S Y Z R E J - K C E B M R I H C S L E U M A S - O O S - G N A S G N O H - S E L L A S R E T L A W - Y M O R O N U R B - L L E W K C O R E R D N A X E L A - N I E T S P I R O R U T R A - A K S W O B I R A K L A M - S I A N S E R N I A L A - H C U A R E T L A M - O Z N E U P A Í C U L - E T R O P E L L E H C I M - E I L I T N I P N A I C U L - R E T I S S O N N A H T A N O J - I R A J D A N L Ë A H P A R - Z A R O M A I C I R T A P - V A R E M N A R E - X U A E M E D S E L R A H C - D 40 ANS APRes... 2 3 une autre idée du cinéma avant-propos Janvier 2014 J’ai retrouvé ce texte écrit il y a près de trente ans. Je me suis Faire contre, c’est aussi, symboliquement, refuser cette idée demandé ce que j’aurais à y rajouter, à modifier ou à retrancher. qui veut que le cinéma se passe aux Champs-Élysées et nulle part En fait, rien ! La notion d’éditeur de cinéma, que je définissais à ailleurs, et revendiquer mon installation dans le XIIe arrondissement, l’occasion d’une rétrospective au Centre Pompidou en 1985, est près de la Bastille. restée pour moi la ligne conductrice de mon métier de producteur. J’ai complété la notion d’éditeur par celle de marchand de Cette volonté, déjà, m’animait quand, ouvrant trois salles art et films à Paris : une fois que le bébé est né, il faut bien l’aider à essai dans ce quartier en 1974, je tentais de sortir les films et leurs vivre ! C’est à ce moment-là que le marchand intervient. Être auteurs d’un ghetto, le Quartier latin. l’intermédiaire, le passeur entre l’œuvre et le public. Depuis la fenêtre de mon bureau, rue Traversière, je vois des Marin Karmitz, éditeur et marchand de film, fondateur de MK2 gens travailler. Dans le XIIe arrondissement on est au milieu des spectateurs potentiels, de vivants. Aux Champs-Élysées, on ne croise que des passants… Éditer : v.t. (lat. editum, de edere, mettre au monde, produire). Mon unique certitude est qu’il soit impossible de vivre dans le On parle plus couramment d’édition en matière de littérature, monde sans avoir le désir de le changer. Cette certitude a toujours préférant s’en tenir, pour le cinéma, aux notions classiques de guidé mes choix. Si, à l’origine, je me suis politiquement engagé production et distribution. en éditant principalement des films qui témoignaient des luttes populaires dans le monde (au Chili, en Bolivie, au Portugal, aux En mettant l’accent sur l’édition au cinéma, j’entends marquer États-Unis ou en France), c’est parce que la politique m’apparaissait ma volonté d’aborder le cinéma de la même façon qu’un éditeur comme le moyen de changer le monde. Éditer : v.t. (lat. editum, de aborde la littérature, c’est-à-dire par le désir de découvrir et de faire découvrir des langages nouveaux, des territoires jusqu’alors Je n’ai pas l’impression d’avoir changé de politique, c’est la inexplorés de l’écriture cinématographique, avec pour ambition, politique qui a changé, et, partant, le cinéma. certes utopique, de ne rien laisser échapper dans tous les domaines edere, mettre au monde, où se manifestera la qualité. Je considère – j’ai toujours considéré – que l’art est, aujourd’hui peut-être plus encore qu’auparavant, un moyen de contester l’ordre Être éditeur, et non pas seulement producteur/distributeur, traduit établi, un moyen d’ouvrir une réflexion sur le changement, un moyen également la nécessité de faire aujourd’hui du cinéma un produit de de casser les barrières. Mes choix, je l’espère, en témoignent. produire). luxe, une œuvre unique, c’est aller contre les séries, aller contre, par conséquent, un certain cinéma américain. Je ne peux évoquer ce métier d’éditeur de films sans parler du plaisir qu’il engendre. Si l’on veut poursuivre le parallèle avec la littérature, on ne peut d’ailleurs qu’être troublé de constater que c’est précisément Éditer c’est, par vocation étymologique, mettre au monde. Mon au moment où le cinéma européen et ses critiques imposaient la plaisir est de cet ordre. notion d’auteur (cette reconnaissance étant le préalable nécessaire à la notion d’édition en matière de cinéma), c’est-à-dire au début Plaisir de lire un scénario et de se dire soudain : il faut que je le des années 1950, au moment donc où le cinéma européen se détache fasse, qu’apparaisse subitement cette nécessité comme une évidence du modèle industriel américain, que la littérature, elle, par le livre aux implications personnelles mystérieuses. de poche, se lance dans la communication de masse. Cinéma et littérature semblent suivre une évolution inverse. Plaisir de relations étroites, profondes et passionnelles qui s’instaurent avec l’auteur, plaisir de suivre celui-ci dans les méandres de ses angoisses et de ses doutes, de l’aider à les contourner, les dépasser, les canaliser. Je crois que ce qui définit le mieux mon travail d’éditeur de films est la volonté affirmée defaire contre. Plaisir de la découverte, comme premier spectateur, d’une œuvre qu’on a choisie, assistée de bout en bout, et, un peu plus tard, fierté Faire contre les idées reçues, contre les valeurs acquises, contre d’avoir été le seul à nourrir ce projet, à le mener à bien jusqu’à sa les idées dominantes, contre la mode, étant entendu que faire contre, reconnaissance publique. c’est également faire pour.
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