Pathologies virales et bactériènnes chez le poulet traditionnel dans le Département de Korhogo. 403 PATHOLOGIES VIRALES ET BACTERIENNES CHEZ LE POULET TRADITIONNEL DANS LE DEPARTEMENT DE KORHOGO (COTE D’IVOIRE) B. G. GRAGNON1, N. YEO1*, K. B. M’BARI2, Y. KARAMOKO3 1Laboratoire Régional de Korhogo, Laboratoire National d’Appui au Développement Agricole, BP 32 Korhogo, Côte d’Ivoire. 2Institut de Gestion Agro-pastorale (IGA), Université Peleforo Gon Coulibaly, BP1328, Korhogo, Côte d’Ivoire. 3Unité de Formation et de Recherche des Sciences de la Nature, Université Nangui Abrogoua, 02 BP 801 Abidjan 02, Côte d’Ivoire. Auteur correspondant ; (*) E-mail : [email protected] RESUME Une étude anatomo-pathologique a été menée dans le département de Korhogo dans l’objectif de déterminer les prévalences de pathologies virales et bactériennes chez les poulets traditionnels. En effet, du début mars à fin juin 2019, 148 poulets traditionnels malades provenant des quatre Sous-préfectures du département : Korhogo (58), Lataha (36), Karakoro (32) et Tioroniaradougou (22), ont été examinés puis autopsiés au Laboratoire Régional de Korhogo. L’analyse des lésions des organes a permis d’identifier des pathologies. Les résultats ont montré que 37,84 % des poulets étaient malades. Par ailleurs, des poulets de toutes les localités étaient infectés par les pathologies diagnostiquées : Gumboro (4,05 %), Tuberculose (4,05 %), Maladie de Newcastle (4,05 %), Variole (2,7 %) et le Syndrome infectieux de grosse tête (0,68 %). Les pathologies ont été rencontrées en saisons sèche et pluvieuse. Les poulets de moins de 3 mois d’âge étaient les plus infectés (61,04 %). Par ailleurs, des cas de co- infections (bi-infections et tri-infections) ont été observés chez ces poulets. Le Gumboro et la Tuberculose étaient présents dans toutes les localités. La détection de ces pathologies chez le poulet traditionnel contribuera à l’amélioration de la prophylaxie, tant sanitaire que médicale. Mots clés : Pathologies, Prévalence, Poulets traditionnels, Korhogo, Côte d’Ivoire. ABSTRACT VIRAL AND BACTERIAL PATHOLOGIES IN TRADITIONAL CHICKEN IN THE DEPARTMENT OF KORHOGO (COTE D’IVOIRE) An anatomo-pathological study was carried out in the department of Korhogo with the aim of determining the prevalence of viral and bacterial pathologies in traditional chickens. Indeed, from the beginning of March to the end of June 2019, 148 traditional sick chickens from the four sub-prefectures of the department: Korhogo (58), Lataha (36), Karakoro (32) and Tioroniaradougou (22), were examined and then autopsied at Korhogo Regional Laboratory. Analysis of organ lesions identified pathologies. The results showed that 37.84% of the chickens were sick. In addition, chickens from all localities were infected with the diagnosed disease: Gumboro (4.05%), Tuberculosis (4.05%), Newcastle disease (4.05%), Smallpox (2.7%) and Infectious Fat Head Syndrome (0.68%). Pathologies were encountered in dry and rainy seasons. Chickens under 3 months of age were the most infected (61.04%). Moreover, cases of co-infections (bi-infections and tri-infections) were observed in these chickens. Gumboro and Tuberculosis were present in all localities. The detection of these diseases in the traditional chicken improvement of prophylaxis, as a medical health. Keywords: Pathology, Prevalence, Traditional chicken, Korhogo, Côte d’Ivoire Agronomie Africaine 32 (4) : 403 - 411 (2020) 404 B. G. GRAGNON et al. INTRODUCTION L’étude sur les pathologies virales et bactériennes chez les poulets traditionnels dans le Département de Korhogo a pour objectif de L’élevage de poulets traditionnels constitue une déterminer la prévalence des pathologies virales activité très répandue en Afrique tropicale, et bactériennes chez le poulet traditionnel local. particulièrement dans les zones rurales (Agbede Plus spécifiquement, il s’agira de rechercher et et al. (1992). En Côte d’Ivoire, l’aviculture identifier les pathologies à partir des lésions puis familiale se localise de manière uniforme sur de déterminer la distribution de ces pathologies presque tout le territoire national. Mais elle est en fonction des localités de prélèvement, de la particulièrement développée dans le Nord, le saison d’étude, de l’âge et du stade physiolo- Centre et l’Est du pays. Elle est pratiquée sous gique des poulets. Cette étude est d’ordre un mode extensif (Koe, 2001). La vente des préventif. Elle vient renforcer les données existant produits avicoles traditionnels permet aux sur les facteurs à l’origine des pertes directes familles d’assurer la couverture de certains et indirectes des poulets traditionnels dans la besoins matériels et de faire face à des zone. dépenses ponctuelles (Gueye, 2000). Ainsi, la volaille représente une des rares opportunités d’épargne et d’investissement (FAO, 2004). Elle MATERIEL ET METHODES constitue également un revenu pour les couches les plus vulnérables de la société à savoir les ZONE D’ETUDE femmes et les enfants qui pratiquent majori- tairement cet élevage (Missohou et Talaki, 2002). Le département de Korhogo est situé dans la Malgré ces apports déterminants dans la vie région du Poro au Nord de la Côte d’Ivoire entre quotidienne des populations rurales, l’élevage les 8°26 et 10°18 degrés de latitude Nord puis de la volaille traditionnelle tarde encore à se les 5°17 et 6°19 degrés de longitude Ouest. Il développer. Il bénéficie très rarement de suivis est limité au Nord par le département de sanitaire, alimentaire et hygiénique. Certains M’Bengué et la République du Mali, à l’Ouest éleveurs utilisent des poulaillers qui ne par le département de Boundiali, à l’Est par le respectent pas les normes de construction. département de Sinématiali et au Sud par le Dans ces abris précaires, les règles d’hygiène département de Dikodougou. Le climat est de sont pratiquement absentes. Les locaux type soudanien avec une saison des pluies qui manquent de nettoyage. Ils sont poussiéreux dure six mois et demi (mi-avril à octobre), avec et mal aérés (Bengaly, 1997). Par ailleurs, les un pic de juillet à octobre ; une saison sèche volailles traditionnelles dans l’ensemble ne qui s’étend de novembre à fin mars. Du fait de la réduction des surfaces de pâturage des reçoivent aucun soin vétérinaire ni aucune ruminants domestiques, de nombreux éleveurs vaccination pour la prévention des maladies. des zones nord ont recours aux élevages dits Cette négligence laisse la volaille en proie à de non conventionnels dont l’élevage de volailles nombreuses maladies notamment les maladies traditionnelles (Gragnon et al., 2020). Les infectieuses virales et bactériennes (Anonyme, données de l’étude ont été récoltées de façon 2012). L’apparition de maladies dans un élevage aléatoire dans quatre Sous-préfectures du se traduit par une augmentation de la morbidité département de Korhogo : Korhogo, Lataha, suivie ou non de mortalité. Le réflexe du praticien Karakoro et Tioroniaradougou. sera de pratiquer des autopsies sur des animaux morts spontanément et sur des animaux COLLECTE DES POULETS TRADITIONNELS présentant des signes cliniques suffisamment évidents qui seront sacrifiés (Beghoul, 2006). L’étude s’est déroulée sur 4 mois de l’année L’autopsie vise ainsi à identifier selon Bahlouli 2019, notamment en saison sèche (mars-avril) (2018), les causes d’une maladie, préciser les et en saison des pluies (mai-juin). Au cours de lésions responsables de symptômes et les effets cette étude, 105 poulets vivants et 43 poulets des traitements. morts ont été collectés selon le tableau 1. Agronomie Africaine 32 (4) : 403 - 411 (2020) Pathologies virales et bactériènnes chez le poulet traditionnel dans le Département de Korhogo. 405 Tableau 1 : Effectif des prélèvements en fonction des sites de prélèvement. Number of samples according to the sampling sites. Nombre de Sous-préfectures Nombre de poulets vivants malades Total poulets morts Korhogo 41 17 58 Lataha 25 11 36 Karakoro 23 9 32 Tioroniaradougou 16 6 22 Total 105 43 148 Au terme de l’étude, cent quarante-huit (148) DIAGNOSTIC DE LABORATOIRE poulets traditionnels présentant des symp- tômes caractéristiques de maladies ont été Le diagnostic de laboratoire a été effectué au collectés dans les ménages des villages des Laboratoire Régional de Korhogo (LRK), qui est Sous-préfectures de Korhogo, Lataha, Karakoro une unité du Laboratoire National d’Appui au et Tioroniaradougou. Développement Agricole (LANADA). IL a consisté à observer 105 poulets vivants et 43 Les poulets collectés vivants ont été mis poulets morts afin de relever les signes cliniques séparément dans un carton bien recouvert et des pathologies présentés par ces sujets, aéré puis acheminés au laboratoire pour un d’apprécier leur état général et d’examiner la tête examen anatomo-pathologique. Ils ont été et le revêtement cutané. Les poulets ont été choisis sans distinction d’âge, de sexe et de ensuite autopsiés puis le cerveau, les appareils race avant d’être autopsiés. digestif, respiratoire, circulatoire et uro-génital ont été isolés. Les lésions des organes notamment Quant aux poulets morts non encore putréfiés, le cerveau, le pharynx, le larynx, la trachée, les ils ont été emballés individuellement dans des sacs aériens, les poumons, le cœur, sachets plastiques et mis dans une glacière l’œsophage, le jabot, le proventricule, le gésier, contenant des carboglaces puis transportés au les glandes annexes, la rate, le caecum, laboratoire pour analyse. l’intestin, l’oviducte et la bourse de Fabricius ont été relevées et consignées sur une fiche de suivi
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