La trouvaille de monnaies romaines de Thibouville (Eure) Pierre Bastien, Hans-Georg Pflaum To cite this version: Pierre Bastien, Hans-Georg Pflaum. La trouvaille de monnaies romaines de Thibouville (Eure). Gallia - Fouilles et monuments archéologiques en France métropolitaine, Éditions du CNRS, 1961, 19 (1), pp.71-104. 10.3406/galia.1961.2316. hal-01926162 HAL Id: hal-01926162 https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01926162 Submitted on 25 Feb 2020 HAL is a multi-disciplinary open access L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est archive for the deposit and dissemination of sci- destinée au dépôt et à la diffusion de documents entific research documents, whether they are pub- scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, lished or not. The documents may come from émanant des établissements d’enseignement et de teaching and research institutions in France or recherche français ou étrangers, des laboratoires abroad, or from public or private research centers. publics ou privés. Distributed under a Creative Commons Attribution - NonCommercial - NoDerivatives| 4.0 International License LA TROUVAILLE DE MONNAIES ROMAINES DE THIBOUVILLE (Eure) par MM. P. Bastien et H. G. Pflaum Au printemps de 1957, un ouvrier agricole, en creusant le sol d'une cour de ferme du village de Thibouville (Eure, arr. de Bernay, canton de Beaumont-le-Roger), exhuma un récipient de terre cuite contenant des monnaies romaines. Thibouville, petite localité de 360 habitants, se trouve à peu près à égale distance (environ 2.000 mètres) de deux voies romaines : celle de Louviers à Brionne au Nord et celle de Dreux à Brionne au Sud1. D'autres trouvailles de monnaies romaines avaient déjà été effectuées dans les environs proches : Beaumont-le-Roger (1830, antoniniani du me siècle ; 1831, bronze et argent du Ier siècle) ; La Neuville-du-Bosc (1862, antoniniani du me siècle et folles des ine et ive siècles) ; Rouges- Perriers (bronzes des Ier et IIe siècles) ; Calleville2. Au mois de mai, au cours d'un voyage dans la capitale, l'inventeur présenta sa trouvaille à un expert parisien qui en fit l'acquisition. Peu de temps après, ce dernier nous céda le trésor, composé d' antoniniani et de deniers du ine siècle, de folles et d'un argenteus de Dioclétien, et nous révéla ce qu'il connaissait des circonstances de sa découverte. Le journalier de Thibouville aurait brisé, en piochant, le vase contenant le dépôt et en aurait dispersé les débris. La totalité des monnaies recueillies aurait été conservée. Aucune précision sur la date exacte de la trouvaille. Afin de réunir des renseignements plus complets, nous nous sommes rendus à Thibouville. Nous y avons retrouvé la trace de l'inventeur, tout en apprenant qu'il avait quitté la région. Nous devons donc nous contenter de ce que nous savons et admettre que le trésor nous est intégralement parvenu. Comme nous le verrons, sa composition ne contredit pas cette supposition. Les monnaies, telles qu'elles nous furent remises, étaient, dans l'ensemble, recouvertes d'une épaisse oxydation verte. Quelques-unes n'avaient subi qu'une légère atteinte et un brossage a suffi pour laisser apparaître une très jolie patine vert-olive. Les autres ont été traitées par des solutions d'acide sulfurique étendu, puis lavées et séchées. Après ce nettoyage on pouvait constater la mauvaise qualité des monnaies de Gallien, de Claude et des anioniniani au type DIVO CLAVDIO, et, en revanche, la parfaite facture des pièces (1) J. Mathière, La civitas des Aulerci Eburovices à Vépoque gallo-romaine, 1925. IV, Le réseau routier, p. 83-89. (2) A. Blanchet, Les Trésors de monnaies romaines et les Invasions germaniques en Gaule, 1900. Nos 390, 392, 393, 395. — Dr R. E. Doranlo, La cachette monétaire de Douvres, dans Bull, de la Société des Antiquaires de Normandie, LUI, 1955 et 1956, p. 206 et 208. 72 P. BASTIEN ET H. G. PFLAUM émises par Tacite et ses successeurs, la plupart à fleur de coin et souvent colorées d'une patine vert-olive. 77 exemplaires, très corrodés, n'ont pu être utilisés. Pour 33 d'entre eux, le mauvais état des deux faces ne permet aucune lecture. Pour 2 antoniniani de Victorin, 39 de Claude II, 2 DIVO CLAVDIO et 1 follis de Galère, les revers, illisibles, écartent toute possibilité de classement. Nous avons pesé toutes les pièces du trésor. Ce travail, qui nous a été facilité par l'emploi d'une balance à lecture directe de la firme Italiana Macchi, sensible au demi- centigramme, ne nous a pas procuré les renseignements que nous en attendions. En effet, la recherche du poids le plus fréquent, selon la méthode de G. F. Hill, s'est avérée dans l'ensemble peu satisfaisante, donnant souvent des courbes très irrégulières. Ces dernières années, on a beaucoup combattu le « poids moyen » en lui opposant diverses critiques, par exemple la thésaurisation possible des exemplaires de poids lourd. Jean Gricourt s'est récemment attaché au calcul du poids le plus fréquent des émissions de Gallien et Claude représentées dans le trésor de Bavai3. Les résultats varient suivant les émissions et ne le satisfont pas toujours. P. Naster avait déjà éprouvé les mêmes déceptions, notamment sur une série de 354 antoniniani de Postume, R/ SAECVLI FELICITAS4. Il concluait que la recherche du poids le plus fréquent doit, pour porter ses fruits, s'adresser à un nombre considérable d'exemplaires. Nous avons, en définitive, accordé notre préférence à la vieille méthode de la recherche du poids moyen. Pour les antoniniani de la seconde moitié du me siècle et les monnaies de bronze du ive, le poids moyen, s'il résulte de la pesée d'un assez grand nombre d'exemplaires, présente une réelle valeur et suffît à établir d'utiles comparaisons d'émission à émission. Le trésor se compose de 3256 monnaies. La plus ancienne est un antoninianus de Trébonien Galle frappé à Antioche, les plus récentes, 31 folles des ateliers de Trêves, Lyon, des ateliers sans marque et un argenteus de Dioclétien de la 2e émission de Trêves. L'enfouissement a donc suivi d'assez près la réforme de Dioclétien. Notons la rareté de ce type de trouvaille. Une partie du trésor a été exposée au Musée monétaire de l'Administration des monnaies et médailles en mai-juillet 1958. Sa composition a fait l'objet d'un tableau5 qui diffère quelque peu de la réalité, un certain nombre de pièces n'ayant été à cette époque qu'insuffisamment examinées. Les antoniniani de Gallien et Claude constituent la fraction la plus importante des monnaies enfouies, mais les frappes d'Aurélien et de ses successeurs jusqu'à 295 sont bien représentées. Notamment, les 489 antoniniani émis de 285 à 294 à Lyon reflètent l'activité de cet atelier, de la chute de Carin à la réforme monétaire de 295. Les empereurs gaulois n'apportent à la trouvaille que 26 antoniani, dont 5 imitations régionales. La production des ateliers italiens, gaulois et balkaniques forme l'essentiel du dépôt, les ateliers orientaux (3) J. Gricourt, Le Trésor de Bavai, dans Trésors monétaires et plaques- boucles de la Gaule romaine, XIIe supplément à Gallia, 1958, p. 8 à 11. (4) P. Naster, La trouvaille d antoniniani de Grotenberghe et le monnayage de Postume, dans Revue belge de Numismatique, 1951, p. 83 à 86. (5) H. G. Pflaum et P. Bastien, La trouvaille de Thibouville, dans La Monnaie, trésor d'Art et d'Histoire, 1958, p. 57. LA TROUVAILLE DE THIBOUVILLE 73 n'y participant que d'une manière insignifiante : 14 anloniniani de Cyzique et 4 d'Antioche. Jusqu'à Tacite, l'atelier de Rome fournit au trésor 1.933 monnaies, soit près des deux tiers du total. Depuis Tacite, si l'on identifie la Moneia Galliarum à Lugdunum, les émissions lyonnaises dominent : 660 pièces pour 24 de Trêves, 9 des ateliers sans marque, 148 de Rome, 77 de Ticinum, 20 de Siscia, 1 de Serdica et 2 d'Antioche. L'ouverture de l'atelier de Lyon amène une raréfaction immédiate de la circulation en Gaule des monnaies émises à Rome et dans les ateliers italo-balkaniques. Ce mouvement de « bascule » apparaît d'autant plus nettement que le monnayage des empereurs gaulois n'intervient dans notre trouvaille que d'une manière insignifiante, problème sur lequel nous reviendrons ultérieurement. Dans le catalogue des différentes parties de cette étude, chaque type de monnaie sera figuré de la manière suivante : au droit, par la reproduction intégrale de la titulature et le rappel du type de buste selon le code de P. H. Webb (The Roman Imperial Coinage, V, I, p. 36 ; V, II, p. 19) ; au revers, par la légende, les sigles d'ateliers et d'officines. Les moyennes de poids seront indiquées pour les émissions comportant un nombre suffisant d'exemplaires. Dans les autres cas, le poids de chaque pièce sera signalé, sauf si elle est brisée ou trop corrodée. Enfin, notons que si ce travail est le fruit d'une collaboration constante, H. G. Pflaum a particulièrement étudié les chapitres consacrés aux règnes de Trébonien Galle à Gallien et d'Aurélien à Carin ; P. Bastien, le monnayage des empereurs gaulois, de Claude, Quintille, Dioclétien et ses associés. Nous remercions particulièrement M. Jean Lafaurie qui a dirigé nos recherches, Mesdemoiselles M. Mainjonet et H. Huvelin qui ont contribué à classer les monnaies de cette trouvaille. Abréviations utilisées dans le catalogue. G : H. Cohen, Description historique des monnaies frappées sous l'Empire romain, Paris 1880-1892, V, VI, VII. W : P. H. Webb, The Roman Imperial Coinage, V, I, 1927, II, 1933. E : G. Elmeb, Die Mùnzprâgung der gallischen Kaiser in Kôln, Trier und Mailand, dans Ronner Jahrbucher, 146, 1941. A : A. Alfôldi, Siscia : I Gallienus, dans N umismaiikai Kôzlôny, XXVI-XXVII, 1927-1928, Budapest 1931 ; II Claudius II u.
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