Écrivains Du Chemin Des Dames

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du Cheminla lettre des Dames BULLETIN d’INFORMATION édité par le CONSEIL GÉNÉRAL de l’AISNE - NOVEMBRE 2008 - N° 14 1918-2008 Du Chemin des Dames au cessez-le-feu écrivains écrivains du Chemin des Dames du Chemin des Dames Joë Bousquet, oncle-courage La première mort de Louis Aragon Le 27 mai 1918, l’offensive allemande sur le Chemin des Dames scelle « Je suis mort en août mil neuf cent dix-huit… » le destin littéraire de Joë Bousquet, fauché par une balle à Vailly-sur-Aisne. 27 mai 1918 : les Aujourd’hui retirée à Perpignan, Marie- On parle d’héroïsme à propos de Bien que né le 3 octobre 1897, Secousse Allemands enfon- Denise Aurengo a été au cours de ses 23 son comportement, on dit aussi qu’à Louis Aragon n’est pas mobilisé premières années un témoin privilégié de Vailly-sur-Aisne le 27 mai 1918, il se cent les défenses en 1896 avec la classe 17. Il Brouf françaises sur le la vie de celui qui était pour elle « oncle serait offert à la mort à cause d’une bénéficie d’un sursis comme Joë ». La maman de Marie-Denise, sœur blessure amoureuse… Fuite à jamais de l’amertume Chemin des Da- étudiant en médecine et ce n’est Les prés magnifiques volants peints de frais mes. A Vailly-sur- de Joë Bousquet, fut pour ce dernier une qu’en juin 1917 qu’il est incorporé, confidente autant qu’une bonne fée. Jus- M.-D.A. : « Oui, vous parlez de la fameuse tournent Aisne, le jeune mais à l’hôpital du Val-de- qu’à sa mort, le 28 septembre 1950, et Marthe. Il paraît que c’est le jour où cette champs qui chancellent lieutenant Joë au-delà, elle veilla constamment sur lui et femme lui a écrit qu’elle ne l’épouserait Grâce pour devenir médecin aux Le point mort Joë Bousquet en 1917 Bousquet, 21 ans, assura, avec l’aide jamais… mais elle Armées. « Et lorsqu’on mourait à Ma tête tinte et tant de crécelles et ses hommes du d’une infirmière à « ... une balle m’a atteint en pleine était mariée et, à Vimy/Moi j’apprenais l’anatomie » e 156 Régiment d’Infanterie sont enga- demeure, la bonne poitrine, à deux doigts de l’épaule l’époque, on ne di- (Le Roman inachevé). Dans les Mon cœur est en morceaux gés dans un combat à un contre qua- marche de la mai- droite, traversant obliquement mes vorçait pas comme amphithéâtres, il a retrouvé André le paysage en miettes rante. Son unité est décimée, lui-même son de la rue de poumons pour sortir par la pointe maintenant. Fami- Breton, un autre carabin épris de Hop l’Univers verse lialement on pense foudroyé par une balle. Son destin est Verdun à Carcas- de l’omoplate gauche... » poésie, avec qui il lit Lautréamont Qui chavire L’autre ou moi sonne, refuge du – mes grands-pa- scellé : s’il survit, c’est condamné à Joë Bousquet et qui l’introduit dans les revues L’autre émoi La naissance à cette solitude l’immobilité. Le projectile a perforé la blessé de Vailly. En rents l’ont pensé, d’avant-garde, comme « Sic » ses jeunes années, Marie-Denise Aurengo ma mère l’a toujours pensé – que c’était Je donne un nom meilleur aux merveilles du jour moelle épinière et pris ses quartiers où Aragon a été publié pour J’invente à nouveau le vent tape-joue entre les quatrième et cinquième ver- a côtoyé tous les jours cet « oncle-cou- exagéré. Je crois que quand il était sur le la première fois. Un article sur Chemin des Dames, il a donné un assaut Le vent tapageur tèbres pour un bail illimité. rage ». Elle livre dans cet entretien quel- Apollinaire. ques-uns de ses souvenirs. sachant que c’était une bataille perdue Le monde à bas je le bâtis plus beau d’avance. Il s’est mis devant ses troupes Sept soleils de couleur griffent la campagne Joë Bousquet va donc survivre phy- Vous est-il arrivé d’évoquer sa guerre et c’est là qu’il a été blessé. Qu’il ait vu, En avril 1918, Aragon sort du Val-de-Grâce avec le grade d’adjudant-chef. Au bout de mes cils tremble un prisme de larmes siquement, une trentaine d’années avec lui ? vous imaginez, qu’il envoyait des gens La formation du médecin auxiliaire était terminée. Mais pas la guerre. Il Désormais Gouttes d’Eau habitées par cette souffrance qui le à la mort, lui en tête, c’est peut-être la part rejoindre sur le front le 355e régiment d’infanterie. En juin, il est à tenaille sans relâche, une trentaine Marie-Denise Aurengo : « Vous savez, seule chose qui puisse faire penser à un Verberie dans l’Oise. En août, il est dans l’Aisne. On lit au poteau du chemin vicinal d’années en la compagnie de cette c’était une chose… si quelqu’un était là coup de folie. » ROUTE INTERDITE AUX TERRASSIERS fidèle blessure dont il apaise les exi- et le lançait là-dessus, suivant qui était Le 6 août, à Couvrelles, à l’est de Soissons, son bataillon est pris sous Août 1918. gences avec l’opium et qu’il trans- cette personne, il n’aurait pas osé se Avez-vous su pourquoi les volets de sa une pluie d’obus. Partout des blessés. Par trois fois, le médecin auxiliaire (poème publié dans le recueil « Feu de Joie » en 1919) cende par l’écriture. « Ce qui le tue le dérober mais, personnellement, je ne chambre sont toujours restés clos ? Aragon se retrouve enseveli avec les hommes auxquels il vient porter crée […] il deviendra un corps de mots », lui en aurais jamais parlé parce que je secours. Son intrépidité lui vaudra la croix de guerre et une citation à relève Hubert Juin dans la préface de pense que c’était trop lui demander. Il M.-D.A. : « Il n’aimait pas le grand jour, l’ordre de la division. il aimait travailler dans le noir. Je l’ai La Connaissance du soir, la main de y a laissé sa vie vous savez. C’était un garçon extrêmement brillant, bachelier à toujours connu vivant dans l’obscurité. « Or nous repassions la Vesle... » poèmes de Joë Bousquet récemment Quelques jours plus tard, Aragon revient sur les lieux. Un petit cimetière y 15 ou 16 ans. Je ne sais pas sans cela ce On n’a jamais eu d’explication. C’est vrai, rééditée par Gallimard. qu’il aurait donné, mais il était tellement c’est une question que l’on peut se poser a été aménagé. Et voici qu’il découvre avec stupeur qu’une croix porte son Or nous repassions la Vesle brillant. Mon père disait toujours que comme quantité d’autres. Se sentait-il nom ! On avait retrouvé près d’un mort anonyme sa vareuse et dans une Après six semaines deux mois poche une lettre à son adresse. De cette expérience singulière, Aragon Le centre Joë Bousquet s’il n’avait pas eu cette blessure pour le exclu de tout ce qui était à la lumière ? » A huit cent mètres de Couvrelles diriger vers une voie de la littérature, il a fait trois poèmes. Le premier intitulé « Secousse » dès 1919, les deux Qui sont ces défunts que l’on voit à Carcassonne Propos recueillis par Damien BECQUART aurait peut-être fait un “dévoyé“ parce autres en 1956 dans « Le Roman inachevé ». Louis Aragon n’a jamais Fosses fraîches et croix nouvelles Pour en savoir plus sur la vie et qu’à 18 ans, c’était un tout-fou. C’était oublié qu’il était mort une première fois en 1918. Par procuration. Arrêtez un peu le convoi l’œuvre de Joë Bousquet, une visite l’artiste, et puis il avait des amis qui ne […] à Carcassonne s’impose. Le Conseil l’auraient peut être pas entraîné dans le Mais l’inscription que dit-elle général de l’Aude a racheté la maison droit chemin. Je ne sais ce qu’il aurait fait. « Il y avait devant la croix fichée en terre... » du 53, rue de Verdun où Joë Bousquet D’ailleurs, je crois que c’est un peu pour Je lis et je ne comprends plus a vécu, pour en assurer la sauvegarde cela qu’il ne s’entendait pas avec son père. Il y avait devant la croix fichée en terre une bouteille C’est pourtant mon nom que l’épelle et en faire un lieu de mémoire. J’ai-t-il mal vu j’ai-t-il mal lu Renseignements au 04 68 72 50 83 ou Son père était quelqu’un de très rigide, oh Dedans une lettre roulée à mon adresse Etait-ce vrai sur : [email protected] lala, qu’il était sévère !!! Avec mon frère, Si c’était moi Si j’étais mort Si c’était l’enfer Tout serait Si c’est ma demeure mortelle 2 nous ne pouvions pas le supporter, nous Mensonge illusion moi-même et toute mon histoire après Qui dort au pied de ce talus 3 Une exposition à Vailly-sur-Aisne étions ses deux seuls petits-enfants, mais Tout ce qui fut l’Histoire un jeu de l’enfer un jeu du sommeil il était d’une dureté avec nous, c’était Le cœur muet les yeux au ciel L’association Patrimoine et Environ- effarant. Je ne comprends pas pourquoi nement présente du 8 au 23 novembre Comme s’explique alors ce sentiment d’une longue agonie Depuis six semaines deux mois une exposition prêtée par le Centre d’ailleurs, ses parents étant des gens Et ma vie et le monde et qui pourrait jamais encore y croire Dans la terre au bord de la Vesle calmes et tranquilles.

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