L'historien et les mémoires de la Seconde Guerre mondiale en France Histoire Terminale série S Thème 1 introductif : Le rapport des sociétés à leur passé Question : Mise en œuvre : Les mémoires : lecture historique L'historien et les mémoires de la Seconde Guerre mondiale en France Evaluation Composition : Vous traiterez le sujet suivant sous forme d'une composition : L'historien et les mémoires de la Seconde Guerre mondiale en France Orientations pour le bac Sujets envisageables de composition - En fonction de l'étude menée dans l'année, vous traiterez l'un des deux sujets suivants : l'historien et les mémoires de la Seconde Guerre mondiale en France ou l'historien et les mémoires de la guerre d'Algérie (Amérique du Nord 2015, Centres étrangers Afrique 2015, Polynésie 2015) Analyse de documents - un texte d'un historien (Henry Rousso, Robert Paxton) (Pondichéry 2015) - un discours d'une femme ou d'un homme politique français (discours de Jacques Chirac du 16 juillet 1995 au Vel d'Hiv) PLAN DU COURS Introduction Problématique : Quels ont joué les historiens dans l'évolution des mémoires de la Seconde Guerre mondiale en France depuis 1945 ? I- « Tous résistants ? » : le mythe du résistancialisme (1945- années 1960) A- Une société traumatisée B- La domination du résistancialisme C- Les limites du mythe : mémoires concurrentes et mémoires occultées II- D'une à des mémoires : l'émergence d'une mémoire plurielle (années 1970-1980) A- Un nouveau contexte B- La remise en cause du résistancialisme C- Le réveil de la mémoire des génocides III- Apaisement ou hypermnésie ? : le rôle de l'historien dans la construction des mémoires (des années 1990 jusqu'à aujourd'hui) A- Une multiplication des acteurs de mémoires B- Un exemple majeur : la reconnaissance officielle du rôle de la France C- S'engager ou se distancier : deux attitudes d'historiens face à l'hypermnésie Conclusion CHRONOLOGIE De 1945 aux années 1970 : le temps du résistancialisme Des années 1990 jusqu'à aujourd'hui : - 1945 : procès du maréchal Pétain vers la reconnaissance officielle d'une - 1956 : Nuit et Brouillard d'Alain Resnais pluralité de mémoires - 1960 : inauguration du Mémorial de la - 1990 : Loi Gayssot réprimant la négation du France combattante au Mont Valérien crime contre l'humanité - 1964 : panthéonisation de Jean Moulin - 1992 : commémoration officielle de - 1966 : La Grande Vadrouille de Gérard Oury l'anniversaire de la rafle du Vel d'Hiv (discours majeur de J. Chirac) Des années 1970 aux années 1980 : le - 1995 : J. Chirac reconnaît la responsabilité temps du réveil des mémoires de l’État français dans la déportation des Juifs - 1971 : Le Chagrin et la Pitié de Marcel - 1997 : Procès Papon Ophüls - 2007 : journée nationale en hommage à Guy - 1973 : Robert Paxton, La France de Vichy Môquet - 1974 : Lucien Lacombe de Louis Malle - 2013: commémoration franco-allemande du - 1985 : Shoah de Claude Lanzmann massacre d'Oradour-sur-Glane NOTIONS (Les notions soulignées doivent être apprises par cœur) - Histoire : science qui étudie les faits du vue officiel sur un événement historique. Ce passé, les justifie avec des sources type de loi peut être assorti de sanctions (témoignages, archives, fouilles) et les pénales. analyse de façon critique pour en faire un récit objectif. L'histoire se veut objective. - Amnésie : oubli volontaire ou non de la L'histoire explique le passé. réalité des événements historiques par la société. Ce terme est emprunté à la - Mémoire : ensemble de souvenirs des faits psychologie et désigne à l'origine une maladie du passé qu'une personne ou un groupe caractérisée par une perte de mémoire. social a retenu de son passé souvent en les sélectionnant, parfois en les transformant ou - Hypermnésie : présence excessive des en les effaçant pour servir les intérêts de questions mémorielles dans la société. Ce cette personne ou de ce groupe social. La terme est emprunté à la psychologie et mémoire est subjective. La mémoire fait désigne à l'origine une maladie caractérisée revivre le passé. par un temps excessif de l'individu à se remémorer son passé - Résistancialisme : idéologie identifiée par l'historien Henry Rousso déterminant la - Repentance : acte par lequel une France comme unanimement et héroïquement institution (Etat, entreprise, Eglise, etc) résistante pendant la Seconde Guerre reconnaît officiellement une faute commise mondiale. Il s'agit d'un mythe. dans le passé. Elle est souvent accompagné d'un geste de réparation (symbolique, - Négationnisme : idéologie niant la réalité financier, etc) du génocide des Juifs par les nazis, notamment l'existence des chambres à gaz - Inflation commémorative : multiplication des actes et des discours commémoratifs - Devoir de mémoire : injonction à se dans la société souvenir - Engagement intellectuel : fait de prendre - Acteur de mémoire : individu ou groupe parti sur les problèmes politiques et sociaux qui produit un travail de mémoire (livres, par son action et ses discours pour défendre tracts, réseaux sociaux, sites internet, des valeurs interventions médiatiques) pour sauver de l'oubli et souvent réhabiliter des individus ou - Juste parmi les nations : titre honorifique des groupes qui ont leur faveur et qu'ils décerné par l’État d'Israël à un non-Juif qui considèrent comme des héros, des victimes aidèrent les Juifs pendant la Shoah, parfois en et/ou des martyrs risquant leur propre vie ou celle de leur famille - Loi mémorielle : loi déclarant un point de ORGANIGRAMMES ET TABLEAUX Chapitre 1 : L'historien et les mémoires de la Seconde Guerre mondiale en France Rappel : - Seconde Guerre mondiale s'écrit avec un S et un G majuscules mais un M minuscule (même principe pour Première Guerre mondiale) - dans le cadre de notre étude, la Résistance s'écrit avec un R majuscule et la Libération avec un L majuscule - On écrit les Juifs avec une majuscule lorsqu'on parle des personnes appartenant au peuple juif et les juifs avec une minuscule lorsqu'on parle des personnes professant la religion judaïque. Dans le cadre de notre étude sur la Seconde Guerre mondiale, le premier cas s'applique. Introduction (accroche) « La France de Vichy, un passé qui ne passe pas ». C'est par cette formule que l'historien Henry Rousso résume la difficulté à reconnaître la responsabilité de la France dans la déportation des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. (analyse du sujet) En effet, l'histoire et la mémoire de la Seconde Guerre mondiale ne sont pas de même nature et leurs relations sont tantôt complémentaires, tantôt conflictuelles. • (définitions d'histoire et mémoire) L'histoire est la science qui étudie les faits du passé, les justifie avec des sources (témoignages et archives) et les analyse de façon critique pour en faire un récit objectif. L'histoire se veut objective. L'histoire explique le passé. La mémoire est un ensemble de souvenirs des faits du passé qu'une personne ou un groupe social a retenu de son passé souvent en les sélectionnant, parfois en les transformant ou en les effaçant. La mémoire est subjective. La mémoire fait revivre le passé. • (liens à double sens entre mémoire et histoire) La mémoire peut donc parfois s'opposer à des vérités historiques. Mais elle peut aussi s'inspirer sincèrement du travail des historiens pour nourrir ses revendications. De la même manière, l'historien peut refuser d'aider les acteurs de mémoire au nom de l'impartialité. Mais il peut aussi faire de la mémoire une source pour son travail (les témoignages) ou même un objet d'étude (l'histoire des mémoires). • (application au cas de la 2nde GM) Dans le cas de la Seconde Guerre mondiale en France, plusieurs mémoires existent et s'entrecroisent : celle de la guerre elle-même, celle de la Résistance et celle des génocides, dont particulièrement la Shoah. La pluralité des mémoires explique la complexité des rapports entre les acteurs de mémoire, les historiens, l'opinion publique et la société dans son ensemble. Ces rapports ont évolué au cours du temps et ont connu les trois étapes similaires à beaucoup d’événements historiques : déni et occultation, puis travail des archives et des acteurs de mémoire, et enfin reconnaissance avec un apaisement mémoriel mais aussi le danger d'une hypermnésie. (problématique) Quels rôles ont donc joué les historiens dans l'évolution des mémoires de la Seconde Guerre mondiale en France depuis 1945 ? (annonce du plan) De 1945 à la fin des années 60, le mythe du résistancialisme se développe et occulte les autres mémoires de la guerre (I). A partir des années 70, ces dernières se réveillent grâce à un important travail des historiens et des acteurs de mémoire (II). Cela a conduit au cours des deux dernières décennies à une reconnaissance qui a apaisé les tensions mémorielles mais au risque d'un abus du devoir de mémoire, face auquel les historiens réagissent différemment (III). I- « Tous résistants ? » : le mythe du résistancialisme (1945- années 1960) Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la mémoire d'une France unie toute entière derrière la Résistance s'impose. La société française ressort traumatisée du conflit à plusieurs titres (A). Sous l'influence du général De Gaulle, le mythe résistancialiste se met en place et domine les discours mémoriels (B). Mais, bien que prépondérant, ce mythe trouve plusieurs limites (C) A- Une société traumatisée La Seconde Guerre mondiale est un temps d'épreuves pour la France et les Français. Plusieurs traumatismes se conjuguent au sortir du conflit. • La honte de la défaite militaire en 1940 : l'armée française, pourtant considérée comme l'une des meilleures du monde, est balayée en quelques semaines par l'armée allemande • L'ignominie de la collaboration et de la participation à la politique génocidaire nazie : le régime de Vichy a accepté de collaborer avec les Allemands jusqu'à apporter son aide à la déportation des juifs. • L'humiliation de la guerre civile : des Français se sont affrontés, les uns résistants, les autres au service de Vichy et des nazis B- La domination du résistancialisme A la Libération, ces souvenirs traumatiques sont refoulés, afin de restaurer l'unité nationale.
Details
-
File Typepdf
-
Upload Time-
-
Content LanguagesEnglish
-
Upload UserAnonymous/Not logged-in
-
File Pages14 Page
-
File Size-