Journal trimestriel Paroisse Saint-Augustin en Tardoire & Bandiat N° 3 Mars 2020 Les mortifications : désuètes et inutiles ? nous recommande aujourd’hui encore de les pra- tiquer. « Le progrès spirituel implique l’ascèse et Le mot « mortification » fait peur. Essayons pour- la mortification qui conduisent graduellement à tant de comprendre en quoi cette pratique recèle vivre dans la paix et la joie des béatitudes », indi- un authentique chemin de sainteté. que le Catéchisme de l’Eglise Catholique. Un trésor à redécouvrir en cette période de Carê- En 2017, au cours de l’audience du mercredi des me. Elles intriguent, choquent, ou font sourire. Et Cendres, le Pape François a rappelé que le Carê- pour cause. À leur évocation, on entrevoit dans me était « un temps de pénitence et également le lointain des cilices, des pointes de fer, des fla- de mortification qui n’est pas une fin en soi, mais gellations sanglantes, des bains glacés et toutes qui vise à nous faire ressusciter avec le Christ ». les tortures que la fervente industrie des saints a Les mortifications sont inséparables d’une vie pu inventer pour exténuer la superbe de la chair. chrétienne authentique. Ce sont des privations Éditorial Sans doute, Dieu a demandé ces pénitences hé- volontaires et des souffrances acceptées ou offer- roïques à certaines âmes d’élite, pour montrer à tes pour l’amour de Dieu et de notre prochain. quels excès la véhémence de son amour peut Pourquoi passer par la souffrance pour aimer emporter ceux qui en sont possédés. Mais hâtons Dieu et son prochain ? Parce qu’elle est la meil- -nous de le dire, ce n’est point là la règle commu- leure façon de signifier son amour comme le ne. Règle commune ou pas, notre société hédo- Christ nous l’a enseigné (cf. Jn 15, 13) et montré niste, catholiques inclus, les a reléguées au rayon sur la croix. « Il n’y a que la souffrance qui puisse des antiquités. À tel point que de nombreuses enfanter les âmes », aimait à rappeler sainte Thé- personnes ont été scandalisées d’apprendre en rèse de l’Enfant-Jésus. 2010, au cours de son procès de béatification, que Jean-Paul II s’était imposé des mortifications Père Roland corporelles. Interrogé à cette occasion sur KTO, le père François Potez, curé de Notre-Dame-du- Travail à Paris, avait souligné le paradoxe de no- tre monde actuel : « On s’impose parfois des dis- ciplines absolument folles pour réussir un concours, une épreuve sportive, pour maigrir…On trouve très bien une semaine de jeûne, qui coûte d’ailleurs une fortune, car c’est la mode. On trou- ve très bien le ramadan, car c’est une autre reli- gion, alors pourquoi refuse-t-on cette discipline du corps et de l’esprit quand c’est chrétien ? » Et à ceux qui lui rétorquent que le Bon Dieu n’a jamais interdit de boire un bon verre de vin, l’abbé ré- pond : « Bien sûr, mais Il a permis aussi d’en faire le sacrifice et l’offrande. » L’amour est la seule clef qui permet de comprendre les mortifications. Sans cette clef, elles sont imbuvables. Les mortifi- cations n’appartiennent pas au passé. L’Eglise 2 communautédeschanoines Le 2 mars dernier, RCF est venue à Montbron pour réaliser une RCF : Comment faites-vous communauté ? émission sur les frères de la com- PE : Il faut peut-être dire quelques mots sur la munauté. 3/4 d’heure d’interwiew règle de saint Augustin. Nous sommes rassem- pour mieux comprendre le blés en communauté pour vivre d'un seul coeur et charisme des chanoines réguliers d'une seule âme (cf. Ac 4). Dans la vie canoniale, de saint Victor. Extraits. c'est ensemble que nous recherchons le bonheur et la vérité. Notre modèle est celui de la primitive RCF : Qui êtes-vous ? Eglise dans les Actes des Apôtres où tout était P. Emmanuel : Les gens ne savent mis en commun. Voilà pourquoi nous essayons pas toujours comment nous appeler. de tout partager, notamment la prière et les re- Certains disent chanoines de saint Augustin, pas. d'autres chanoines de saint Victor. Il faut savoir que nous faisons partie de l'ordre de saint Au- RCF : Père Martin, depuis quand êtes-vous là gustin qui rassemble plusieurs congrégations et quel est votre ministère ? dont celle de saint Maurice, du Grand Saint Ber- PM : Je suis arrivé fin août. J'ai des ministères nard et donc aussi notre congrégation de saint assez variés : une partie ici, à Montbron, mais il Victor, fondée en 1108 à Paris par Guillaume de m'arrive aussi d'aller donner un coup de main Champeaux, archidiacre de Paris et ecolâtre à dans les paroisses voisines du doyenné. Ici, je Notre Dame. m'occupe entre autre de l'accueil. RCF : Dans la salle communautaire où nous RCF : Vous écrivez aussi des livres ? nous trouvons actuellement, il y a une PM : Oui. Particulièrement sur l'oecuménisme et représentation de saint Augustin. “l'échange des dons” car entre chrétiens de dif- PE : Toute sa vie, notre férentes confessions, nous Père saint Augustin a avons beaucoup à nous voulu vivre la vie com- apporter. S'il y a des dif- mune : d'abord avec des férences, nous voulons amis, puis une fois de- aussi tous ensemble cher- venu évêque, avec les cher le Christ, l'aimer et le prêtres de son diocèse. prier. Dans l'histoire de l'E- glise, il y a deux grandes RCF : Père Roland, d'où traditions : l'ordre venez-vous et que faites- monastique, qui vise vous sur cette paroisse ? plutôt la recherche de PR : Je partage la charge l'union de l'âme à Dieu pastorale avec P. François dans le silence et la soli- et P. Emmanuel comme tude et l'ordre canonical, curé sur cette grande par- essentiellement com- oisse saint Augustin en Tar- munautaire et liturgique et qui se déploie vers les doire et Bandiat. Je suis aussi aumônier des sacrements et le mystère du Christ et de l'Eglise. collèges publics Jean Rostand à La Rochefou- Nous sommes des religieux prêtres. Nous avons cauld et François Mitterrand à Montbron et prêtre donc une vie régulière et en même temps, nous accompagnateur de la grande institution sainte sommes au service des Eglises locales. Marthe-Chavannes à Angoulême. RCF : C'est peut-être le moment de parler de RCF : Les jeunes participent-ils bien ? cette paroisse saint Augustin... Comment êtes PR : Que ce soit dans l'enseignement public ou -vous arrivés ici ? dans l'enseignement libre, le contexte est le Père François : Nous avons d'abord été en Dor- même dans les familles : fragile... De toute façon, dogne suite à la béatification, en 1981, du Bien- il y a toujours beaucoup de travail. heureux Alain de Solmhinhac, abbé de Chan- PE : Depuis le Moyen Age, les Victorins ont tou- celade et évêque de Cahors au XVII siècle. Fort jours aimé l'enseignement et la jeunesse. Ils ont de cette implantation, Mgr Rol a demandé s'il aussi écrit des pages étonnantes sur l'Eglise. pouvait y avoir une fondation de chanoines régul- Notre Père Abbé fondateur, le Père Maurice Bitz iers sur son diocèse. Nous sommes arrivés en nous disait qu'il nous faut “aimer et servir l'Eglise 1985. Nous avons d'abord logé dans l'ancien dans une compréhension renouvelée de son presbytère de Montbron, près de la poste, puis mystère à la lumière du concile Vatican II. Notre nous nous sommes installés ici, dans l'ancienne mission s'enracine donc dans le service commun maison des religieuses de sainte Marthe. des Eglise locales, là où nous sommes appelés par les évêque, avec des missions très dif- 3 Briser la Statue Le samedi 28 décembre, c’est « la petite voix » de Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, qui a rassemblé un public enthousiaste dans l’Eglise de La Rochefoucauld. A partir d’une pièce de théâtre écrite par Gilbert Cesbron en 1952, une troupe de comédiens amateurs (Duc in Al- tum) encadrée par le Père Guillaume Soury-Lavergne du diocèse de Cahors, a retracé la vie de Sainte Thérèse de Lisieux. Remarquablement interprété par ces jeunes acteurs (de 16 ans à 26 ans), le texte de Gilbert Cesbron nous a fait découvrir le visage de Thérèse. « En brisant la statue, c’est une jeune fille saisie par l’amour de Jésus, se don- nant sans réserve à Celui qui s’est donné pour nous ». Vielaparoisse de La troupe « Duc in Altum nous plonge dans le « Mystère de Thérèse » l’histoire d’une âme. A l’issue du spectacle, un verre de l’amitié fut l’occasion de féliciter largement les jeunes acteurs, et de mesurer l’enthousiasme de leur engagement dans l’Eglise. Dominique & Mireille Vœux de notre évêque Mgr Gosselin a présenté ses vœux le mardi 7 janvier : des vœux de « vie, d’amour et d’humour » pour « être heureux en Charente » « Mes vœux sont très pieux car j’espère en Celui qui a attiré les mages jusqu'à lui ; c’est lui qui est mon espérance. Je sais aussi que sans l’engagement humain, rien ne peut se faire, qu’il nous faut obéir à cette étoile qui s’appelle la conscience et suivre les lois de la nature sous peine d’implosion. Je suis convaincu que la communauté est l’avenir de l’humanité : là aussi on doit trouver du bio, c’est à-dire de la vie, de la diversité qui impose rencontre, dialogue et vérité. C’est là qu’on doit apprendre le pardon, le vivre ensemble… et l’humour.
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