La Chanson Des Marches (PDF)

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Chapitre 9 La chanson des Marches 1) La chanson populaire traditionnelle Les trois régions des Marches, des Abruzzes et du Molise ont été souvent négligées, considérées comme simple lieu de passage obligé entre le Nord et le Sud et influencées par l’un et l’autre. On redécouvre aujourd’hui leur patrimoine : d’une part, l’existence d’une musique de cour, par exemple chez les seigneurs de Camerino ou chez les ducs d’Urbin, dont le mécénat concurrence le monopole culturel exercé jusqu’alors par l’Église catholique, ce qui contribue à l’apparition de grands compositeurs d’opéra comme Giovanni Battista Pergolesi (1710-1736), de Jesi (près d’Ancona), Gaspare Spontini (1774-1851), de Maiolati (près d’Ancona), ou Gioacchino Rossini (1792-1868), de Pesaro, avec des ténors d’opéra comme Beniamino Gigli (1890-1957), de Recanati, et sa fille Rina ; d’autre part, la culture populaire a hérité de la riche culture du premier peuple des Marches et du Nord de l’Abruzze, les Piceni, ce peuple dont le totem était le pic vert (image ci-contre), et qui se mêla ensuite aux Gaulois Sénons, s‘allia aux Sabins et subit finalement la domination romaine à partir du IIIe siècle av.J.C., après que leur chef Brennus eut saccagé Rome en 390 av.J.C. On pratique encore le saltarello, danse aristocratique puis populaire accompagnée au tambourin, à l’accordéon diatonique (l’organetto diatonico), les cymbales, les triangles, il segone (la scie musicale), durant laquelle les danseurs se déclaraient à la jeune fille qu’ils aimaient. Cette danse, héritée de la saltatio latine fut aussi reprise par les musiciens du XIXe siècle come Félix Mendelssohn (1809-1847). Castelfidardo est la ville productrice d’accordéons ; les paysans luthiers fabriquaient à la main des instruments à cordes (le violone, basse à trois cordes). C’est sur ce rythme que l’on chantait des chants lyriques Bartolomeo Pinelli - Saltarello - monostrophiques. À Jesi, les ouvrières des filatures chantaient des Début XIXe siècle ballades, récemment enregistrées par 35 ex- filandières dans Io vado allà filandra… Chantés durant le temps de travail et autorisés par le règlement, ces chants permettaient aux ouvrières d’oublier leur fatigue sans perdre leur précision et leur concentration. Une autre forme encore pratiquée dans les Marches est le chant rituel de quête, pour le solstice d’hiver, pour la Saint Antoine le 16 janvier, la Passion de saint Joseph le 17 mars, pour Pâques, pour le 1er mai (Cantamaggio) où l’on célèbre l’arrivée du printemps et de la saison agricole, héritage des anciennes fêtes païennes de fertilité, à Fabriano on chante Alle anime sante en août. Plusieurs groupes ressuscitent aujourd’hui cette tradition , parfois disparue avec la transformation du monde agricole ; parmi ceux-ci, La Macina, collectif musical qui fait de la recherche ethnomusicologique et réinterprète les chansons (site macina.net) 1. Écoute 1 : 1. 1 - Cantamaggio (La Macina, Silenzio, canta La Macina, 1999) 1. 2 - Io vado in filandra (La Macina, Vene il sabado e vene il venere, 1982) 1. 3 - Caterinella ero, Caterinella so’ (La Macina, Antologia cit, 2001) 2) Les Marches : cantautori Un des plus anciens est Jimmy Fontana (Enrico Sbriccoli) ; né à Camerino, province de Macerata, en 1934, mort en 2013. Il est d’abord interprète, de style plutôt jazz, et il joue de la contrebasse ; quand il a son diplôme de comptabilité, il se transfère à Rome, décide de se consacrer entièrement à la musique, et choisit son nom d’artiste, Jimmy, en hommage à un clarinettiste américain qu’il admire, Jimmy Giuffre (1921-2008) et Fontana au hasard des abonnés du téléphone. Il forme un groupe avec un trio d’amis, est primé dans quelques concours, et participe à Sanremo en 1961 en compagnie de Miranda Martino (Udine, 1933- ), avec Lady Luna, d’Armando Trovajoli (1917-2013) et Dino Verde (Naples, 1922-2004). Il obtient un grand succès en 1965 avec Il mondo, un texte de Gianni Meccia et du présentateur Gianni Boncompagni (1932-2017), dont il écrit la musique avec les compositeurs Carlo Pes (1927-1999) et Ennio Morricone (1928- ). C’est la chanson Che sarà, dont il écrit la musique avec Carlo Pes et le compositeur de musiques de films Italo « Lilli » Greco (1934-2012) et le texte avec le parolier Franco Migliacci (1930- ), qui fut un de ses plus grands succès en 1971 ; elle est reprise par I Ricchi e Poveri au Festival de Sanremo en 1971 et obtient le second prix. Déçu par l’aventure de Che sarà, il arrête la musique et va ouvrir un bar à Macerata. Il revient à la chanson en 1979, participe à Sanremo en 1982 avec Béguine, qu’il interprète, après l’avoir écrite avec Migliacci, Nicola Lilli Greco, et le guitariste Luigi Pellegrino, et qui va en finale ; il y retournera en 1994 avec Una vecchia canzone italiana, qui a peu de succès (19e place). Il a publié plusieurs albums, en partie écrits par lui, et un grand nombre de 45T. Il a chanté dans plusieurs films des années 1960. Oliviero de Quintajé (1959-2007) est originaire de Torre San Patrizio, dans la province de Fermo. Il commence sa carrière de musicien après un voyage à Londres en 1977, dans un groupe de punk rock démentiel, Banda D’Affari. Il parcourt l’Europe en faisant des covers de chansons anglaises et françaises (Léo Ferré). Rentré dans les Marches, il commence à jouer en 1987 et à écrire des chansons. Il poursuit sa carrière en France (pour la Société Dante Alighieri), s’y marie et publie en 2003 le disque Sic transit gloria mundi, suivi en 2004 de Memorabile. Il est célébré dans son village après sa mort. Marco Milozzi est né près d’Ascoli Piceno en 1962. Licencié en philosophie et spécialiste de musicothérapie, il crée un groupe musical en 1992-93. Depuis longtemps il s’occupe de la politique de la jeunesse et de la prévention ; il gagne en 1989 le Prix Città di Recanati. Il écrit des chansons sociales et contre la guerre, En particuier pour la recnstruction de la bibliothèque de Sarajevo (Voir ww.antiwarsongs.org) à travers des histoires de vie quotidienne. Voir les sites : www.musicultura.it, et www.antiguerra .it. Moltheni (Umberto Maria Giardini) est né en 1968 dans la province de Fermo. Il commence comme batteur dans divers groupes des Marches, puis fonde avec Andrea Medori, Gaetano Fratalocchi et Sino Borraccini un groupe de punk rock, Hameldome, qui chante en langue anglaise. Il part ensuite en Écosse jusqu’en 1994, apprend la guitare et rentre à Rome, puis Milan puis Bologne. Il publie, sous le nom de Moltheni (nom de la pharmacie qui se trouve en face de chez lui à Milan), son premier album en 1999, Natura in replay, suivi en 2001 de Fiducia nel nulla migliore. Il participe aux concerts de plusieurs chanteurs ou chanteuses (Carmen Consoli). Il est pompier de profession. En 2000, il est au Festival de Sanremo avec Nutriente. Un autre album, Toilette memoria, sort en 2006, après Splendore terrore de 2005, puis Io non sono come te en 2007 et Il segreto del corallo en 2008 ; il fait un tour promotionnel en 2009. Il renonce ensuite à l’activité de cantautore pour se consacrer à la batterie, mais il publie encore comme cantautore La dieta dell’imperatrice en 2012 et Ognuno di noi è un po’ anticristo en 2013. Il publie en 2015 Protestantesima, en 2017 Futuro proximo et en 2019 Forma mentis. À côté de sa carrière de cantautore, il exerce la profession de pompier. (Voir sur Moltheni le site lultimathule.worldpresse.com). Raphaël (Raffaele) Gualazzi est né en 1981 à Urbino. Il est pianiste de jazz et cantautore. Il va à Sanremo en 2011 avec Follia d’amore ; il y retourne en 2016 avec Sai (ci basta un sogno) et Senza ritegno. Beatrice Antolini est née à Macerata en 1982 ; elle étudie le piano dès l’âge de trois ans, se passionne pour le punk rock, travaille la batterie et présente un diplôme d’actrice à l’École de Théâtre Colli de Bologne. Elle commence à écrire des chansons en anglais, et publie son premier album, Big saloon, en 2006. Son second album, A due, publié en italien est de 2008. Elle participe à divers groupes et à plusieurs festivals ou concerts, dont celui du Premier Mai à Rome en 2009. Elle publie encore deux CD en anglais. Elle considère que l’artiste est un intellectuel et doit être apprécié comme tel, c’est pourquoi, après son premier album, elle refuse qu’on publie d’elle aucune photographie. En 2017, elle travaille avec Angela Baraldi et en 2018, Vasco Rossi annonce qu’elle remplacera Clara Moroni dans ses chœurs. Mais citons pour finir quelques-uns des jeunes cantautori qui montent dans les Marches, et qui n’ont souvent qu’une diffusion locale : Serena Abrami (1985- ), Andrea Papetti (Albums L’Uomo della verità e L’inverno a settembre (2010). Deux disques qui valent la peine d’être écoutés), Fabrizio Emigli (1962- ), Patrizio Emili, Nicola Grilli … Et signalons Marino Lattanzi, qui réécrit en dialecte des Marches les chansons célèbres du patrimoine et publie un CD intitulé Play buoi. 3) Les groupes des Marches ; le « hard-core » 2 Comme les cantautori, les groupes sont souvent peu connus en-dehors de la région, et de date plus récente. Les Agorà sont un groupe de rock progressif des année 1970, qui s’est dissous en 1979 et reconstitué en 2002. Ils commencent en 1974 dans une église déconsacrée de Derra San Quirico, près d’Ancona, qui devient un centre pour beaucoup de groupes jeunes.

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