Pdt.qxp:45843p 3/08/10 14:12 Page III 150 ans d’appareils photo HISTOIREDELAPHOTOGRAPHIE DUDAGUERRÉOTYPEAUNUMÉRIQUE TODDGUSTAVSON Adapté de l’anglais par Dominique Dudouble (INGED) camera_chap14.qxp 22/07/10 11:49 Page 255 XIV Dépression et guerre Joe Rosenthal, Soldats hissant le drapeau américain au sommet du mont Suribachi, Iwo Jima, 23 février 1945. Voir page 265. camera_chap14.qxp 22/07/10 11:49 Page 256 Walker Evans (États-Unis, 1903–1975), Boutique au bord de la route, environs de Birmingham, Alabama, 1936. Tirage argentique par contact réalisé vers 1971 par Jim Dow à partir du négatif original. Don de Jim Dow. Collections de la George Eastman House. ማሜምሞ URANT LES ANNÉES 1930, les appareils photo bénéfi- se déroulaient autour de lui et avait compris que des photo- Dciaient d’innovations majeures, tandis qu’en Amérique, la graphies pourraient en témoigner de façon plus durable que Grande Dépression n’épargnait personne. Le gouvernement ne le feraient de simples mots. C’est ainsi que Stryker rassem- américain recruta des dizaines de milliers de chômeurs dans le bla une équipe de photographes dont les plus célèbres étaient cadre de sa politique de grands travaux, tels que le Civilian Walker Evans (1903–1975), Arthur Rothstein (1915–1985), Conservation Corps (CCC) et la Farm Security Administration Russell Lee (1903–1986), Dorothea Lange (1895–1965) et (FSA). Marion Post Wolcott (1910–1990). Gordon Parks, photo- Roy Stryker (1893–1975), originaire du Kansas, siégeait à graphe afro-américain (1912–2006), dont les photos du la section historique de la FSA. Reconnu aujourd’hui comme ghetto noir de Chicago avaient attiré l’attention de Stryker, un visionnaire, il avait saisi l’amplitude des événements qui rejoignit le groupe par la suite. 256 150 ans d’appareils photo camera_chap14.qxp 22/07/10 11:49 Page 257 Dorothea Lange (États-Unis, 1895–1965), Mère migrante, Nipomo, Californie, 1936. Tirage argentique. Don de Robert Doherty. Collections de la George Eastman House. Sous la direction de Stryker, Lange, Evans, Rothstein, Lee enfants miséreux serrés les uns contre les autres, le regard vide et d’autres sillonnèrent le pays et photographièrent des affamés dans une embrasure de porte. Leurs photos, toutes réalisées dans les files d’attente pour la soupe populaire, des fermiers aux avec des financements publics, constituent l’un des plus impor- terres ravagées par la sécheresse et l’érosion, des parents et des tants projets de photographie documentaire du XXe siècle. Dépression et guerre 257 camera_chap14.qxp 22/07/10 11:49 Page 258 Appareil Eastman Gun Vers 1915 Eastman Kodak Company, Rochester (États-Unis). Don de l’Eastman Kodak Company. 1994:1486:0001. Conçu par John A. Robertson, l’Eastman Gun a été fabriqué de 1915 à 1920 par l’Eastman Kodak Company de Rochester. Cet appareil était en fait une « mitrailleuse photographique » utilisée pour l’entraînement au tir, qui prenait des photos, mais ne tirait aucune munition. Avant cette invention, les aviateurs s’entraînaient à balles réelles sur des cerfs-volants, des banderoles ou des ballons remorqués par d’autres avions, ce qui mettait en danger les pilotes et les appareils. L’appareil, dont le maniement et le poids étaient comparables à ceux du fusil-mitrailleur Lewis, utilisé en combat aérien, permettait un entraînement sans dégâts collatéraux. Il prenait des clichés de 4,5 cm x 6 cm sur film N° 120, sur lesquels apparaissait en surimpression un réticule en croix indiquant l’endroit de l’impact (présumé) de la balle. En fait, ce dispositif était l’ancêtre des simulateurs de tir sur ordinateur. Photographe inconnu, Image de démonstration réalisée par un appareil Eastman Gun, vers 1914. Collection technologique de la George Eastman House. ማሜምሞ Appareils militaires Lorsque survint la seconde guerre mondiale, l’orientation de toutes les ressources et compétences vers l’effort de guerre OUR AIDER LES MITRAILLEURS À S’ENTRAÎNER au tir en suspendit la mise au point d’appareils photo pour le grand Pcombat aérien, mais sans risquer des vies humaines, public. En revanche, les missions de renseignement entraînè- Kodak et les constructeurs britanniques de matériel photo rent une amélioration des émulsions, et la fabrication Thornton Pickard ont construit en commun une d’appareils photo spécialisés. La photographie aérienne avait « mitrailleuse photographique », semblable par sa taille et fait ses preuves lors de la première guerre mondiale et devint son maniement au fusil-mitrailleur utilisé à bord des avions l’une des ressources les plus importantes pour les respon- de la première guerre mondiale. Les photos rendaient sables de la stratégie et de la planification des opérations compte de la précision du tir du mitrailleur. durant la seconde guerre mondiale. 258 150 ans d’appareils photo camera_chap14.qxp 22/07/10 11:50 Page 259 Appareil Williamson Aeroplane Vers 1915 Williamson Manufacturing Company Ltd., Londres. Don de l’Eastman Kodak Company. 1992:0140:0001. Conçu pour la reconnaissance aérienne vers 1915, l’appareil Williamson Aeroplane produisait des clichés 4 x 5 pouces sur film en rouleau, en vue par vue ou en rafale. L’obturateur, en tissu, proposait le 1/ 25 s, le 1/50 s et le 1/100 s et devait être réglé manuellement lors du chargement du film. L’énergie nécessaire à l’avancement du film et à l’armement de l’obturateur était fournie par l’hélice en aluminium placée à l’avant de l’appareil. Les écrous à ailettes située sur le dessus servaient à fixer l’appareil à l’avion. L’Office of Strategic Services (OSS), ancêtre de la CIA, ment muni d’un pied et d’une bonnette pour la copie de demanda à Kodak de fabriquer un minuscule appareil-espion documents. Kodak fournit environ un millier d’appareils de afin que ses agents en Europe occupée puissent photogra- ce type en 1944-1945. phier les plans de guerre de l’ennemi et des installations Pendant la seconde guerre mondiale, l’Armée avait besoin militaires. C’est ainsi que Kodak mit au point dans le plus d’appareils photo, mais les modèles courants supportaient grand secret la Camera X, connue comme l’appareil Eastman difficilement les conditions difficiles des combats. En 1942, Matchbox. Ses dimensions lui permettaient de tenir à l’inté- la Folmer Graflex Corporation de Rochester fabriqua la rieur d’une boîte d’allumettes européennes normale, son Combat Graphic 45, destinée aux forces armées américaines. objectif étant placé sur le côté. L’appareil produisait une tren- Cet appareil en bois, au format 4 x 5 pouces, fut par la suite taine de photos carrées de 12,7 mm de côté sur film 16 mm proposé en quantité limitée à quelques civils privilégiés fin conditionné en cassettes spéciales. Le Matchbox était égale- 1944 sous le nom de Graphic 45. Dépression et guerre 259 camera_chap14.qxp 22/07/10 11:50 Page 260 Appareil Eastman Matchbox Vers 1945 Eastman Kodak Company, Rochester (États-Unis). Don de l’Eastman Kodak Company. 2001:0636:0002. En raison de sa petite taille, on pouvait insérer cet appareil dans une boîte d’allumettes européenne à la place du tiroir, d’où son nom de « Matchbox ». L’objectif était placé sur le côté. Ce véritable appareil- espion avait été conçu par Kodak à la demande de l’Office of Strategic Services (OSS), ancêtre de la CIA, qui était alors à la recherche d’un petit appareil photo destiné aux agents américains et aux membres de la Résistance en Europe occupée. Ce projet top secret permit de livrer 500 appareils début 1944 puis 500 autres en 1945. L’appareil produisait une trentaine de photos carrées de 12,7 mm de côté sur film 16 mm conditionné en cassettes spéciales. Le Matchbox était également muni d’un pied et d’une bonnette pour la copie de documents. L’appareil a fait l’objet d’un dépôt de brevet en février 1945, mais sa production s’arrêta quelques mois plus tard, à la fin de la guerre. Leica Reporter, Modèle GG Vers 1936 Ernst Leitz GmbH, Wetzlar (Allemagne). 1974:0037:2926. De nombreux travaux photo voient leur exécution facilitée par l’emploi de rouleaux de films plus longs que les 24 ou 36 poses habituels, en particulier ceux nécessitant la prise de vues en succession rapide, lorsque le temps nécessaire au rembobinage et au chargement d’un nouveau film risque de faire rater des photos importantes. Le Leica 250, ou Leica Reporter, avait été conçu pour recevoir des cassettes spéciales contenant une dizaine de mètres de film 35 mm, soit une autonomie de 250 photos. La cassette émettrice et la cassette réceptrice étaient identiques, ce qui évitait d’avoir à rembobiner le film. C’était un avantage précieux pour les photographes de rues, les reporters photographes, en photographie aérienne et pour les studios de cinéma. L’appareil existait en deux versions. Le Modèle FF, noir, avec boutons nickelés, était construit sur une base de Leica III (ou Leica F). Fabriqué à partir de 1934, il montait jusqu’au 1/500 s et coûtait 178,50 $ boîtier seul, 228 $ avec un objectif 50 mm Elmar. Le modèle GG, noir, avec boutons chromés, était construit sur une base de Leica IIIa (ou Leica G). Fabriqué à partir de 1936, son obturateur offrait le 1/1000 s. Outre quelques modèles chromés (destinés au marché américain), une version du GG était dotée d’un moteur électrique spécial Leica. Cette version était montée sous l’aile des chasseurs-bombardiers Stuka afin d’enregistrer le résultat de leurs opérations pendant la seconde guerre mondiale. Le modèle présenté ci-dessus est un modèle GG, numéro de série 353619, fabriqué en 1942 ou 1943. 260 150 ans d’appareils photo camera_chap14.qxp 22/07/10 11:50 Page 261 Robot, modèle Luftwaffe Vers 1940 Otto Berning & Company, Düsseldorf (Allemagne).
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