L'homme Des Services Secrets Des Mêmes Auteurs

L'homme Des Services Secrets Des Mêmes Auteurs

L'HOMME DES SERVICES SECRETS DES MÊMES AUTEURS PAUL PAILLOLE Services spéciaux - 1935-1945, Robert Laffont, 1975. Notre espion chez Hitler, Robert Laffont, 1985. Dictionnaire de la Deuxième Guerre mondiale (en collaboration), Larousse, 1979. ALAIN-GILLES MINELLA Le Soldat méconnu, entretiens avec le général Massu, coll. Trajectoire, éditions Marne, 1993. Le Rebelle discipliné, entretiens avec le père Riquet, coll. Trajectoire, éditions Marne, 1993. La Chanson en colère, entretiens avec Pierre Delanoë, coll. Trajectoire, éditions Marne, 1993. PAUL PAILLOLE L'HOMME DES SERVICES SECRETS entretiens avec Alain-Gilles Minella PRÉFACE DE L'AMIRAL PIERRE LACOSTE ÉDITIONS JULLIARD 20, rue des Grands-Augustins 75006 Paris Les auteurs remercient Stéphane Simonnet pour son aide précieuse et enthousiaste à la transcription des entretiens et à la rédaction des notes. @ Éditions Julliard, 1995. À Nadine, Catherine, Anne-Marie. À Régine. Préface Le colonel Paillole, parvenu à la quatre-vingt- dixième année d'une vie remarquablement active, est un témoin tout à fait privilégié. Entre 1935 et 1945, pendant les dix années cruciales qui vont de l'avant- guerre à la victoire des Alliés sur l'Allemagne nazie, il n'a cessé de lutter contre le même adversaire. Au sein, puis à la tête des services militaires de contre- espionnage, il a traqué les espions allemands, infiltré les réseaux ennemis, reconstitué les filières détruites, soutenu les résistants et fourni aux armées de la libé- ration des renseignements décisifs. Mais la paix revenue, quans son service a été déman- telé au profit d'une nouvelle structure, amalgame hété- roclite d'aventuriers, de faux et de vrais résistants et de quelques professionnels, il a choisi de quitter l' armée. Commence alors une vie civile qui comportera plusieurs carrières. Industriel, directeur de théâtre, maire de la même commune pendant dix-huit ans, il est aussi le créateur et le responsable d'une association destinée à perpétuer le souvenir de ses compagnons de guerre et à leur rendre justice. Officier de l'armée de terre, le colonel Paillole est un authentique symbole des vertus militaires, mais son image échappe aux stéréotypes habituels. Il est vrai que le service de renseignements, un monde à part dans l'institution militaire, exige de ses officiers une très grande initiative et une liberté de comportement qui ne sont pas habituelles dans les états-majors et dans les régiments. Ici la fonction prime le grade, la fréquenta- tion des milieux et des personnages les plus divers contribue à ouvrir les esprits et à former le jugement. Au sein du S.R., la section du contre-espionnage a un rôle encore plus spécifique. Ses missions sont préven- tives pour surveiller les réseaux d'espions étrangers et protéger les cibles qu'ils cherchent à atteindre. Offen- sives pour infiltrer des agents dans les organisations d'espionnage et d'influence de l'adversaire. Répressi- ves, pour mener des recherches et accumuler les preuves qui permettent de déférer à la justice les espions et les traîtres. Le renseignement est une guerre dans la guerre, et sa matière première est l'information. L'information documentaire, celle qui procure la connaissance intime des hommes, de l'organisation, des méthodes et des agents de l'ennemi, résulte de longues recherches et de patientes investigations. C'est la base du travail du contre-espionnage et les archives en sont la mémoire. Les tribulations des archives du S.R. français pendant la débâcle de 1940, leur camouflage en zone libre et l'expédition de leur double en Afrique du Nord avant l'occupation totale du territoire en novembre 1942 ont permis au service de reprendre efficacement ses acti- vités à partir d'Alger. Dans cette guerre-là, comme dans les forces combat- tantes, il faut assurer des liaisons, mener des opéra- tions, agir et réagir en temps réel aux initiatives de l'adversaire ; autrement dit traiter l'information opéra- tionnelle. Il y a cinquante ans on ne disposait pas encore de satellites ni de moyens informatiques, mais les mêmes problèmes tactiques se posaient et on se livrait déjà à une forme de « guerre électronique ». Le S.R. savait dès 1934 que Goering supervisait le Fors- chungsamt, cet immense réseau d'écoutes télépho- niques et d'interceptions radio qui a permis à Hitler de neutraliser ses opposants et qui a servi de modèle à l'Abwehr et à la Gestapo, notamment pour lutter contre la Résistance. Et puis, la guerre des ondes, vecteur de la propagande et de l'influence, a largement contribué à endormir les démocraties. Un des plus grands mérites de ce livre est d'insister sur l'exploitation des renseignements, problème majeur qui correspond à celui de la relation entre le décideur et ses services. Staline avait reçu de nom- breux avertissements sur l'imminence de l'attaque allemande de juin 1941, notamment de Richard Sorge, son agent à Tokyo ; sa méfiance et sa vanité étaient telles qu'il a refusé d'y croire. Par contre Churchill, autant par tempérament qu'en raison de son expé- rience de la guerre, a très bien compris la valeur exceptionnelle de certaines sources et s'est investi per- sonnellement dans les opérations stratégiques de camouflage et de déception. Pendant plus de vingt ans les Anglo-Américains ont réussi à protéger d'un secret absolu un sujet qui a été au cœur de leurs « relations spéciales » : le rôle décisif qu'ont joué les interceptions des communications, alle- mandes en Europe, ce qu'on a appelé l'affaire « Enigma », et japonaises dans le Pacifique, l'affaire « Magic ». Nos dirigeants n'ont jamais eu conscience de l'importance de ce facteur, aucun Français n'ayant été associé aux décisions stratégiques et politiques des Alliés dans la conduite de la guerre. C'est à mon avis la principale raison pour laquelle la France a connu un si grand retard dans l'organisation et la mise en œuvre des moyens techniques du renseignement moderne. Et pourtant, à travers la « manipulation » de Hans-Thilo Schmidt, l'homme qui a eu accès aux informations les plus confidentielles de l'armée allemande et du régime nazi, c'est bien le S.R. français qui a été à l'origine du décryptement d'Enigma. Sans le colonel Paillole et ses hommes les Alliés n'auraient pas connu avec une telle précision les plans et les décisions d'Hitler. Ce livre contribuera à rappeler cette vérité à nos compatriotes et aux étrangers qui habituellement la passent sous silence. Déjà avant guerre, le colonel Paillole était reconnu par ses homologues anglais comme un grand profes- sionnel du contre-espionnage. Dès le 1 juillet 1940 il avait camouflé ses services sous l'appellation des « Travaux ruraux » pour conti- nuer à lutter contre l'Abwer et la Gestapo. Jusqu'en novembre 1942 une quarantaine d'agents de l'ennemi, condamnés par les tribunaux militaires français, ont été passés par les armes en zone libre et en Afrique du Nord. Les filières exclusivement françaises mises en place par ses soins à partir d'Alger de 1943 à 1944 pour prendre en main l'administration après la libération de la métropole, ont été reconnues suffisamment crédibles et sérieuses par les alliés pour qu'ils renoncent à leur projet d'AMGOT, l'organisation civilo-militaire qu'ils avaient projeté d'imposer à la France. Et les Anglo-Américains ont eu en lui une telle confiance qu'il fut en 1944 le seul officier français dans le secret de la date et de l'heure du débarquement en Normandie. Néanmoins, en dépit de l'abondance et de la qualité des informations qu'il recueillait sur l'Alle- magne, le colonel Paillole reconnaît qu'il a ignoré jusqu'en 1943 la vérité sur les camps de la mort. Cela peut paraître étonnant, voire invraisemblable. Et mal- gré tout il faut le croire. Les explications qu'il donne démontrent autant la puissance de dissimulation des nazis que l'incapacité, pour les hommes de cette épo- que, d'imaginer l'impensable. C'est aussi une leçon de modestie ; aucun service, fût-il le meilleur, ne pourra jamais prétendre connaître toute la vérité ! Le temps du duel C.I.A.-K.G.B. est passé. Aux États-Unis l'opinion publique, privée d'ennemi, demeure pourtant prisonnière d'une vision mani- chéenne du monde où l'unique superpuissance se doit de défendre, tous azimuts, la suprématie des intérêts américains. La « communauté du renseignement » se cherche d'autres missions, mais les services fédéraux sont en concurrence avec un nombre croissant d'autres organismes agissant au profit d'intérêts privés. Dans la négociation planétaire autour des autoroutes de l'information on voit comment certains grands groupes internationaux cherchent à imposer leurs monopoles. On sait moins qu'en ce qui concerne les systèmes de chiffrement ils vont jusqu'à mettre en cause la souveraineté des États. En France on a compris que dans un monde incer- tain, où les dangers sont multiples et peuvent surgir à l'improviste, il faut renforcer les moyens de vigilance et développer les stratégies de prévention. Le contre- espionnage doit désormais s'occuper de nouveaux adversaires : les réseaux internationaux de fanatiques religieux, de criminels, de terroristes, de trafiquants et de mafieux. Au temps du colonel Paillole, l'ennemi était clairement désigné ; dans le cadre d'une guerre déclarée c'était, si j'ose dire, plus simple... Aujourd'hui il faut s'adapter, s'associer à d'autres services, la police, la douane ou la gendarmerie, et agir à la fois au-dedans et au-dehors des frontières en coopérant à l'occasion avec des homologues étrangers. La compétition économique est de plus en plus agressive. Les peuples de vieille culture marchande, britannique, allemand, suédois ou japonais, disposent depuis longtemps de réseaux intégrés, très performants, qui fournissent aux décideurs les « informations uti- les » à la conquête des marchés.

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