Des Trains Aux Couleurs Du « Midi »

Des Trains Aux Couleurs Du « Midi »

PATRIMOINE Des trains aux couleurs du « Midi » FERROVIAIRE Jusqu’en 1934, Toulouse fut le centre d’un réseau bien particulier, la « Compagnie des Che- mins de fer du Midi ». Un réseau modeste mais qui avait su tenir son rang en construisant d’audacieuses lignes pyrénéennes et en choisissant, avant les autres, l’électrifi cation. Ci-dessous, la nouvelle 'était la plus petite des AINSI DE L'ÉLECTRIFICATION obtiennent que ce soit en « cou- gare Matabiau, rebâtie compagnies ferroviaires, des voies et de la traction élec- rant continu à haute tension de entre 1903 et 1905. la seule qui n'avait pas de trique. La Compagnie du Midi fut 1 500 volts », pas du tout l'« alternatif Les blasons des villes C desservies par ligne vers la capitale ni de gare la première à faire ce choix, tout monophasé 12 000 volts 16 2 / 3 Hz » la Compagnie décorent dans Paris. Elle avait de bien simplement parce qu'à la diffé- déjà en usage sur la moitié des la façade. beaux « débarcadères » comme rence des autres compagnies, elle lignes de la compagnie. D'où une À droite 1 (sud Méditerranée) : notre gare Matabiau, totalement avait peu de gisements de charbon coûteuse reconversion qui n'amé- Toulouse*, Lodève, reconstruite en 1905 ou la gare sur son territoire et beaucoup de liorera pas les affaires dans des Albi, Carcassonne, Saint-Jean à Bordeaux et sa ma- montagnes où construire barrages années 20 où l'État pousse aussi la Béziers, Sète, gnifi que verrière Eiffel, mais son et conduites forcées. Dès 1909, un compagnie à construire à grands Perpignan, Montpellier, Rodez, Castelnaudary, réseau était modeste : une grande vaste plan est décidé pour électri- frais la ligne du Somport (Pau-Can- Narbonne, Mende et Foix. ligne de Bordeaux à Sète en pas- fi er toutes les lignes pyrénéennes et franc) qui, ouverte en 1928, ne rap- À gauche 2 (nord sant par Toulouse, deux lignes l'on commence à construire ces im- portera pas un sou. 0céan) : Bordeaux, Pau*, Agen*, Dax, Castres, vers l'Espagne par Perpignan et posantes centrales à toits d'ardoise Saint-Gaudens, Auch*, Bayonne plus quelques autres qui vont fournir un courant bon À LA TÊTE DES TRAVAUX pendant Mont-de-Marsan, Saint- dans les Pyrénées et le Massif marché aux lignes de la compagnie, toutes ces années, un ingénieur qui Girons, Montauban, central. C'était une petite com- mais bientôt aussi aux usines qui se marquera son époque et sa compa- Bayonne et Tarbes. Bédarieux* et Castres* pagnie mais elle avait un bien joli créent à cette occasion et aux parti- gnie : Jean-Raoul Paul. Ce Bordelais se retrouvèrent à gauche nom : la Compagnie des Chemins culiers de la région. Des efforts bien grand amateur de montagne est de faute de place à droite. de fer du Midi ou « Compagnie du mal récompensés : lorsque l'État dé- tous les chantiers et célèbre pour Midi ». Et comme elle était mo- cide un plan national d'électrifi ca- son train « directorial », poussé par * Représenté en haut de page. deste, loin de Paris et près de ses tion en 1920, le Paris-Orléans et le l'arrière, et dont la voiture-salon est sous, elle eut parfois des idées en Paris-Lyon-Méditerranée (PLM), spécialement équipée de fenêtres avance sur son temps, juste pour (les deux compagnies tradition- panoramiques à l'avant pour ne payer moins cher. nellement hostiles au « Midi »), rien manquer du paysage. L'œil à 2 1 6 7 8 9 7 6 5 4 3 tout, Paul est connu pour son souci liers, à moteur diesel et en alumi- fusion de 1937 au sein de la SNCF. Le quartier Matabiau du détail : lors d'une visite au chan- nium, que l'on surnommera en son Car, comme dans les autres socié- après la construction de la nouvelle gare tier de la ligne du Somport, il sort honneur les « paulines ». tés fondées par les frères Pereire, vers 1920. À l’arrivée une branche d'olivier et déclare les salariés de la compagnie avaient du chemin de fer, seuls péremptoirement à l'un des ingé- DANS L'ÉQUIPE DE PAUL, un toujours été traités un peu mieux le faubourg Matabiau nieurs : « Veillez à la peinture des autre ingénieur exceptionnel, l'al- que la moyenne avec caisses de re- et les allées Lafayette (Jean-Jaurès) étaient supports de caténaire pour obte- sacien Albert Herdner qui élèvera traite et maladie. Le « Midi » s'était urbanisés. Cinquante nir la couleur exacte de ces feuilles la tradition maison de bricolage déjà fait remarquer dès sa création ans plus tard, la gare d'olivier. J'y veillerai personnelle- « hardi » au rang de grand art. Vou- pour avoir, le premier, fait circu- est enserrée dans la ville. L’usine à gaz de ment. » Son dernier chantier, au lant résoudre le « problème de Mon- ler des wagons de troisième classe la rue du Moulin-Bayard début des années 30, sera la mise tréjeau » (comment passer d'une « avec toit et vitres »… L'été 1936, a laissé la place aux rue au point d'autorails assez particu- section facile à une section à forte les cheminots du « Midi » se font eux du Gaz 3 , Bonrepos 4 pente), il transforme une locomo- remarquer à Canfranc lors d'un in- et Denfert-Rochereau 5 . Les tramways tive venue du Grand Duché de Bade cident avec les nationalistes espa- sont venus irriguer en la fameuse « ten wheels » qui de- gnols et obligent la compagnie à le quartier 6 et un pont viendra l'un des standards français fermer la ligne. Furieux, les fran- a été construit sur et européens des locomotives à va- quistes font murer le tunnel du l’écluse Bayard 7 pour faciliter l'accès à peur. Seul le PLM refusera obstiné- Somport. Lorsque la ligne rouvrira la gare. Les installations ment de l'utiliser… début 1940, il n'y aura plus de Com- ont grandi avec pagnie des Chemins de fer du Midi. un nouveau pont tournant 8 d'accès au dépot 9 . MAIS AU DÉBUT DES ANNÉES 30, la crise économique pousse à ou- À lire: « Les Chemins de Fer du Midi », blier les vieilles rancœurs : le Pa- Jean-Pierre Vergez-Larrouy, La ris-Orléans négocie sa fusion Régordane-La Vie du Rail, 1995 opérationnelle avec la Compagnie Texte : Jean de Saint Blanquat du Midi, effective en 1934 et qui Illustrations : Jean-François Binet, Jean-François Péneau. fait baisser les salaires des chemi- nots du « Midi », obligés de s'aligner sur ceux du « PO » avant la grande AVRIL 2011 à Toulouse 61.

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