LE COCHON NOIR Texte et mise en scène Roger Planchon LE CRIME Théâtre National de la Colline 15, rue Malte-Brun 75020 Paris DU XXIe SIÈCLE Location 01 44 62 52 52 Edward Bond Grand Théâtre du 17 novembre au 15 décembre 2000 du mercredi au samedi 20h30 Texte français mardi 19h30 Michel Vittoz dimanche 15h30 - relâche lundi Théâtre National de la Colline Les mardis de la Colline 15, rue Malte-Brun 75020 Paris les mardis à 19h30 - tarif unique 110 F Location 01 44 62 52 52 mardi 5 décembre 2000 - débat Le spectacle a été créé au Théâtre National Populaire-Villeurbanne en mai 2000 Grand Théâtre Production du 9 janvier au 9 février 2001 Théâtre National Populaire-Villeurbanne. du mercredi au samedi 20h30 mardi 19h30 Avec le soutien du Conseil Général du Rhône. dimanche 15h30 – relâche lundi Les mardis de la Colline Les mardis à 19h30 – tarif unique 110 F Production Théâtre National de la Colline Presse Nathalie Godard Le texte français paraîtra à l’Arche Editeur en janvier 2001 Tél 01 44 62 52 25 Fax 01 44 62 52 91 Presse Nathalie Godard Tél 01 44 62 52 25 Fax 01 44 62 52 91 1 1 Décor et costumes Luciano Damiani Réalisation des costumes Sibylla Ulsamer Conseil artistique Lumière Myriam Desrumeaux André Diot Décor Musique Jacques Gabel Jean-Pierre Fouquey Costumes Son Patrice Cauchetier Stéphane Planchon Lumière Coiffures et maquillages Joël Hourbeigt Catia Léonardo Dramaturgie Assistants à la mise en scène Guillaume Levêque Anne Soisson et Jean-Christophe Hembert Conseil chorégraphique Caroline Marcadé avec Anne Alvaro Hoxton Carlo Brandt Grig Eric Caravaca Sweden Cécile Garcia Fogel Grace 2 2 avec Thomas Cousseau Le Curé Colette Dompiétrini La Boiteuse Emmanuel Galliot Le Violoniste Vanessa Guedj Violette Anne Guégan La Bonne Yveline Hamon Madame Victorine Sébastien Lebouc Rank Clara Pirali Eulalie Roger Planchon Le Solitaire Roger Souza Gédéon Elisabeth Vitali La Veuve et Ramon Bertrand Anne Biscarrat Une saga nordique décrit la durée d’une vie humaine Fabienne Chambon comme le passage vif d’une hirondelle qui entre dans le Catherine Charrier grand hall par une fenêtre et ressort par la fenêtre de l’autre Paul Courat côté. Imaginez que les êtres humains se soient détruits et Frédéric Domet Raymond Fraisse qu’un jour, une hirondelle trouve un bout de chiffon Joëlle Gitchenko autrefois tissé par des mains humaines, qu’elle s’envole en le Claudie Grossmann tenant dans son bec pour qu’il serve à la construction de son Jean-Christophe Hembert Elise Le Stume nid –et que devant cela toute la création frémisse. Les poètes Claire Maxime ne peuvent pas raconter cette histoire. Le vestige de chiffon Patrick Séguillon est devenu possible et nous avons déjà fait frémir la création John Smith avec nos bombes. Nous devrions avoir peur du futur – nous y sommes déjà allés. Edward Bond 3 3 J’ai vu, petit garçon, un sorcier de village ouvrir un lapin vivant et l’appliquer, encore Le Crime du XXIe Siècle est la dernière 1 pièce d’Edward chaud, sur la poitrine d’un malade. Le curé s’acharnait à discréditer ces pratiques Bond. Elle forme un diptyque avec Café créé au Théâtre mais les pouvoirs secrets du rebouteux étaient redoutés. L’utilité du curé, pour dire la messe, confesser, marier, donner l’extrême-onction, n’était pas discutée par le National de la Colline la saison dernière. village mais, pour retirer la fièvre d’un malade, rien ne valait un lapin. Entre curé et sorcier, la guerre faisait rage. J’ai découvert, sur un petit coin de terre, la Dans Café Edward Bond montrait comment nous devions manipulation des esprits. Et l’âpreté du combat politique. La manipulation des faire face à l’histoire du XXe siècle. Au centre, il voyait la esprits dans la lutte pour le pouvoir est le tissu de nos vies. Je l’ai appris, petit garçon. Shoah et, à travers sa pièce, il exigeait avec la force qu’on lui J’ai connu, aimé ces paysans, ces jeunes mariés, ces curés, ces sorciers… qui nourrissent Le Cochon noir . J’ai couru sur leurs collines. connaît, qu’on ne regarde pas seulement du côté des L’action de cette pièce populaire se situe pendant une semaine sanglante de l’Histoire victimes mais également du côté des bourreaux. Dans Café , de France. Du massacre des Communards ne parvient qu’un faible écho. Paris est le visage des bourreaux affiche une terrible ignorance, une loin. À l’aube du XXI e siècle, aux quatre coins de la planète, les semaines sanglantes terrible cécité sur ce que veut dire “ être humain ” mais ils ne succèdent aux semaines sanglantes. Dans le village planétaire, les luttes pour le sont pas à l’abri de la tragédie, quand ils dorment, il leur pouvoir sont âpres. L’utilisation des idéologies, des religions, de la morale pour la arrive encore de rêver. La pièce est violente parce que c’est manipulation des esprits est générale. Nos vies et nos amours s’insèrent comme ils peuvent dans les maigres espaces qui restent. notre ignorance, notre cécité que Bond montre sur le visage des bourreaux. Roger Planchon, 1999 Le Crime du XXIe Siècle va au bout de la logique qui conduit au refus ou à l’impossibilité de reconnaître ce que veut dire “ être humain ”. L’ignorance et la cécité qui, dans Café , appartiennent encore à l’ordre symbolique, à quelque chose qu’il est encore possible de faire reconnaître dans une histoire qui se raconte, deviennent dans le Le Crime du XXIe Siècle des faits auxquels on ne peut plus échapper. Il est trop tard - la pièce se déroule en 2077 - les bourreaux n’ont plus de visage. On ne les voit jamais, mais on sait qu’ils papotent comme des petites machines et torturent dans la plus grande indifférence. Ils n’ont plus ni rires ni cris pour se défendre de ce qu’ils font, ni non plus, le moindre rêve. La pièce met en scène quatre personnages : un homme et une femme d’âge mûr, un jeune homme et une jeune fille. On retrouve déplacée, redistribuée, la structure familiale “ archaïque ” de Café ou des Pièces de guerre mais elle est ici comme le “ dernier carré ” de l’humanité, ce qui en reste. Ils ne sont pas en très bon état, mais ils sont encore là, prêts à se 4 4 Une noce paysanne au temps des cerises croiser dans un espace qui semble encore oublié ou négligé par l’autorité. Par les collines, le promis s’en vient. Les violoneux marchent en tête du cortège. Un beau mariage : Violette, une héritière bien dotée, et un fils de propriétaire. Mais où est l’idylle en ce mois de mai 1871 ? Pour en parler Edward Bond écrit : “ De bien des façons, Le fiancé a été blessé et la France a perdu la guerre. Les Versaillais marchent sur c’est le monde des Pièces de guerre et de Café - mais, Paris, c’est la Semaine Sanglante. Dans la province, au village, le Solitaire, un ermite, dispute au curé moribond le pouvoir sur les esprits et les âmes avides de surnaturel. “ distillé ” réduit à l’essentiel. Je crois qu’il y a dedans Le matin de ses noces, la mariée a été violée. Ou possédée ? quelque chose en plus - quoi ? Peut-être que je peux le dire Est-ce Gédéon, ce vagabond, qui l’a violée pour venger sa fille, délaissée par son de cette façon : Hamlet est une pièce philosophique, Hamlet promis ? Ou est-ce le Diable qui l’a chevauchée, tandis qu’au cimetière elle priait sur la tombe de son père ? Faut-il aller quérir les gendarmes ? Ou s’en remettre au essaie de comprendre la nature de la justice, il raisonne. Lear « Saint Homme » qui lit les signes et conjure les démons ? est une pièce existentielle. On ne peut pas imaginer Lear Les gendarmes sont au loin, à la ville. Le Solitaire est là, au cœur du village. avec un livre à la main. Hamlet essaie de comprendre L’exorcisme aura lieu. pourquoi les choses sont comme elles sont - et dit : “ Il y a Après des noces sanglantes entre une jeune vierge et un mort, tout rentre dans l’ordre, à Paris comme dans les campagnes. Là-bas, comme ici, les plus démunis plus de choses sur la terre et dans le ciel que rêvées par toute sont perdu la partie. votre philosophie ” - rêvées pas élaborées, pensées. Ces choses- Mais Le Cochon noir est aussi une farce. Une farce paysanne. « Qu’est-ce que c’est là sont le propos de Lear. Hamlet ne peut pas parler que cette planète ? Du malheur, du malheur… et des bulles de bonheur un peu partout ! » philosophie avec un fantôme – Lear parlerait philosophie avec un fantôme ou avec un fou. Le propos de Lear porte sur La première version du Cochon noir a été créée en 1973. Roger Blin, à qui Roger les expériences extrêmes de l’homme – Lear meurt avec un Planchon a dédié cette pièce, jouait « Le Solitaire », et Jean Bouise « Gédéon ». Le Cochon noir a reçu le Prix Ibsen 1974. cadavre dans les bras (Cordélia). Sweden (le personnage central du Crime du XXIe Siècle ) est un Lear qui a l’âge d’Hamlet – un jeune homme. Son voyage existentiel n’est pas seulement physique (les mutilations évidentes) pas seulement psychologique (un aveugle danse avec une morte sous l’œil de l’homme qui va le trahir tandis qu’il va tuer la folle qui l’écoute) mais plus – c’est une sorte de méditation active sur ce que c’est “ être humain ”.
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