Le Conseil Du Roi, De Louis XII À La Révolution

Le Conseil Du Roi, De Louis XII À La Révolution

LE CONSEIL DU ROI DE LOUIS XII A LA RÉVOLUTION ONT PARTICIPÉ A L'ÉLABORATION DE CE LIVRE DANS LE SÉMINAIRE DE RECHERCHES DU PR ROLAND MOUSNIER AU CENTRE DE RECHERCHES SUR LA CIVILISATION DE L'EUROPE MODERNE, EN SORBONNE M. ANTOINE (Conseil au xvme siècle). M. BÉRANGER (Conseil en 1665 et en 1694 : Colbert de Croissy). M. BERCE (Offices en 1515 : Artus Gouffier, sieur de Boisy). M. BOURGEON (Offices en 1515, en 1714, en 1716 : Balthasar Phély- peaux, marquis de Châteauneuf). M. COUTURIER (Conseil en 1758 et en 1789). M. DUBE (Offices en 1515). M. DURAND (Philippe Hurault de Cheverny). Mlle FOISIL (Offices en 1665 : Guillaume Budé). M. HEURTEBISE (Offices en 1515 : Charles-Étienne Maignart de Ber- nières). Mme JOUANNA (André Guillart). M. LABATUT (Conseil en 1658 et en 1663 : Boucherat). M. MOUSNIER (Questionnaires, organisation et direction de la recher- che. Offices en 1515, en 1665 : maître des requêtes de 1661 à 1677, de 1688 à 1704. Composition du livre). M. PILLORGET (Conseil en 1773, en 1777 : Pussort). Mlle POSTEL (Conseil sous François IER). M. ROTH (Conseil en 1694-1695 : Torcy). Mlle SAIVE (Maître des requêtes sous François IER). PUBLICATIONS DE LA FACULTÉ DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES DE PARIS-SORBONNE Série « Recherches », tome 56 TRAVAUX DU CENTRE DE RECHERCHES SUR LA CIVILISATION DE L'EUROPE MODERNE Fascicule 6 ROLAND MOUSNIER , et ses collaborateurs LE CONSEIL DU ROI DE LOUIS XII A LA RÉVOLUTION.". PRESSES UNIVERSITAIRES DE FRANCE 108, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, PARIS .. > 1970 Dépôt légal. — lre édition : 1er trimestre 1970 Tous droits de traduction, de reproduction et d'adaptation réservés pour tous pays (Ç) 1970, Presses Universitaires de France RECHERCHES SUR LA COMPOSITION SOCIALE DU CONSEIL DU ROI de Louis XH à la Révolution INTRODUCTION LE CONSEIL DU ROI Le Conseil d'État est le grand instrument du roi pour gouverner son royaume. Il participe donc de l'omniscience et de l'omnipotence du souverain qui concentre en sa personne tous les pouvoirs que nous avons pris l'habitude de distinguer, le législatif, l'exécutif et le judiciaire. En principe, il y a un seul conseil, dont le roi choisit les membres à son gré, et qui n'est et n'agit qu'avec la personne du roi, car il constitue « l'organe au sein duquel le roi éclaire son action et déclare sa volonté ». « Dans tous les temps, nos Rois ont appelé auprès d'eux des personnes choisies, pour les consulter sur les affaires qui intéressaient l'ordre et l'administration de leur Etat... C'est de là que l'on a donné le nom de Conseil d'État à l'assemblée où ces personnes assistent... Mais la diversité et l'importance de ces matières et le grand nombre des affaires qui se sont multipliées... ont donné lieu de partager le travail en plusieurs départements et de fixer des jours différents où le Roi se fait rendre compte de chacune de ces matières en présence de son Conseil... Il n'y a donc qu'un seul Conseil en France... mais le Roi y appelle plus ou moins de personnes »1. En fait, il faut distinguer tout le long de la période considérée ici deux sortes de conseils royaux et deux espèces de conseillers du roi. D'une part, il y a un ou des conseils de gouvernement ; d'autre part, des conseils de justice et d'administration. Des seconds font partie des conseillers d'État en titre et des maîtres des requêtes, qui participent aussi, en petit nombre, et à des moments déterminés, pour rapporter des affaires par exemple, aux conseils de gouvernement. Dans les premiers siègent des favoris et des fidèles du roi, ducs, maréchaux de France, cardinaux, des membres de la famille du roi, princes du sang, reine mère à l'occasion, et selon les occurrences, des ministres, le chancelier de France, les secrétaires 1. TOLOZAN, Règlement du conseil, précédé de l'explication des différents articles compris dans chacun des chapitres, Paris, 1786, in-4°, p. 1 et 2. d'État, le surintendant ou le contrôleur général des Finances. A chaque changement un peu brusque de la politique royale, la plus grande partie du personnel des conseils de gouvernement changeait. Le personnel des conseils de justice et d'administration était beaucoup plus stable. Les nombreuses études qui existent sur le Conseil du Roi1 dispensent d'allonger cette introduction. Peut-être est-il cependant utile de rappeler très sommairement les différentes séances du conseil. Leur nombre ne cessa d'augmenter, selon une tendance constante à une division du travail croissante. Au début du règne de François Ier, le Grand Conseil ayant achevé de se détacher du Conseil du Roi pour devenir un corps judiciaire, il existait deux conseils principaux : un petit conseil de gouvernement, composé de ceux que le roi voulait bien convoquer pour chaque séance, et qui était chargé des affaires les plus importantes, de quelque nature qu'elles fussent, mais pourvu qu'elles pussent avoir une conséquence politique. C'est le « Conseil étroit », « Conseil secret », « Conseil des Affaires », qui persiste sous les règnes suivants. Mais il existe un second conseil, pour les affaires de routine administrative et pour les affaires judiciaires 1. Léon Aucoc, Le Conseil d'Élal avant el depuis 1789, ses transformations, ses travaux el son personnel, Paris, 1876, in-8°. — Noël VALOIS, Élude historique sur le Conseil du Roi, introduction à l'invenlaire des arrêls du Conseil d'État (règne de Henri IV), Paris, 1886, in-4°, t. I. — Noël VALOIS, Le Conseil du Roi aux XIVe, XVe, XV le siècles, Paris, 1888, in-8°. — Arthur de BOISLISLE, Les Conseils du Roi sous Louis XIV, appendices aux Mémoires de Saint-Simon, t. IV, V, VI, VII (1884-1890). — G. DESJARDINS, Le fonds du Conseil d'État de l'Ancien Régime, aux Archives natio- nales, Bibliothèque de l'École des Chartes, LIX, 1898, p. 5-55. — G. PAGES, Le Conseil du Roi sous Louis XIII, dans Études sur l'histoire administrative et sociale de l'Ancien Régime, publiées par la Société d'Histoire moderne, Paris, 1938, in-8°. — E. ESMONIN, Les arrêts du Conseil sous l'Ancien Régime, Bullelin de la Société d'His- toire moderne, 1935, p. 13 et suiv. — T. SAUVEL, Ce que le Conseil d'État doit au passé, Revue historique de droit français, 1950, p. 426 et suiv. — Roland MOUSNIER, Sully et le Conseil d'État et des Finances. La lutte entre Bellièvre et Sully, Revue historique, CXCII, 1941, p. 68-85. — Roland MOUSNIER, Les règlements du Conseil du Roi sous Louis XIII, Annuaire- Bulletin de la Sociélé de l'Hisloire de France, années 1946-1947, p. 93-211. — Roland MOUSNIER, Le Conseil du Roi de la mort de Henri IV au gouvernement personnel de Louis XIV, dans Études d'histoire moderne et contemporaine, publiées par la Société d'Histoire moderne, I, Paris, 1947, in-8°, p. 29-67. — Roland MOUSNIER, Lettres et mémoires adressés au chancelier Séguier (1633-1649), t. I, p. 7-183. Publications de la Faculté des Lettres et Sciences humaines de Paris, série « Textes et documents », t. VI, Travaux du Centre de Recherches sur la Civilisation de l'Europe moderne, fasc. 2, 1964. — Michel ANTOINE, Le Conseil des Dépêches sous le règne de Louis XV, Bibliothèque de l'École des Chartes, CXI, 1953, p. 158-208; CXII, 1954, p. 126-181. — Michel ANTOINE, Le fonds du Conseil d'État du roi, aux Archives nationales, Paris, Imprimerie Nationale, 1955, in-8°, 96 p., 12 pl. — Michel ÁNTOINE, Les Conseils de Finances sous le règne de Louis XV, Revue d'histoire moderne el contemporaine, 1958, p. 161-200. — A. OUTREY, Un épisode mal connu de l'histoire des Archives nationales, Revue histo- rique de droit français, XXXVI, 1958, p. 530-554. — Mme BOULET-SAUTEL, Recherches sur l'expédition du contentieux administratif devant le Conseil du Roi à la fin de l'Ancien Régime, « Études et documents », fasc. 19 (1965-1966). entre particuliers, où rapportent des maîtres des requêtes, des conseillers d'État, et où se trouvent le chancelier et les secrétaires d'État. Souvent le Conseil des Affaires se tenait d'abord pour les affaires d'État, puis les robins étaient introduits et le conseil se poursuivait pour les particuliers. C'était le « Conseil privé » ou « Conseil des Parties », dont le rôle ne cessa de croître. Depuis 1563 jusqu'en 1574, le conseil avec les mêmes membres qu'au Conseil des Affaires, mais renforcés de secrétaires d'État, du trésorier de l'Épargne, d'un secrétaire des Finances, de deux intendants des Finances et de maîtres des requêtes, tenait une séance par semaine consacrée aux finances, comme Conseil des Finances. Ce conseil passa ensuite par bien des vicissitudes, tantôt supprimé et ses attributions allant au conseil privé, tantôt rétabli. Sous Henri IV se précisa la distinction entre Conseil des Affaires consacré à la politique générale, Conseil d'État et des Finances, pour l'administration du royaume, des affaires de finances et du contentieux ; Conseil des Finances pour créer les ressources et ordonnancer les dépenses, Conseil privé ou des Parties pour la justice « retenue ». Sous Louis XIII et avant le gouvernement personnel de Louis XIV, le Conseil des Affaires subsista sous les noms de « Conseil des Dépêches », « Conseil étroit », « Conseil secret », « Conseil de Cabinet », « Conseil des Ministres », et, depuis 1643, de « Conseil d'en Haut ». Ses membres portaient le nom de ministres d'État. Ce Conseil comprenait toujours le roi, le Premier Ministre, le chef de la Justice, le chef des Finances, le secrétaire d'État aux Affaires étran- gères, le secrétaire d'État en mois, et un personnel flottant de courtisans, de fidèles, de tous ceux dont le roi voulait l'avis ; en outre, selon les occa- sions, tel conseiller d'État, tel maître des requêtes à qui le roi avait demandé un rapport.

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