Falcao Et Neymar, Purs Produits De La Spéculation - Libération

Falcao Et Neymar, Purs Produits De La Spéculation - Libération

25/07/13 Falcao et Neymar, purs produits de la spéculation - Libération SPORTS Falcao et Neymar, purs produits de la spéculation 1 juin 2013 à 07:56 Radamel Falcao sous le maillot de l'Atletico Madrid, le 27 avril. (Photo Sergio Perez. Reuters) DÉCRYPTAGE Le premier vient de signer à Monaco, le second est annoncé à Barcelone. Au plus grand bonheur de leurs propriétaires. Qui ne sont pas toujours ceux que l'on croit. Par LUCIE BACON Dialogue entre deux spéculateurs. «Moi dans mon portefeuille, j'ai de la dette grecque, des actions Apple et des mines d'uranium au Niger, et toi ?» «Moi, j'ai du footballeur sud-américain.» Discussion fictive mais pas irréaliste à l'heure où le prodige brésilien Neymar est sur le point de rejoindre le Barca et où l'attaquant colombien Radamel Falcao arrive à l’AS Monaco. Deux joueurs qui partagent la particularité de ne pas appartenir entièrement au club qui les vend, mais en partie à des fonds d'investissements. Un système («third-party ownership»), apparu il y a quelques années et qui transforme, de fait, les footballeurs en produit spéculatif. «Lorsqu’un club est en difficulté, comme c’est souvent le cas en Argentine, une des solutions pour payer les salaires est de vendre une parties des droits économiques d’un joueur prometteur à des fonds d’investissement privés. Ces derniers font le pari que le joueur va se révéler et que sa valeur va augmenter», explique Jean-Marc Benammar, consultant en économie spécialisé dans le football et professeur associé à Paris-VIII. Fausses factures et paradis fiscaux Ce système concerne essentiellement des joueurs sud-américains signant en Europe. Ce fut le cas des Argentins Carlos Tevez et Javier Mascherano pour leur transfert du SC Corinthians (Brésil) à West Ham (Angleterre), en 2006. Le règlement de la FIFA interdit normalement qu’un joueur appartienne à une autre partie que les clubs, mais ces derniers font passer le rachat d’une part de leurs joueurs à ces fonds d'investissements pour des facturations de faux services. Les transferts se font toujours d’un club à un autre, pour respecter les règlements. Le club vendeur encaisse toujours la totalité de la transaction, mais en reverse un pourcentage à la société «copropriétaire» du joueur. Ces fonds d’investissements sont, de plus, souvent un «montage de sociétés, sans activité réelle si ce n’est la spéculation sur des sportifs, et elles sont bien souvent financièrement hébergées dans des paradis fiscaux», explique Jean-Marc Benammar. En plus de passer à travers la réglementation sportive, ce système fait fi des lois fiscales. Radamel Falcao aurait bénéficié de ce système. Pour payer son salaire lorsqu’il jouait à River Plate (Argentine), le club a vendu 5% de ses droits économiques à une société d’investissement néerlandaise offshore (Natland Financieringsmaatschappij BV), filiale d’une autre société britannique, elle-même filiale d’une société des îles Vierges. En 2009, Falcao est transféré au FC Porto pour 40 millions d’euros. A ce moment là, la société, qui avait parié sur le talent du joueur a touché 5% sur ce transfert. La suite de la carrière de Falcao est connue : il sera transféré deux ans plus tard à l’Atletico Madrid. Dans quelles circonstances financières ? Les choses sont plus obscures. L'Atletico affirme être propriétaire du joueur à 100%. Selon d'autres sources, le joueur appartiendrait à hauteur de 55% à la société Doyen Sports, pour aider l’Atletico qui n’avait pas les fonds suffisants. Sur la page d'accueil de son site, Doyen Sports, qui revendique la «propriété» de Falcao (sans en préciser le pourcentage), se présente comme «un fonds privé dédié entre autres, à la recherche de sources de financements alternatifs pour les clubs de foot». Selon Jean-Marc Benammar, Monaco devrait www.liberation.fr/sports/2013/06/01/falcao-et-neymar-purs-produits-de-la-speculation_907180 1/2 25/07/13 Falcao et Neymar, purs produits de la spéculation - Libération sûrement racheter l’intégralité du joueur, sans laisser de parts à des fonds privés. Neymar, le transfert bankable De même, Barcelone devrait s'offrir la totalité de Neymar, qui n’appartenait qu’à 55% au club de Santos (Brésil). Le groupe d’investissement brésilien DIS détenait 40% du joueur et les 5% restants appartenaient à un autre groupe brésilien, TEISA. Si le transfert se concrétisait à 30 millions d'euros, comme évoqué, ces sociétés toucheraient respectivement 12 et 1,5 millions d'euros. Pour Falcao à Monaco, on parle de 45 millions d'euros. Le cas échéant, Doyen Sports empocherait près de 25 millions. Un bon retour sur investissement. Surtout eu égard à l'intérêt sportif du joueur à signer en Principauté (le transfert de Falcao à l'Atletico, pas le plus attractif des clubs espagnols, avait déjà fait polémique) : tout juste remonté de Ligue 2, Monaco ne disputera aucune coupe d'Europe la saison prochaine. Mais le club de la principauté a un énorme avantage, il appartient au richissime Russe Dmitry Rybolovlev. Qui peut payer comptant. www.liberation.fr/sports/2013/06/01/falcao-et-neymar-purs-produits-de-la-speculation_907180 2/2.

View Full Text

Details

  • File Type
    pdf
  • Upload Time
    -
  • Content Languages
    English
  • Upload User
    Anonymous/Not logged-in
  • File Pages
    2 Page
  • File Size
    -

Download

Channel Download Status
Express Download Enable

Copyright

We respect the copyrights and intellectual property rights of all users. All uploaded documents are either original works of the uploader or authorized works of the rightful owners.

  • Not to be reproduced or distributed without explicit permission.
  • Not used for commercial purposes outside of approved use cases.
  • Not used to infringe on the rights of the original creators.
  • If you believe any content infringes your copyright, please contact us immediately.

Support

For help with questions, suggestions, or problems, please contact us