Fort Des Pomets

Fort Des Pomets

Provence-Alpes-Côte d'Azur, Var Toulon fort des Pomets Références du dossier Numéro de dossier : IA83001929 Date de l'enquête initiale : 2014 Date(s) de rédaction : 2015 Cadre de l'étude : enquête thématique régionale architecture militaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur Degré d'étude : étudié Désignation Dénomination : fort Compléments de localisation Milieu d'implantation : Références cadastrales : Historique La nécessité de pourvoir à la défense terrestre de la place par des ouvrages détachés fut mise en évidence pendant la guerre de succession d’Espagne, la prise de Toulon ayant été un des objectifs de la coalition formée par l’Empire, l’Angleterre, la Hollande et la Savoie, en 1707. Lors de la guerre de succession d'Autriche en 1746, le maréchal de Belles-Isle fait élever des retranchements et des redoutes en pierres sèches entre les pentes ouest du Faron et les hauteurs proches du Bau de Quatre Aures. Une redoute provisoire est construite sur une hauteur à l’ouest de la gorge, sur la hauteur des Pomets. A la suite, le nouveau directeur des fortifications de Toulon, Honoré d’Antibes de Bertaud, propose d’édifier un ouvrage permanent, en remplacement de la redoute en pierres sèches des Pomets. Les travaux sont dirigés par Auguste-Aimé Verrier, auteur d'un plan de l'ouvrage daté de 1749 et d'un projet pour 1753. Les travaux s'échelonnent de 1748 à 1756. La réalisation de la contrescarpe a lieu entre 1752 et 1754. Le chantier se termine par la construction du tambour crénelé, en 1756. En 1793, les anglais occupent le fort et lors de leur évacuation, mettent le feu aux poudres. Sa reconstruction et même son entretien sont jugés inutiles, l'ouvrage n'ayant plus de valeur défensive. Dans les années 1860, les ruines bien conservées du fort sont acquises par un particulier, qui fait construire une villa dans l’enceinte stabilisée, en partie sur les infrastructures du bâtiment de casernement. Période(s) principale(s) : 2e quart 18e siècle, 3e quart 18e siècle Auteur(s) de l'oeuvre : Honoré Antibes de Bertaud (ingénieur militaire, attribution par source), Auguste- Aimé Verrier (ingénieur militaire, attribution par source) Description Eléments descriptifs Matériau(x) du gros-oeuvre, mise en oeuvre et revêtement : calcaire, moellon, enduit Couvrements : voûte en berceau plein-cintre Typologies et état de conservation État de conservation : vestiges 11 octobre 2021 Page 1 Provence-Alpes-Côte d'Azur, Var, Toulon fort des Pomets IA83001929 Statut, intérêt et protection Statut de la propriété : propriété d'une personne privée Analyse historique et architecturale Construction et armement 1 L’intérêt d’occuper par des ouvrages de défense permanents les hauteurs dominant immédiatement Toulon au nord et au nord-est, dont le Mont Faron, n’avait pas été perçu par Vauban, qui s’était davantage intéressé aux ouvrages côtiers. Cette nécessité de pourvoir à la défense terrestre de la place par des ouvrages détachés fut mise en évidence pendant la guerre de succession d’Espagne, la prise de Toulon ayant été un des objectifs de la coalition formée par l’Empire, l’Angleterre, la Hollande et la Savoie, en 1707. Le maréchal de Tessé, commandant en chef de l’armée française des Alpes, chargé de contrer les entreprises militaires terrestres du duc de Savoie et du prince Eugène de Savoie lors du siège de Toulon de juillet 1707, écrivait au roi, dans une lettre datée du 12 juillet, que Toulon n’était pas une place, mais un jardin, où l’on n’avait jamais songé aux fortifications du côté de la terre, tandis que tout ce qui regardait la mer était en bon état. Le 29 juillet, les troupes savoyardes, fortes de 40.000 hommes, ayant occupé le secteur sud-est du Faron (village de La Vallette), attaquèrent en contrebas les positions d’Artigues et de Sainte-Catherine, qu’ils purent occuper avantageusement, dominant le camp de Sainte-Anne, retranchement avancé du front nord de Toulon. Renonçant à une attaque frontale du camp de Saint-Anne, le prince Eugène partit à la tête de ses Allemands, précédé par une troupe de 500 hommes chargée d’éclairer le terrain sous les ordres du colonel Pfefferkom, et fit passer ses troupes germano-savoyardes au nord du Faron, par le Revest et Dardennes, pour déboucher par la gorge Saint-Antoine et prendre à revers la position française. Au plus étroit de la gorge, à la hauteur du château Saint-Antoine, cette formation de quatre bataillons et un régiment de cavalerie, se trouva contrée par une ligne de défense tenue par 3 000 hommes sous le commandement de M. de Barville, dut se retirer au château de Dardennes, avant de revenir à la position initiale de Sainte-Catherine 2. Cette stratégie démontra notamment l’utilité d’ouvrages défensifs contrôlant le passage à l’ouest du Mont-Faron, par la vallée du Las dite gorge de Dardennes ou de Saint-Antoine (toponyme respectif de deux châteaux, le premier au nord de la gorge, vers le Revest, le second, résidence épiscopale, à l’entrée de la même gorge). Le Faron pouvait en effet être facilement contourné par le nord, en longeant le vallon des Favières. Après la levée du siège, l’alerte fut jugée décisive pour les hauteurs d’Artigues et Sainte Catherine, mais il semble que seule la première de ces deux position fut occupée, dès 1708 par une redoute pérenne, conçues par le directeur des fortifications de Provence Antoine Niquet. Du côté de la vallée de Dardennes, rien ne fut entrepris avant que la menace d’une nouvelle offensive de l’armée austro-savoyarde contre Toulon, en 1746, dans le cadre de la guerre de succession d’Autriche, ne suscite un effort de fortification préventive, organisé par le maréchal Charles-Louis Fouquet de Belle-Isle. L’effort était alors d’autant plus nécessaire que les projets de renforcement des fortifications du corps de place de Toulon, et notamment de réalisation de dehors manquants, n’avaient pas abouti depuis l’après siège de 1707, et que le retranchement Sainte- Anne, ouvrage sommaire lié à ce siège, était en ruines, ce qui rendait très vulnérable le front de terre mal fini et mal entretenu de Toulon. Tirant les leçons des évènements de 1707, le maréchal de Belle-Isle fit élever des retranchements et des redoutes en pierres sèches entre les pentes ouest du Faron et les hauteurs proches du Bau de Quatre Aures. La situation militaire prit une tournure toute autre qu’en 1707, puisque l’armée ennemie, prise à revers par les Génois, se retira de l’autre côté du Var le 2 février 1747. A cette occasion fut construite sur une hauteur à l’ouest de la gorge, à mi-distance de l’éminence rocheuse du Bau de Quatre Houres, sur la hauteur des Pomets, une redoute provisoire, tandis qu’un mur de retranchement en pierre sèche était édifié sur la pente ouest du Faron, descendant vers la vallée, au pied de la barre de l’Hubac ; une autre redoute en pierre sèche, intermédiaire, s’ajoutant au dispositif défensif. A la suite, le nouveau directeur des fortifications de Toulon, Honoré d’Antibes de Bertaud, proposa d’édifier un ouvrage permanent, en remplacement de la redoute en pierres sèches des Pomets : « A mon arrivée dans cette direction Mr le maréchal de Belle-Isle avait proposé de faire une autre redoute sur un plateau de roc plus élevé et plus à portée de défendre ce retranchement, je le suppliais de me permettre d’y faire un petit fort ; j’en prévins Mgr le comte d’Argenson, en lui envoyant mon projet ; il l’approuva et en ordonna les fonds par des acomptes, à quoi l’on travailla depuis la fin de l’année 1748 » 3 Ces travaux furent bientôt dirigés par un jeune ingénieur qui venait de prendre ses fonctions à Toulon, Auguste-Aimé Verrier, dont la signature figure sur un plan de 1749 et sur le projet pour 1753 4 daté de “ la maison de campagne auprès du fort”, le 9 novembre 1752 5. C’est à partir de l’arrivée de l’ingénieur, en 1749, que des maisons situées près du fort furent louées 64 livres pour lui et les ouvriers, et même réparées pour offrir un bon hébergement. Les dépenses occasionnées par les travaux du fort, déroquetage, fourniture de pierre et maçonnerie, sont bien documentés par un "Etat des ouvrages qui ont été faits au fort des Pomets à Toulon pendant les années 1748, 1749, 1750, et de ceux qui restent à faire pour le finir », établi par Bertaud le 16 mai 1751 6. 11 octobre 2021 Page 2 Provence-Alpes-Côte d'Azur, Var, Toulon fort des Pomets IA83001929 Front de tête nord-ouest :côté gauche du bastion central et branche ou courtine gauche, parapet crénelé. En 1748, cette dépense s’élevait à 9708 livres 9 sols et 1 denier, dont 7716 livres 10 sols pour des maçonneries ordinaires et 1704 livres 10 sols 6 deniers pour des pierres smillées et à bossages. L’année suivante, la dépense de 11894 livres 19 sols 1 denier se décompose en 6088 liv. 16 s. 8d. de maçonnerie ordinaire, 2128 liv. 13 s. 2 d. de pierre d’échantillon, 851 liv. 2 s. 3 d. de pierre de taille à bossages, 516 liv. 19 s. 5 d. de pierre bouchardée, enfin 28 liv. 8 s. 1 d. de maçonnerie de briques. Durant les quatre mois de la campagne de travaux de 1750, 29840 livres furent employées, en particulier au déroctage des fondations et à la construction des souterrains voûtés du bâtiment à usage de caserne et magasins. Cinq des six soupiraux du souterrain furent alors réalisés, dans un mur épais de 5 pieds (1,62 m).

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