La Co-Construction D'un Dispositif Sociotechnique De Communication

La Co-Construction D'un Dispositif Sociotechnique De Communication

La co-construction d'un dispositif sociotechnique de communication: le cas de l'Internet Relay Chat Guillaume Latzko-Toth To cite this version: Guillaume Latzko-Toth. La co-construction d'un dispositif sociotechnique de communication: le cas de l'Internet Relay Chat. Sociologie. Universit´edu Qu´ebec `aMontr´eal,2010. Fran¸cais. <tel-00543964> HAL Id: tel-00543964 https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00543964 Submitted on 8 Dec 2010 HAL is a multi-disciplinary open access L'archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est archive for the deposit and dissemination of sci- destin´eeau d´ep^otet `ala diffusion de documents entific research documents, whether they are pub- scientifiques de niveau recherche, publi´esou non, lished or not. The documents may come from ´emanant des ´etablissements d'enseignement et de teaching and research institutions in France or recherche fran¸caisou ´etrangers,des laboratoires abroad, or from public or private research centers. publics ou priv´es. UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL LA CO-CONSTRUCTION D’UN DISPOSITIF SOCIOTECHNIQUE DE COMMUNICATION : LE CAS DE L’INTERNET RELAY CHAT THÈSE PRÉSENTÉE COMME EXIGENCE PARTIELLE DU DOCTORAT EN COMMUNICATION PAR GUILLAUME LATZKO-TOTH MAI 2010 UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL FACULTÉ DE COMMUNICATION Cette thèse intitulée : LA CO-CONSTRUCTION D’UN DISPOSITIF SOCIOTECHNIQUE DE COMMUNICATION : LE CAS DE L’INTERNET RELAY CHAT a été présentée et soutenue publiquement le 30 avril 2010 comme exigence partielle pour l’obtention du grade de Ph. D. (Doctorat en communication) par : GUILLAUME LATZKO -TOTH devant un jury composé de : PIERRE -LÉONARD HARVEY Président-rapporteur THIERRY BARDINI Membre du jury NICOLAS AURAY Examinateur externe SERGE PROULX Directeur de thèse À ma grand-mère Elen In memoriam AVANT-PROPOS Il n’est jamais aisé de choisir un sujet de thèse, car cela signifie renoncer, et ce pour plusieurs années, à d’autres questionnements qui nous semblent tout aussi dignes d’attention. C’est peut-être ce qui m’a fait retenir un objet d’étude – l’invention d’un système de chat via Internet – qui me permettait de concilier deux champs d’intérêt : le phénomène de la communication médiatisée par ordinateur, d’une part, et celui de l’innovation technique, d’autre part. Tous deux concernent au plus haut point le champ des études en communication, dans la mesure où la médiation technique occupe une place de plus en plus centrale dans la vie des individus et des sociétés. Dans la foulée de la démocratisation d’Internet et de l’explosion de ses usages, dans les années 1990, une communauté internationale de chercheurs en sciences humaines et sociales s’est constituée autour d’une fascination commune pour les phénomènes sociaux émergents liés aux usages de ce que l’on appelait encore à l’époque le « réseau des réseaux »1. Au fil des ans, les thèmes de l’heure changent2, mais avec un invariant : une certaine propension des chercheurs à vouloir, d’une part, demeurer à la crête de la vague, c’est-à-dire rester en prise avec les phénomènes les plus récents, et, d’autre part – dans une moindre mesure aujourd’hui – à justifier la pertinence et la légitimité sociologique d’objets d’études ignorés, dénigrés, ou sous-estimés par leurs pairs. Le chat fait partie de ces pratiques d’Internet qu’il a fallu constituer en objet d’étude légitime, tout comme ce fut le cas des messageries « roses » du Minitel, en France, ou des usages de la CB, en d’autres temps. Aujourd’hui, le phénomène s’est banalisé. Signe des temps, lorsque je présentais mes premiers travaux sur l’Internet Relay Chat (IRC), au tournant des années 1 Un forum emblématique de cette communauté de recherche est l’Association of Internet Researchers (AoIR), fondée en 2000, et son congrès annuel, « Internet Research ». 2 Par exemple, la définition, l’existence et la consistance des « communautés virtuelles » étaient l’enjeu d’intenses débats dans la deuxième moitié des années 1990 (voir Proulx et Latzko-Toth, 2000). Cette topique a été complètement abandonnée depuis en faveur de celle des « réseaux sociaux » en ligne ou encore de la notion de « média social ». iv 2000, ma communication était généralement incluse dans un « panel » sur le chat. Dans le cadre du congrès marquant le 10e anniversaire de la fondation de l’AoIR3, mon intervention sur l’IRC a été programmée dans une session sur les recherches à caractère historique...4 Mon intérêt pour le chat est pour ainsi dire paradoxal, puisqu’à la limite, il serait à peine exagéré de dire que je m’intéresse au chat en tant qu’il ne sert pas à la conversation. Autrement dit, ce qui m’intéresse centralement dans cette thèse, ce n’est pas ce qui se dit dans les espaces de chat, mais l’ensemble des pratiques afférentes à la constitution, à la maintenance et à l’administration de ces espaces virtuels d’interaction sociale. Ce dont j’ai entrepris de rendre compte, c’est comment, d’un simple petit programme informatique permettant à un nombre quelconque d’internautes de converser en direct par clavier interposé, on aboutit à une société électronique et à un dispositif technique d’une grande complexité. Au début, il y a le souci des fondateurs de fournir un « service » de qualité, donc de s’assurer de la stabilité du système. Le problème d’un réseau IRC c’est qu’il est complètement ouvert et largement décentralisé, c’est une constellation de serveurs qui partagent une même base de données sur des usagers et des « canaux » de discussion. Leurs administrateurs doivent donc coopérer entre eux, et composer avec des usagers dont certains veulent démontrer leur habileté technique en rendant le service inaccessible ou en perturbant son fonctionnement. Les délais de transmission d’information entre les serveurs provoquent des désynchronisations qui sont la vague sur laquelle « surfent » les pirates qui veulent dérober un canal à leurs créateurs. Les uns et les autres s’affrontent par programmes interposés, véritables machines de guerre appelées « warbots ». Ainsi, en me connectant pour la première fois à un serveur IRC, je n’ai pas seulement découvert un nouvel outil de communication ou une nouvelle façon de communiquer. À l’instar de ces explorateurs d’un astéroïde surgi de nulle part dans le roman Éon de Greg 3 Voir n. 1. 4 De plus, dans l’ensemble du programme du congrès, c’était la seule communication comportant le mot « chat » dans son titre. v Bear5, j’ai découvert un monde fascinant, beaucoup plus vaste, vu de l’intérieur, que ce que l’on serait porté à croire en le contemplant de l’extérieur. Et pour rester dans le domaine de la science-fiction, le scénario imaginé par George Lucas pour « l’épisode 1 » de Star Wars 6 est assez prémonitoire de ce qui pourrait arriver si la guerre des robots sur IRC7 se transposait dans la réalité physique. Somme toute, cette histoire d’invasion d’une planète par une armée de robots contrôlés à distance par deux individus faits de chair a un air de déjà vu : traduite dans le jargon IRC, elle ressemble à une banale prise de contrôle d’un canal par un réseau de robots (botnet). C’est pourquoi, au-delà des enjeux théoriques que veut soulever l’étude de cas proposée ici, mon souhait est de parvenir à communiquer un temps soit peu au lecteur de cette thèse les sentiments d’émerveillement et d’étonnement que j’ai éprouvés face à cette richesse et à cette complexité insoupçonnées et, peut-être encore plus, en constatant la passion qui anime les différents protagonistes de l’Internet Relay Chat. Mais auparavant, j’aimerais faire part de ma gratitude aux personnes qui m’ont aidé dans la réalisation de ce projet. Celle-ci va tout d’abord à mon directeur de thèse, Serge Proulx. Je ne saurais lui exprimer ici toute ma reconnaissance pour m’avoir accompagné durant toutes ces années, donné la chance d’explorer diverses facettes de la recherche, et surtout, pour avoir toujours eu confiance en ma capacité de mener à bien ce projet. À ses côtés, je voudrais également remercier les autres membres de mon jury de m’avoir fait l’honneur de lire et d’évaluer ce travail, et témoigner particulièrement ma reconnaissance aux professeurs et chercheurs qui ont guidé mes pas, à des degrés divers, à un moment ou à un autre de ce long cheminement : Josiane Jouët à l’Université Paris 2 Panthéon-Assas, Thierry Bardini et Lorna Heaton à l’Université de Montréal, Dominique Cardon et Benoît Lelong lors d’un stage chez France Télécom R&D (aujourd’hui Orange Labs), et Pierre- Léonard Harvey, à l’UQAM, qui a dirigé mon mémoire de maîtrise déjà consacré à l’IRC 5 Greg Bear, Éon, trad. Guy Abadia, coll. « Ailleurs et demain », Paris : Robert Laffont, 1989. 6 Star Wars : épisode I – La Menace fantôme, George Lucas, 1999. 7 Voir à ce sujet Andrew Leonard (1997, p. 112-115). vi et qui m’a encouragé, très tôt dans ma formation, à explorer le domaine de la communication médiatisée par ordinateur. Ensuite, j’aimerais remercier les acteurs du développement de l’IRC qui ont généreusement répondu à mes questions et patiemment répété leurs explications, et sans qui cette thèse aurait été tout simplement irréalisable. Un merci tout spécial à Stacy Brown, qui m’a fait confiance et m’a généreusement donné accès à ses archives des listes Wastelanders et Undernet-Admins, mais également à Michael Lawrie (Lorry), Carlo Wood (Run), Donald Lambert (WHIZZARD), Armin Gruner (argv), Mandar Mirashi (Mmmm), Magnus Tjernström (Core), Patrick Ducrot (dp) et Doug McLaren (Demon). Plus que des informateurs, je les considère comme des personnes qui, par leur générosité et l’intérêt qu’ils ont démontré pour ma recherche, m’ont fourni un soutien moral inestimable dans les moments où le découragement me guettait.

View Full Text

Details

  • File Type
    pdf
  • Upload Time
    -
  • Content Languages
    English
  • Upload User
    Anonymous/Not logged-in
  • File Pages
    421 Page
  • File Size
    -

Download

Channel Download Status
Express Download Enable

Copyright

We respect the copyrights and intellectual property rights of all users. All uploaded documents are either original works of the uploader or authorized works of the rightful owners.

  • Not to be reproduced or distributed without explicit permission.
  • Not used for commercial purposes outside of approved use cases.
  • Not used to infringe on the rights of the original creators.
  • If you believe any content infringes your copyright, please contact us immediately.

Support

For help with questions, suggestions, or problems, please contact us