Vernantes. Pages D'histoire, Images D'autrefois

Vernantes. Pages D'histoire, Images D'autrefois

Vernantes DU MÊME AUTEUR Promenade en Anjou - édition de la Chardonnière, Saint-Cloud, 1961, épuisé. Val de Loire - édition de la Chardonnière, Saint-Cloud, 1964, épuisé. Notice historique sur Courléon, 1965. Vernoil-le-Fourrier à travers les âges - éditions du Vieux Logis, 1977, épuisé. Jules Desbois, illustre statuaire angevin - édition du Vieux Logis, 1978 - 2 édition, 1987. Après la pluie, le beau temps, essai sur une météorologie simplifiée, 1980. Curieuses illusions d'optique, 1985. Valentin Huault-Dupuy, peintre graveur 1844-1912 - éditions du Vieux Logis, décembre 1988. JOCELYN MERCIER Vernantes Pages d'Histoire Images d'Autrefois Editions du Vieux Logis PRÉFACE "Vernemetis" avait répondu le curé Brebion à son enfant de choeur qui l'interrogeait sur les origines de Vernantes. A l'époque, je n'en demandais pas plus. Et je savais... Je croyais savoir l'histoire de la commune. Le château de Jalesnes ? C'était le pensionnat de jeu- nes filles (que l'on n'osait regarder lors des processions de la fête- Dieu dans le parc). L'abbaye du Loroux ? Deux pans de murs en ruines, mais avec le trésor des moines enterré sous une cloche quelque part du côté du soleil levant. Les fermes ? Je les ai presque toutes visitées quand on allait aux "œufs de Pâques". Le gros chê- ne ? C'était le terrain de jeu des gars du patro le jeudi après-midi. - Mais l'histoire ? le passé ? Il se limitait pour moi à un éclair : celui d'une photo au flash du cénotaphe des marquis de Jalesnes dans la chapelle funéraire de la vieille église. Deux noms, une date, une épitaphe de marbre noir. Le béton de mes certitudes se lézarda quand parut en octobre 1977 "Vernoil le Fourrier à travers les âges" de Jocelyn Mercier. Ainsi nos voisins et sournoisement rivaux de toujours avaient leur Histoire ! A quand une "histoire de Vernantes" ? - On nous la promit... On l'attendit... Chaque bulletin municipal remettait régulièrement la curiosité en éveil par des articles aussi divers que documentés : Le vieil orme et la charte de Guillaume des Roches - les travaux de la nouvelle église, - le relais de poste du sieur Voisin, - René Breton- neau médecin... Parut aussi un dépliant sur Vernantes qui faisait venir don Carlos à Jalesnes en 1878. ERREUR !... A cause de l'ac- couchement de mon arrière grand-mère, le 21 octobre 1879, le docteur, qui était en même temps le maire, n'avait pu assister aux cérémonies. — Et ce fut le début d'une correspondance historique et amicale qui me vaut aujourd'hui l'honneur de ces quelques mots de préface. Préface que j'aurais pu commencer en parodiant ce conseil de Georges Pernoud à sa sœur Régine : "Si tout ce que tu nous racon- tes du Moyen Age (de Vernantes) est exact, écris-le. Personne ne le sait". Qui, en effet, à Vernantes, connait mieux la richesse des Registres paroissiaux et des archives, autrefois enfermées dans les très hauts placards de l'ancienne mairie et gardées par le sourcil- leux M. Guibert, secrétaire, sinon celui qui les a inventoriées et classées ces dix dernières années ? Jocelyn Mercier répond ainsi au souhait formulé par C. Fraysse (le folklore du Baugeois - 1906) : "...il serait à désirer qu'un semblable effort fût tenté de toutes parts afin d'immobiliser les vestiges d'un passé qui fuit avec rapidité". Cette bonne parole semée il y a plus de quatre-vingts ans, si elle n'a pas germé tout de suite, a vu depuis plusieurs décades fleurir des monographies communales : Vernoil, Longué, aujourd'hui Vernantes. Ce phénomène n'est pas local. On dirait que nos contemporains se tournent volontiers vers le passé, non tant par nostalgie mais plutôt par une saine curiosité : on veut connaître sa petite patrie, ses ancê- tres (voyez l'essor de la généalogie). - Et l'on sait gré à ceux qui, comme Jocelyn Mercier, par un travail d'archives laborieux et par- fois fastidieux, édifient sur des bases larges et solides un monument de connaissances précises et minutieuses, et font de l'HISTOIRE "une résurrection objective du passé". Jean-Paul DUMONT AVANT-PROPOS Pour l'étymologie de Vernantes, reportons-nous à notre ouvrage sur Vernoil. La villa d'Ingelger, chef de famille des Comtes d'Anjou, située au Toucheau, nous donne certainement l'origine du nom de Vernan- tes et Vernoil, ces deux villages étant liés dans les temps antiques. Nous avons des traces de Vernantes dès le VII siècle. Vermenintense proedium VII siècle (vit. magnob., ap. Boll) - Locus qui dicitur Vernentis X siècle (Hist. Tranel. B. Maur. ibid., janv., 11.337). Vernantanse proedium XI siècle - Sancta Maria de Ver- nantis 1070-1118 Sacerdos de Vernantis 1140. Circa (Cartulaire Fonteb., ch. 737) - Parochia de Vernantes 1210-1215 - Ecclesia de Vernantes 1224. Parochia de Vernantibus 1295. Il ne pourra donc être contesté, qu'au XII siècle, le mot de Vernan- tes ait précisément la signification de Palais, de Camp, et, pour le cas qui nous occupe, de villa d'été ou de printemps. C'est pour arri- ver à cette preuve sur l'origine de Vernantes et de Vernoil qu'ont été faites les citations qui précèdent. Nous nous croyons donc fondé à conclure que Vernantes a com- mencé, comme tant d'autres localités, par une villa, et que son nom, dans des variations progressives, a conservé les traces de cette origine. On peut même invoquer certains indices historiques. Charles-Martel, maire du palais, en 700, était à Mouliherne ; Ingel- ger, Comte et Gouverneur d'Anjou, vers 880, avait un domaine à La Breille, dépendant encore de Vernolium, en 1125, puis, comme nous l'avons dit plus haut, possédait une villa à Vernantes. Enfin, tout ce pays a longtemps servi de lieu de chasse aux Comtes d'Anjou. L'emplacement de la villa est donc à peu près connu. Il se trouve près du Toucheau. On a trouvé dans, un espace de deux cents mètres, des briques et des murailles présentant tous les carac- tères des constructions gallo-romaines, avec des ossements identi- ques à ceux qu'on découvre dans le bourg même de Vernoil. J.M. ABBAYE DU LOROUX Loroux vient de oratorio (oratoire). C'est en 1098 que fut fondée la célèbre abbaye de Citeaux par saint Robert, auquel succédèrent saint Albéric, mort en 1109, et saint Etienne décédé en 1134. Quatre colonies s'en détachèrent pour fonder les abbayes de la Ferté (1113), de Pontigny (1114), de Clairvaux (1115) et de Morimond (1116). L'Anjou ne tarda pas à recevoir la religieuse influence de la réforme cistercienne. En 1121, saint Etienne de Harding envoya de Citeaux douze moines à la Comtesse Eremburge, retirée à Baugé, qui avait promis à la Madone d'élever un monastère à Vernantes si son époux, le Comte d'Anjou, Foulques V, revenait de Palestine. Elle en fit jeter les fondations le 13 septembre 1121, quelques jours avant l'arrivée de Foulques (24 septembre 1121). Le nouveau monastère devint l'abbaye du Loroux. Les cisterciens bâtissaient eux-mêmes leurs monastères, d'où ces formules de construction qui, nées en Bourgogne, se sont répandues avec eux dans l'Europe entière. Les religieux cisterciens prirent l'habit blanc en remplacement de l'habit noir que continuèrent à porter les bénédictins. Les abbés du Loroux jouirent au Moyen Age d'une très haute considération en Anjou et, très souvent, on les voit intervenir comme arbitres dans les transactions ou les questions religieuses. Silence dans le monastère, seul le bruit des maillets des foulons frappent les draps à coups alternés, l'eau gronde, prise dans les roues des moulins, mais les hommes se taisent. On s'exprime par signes et les cloches, du haut des clochetons, gouvernent un peu- ple muet. Les moines n'ont le droit de s'entretenir entre eux qu'au parloir, mais il faut la permission du prieur. Dans tous les monastères de l'ordre, la règle arrachera à la même heure le moine de sa paillasse : il prie, il mange, travaille, dort, exactement comme le veut la règle. La règle veut l'obéissance, la chasteté, la pauvreté qu'il a jurées, ce silence dans lequel il s'est emmuré. Le chapitre tenu, les moines travaillent. L'ouvrage leur est distribué dans le parloir, cette pièce longue et étroite, toujours voûtée et qui touche à la salle capitulaire. Le moine vivra, dit la règle, du travail de ses mains. Après l'office, les frères font la moisson ; ils moisson- nent pour eux, pour les pauvres qu'ils nourrissent. Aux moments de presse, le moine a ses fourches, râteaux et faucilles rangés au pied de son lit afin que, la méridienne faite, il puisse plus vite les reprendre. Mais, au son de la cloche annonçant l'office, l'église doit être gagnée si rapidement que celui qui porte un fardeau le dépo- sera à l'endroit même où il se trouve. C'est aussi la cloche de l'église qui invite au repas. A ce signal, les moines sont allés se laver les mains et ils ont gagné leurs tables. Après le Miserere, installé dans sa chaise, le lecteur lit. Le repas - des légumes cuits à l'eau et du pain, la viande est interdite, ainsi que le poisson, le beurre et les laitages. Le moine qui voudra pren- dre du sel le prendra avec son couteau ; celui qui boit tiendra sa tasse à deux mains. Les moines avaient leur cimetière propre. Il s'étendait en bordure de l'église. Le moine meurt dans la chambre des agonisants, cou- ché à terre sur une natte que recouvre un peu de cendre mise en croix. Après la mort, le cadavre est lavé sur une pierre.

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