Sports Et Pratiques Corporelles Chez Les Deportes, Prisonniers De Guerre

Sports Et Pratiques Corporelles Chez Les Deportes, Prisonniers De Guerre

Année 2012 THESE DE DOCTORAT EN SCIENCES ET TECHNIQUES DES ACTIVITES PHYSIQUES ET SPORTIVES Présentée devant l’Université Claude Bernard – Lyon I et l’Université de Stuttgart par DORIANE GOMET SPORTS ET PRATIQUES CORPORELLES CHEZ LES DEPORTES, PRISONNIERS DE GUERRE ET REQUIS FRANÇAIS EN ALLEMAGNE DURANT LA SECONDE GUERRE MONDIALE (1940-1945) VOLUME III Directeurs de thèse M. le Professeur Thierry Terret M. le Professeur Wolfram Pyta Membres du jury Monsieur Yves Moralès, Maitre de conférences, Université Paul Sabatier Toulouse Monsieur Denis Peschanski, Directeur de recherche, Centre d’histoire sociale du XXe siècle, CNRS –Université Paris-1 Monsieur Wolfram Pyta, Professeur, Université de Stuttgart Monsieur Luc Robène, Professeur, Université européenne de Bretagne Monsieur Thierry Terret, Professeur, Université Claude Bernard Lyon-1 Monsieur Christian Vivier, Professeur, Université de Franche-Comté TROISIEME PARTIE LES PRATIQUES CORPORELLES DES ENNEMIS DU REICH DE 1940 A 1945: SANCTIONS, REPRESSIONS, EXTERMINATION 809 SOMMAIRE TOME III TROISIEME PARTIE 809 LES PRATIQUES CORPORELLES DES ENNEMIS DU REICH DE 1940 A 1945: 809 SANCTIONS, REPRESSIONS, EXTERMINATION 809 INTRODUCTION DE LA TROISIEME PARTIE 812 CHAPITRE I : 814 PLACE ET TRAITEMENT DES ENNEMIS DU REICH DANS LES DIX PREMIERES ANNEES DU REGIME (1933-1942) 814 INTRODUCTION 814 1.1 LUTTER CONTRE LES ENNEMIS « DE L’INTERIEUR », UN OBJECTIF POLITIQUE, DES MOYENS REPRESSIFS (1933-1938) 816 1.2 LE « MODELE DE DACHAU » : UNE BASE ELABOREE PAR T. EICKE LORS DE LA PREMIERE PHASE DE L’HISTOIRE DES CAMPS 827 CONCLUSION 861 CHAPITRE II : 863 LES TRAITEMENTS SPECIFIQUES RESERVES AUX PRISONNIERS DE GUERRE « ENNEMIS DU REICH » 863 INTRODUCTION 863 2.1 LE PERIPLE DES ASPIRANTS 864 CONCLUSION 893 2.2 EVADES RECIDIVISTES ET AUTRES HOMMES DE TROUPE « ENNEMIS » DU REICH : DES KOMMANDOS DISCIPLINAIRES A RAWA-RUSKA 895 CONCLUSION 911 2.3 LES REFRACTAIRES AU TRAVAIL, DES « ENNEMIS » A REEDUQUER 913 CONCLUSION 929 2.4 LES OFFICIERS « INDOMPTABLES » : DES PRISONNIERS ISOLES, MAIS TRAITES SANS EXACTION MAJEURE 931 CONCLUSION 950 2.5 COMPRENDRE LES TRAITEMENTS RESERVES AUX PRISONNIERS DE GUERRE « ENNEMIS » DU REICH 951 CONCLUSION 959 CHAPITRE III 961 PUNIR ET EDUQUER LES TRAVAILLEURS CIVILS RECALCITRANTS DANS LES AEL 961 INTRODUCTION 961 3.1 LES ARBEITSERZIEHUNGSLAGER (AEL) DES CAMPS SPECIFIQUES POUR TRAVAILLEURS RECALCITRANTS 962 3.2 LES EXERCICES CORPORELS PUNITIFS ET LE TRAVAIL FORCE, BASE DES METHODES EMPLOYEES DANS LES AEL 970 CONCLUSION 987 CHAPITRE IV : 990 ENTRE EXECUTION ET DISTRACTIONS : LES PRATIQUES CORPORELLES DES DEPORTES FRANÇAIS DANS LES CAMPS DE CONCENTRATION NAZIS 990 INTRODUCTION 990 4.1 DEPORTES PAR MESURE DE REPRESSION, DEPORTES PAR MESURE DE PERSECUTION : DEUX DESTINS TRAGIQUES, MAIS SINGULIERS, DANS LE SYSTEME CONCENTRATIONNAIRE 992 4.2 LES EXERCICES DU CORPS DES CAMPS DE TRANSIT A LA QUARANTAINE : DES MARQUEURS TRES SIGNIFICATIFS 1030 4.3 LES PRATIQUES CORPORELLES IMPOSEES AUX DETENUS DANS LES CAMPS : DE L’AFFAIBLISSEMENT A LA MISE A MORT 1106 810 CONCLUSION 1158 4.4 DES LOISIRS DES PROEMINENTS AUX STRATEGIES DE PRESERVATION DE SOI DE LA PLEBE : LES ACTIVITES LIBREMENT CONSENTIES DES DEPORTES PAR MESURE DE REPRESSION 1160 4.5. LES PRATIQUES SPORTIVES DES PROEMINENTS A L’OMBRE DES CREMATOIRES D’AUSCHWITZ 1179 4.6 COMPRENDRE LES PRATIQUES CORPORELLES DES DEPORTES FRANÇAIS DANS LES CAMPS DE CONCENTRATION 1198 EPILOGUE : LE GRAND « ABATTOIR » DES DERNIERS MOIS DE CAPTIVITE 1232 CONCLUSION 1241 CONCLUSION DE LA TROISIEME PARTIE 1244 811 INTRODUCTION DE LA TROISIEME PARTIE En titrant un de ses ouvrages de référence Qu’est-ce que le nazisme, Ian Kershaw1 soulève toute la difficulté à définir à la fois un système politique, une idéologie, voire une philosophie et l’ensemble des structures y étant associées. Pourtant, et malgré cet obstacle, les historiens du IIIe Reich s’accordent tous sur au moins un point : le système répressif mis en place par les nazis est l’incarnation-même de ce qui fonde la substantielle moelle du régime. Il constitue tant à la fois le moyen permettant à l’État de prendre le pouvoir et de le garder, celui lui octroyant les ressources économiques nécessaires à la concrétisation d’une politique de conquête de territoire et celui lui donnant la possibilité de mener à bien le « nettoyage ethnique » qu’impose la Weltanschauung nazie. Au cœur de celle-ci figure le Volk prédisposé par sa pureté et sa supériorité à régner, mais devant, pour y parvenir, lutter sans merci contre des ennemis pluriels. Etudier la genèse et le développement du système concentrationnaire est donc une nécessité pour saisir les fondements sociaux et culturels sur lesquels reposent les camps. Les exercices du corps ont-ils une place à l’intérieur même de ce système ? Sont-ils un élément de la culture concentrationnaire ? Si oui, quelles fonctions leur attribue-t-on? Les prisonniers de guerre sont les premiers à pénétrer sur le sol allemand. La convention de Genève est censée les protéger contre toute forme d’exaction. Les délits qu’ils peuvent commettre sur le sol étranger ne dépendent pas de la justice civile mais de celle s’appliquant aux militaires. Qu’en est-il réellement ? Les Allemands ont-ils respecté leurs engagements ? Quel sort ont-ils réservé aux multirécidivistes de l’évasion, à ceux qui se refusaient à travailler pour la puissance ennemie ? Existe-t-il des différences de traitement suivant les grades? Leur inflige-t-on des sanctions comprenant des exercices corporels ? Peuvent-ils toujours espérer profiter de distractions ? A partir de 1942, plus de 600 000 Français rejoignent l’Allemagne au titre du travail obligatoire. Aux prisonniers s’ajoutent les travailleurs « requis ». Gérés par la DAF, ces derniers ont un statut de civil et, en cas de faute ou de manquement au règlement, tombent sous le joug de la justice nazie. Le système répressif crée pour venir à bout des résistances allemandes s’applique-t-il aux étrangers ? Est-il renforcé ? Sont-ils transférés dans des camps spécifiques ? Dans ce cas, subissent-ils des mauvais traitements basés sur des exercices physiques ? Le Reich exige des pays lui ayant fait allégeance qu’ils participent activement à la lutte contre les « ennemis de l’intérieur ». En dehors des exécutions d’otages, les Allemands 1 Ian Kershaw, Qu’est-ce que le nazisme? Problèmes et perspectives d’interprétation, Paris, Gallimard, 1997. 812 utilisent comme moyen répressif la déportation « vers l’est » des résistants. Quelles sont leurs conditions de vie une fois parvenus dans les camps de concentration ? Les activités physiques sont-elles employées comme moyen de torture ? Existe-t-il des différences suivant les camps ? Les femmes résistantes connaissent-elles un parcours semblable aux hommes ? Outre les opposants politiques, les Juifs de France sont, eux aussi, en vertu d’accords passés avec le gouvernement de Laval, exposés à la déportation. Par contre, ce transfert possède une finalité macabre: l’extermination. Si une majorité des déportés juifs perd la vie dans les chambres à gaz quelques heures après leur arrivée dans le Reich, une petite minorité franchit la sélection et pénètre à l’intérieur du camp de concentration pour servir de main d’œuvre. Quel traitement leur est-il réservé ? Leur extermination restant l’objectif prioritaire des nazis, quels sont les moyens mis en œuvre pour parvenir à cette fin ? Et parmi eux, qu’en est-il du sport ? L’enjeu de cette troisième partie consiste bien à étudier les conditions de vie que les Allemands réservent à leurs « ennemis », et ce, suivant le statut même de ces derniers. Au sein de ce projet figure une question centrale : le rôle et la fonction dévolus aux exercices corporels. 813 CHAPITRE I : PLACE ET TRAITEMENT DES ENNEMIS DU REICH DANS LES DIX PREMIERES ANNEES DU REGIME (1933-1942) Introduction Dès 1920, le programme du NSDAP annonçait clairement l’attitude à adopter envers toute personne jugée nuisible à la conduite du projet politique nazi. Wir fordern den rücksichtslosen Kampf gegen diejenigen, die durch ihre Tätigkeit das Gemeininteresse schädigen. Gemeine Volksverbrecher, Wucherer, Schieber, usw. sind mit dem Tode zu bestrafen, ohne Rücksicht auf Konfession und Rasse2. Comme le montre Olga Wormser-Migot, en promulguant les « lois d’exception », Hitler donne une existence officielle à un principe élaboré treize ans plus tôt. La Loi pour la protection du peuple du 4 février 1933 signée par Hindenburg, complétée par le Décret du Président du Reich pour la protection du peuple et de l’Etat3, ratifiée au lendemain de l’incendie du Reichstag permet d’interner pour une période indéterminée toute personne supposée représenter une menace de quelque ordre que ce soit à l’encontre de l’Etat4. Quiconque incite ou provoque une infraction dangereuse pour l’ordre public sera passible de travaux forcés - avec circonstances atténuantes au minimum trois mois de détention5. Ces textes rendent « légalement » possible la Schutzhaft, autrement dit la détention préventive6 de tout adversaire potentiel du régime. Sa légitimité est par ailleurs renforcée par la circulaire du ministre de l’Intérieur de Prusse du 14 octobre 1933, qui, d’après la même auteure, établit le « code d’internement dans les camps de concentration 7». Le texte, daté du 2 Gottfried Feder, Das Programm der NSDAP, Nationalsozialistische Bibliothek/ Heft 1, Zentralverlag der NSDAP, Franz Eher Nachf., München, 1935. (Nous exigeons une lutte sans merci contre ceux qui nuisent par leur activité à l’intérêt général. Les délinquants de droit commun, les usuriers, les trafiquants etc. sont à punir de la peine de mort, indépendamment de leur religion et de leur race). 3 Décret du 28 février 1933. 4 Olga Wormser- Migot, Le système concentrationnaire nazi, Paris, PUF, 1968, p. 68-70. 5 Ibid., p. 69. 6 Appelée aussi « détention de protection du peuple et de l’Etat ». 7 Ibid., p. 93. Martin Broszat développe aussi ce fait. (Martin Broszat, “ Nationalsozialistische Konzentrationslager 1933- 1945“, op.cit., p. 338). 814 26 avril 1934 et promulgué par le ministre de l’Intérieur du Reich, étend les mesures prises en Prusse au Reich et officialise le statut de Schutzhäftlinge8.

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