Les Ursulines des Trois-Rivières depuis leur établishment jusqu'a nos jours Tome Troisieme 1898 Source: BAnQ - Bibliothèque et Archives nationales du Québec Copyright: Public Domain LES URSULINE5 DES TROIS - RIVIERES URSULINES . DES . TROIS-RIVIERES DEPUIS LEUR ETABLISSEMENT JUSQU'A NOS JOURS TOME TROISIEME MONTRÉAL A. P. PIGEON, IMPRIMEUR, 1798 STE-CATFTKRrNR r8çS Enregistré conformément à l'acte du Parlement du Canada, en l'année rail huit cent quatre-vingt-dix-huit, par les URSULINKS DES TK'OÏS-RTVIÈR'KSV dît'-- bureau du Mi­ nistre de l'Agriculture, à Ottawa. INTRODUCTION On ne saurait (rr.p propager le culte et le souvenir des grandes âmes dans un temps où. il y en a si peu. E. P. IJACORDAIKE. A Londres la brumeuse, au pied d'un échafaud où la main du bourreau venait de décapiter sa victime, une jeune fille recueillait, dans les plis immaculés de sa blanche robe, la tête ensanglantée de son père, en s'écriant : "C'est la tête d'un saint, c'est le chef d'un martyr ! " Paroles qui coûtèrent la mort à Marguerite, fille.de Thomas Morus. Il y a vingt-huit ans, l'âme du premier pasteur du dio­ cèse des Trois-Rivières montait au ciel. Le deuil était grand au monastère, dans la ville et dans tout le diocèse. Partout, on vénérait, on aimait Mgr Cooke, et l'un de ses fils pouvait écrire : " Le marbre n'est pas nécessaire pour que son souvenir demeure : le saint évêque s'est gravé une, épitaphe dans le cœur de tous ceux qui l'ont 2 - INTRODUCTION connu." Néanmoins, au cloître, on recueillait les sou­ venirs de famille, ceux du séminariste ; on interrogeait le confident de son âme, ou enchâssait ses actes pontifi­ caux, on conservait ses écrits ; on compulsait les archives ; ou demandait au lac Saint-Pierre, aux rives de l'Yamaska, de la Rivière Quelle, de la Baie-des-Chaleurs comme aux bords du fleuve Saint-Laurent un écho de cette vie imprégnée de grandeur et de sacrifices. Plus heureux aujourd'hui que la fille du grand chan­ celier d'Henri VIII, nous pouvons offrir au lecteur, non pas la tête de notre premier évêque ; mais les principaux traits de sa vie, le cœur de notre père en Dieu. Sons la puissante et douce égide du Sacré-Cœur de Jésus, nous entreprenons ce travail que perfectionnera un jour, nous l'espérons, une plume sacerdotale. L'AUTEUR. 31 mai 1898. CHAPITRE I Les Trois-Rivières en 1835 Corr n'ouï. À L'HORIZON DU MONDH POUTIQUI.;. — LK ROI DES FORGKS. — MANOÎUVRKS DKS TROUPKS RftGUUÎCR.ES. — AU PARQUET HT DANS I.A VII.I.IC. LlC PRÊT. N ouvrant le troisième volume de nos an­ nales, à l'année 1835, nous trouvons la ville et le couvent sous la paternelle direction de M. le Grand Vicaire Thomas Cooke. Monseigneur Siguay occupe le siège épis- copal de Québec ; son coadjuteur est Mgr Turgeon ; M. Barthélémi Fortin est le chapelain de notre monastère qui compte trente-quatre professes et trois novices. Au dehors, le monde politique s'agite. Des points noirs sont à l'horizon. Lord Gosford .représente au Canada Sa Majesté Guillaume IV glorieusement régnant. Ce gouverneur est arrivé au pays apportant du bureau colonial des arrhes de paix et de réconciliation ; mais il a été frustré dans ses espérances. Les Canadiens dédai­ gnant ses avances demandent à grands cris, par force requêtes, justice et liberté. Une commission royale a été 3 4 HISTOIRE DU MONASTÈRE nommée ; et M. Frcd Elliott, l'un des membres, écrit à la Secrétairerie de Londres : " Temps brumeux ; mais, s'éclaircissant du côté du veut." La main de Dieu s'est appesantie sur nous et par deux fois le choléra morbus a décimé la population, imprimant aux années 1832 et 1834, un cachet de terreur et de désolation. (1) Heureusement le fléau s'est éloigné ; et la note joyeuse de l'action de grâces se confond pour ainsi dire avec le chant lugubre du libéra. Cette hymne funèbre se fait entendre dans toutes les. paroisses pour les malheureux cholériques partis pour l'éternité, sans que l'Eglise ait pu verser sur leurs tom­ bes la rosée bienfaisante des prières de la liturgie chré­ tienne. Le crêpe funèbre qui voilait la patrie s'écarte peu à peu, et tout va bientôt rentrer dans la routine ordinaire. M. Mathew Bell, membre du Club des Barons, est le roi des Forges et mène aux Trois-Rivières le train des Lords anglais. A l'époque des chasses à courre, l'aristocratie du pays se réunit à son castel de la ville.. Des centaines de renards, élevés et nourris aux Forges, sont lancés dans les champs de la Banlieue. C'était un £l) Pendant l'épidémie de 1832, le Dr Kimber faisant son rapport an Bureau de santé, dit avoir traité pendant le mois de juin 26 cas de choléra asiatique. — De ce nombre, 13 personnes sont mortes. Comme la plupart des cas déclarés dans la ville étaient .apportés par des étrangers, les règlements du Comité concernant les bateaux à vapeur ou à voile étaient sévères. — Aucun ne pouvait accoster au quai, sans avoir obtenu un permis, après inspection faite du navire, par l'un des gardiens du port qui étaient MM. J. Dickson et Ol. Lwnontagne. Les navires VHercule, le Lady of thé Laie, le John Molson, le B. America et la Favorite ont tour à tour amené sur nos. rives plusieurs cholériques, — Les étrangers étaient conduits à la maison de santé louée par le comité. — M. Aut. Leblanc, sécrétait er du Bureau en 1832, mourut du choléra en 1834. DKS URSUUNKS DES TROIS-RIVIÈRKS 5 beau spectacle pour les citadins, par une de ces délicieu­ ses et dernières belles matinées d'automne, de voir défiler cavaliers et amazones, précédés d'une meute, se rendant sur le terrain de la chasse. Les chiens étaient liés deux à deux, à l'oreille, par une chaînette d'argent ; le cor faisait entendre sa sonnerie, les chevaux piaffaient, et la meute—le nez au vent—trottait. Autre théâtre, nouveau décor : le clairon se fait enten­ dre. Il appelle les réguliers, car les troupes royales séjournent clans la ville. Une musique puissante et bril- * lante fait retentir un air martial. Les Dragons du Roi dénient en face du monastère ; la manœuvre se fait sur le Cap Lieutenant. Un autre jour, ils se dirigeront vers le coteau St-Louis ; et si retentissante était la voix du ser­ gent instructeur, que Mgr Cooke disait qu'on entendait son commandement de la ville. Ce fils de Mars était connu sous le surnom de Brandy Pot qui laisserait croire qu'il sacrifiait aussi à Bacchus. Le terrain où se trouve la poudrière avait été choisi pour champ de manœuvres des soldats qui avaient enfreint la consigne militaire. La durée de l'exercice se mesurait sur la gravité de l'in­ fraction. Les enfants s'attroupaient en ce lieu ainsi que les curieux, et regardaient peiner le pauvre malheureux. A certaines époques, les soldats venaient s'aligner un à un, depuis la poudrière jusqu'au fleuve, et se passaient d'une main à l'autre un petit baril de poudre. On renou­ velait sans doute les provisions militaires. La milice sédentaire avait aussi ses chefs décorés, ga­ lonnés qui convoquaient les troupes, une fois par an, à la saint Pierre. Cette année-là, la 4ième compagnie du 1er, bataillon du comté de St-Maurice, comptant 80 mili­ ciens, fit la revue sur le premier coteau, à 6 hrs a. m. ; les troupes étaient commandées par le Lieutenant Ed. Vézina. 6 HISTOIRK ]>V MOXASTKKK De la place d'armes, descendons an parquet pour acclamer, sur le banc judiciaire, l'Honorable Joseph Ré­ mi Yallièrcs, que Lord Durhama proclame officiellement "le magistrat le plus éminent et le premier juriscon­ sulte de son pays." Parmi les membres du barreau se trouve M. Auguste-David Bosterick, C. R. A son décès, arrivé au mois de septembre, il fut remplacé par M. Pierre Vézina qui, ayant gardé sa commission pendant plusieurs années, put conseiller le roi et la reine. Les • autres avocats sont MAI. Thomas Burn, Kdouard Bar- nard, Louis-Charles Cressé, Pierre-Benjamin Dumoulin, Thomas et Henry Judah, Charles Mondelet, Antoine Polette et Pierre-Kdouard Vézina. M. C. H. Cornu est protouotaire et greffier, M. Isaac- Gouvemeur Ogden, shérif, (i) M. Thomas Coffin préside les sessions de la paix ; et le coroner greffier est David Chilsom ; grand voyer, M. Hugh Heney ; grand constable, Philippe Burns ; geôlier, Richard Ginnis ; crieur des cours et gardien du palais de justice, Pierre Portugais. Le notariat compte dans ses rangs MM. Joseph et Michel Badeaux, William Burn, Laurent-David Craig, Isaae-Kinmanuel Dumoulin et Denis Genest La Barre. Les médecins sont les habiles docteurs Carter et Kimbcr. Le comté de St-Maurice est représenté par MM. Dr Bou- thilier et Valère Guillet. Le R. M. L. Wood est le ministre de l'église anglicane. Les principales maisons de commerce sont celles de MM. Jean Desfossés, Joseph Gervais, Jean Pothier, etc. ( i ) M. le shérif Ogden remplit sa charge pendant quarante ans. Avant sa nomination, il avait été capitaine dans le 56ème Régiment et il avait aussi servi sous de Salaberry. Il était fils d'un loyaliste des Etats-Unis, établi à New-Jersey, qui vit ses propriétés confisquées en 1775, »" proiîtde la cause républicaine. En lécompense de la fidé­ lité de son loyal sujet, la couronne britannique nomma M. Isaac Ogden, juge de la Cour Supérieure à Montréal. DKS l'RSUUXKS DKS TROIS-R1VIKKKS M. Stobbs imprime la ("razcttc des Trois-Rivières. Les syndics de la commune administraient la ville comme corporation municipale.
Details
-
File Typepdf
-
Upload Time-
-
Content LanguagesEnglish
-
Upload UserAnonymous/Not logged-in
-
File Pages440 Page
-
File Size-