“Concours national de la Résistance et de la déportation et conflits du XX° siècle” Stage du Plan académique de formation, Musée de la Résistance et de la Déportation, Besançon, 28 novembre 2013 “La libération du territoire et le retour à la République” Nota bene : un diaporama documentaire et une bibliographie accompagnent cet exposé. Ils peuvent être téléchargés sur le site académique des enseignements en histoire-géographie et éducation civique. Les réfère rendes bibliographiques mentionnées dans cet exposé sont répertoriées dans la bibliographie jointe. Les documents indiqués en gras renvoient au diaporama (où ils sont légendés). Vous les trouverez également dans la brochure régionale consultable à l'adresse suivante : http://missiontice.ac-besancon.fr/hg/spip/spip.php?article1328 Nous tenons à adresser nos plus vifs et chaleureux remerciements à l’équipe du musée pour la qualité de son accueil et pour son accompagnement efficace dans nos activités : Sarah Brach, Pauline Chevassu, Aurélie Cousin, Marie-Claire Ruet, sans oublier Catherine Guinchard. Nos remerciements vont également à Philippe Sallet (académie de Besançon). La Marianne aux stigmates de Paul Colin. La maquette de l’affiche a été dessinée par l'affichiste Paul Colin en août 1944. Bien connue, largement utilisée, cette affiche est particulièrement représentative de l’état de la France, du pays et des Français, à la Libération. L'identification et la personnification de la France et de la République (bonnet phrygien), symbolise ici tous les contrastes de la période de la Libération, moment singulier que le résistant Alban Vistel qualifie de “joie mutilée”. On peut en effet y voir : 1. Une France meurtrie, souffrante, christique portant les stigmates, et évoquant le martyre, le sacrifice, les douleurs de la guerre, représentées aussi par cette espèce de suaire un peu cubique laissant deviner des ruines. 2. Une France debout, digne, éclairée, lumineuse, éblouie par la lumière parce qu’elle sort de la nuit, symbole de l’espoir, de l’avenir, de l’espérance. Quelques questions, quelques enjeux majeurs de cette période extrêmement dense, doivent être d'emblée soulignés, au croisement de l’histoire politique, militaire et socio-culturelle. Le sujet proposé cette année, avec ses deux volets (libération de territoire, retour à la République) est très large, et il sera difficile de tout aborder. Quelques angles d'analyse peuvent être retenus cependant : - la souveraineté, la légitimité et la revanche sur l’humiliation de l’effondrement de 1940 - le retour de la guerre en France et la confrontation à la violence, le questionnement aussi sur les valeurs humanistes !1 « La libération du territoire et le retour à la République », stage PAF, Besançon, 28 novembre 2013 - justice / épuration / réparation - le retour à l’ordre républicain dans une France atomisée, un territoire éclaté en de multiples entités quasi-autonomes, une chronologie de la guerre qui n’est pas la même pour tous les Français - quel “retour” à la République ? Le rejet viscéral par les résistants de la III° République obligé à s'interroger sur le modèle républicain proposé - les images et les représentations de la Libération, notamment de la Résistance - l’expression de mémoires plurielles La chronologie n’est pas précisée dans le libellé du sujet, mais on peut prendre en compte la fin 1943 jusqu'à l'année 1946, avec deux enjeux majeurs, celui de la libération du territoire, celui de la refondation républicaine. Le terme de "refondation", préconisé dans les programmes de collège et de lycée, est sans doute bien plus approprié que celui de “retour”. Plusieurs étapes rythment, entre 1943 et 1946, la question de la refondation républicaine : - l'élaboration du programme du Conseil national de la Résistance, Conseil de la Résistance dont la première réunion a eu lieu le 27 mai 1943. Le programme est publié le 15 mars 1944, sous le titre "Les jours heureux" et comporte comme mesure : “établir le gouvernement provisoire de la République formé par le général de Gaulle”. - création à Alger de l’Assemblée consultative provisoire le 3 novembre 1943 - création à Alger du Gouvernement Provisoire de la République Française le 3 juin 1944 - Le 9 août 1944 est publié au Journal officiel : « La forme du gouvernement de la France est et demeure la République. En droit, celle-ci n’a jamais cessé d’exister » - reconnaissance tardive du GPRF par les Alliés le 23 octobre 1944 - élections municipales, dont le premier tour à lieu le 29 avril 1945, avant le retour des déportés et des prisonniers - élections législatives à l’Assemblée constituante le 21 octobre 1945 - fin du mandat des Commissaires de la République en janvier 1946 (18 commissaires de la République avaient été nommés) - démission du général de Gaulle de sa fonction de président du GPRF le 20 janvier 1946 - Proclamation de la Constitution de la IV° République le 27 octobre 1946 La carte de la libération du territoire montre une libération progressive, par étapes : - le 4 octobre 1943, libération de la Corse par les troupes du Comité français de Libération Nationale et la Résistance corse - 6 juin 1944: débarquement en Normandie et bataille de Normandie jusqu’au 21 août 1944 - 7 juin : libération de Tulle (Corrèze) et proclamation de la République de Mauriac (Cantal), suivies de représailles. - 3 juillet : proclamation de la République du Vercors, suivie de représailles !2 « La libération du territoire et le retour à la République », stage PAF, Besançon, 28 novembre 2013 - 15 août 1944: débarquement en Provence et bataille jusqu’aux Vosges, avec une stabilisation du front dans les Vosges le 20 septembre 1944 - la libération de Paris, du 19 au 26 août 1944 - la bataille des Vosges : la 7° armée US coma mandée par le général Patch et la première armée française du général de Lattre de Tassigny, ainsi que des éléments de la 2°DB du général Leclerc participent à la libération de Strasbourg le 23 novembre 1944. Le camp de concentration du Struthof est libéré le même jour. - La contre-offensive des Ardennes à l'hiver 1944-1945 a des conséquences sur l’Alsace, avec la formation d’une poche de résistance allemande, la poche de Colmar. Strasbourg est défendue par la première armée française du général de Lattre (avec l'intervention de la Brigade Alsace-Lorraine et des unités FFI). Strasbourg menacée est sauvée le 21 janvier 1944. La bataille d’Alsace autour de Colmar nécessite un renforts de troupes américaines. Elle dure du 20 janvier au 9 février 1945 - les poches de l’Atlantique : Dunkerque, Lorient, Saint-Nazaire, La Rochelle et Royan (combats menés par le général de Larminat avec des unités FFI et des divisions françaises libres) sont évacuées par les Allemands le 8 mai 1945 (le 11 mai pour Saint- Nazaire) - le front des Alpes, avec la reconquête de la Tarentaise en mai 1945 Le propos qui suit s'articule en trois parties chronologiques et thématiques, avec des chevauchements, qui seront traitées en prenant appui sur des exemples francs-comtois et des documents. 1. L’attente dans la nuit (1943-1944) : contexte de la France occupée en 1944 et attentes de la libération 2. Les jours les plus longs (1944-1945) : les étapes de la libération dans une France atomisée. Il s'agit d'une longue période de libération, très contrastée entre joies et souffrances, et une fin de guerre qui n’est pas la même selon les territoires. Le cas de la Franche-Comté est, à cet égard, très riche à exploiter. 3. Les grands enjeux de la Libération (1944-1946) - Souveraineté, légitimité et ordre républicain - Sortir de la guerre : justice, épuration, réparations et reconstruction - Images et mémoires de la Résistance et de la Libération, la question de la reconstruction identitaire !3 « La libération du territoire et le retour à la République », stage PAF, Besançon, 28 novembre 2013 I - L’attente dans la nuit (1943-1944) Rappel : entre l’armistice de juin 1940 (cessation des combats) et la fin de l’année 1943, on peut constater un éloignement dans le quotidien des Français et sur le territoire de la guerre. Cet éloignement ne signifie pas absence de persécutions et d’oppression, mais les victimes sont identifiées (juifs, résistants, communistes, etc.), et on ne connaît pas encore de généralisation. Certes, le STO, qui touche les plus jeunes, marque un tournant, mais il faut attendre la fin 1943 pour voir la France redevenir un théâtre de guerre : représailles dans l’Ain, rafles de Nantua le 14 décembre 1943, puis en avril 1944 (rafles de Poligny, de Saint-Claude, déportations massives). 1) La France occupée en 1944 • Radicalisation et fascisation du régime de Vichy Le régime de Vichy Signifie une mise à mort de la République (devise : travail, famille, patrie), Vichy recherche les causes et accuse clairement la III° République. Vichy est aussi une revanche sur le Front populaire et son « esprit de jouissance ». La Révolution nationale est un projet passéiste : inspiration de l’Action française, rupture avec l'esprit des Lumières et le modèle républicain, rejet de l’égalitarisme, de l’individualisme, respect de la hiérarchie, importance de la communauté, de l’autorité, exaltation de la terre, rejet de l’industrie. Il s'agit cependant d'un régime autoritaire différent du fascisme. Vichy est également u régime d’ordre : rejet de la démocratie parlementaire, valorisation de la société pyramidale : autorité du chef, discipline, souveraineté des élites et non du peuple (oligarchie), corporatisme, les devoirs avant les droits, une école fondée sur l'obéissance, encadrement des mouvements de jeunesse,
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