Les Autographes 45, Rue De L’Abbé Grégoire 75006 Paris Tél

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ALDE jeudi 19 mai 2016 Expert Thierry Bodin Syndicat Français des Experts Professionnels en Œuvres d’Art Les Autographes 45, rue de l’Abbé Grégoire 75006 Paris Tél. 01 45 48 25 31 - Facs 01 45 48 92 67 [email protected] Arts et Littérature nos 1 à 186 Histoire et Sciences nos 187 à 390 Exposition privée chez l’expert Uniquement sur rendez-vous préalable Exposition publique à la Salle Rossini le jeudi 19 mai de 10 heures à midi En première de couverture no 345 En quatrième de couverture no 165 ALDE Maison de ventes spécialisée Livres-Autographes-Monnaies Lettres & Manuscrits autographes Vente aux enchères publiques Jeudi 19 mai 2016 à 14 h 00 Salle Rossini 7, rue Rossini 75009 Paris Tél. : 01 53 34 55 01 Commissaire-priseur Jérôme Delcamp EALDE Maison de ventes aux enchères 1, rue de Fleurus 75006 Paris Tél. 01 45 49 09 24 - Facs. 01 45 49 09 30 - www.alde.fr Agrément n°-2006-583 16 17 ARTS ET LITTÉRATURE 2 1. Marie d’AGOULT (1805-1876) femme de lettres, maîtresse de Liszt. L.A.S., samedi matin, à un poète ; 2 pages in-8. 100/150 « Pas d’arrière pensée ? non vraiment, cher Poëte ; je vous en voulais un peu de ne pas vous apercevoir que je ne vous traitais pas comme tout le monde, mais c’était une plainte amicale et je regretterais qu’elle vous eût été transmise si elle ne me valait pas en ce moment une effusion si vraie et si bonne de votre noble cœur »... Elle n’a pas oublié leur conversation du Bois de Boulogne : « c’est dès ce jour que vous vous êtes fait votre place à part dans mon estime »... 2. Henri Frédéric AMIEL (1821-1881) écrivain et philosophe suisse, auteur d’un important Journal intime. L.A.S., Genève 21 octobre 1853, à un ami [Athanase Coquerel] ; 4 pages in-8 (fente réparée). 300/400 Longue et intéressante lettre. Inquiet du silence de son correspondant, il le suppose absent de Paris. Il n’aura donc probablement pas reçu « un gros article de 8 bonnes pages » au sujet de l’ouvrage de Brunel [Avant le christianisme, ou Histoire des doctrines religieuses et philosophiques de l’antiquité, par le pasteur Henri Brunel, 1852], qui avait tant tardé à venir : « Comme je vous envoyais le brouillon même, et que par conséquent je n’ai aucune copie de ce travail, j’en attendais l’accusé de réception. Aucun ne m’est parvenu. La dépêche aurait-elle été perdue ? Cela me chiffonne fort, pour M. Trottet et pour moi, sinon pour le Lien qui n’y perdrait pas grand’chose. Je le regretterais aussi comme témoignage de ma bonne volonté […] en octobre dernier, il avait été convenu, je crois, entre nous que vous me dispensiez de cette critique, par amabilité pour l’auteur, l’ouvrage étant très faible. La condition que vous avez posée à mon ami Trottet pour un compte-rendu m’ayant démontré la ténacité de votre désir, j’essayai de satisfaire à la fois à la justice littéraire, à la politesse pour l’auteur et aux exigences de la rédaction. Le résultat fut ce malencontreux article, sur la destinée duquel je reste en suspens »... Puis il raconte son voyage de six semaines dans le Sud-Est de la France (Lyon, Arles, Valence, Avignon, Nîmes, Calvisson chez le pasteur Abauzit, Arles, Marseille, Toulon, Cannes, Nice) et en Italie : « Deux ou trois jours à Gênes, huit jours à Turin, retour par le Mont Cenis et Chambéry […] Ce petit voyage, chétif raccourci de celui que je rêvais pour cette année, [...] m’a cependant fait du plaisir et du bien. [...] En un mot, j’ai vécu en touriste, et rien ne restaure davantage un savant éclopé et des organes fatigués, que 3 cette lanterne magique riante et bariolée que le voyage fait tourner devant eux. L’homme se rafraîchit en devenant enfant ; aussi je n’ai point manqué d’aller voir les marionnettes à Turin, au théâtre de Gianduja ». Au retour, il a été pris par les obligations académiques… Coquerel doit être au courant du mouvement religieux à Genève : « Celui de Turin m’a beaucoup intéressé ; le joli temple vaudois sera inauguré prochainement »… Il ajoute un long post-scriptum concernant son beau-frère Guillermet, « secrétaire de la Vénérable Compagnie », et un long article de Gaborel… 3. Jean ANOUILH (1910-1987). 5 L.A.S., [1938 et s.d., à Lucien Descaves] ; 5 pages in-fol. ou in-4. 400/500 [Janvier 1938]. Il lit son article de L’Intransigeant sur La Sauvage [créée aux Mathurins le 10 janvier] : « Je le cherchais tous les jours dans l’édition de midi de l’Intran sans le trouver […] Il fleurit aujourd’hui au milieu de quelques papiers vinaigrés sur ma salle et au fond j’ai bien fait d’attendre car il m’aide à me moquer d’eux »... [19 septembre 1938 ?]. Un peu de sympathie venant de Descaves est « une assez grande chose – surtout en ce moment où l’on me fait aussi aimablement le coup du mépris. Je veux vous en remercier de tout mon cœur »... 11 bis rue Schoelcher. Il a été un peu surpris par son accueil de tout à l’heure. « J’étais passé hier au Journal où on m’a dit que vous veniez irrégulièrement. Je vous téléphonais simplement pour vous demander à quelle heure et quel jour une visite de moi vous dérangerait le moins »... – « Je regrette aussi de ne pouvoir être publié dans Le Journal, mais je vous remercie d’avoir songé – contre l’usage – à me faire renvoyer mes manuscrits »... – « Je prends la liberté ce mot pour vous dire quelle joie j’ai eu à lire l’article que vous voulez bien me consacrer. Quelle joie j’ai eu aussi à vous voir dire – avec cette indépendance et cette force ironique qui ne sont qu’à vous –leur fait à nos amis les prestidigitateurs du théâtre »... 4. Jean ANOUILH. 3 L.A.S., [1946-1953 et s.d.], à ses amis Marcello et Hortensia Moralo Anchorena ; 3 pages in-4 et 2 pages oblong in-8 avec petite vignette. 400/500 Bel ensemble à ses amis argentins producteurs de spectacle. Erquy (Côtes du Nord) [août ? 1946]. « Je suis ici dans une petite maison que j’ai achetée, où je joue moi aussi, en tout petit à construire des escaliers et à faire peindre ; j’ai écrit deux pièces Roméo et Jeannette qu’on jouera à l’Atelier et L’Invitation au château qui sera créé à la Comédie des Champs-Élysées. Je vous remercie de trouver dans les petits incidents de votre vie, des traces de mon répertoire »... Monelle [Valentin] reprendra 4 La Sauvage en septembre ; on créera Antigone à New-York en novembre ; il voudrait y aller, « et aussi, passionnément en Argentine et au Brésil [...]. Si vous voulez un bon exemplaire d’Antigone illustré nouvellement par une jeune fille inconnue [Jane Pêcheur] écrivez de suite de ma part aux Éditions du Centre »... Montfort l’Amaury [novembre ? 1953]. Il a eu beaucoup d’ennuis cinématographiques et familiaux, mais il annonce avec plaisir le mariage de sa fille Catherine le 10 décembre, et espère les y voir : « outre l’exceptionnel plaisir de me voir pour l’unique fois de ma vie en jaquette (je ne vois qu’un futur prix Nobel qui pourrait me contraindre à endosser une seconde fois ce reste charmant de l’habit Louis XVI) vous aurez le privilège d’entendre une petite pièce à laquelle je tiens beaucoup apprise répétée et jouée rien que pour elle par des comédiens amis. Je retire L’École des pères du Français et me prenant à la fois pour Molière et pour Louis XIV j’en réserve l’unique représentation aux invités de Catherine. Le lunch aura lieu dans les foyers de la Comédie des Champs-Élysées et après on jouera la pièce »... Il propose de leur présenter plus tard sa jeune femme [Nicole], « Monelle devant voler l’héroïne en second de ces fêtes »... – Il a été très surpris de la question d’Hortensia : « Comment avez-vous pu supposer que j’allais me mettre peintre d’enseignes pour autre chose que pour mon plaisir ? Je suis descendu en pensant que je ne vous reverrai jamais. Dans la rue j’ai compris que j’étais un incorrigible jeune homme et que je vous pardonnais à cause des mauvaises habitudes que les gens qui vous entourent vous ont fait prendre (je ne parle pas de votre sœur dont je suis amoureux, ni du gentil Marcel bien sûr). Donnons-nous quelques mois d’absence pour oublier ce petit malentendu »... 5. Jean ANOUILH. L.A.S., [vers 1952 ?] ; 1 page in-4. 200/300 Sur la critique. Son point de vue est simple : « la critique n’est pas aisée. C’est elle aussi, on l’oublie trop et singulièrement quelques-uns de ceux qui ont la prétention de l’exercer – un art difficile. Un art où on trouve, comme dans les autres, des débutants maladroits, des gens de talent, et d’indécrottables médiocres. Ils jouissent seulement d’un privilège inestimable qui les met à l’abri de bien des petits ennuis : c’est qu’il n’existe pas de critique des critiques... Je crois en outre qu’autant il est légitime que chacun puisse exprimer librement son opinion sur une œuvre, autant il est abusif que cette opinion – souvent hasardeuse – soit répandue à des centaines de milliers d’exemplaires et devienne l’opinion de toute une foule qui n’ira jamais au théâtre vérifier l’exactitude de ce qu’elle lit sur un journal.

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