3 Reinventing Ireland Through A French Prism Studies in Franco-Irish Relations Volume 1 Edited by: Eamon Maher, Grace Neville and Eugene O’Brien Table of Contents Préface – Michel Déon (de l’Académie Française) 7 Introduction (The Editors) 11 Part I – The Historical Context Chapter One Michael Cronin: 21 The Shining Tumultuous River? Irish Perspectives on Europe Chapter Two Serge Rivière and Jenny O’Connor: 41 The Representation of the Irish cultural landscape in the Journals of Montalembert (1830) and Tocqueville (1835) Chapter Three Yann Bévant: 61 La 36ème division d’Ulster, un mythe irlandais né en France Chapter Four Catherine Burke: 77 Bowen’s London as a du Bellian Rome Chapter Five Louise Fuller: 97 The French Catholic Experience: Irish Connections and Disconnections Part II – 19th Century Literary Links Chapter Six Jean Brihault: 115 Lady Morgan: Building Bridges Chapter Seven Anne Markey: 131 French culture and Oscar Wilde’s fairy tales: an unexplored interlink with neglected works of art Chapter Eight Mary Pierse: 147 George Moore and ‘le moment célibataire’. Part III – Convergence of 19th and 20th Century Thought Chapter Nine Brigitte Le Juez: 163 « A l’instar du grand Gustave… » et à l’encontre des psittacidés: Beckett héritier de Flaubert Chapter Ten John McDonagh: 181 “Tore down à la Rimbaud”: Brendan Kennelly and the 6 Table of Contents French Connection Chapter Eleven Sarah Nolan: 195 Modern Living, Modern Loving - Baudelaire and Sirr Chapter Twelve Sylvie Mikowski: 211 The Barracks de John McGahern et Flaubert Part IV – 20th Century Literature Chapter Thirteen Raymond Mullen: 229 “The womb and the grave”: Living, Loving and Dying in John McGahern’s The Pornographer and Albert Camus’ L’Étranger Chapter Fourteen Eamon Maher: 245 John Broderick (1924-89) and the French ‘Roman Catholique’ Chapter Fifteen Joan Dargan: 263 From “Omphalos” to “Testimonies”: France in the Works of Seamus Heaney Part V – Theoretical / Cultural Links Chapter Sixteen Eugene O’Brien: 273 Vivre la différ[a]ence: French and Irish Republicanism – towards a deconstructive intertextual critique Chapter Seventeen Paula Murphy: 291 French Theory and Irish Theatre on the Hinterland of Modernity Chapter Eighteen Emilie Bordenave: 309 Nicolas Bouvier : un regard « français » sur les îles d’Aran Chapter Nineteen Philip Dine: 325 Tackling Les Diables Verts: French Writers on Irish Rugby Notes on Contributors 343 Index 349 Michel Déon (de l’Académie Française) Préface Pris de scrupules devant le mot ‘colloque’, j’ouvre le dictionnaire (de l’Académie, bien sûr) pour ne pas trahir l’esprit de la rencontre au Dépar- tement de français de l’Université de Cork. Je lis : 1˚ sens : conférence entre chefs d’états… non, ce n’était, Dieu mer- ci, pas ça ! 2˚ sens : entretien plus ou moins confidentiel entre une ou plusieurs personnes. Ce n’était pas ça non plus ! 3˚ sens : réunion d’un petit nombre de spécialistes qui échangent des vues sur un sujet déterminé. Là, nous approchons, bien que le mot ‘spécialiste’ ne semble guère con- venir aux participants. De ce colloque, j’ai gardé le souvenir d’un ensemble d’actes tous fort différents et dignes d’intérêt mais sans aucune concertation préalable entre leurs auteurs : des idées se croisaient et se saluaient sans se heurter. Ces rencontres déjà si fructueuses le seraient encore bien plus si nous les préparions comme on prépare une pièce de théâtre mais peut-être leur improvisation est ce qui retient le mieux l’attention du public. J’aimerais baptiser ce genre de colloque : « Conversations à bâtons rompus ». Cha- cun y vient parler égoïstement de ce qu’il a en tête, mûri ou pas. La di- versité est le meilleur ferment de ces journées de travail. En public, nous nous révélons aux uns et aux autres autant qu’à nous-mêmes et décou- vrons avec surprise le cheval de bataille de notre prédécesseur ou de notre successeur à la tribune. Où, au monde, aurions-nous pu entendre une jeune étudiante vanter les qualités d’une Simone Tery, journaliste de la plus pure obédience stalinienne dans les années trente, oubliée avec quelque gêne par son propre parti, et, dans la foulée, écouter une péné- trante analyse de l’œuvre de Michel Houellebecq ? L’université que j’ai épisodiquement fréquentée en 1938-39, m’est souvent apparue comme un monde à part dont, devenu écrivain, j’ai eu le 8 Préface sentiment qu’elle tendait à m’exclure au nom de sa supériorité dialec- tique, l’université m’ouvre soudain les bras en France comme à l’étranger. A Cork, deux journées de la meilleure honnêteté intellectuelle me réconcilient avec les maîtres et leurs studieux disciples. Si grandes étaient les curiosités que le temps a semblé nous manquer. Une leçon est à retenir de ces débats : nous ne nous parlons plus assez, Irlandais et Français. La « vieille liaison » amoureuse entre nos deux imaginaires re- monte à bien plus loin que Louis XIV et son malheureux soutien au Roi Jacques détrôné, elle remonte aux moines irlandais qui, lors des grands pèlerinages à Rome, s’attardaient en France, édifiaient des églises, fon- daient des monastères et des écoles, recopiaient des manuscrits et sau- vaient de l’oubli tout un savoir qui, sans eux, aurait été perdu à jamais. Avec le temps, cette « vieille liaison » s’est fragilisée, surtout quand la Grande-Bretagne n’a plus été l’écrasante puissance coloniale si insuppor- table aux intellectuels irlandais. Depuis la fin de la II˚ guerre mondiale, une partie de l’attention des intellectuels irlandais s’est tournée vers Londres ou les États-unis dont la formidable puissance exerce une attrac- tion assez irrésistible. Si l’Irlande semble s’être quelque peu détournée de la France qui fut longtemps la terre d’asile de ses écrivains, en revanche je crois sincèrement que nous avons continué d’accueillir avec la même générosité ses artistes, ses romanciers et ses dramaturges. Je sais l’obstacle : il faut pour que nous nous entendions passer d’une langue à l’autre. Ce ne fut un problème ni pour Synge, George Moore, Wilde, Joyce, Beckett et quantité d’autres, mais il semble que ce soit un problème aujourd’hui. De la vie littéraire française, l’Irlande ne connaît guère que ce que la Grande-Bretagne laisse filtrer dans ses rares traductions du français, et ce n’est pas le meilleur. On croirait même qu’un choix pervers diffuse en anglais ce que nous avons de plus douteux pour que la critique du Times Literary Supplement, du Guardian et des magazines spécialisés fassent des gorges chaudes de nos auteurs les plus cryptés, les plus illisibles. Faute de moyens, les éditeurs irlandais ne peu- vent guère redresser la barre et on ne saurait le leur reprocher. Au cours de notre colloque, j’ai eu plaisir à évoquer deux hommes qui, avec une rare générosité, ont symbolisé l’amitié littéraire de la France et de l’Irlande: le professeur Rudmore Brown, de Trinity College, auteur de French Literary Studies (de Maurice Scève à Mallarmé) et Va- lery Larbaud, romancier, essayiste, traducteur de l’Ulysse de James Joyce, et préfacier de Gens de Dublin. Avec une ferveur rare et une émouvante abnégation – surtout pour Larbaud au détriment de son œuvre Préface 9 – ils ont, l’un et l’autre, tissé des liens entre les trésors de l’Irlande et les trésors de la France. Certes, nous ne sommes pas des puissances mondiales. La France l’a peut-être été un long moment dans l’histoire de l’Europe et ce n’est pas forcément la décrier que de douter de son rôle dans les temps modernes. De son côté, l’Irlande jouit d’un privilège particulier : sa neutralité la pro- tège mieux qu’une puissante armée. En revanche les deux pays, l’Irlande avec sa diaspora si puissante, la France avec l’étendue des territoires res- tés francophones, représentent dans le monde actuel deux havres de paix qui ne souffrent d’aucun malentendu historique et ne peuvent que s’enrichir en se parlant, en s’écrivant en s’écoutant. C’est ce que nous avons fait à Cork. Eamon Maher, Grace Neville and Eugene O’Brien Introduction The task of ‘reinventing’ Ireland is not completely new territory. In fact, it has already been tackled in the book of essays edited by Peadar Kirby, Luke Gibbons and Michael Cronin.1 In their Introduction, the editors re- fer to a statement from the 1999 strategy document of the National Eco- nomic and Social Council which stated unambiguously that: ‘Ireland re- invented itself during the 1990s’. In economic and social terms, there can be no doubt that this was the case. The late nineteen nineties saw the de- velopment of the Celtic Tiger, with full employment, massive road- and house-building, increased GNP and GDP, lower taxation and the emer- gence of a new society built around the principles of liberal capitalism and consumerism. What bothered some commentators was the uncritical manner in which people accepted a positive view of every aspect of the Celtic Tiger. The new culture was seen as ‘marking a break with the past and the coming-of-age of an enlightened, tolerant and liberal Ireland’.2 Colin Coulter, in his Introduction to The End of Irish History?, makes a similar point: It has been entirely predictable, therefore, that the advent of the Celtic Tiger should have moved a range of commentators to declare and delineate the demise of traditional Ireland. In recent times, it has become commonplace to portray the Irish Republic as a thoroughly modern society that has changed utterly and for the better.3 1 Reinventing Ireland: Culture, Society and the Global Economy (London: Pluto Press, 2002).
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