Avis délibéré de l’Autorité environnementale sur le projet d’aménagement foncier, agricole et forestier (AFAF) de Courcôme, La Faye, Raix et Villefagnan (16) lié à la LGV Sud Europe Atlantique n°Ae: 2014-31 Avis délibéré n°Ae 2014-31/ n° CGEDD 009699-01 adopté lors de la séance du 25 juin 2014 Formation d’Autorité environnementale du Conseil général de l’environnement et du développement durable Ae CGEDD – Avis délibéré du 25 juin 2014 –AFAF de Courcôme, La Faye, Raix et Villefagnan (16). page 1 sur 17 Préambule relatif à l’élaboration de l’avis L’Autorité environnementale 1 du Conseil général de l’environnement et du développement durable (CGEDD), s’est réunie le 25 juin 2014 à Paris. L’ordre du jour comportait, notamment, l’avis sur l’aménagement foncier, agricole et forestier (AFAF) de Courcôme, La Faye, Raix et Villefagnan (16) lié à la LGV Sud Europe Atlantique. Étaient présents et ont délibéré : Mmes Perrin, Steinfelder, MM. Barthod, Chevassus-au-Louis, Decocq, Galibert, Lafitte, Ledenvic, Ullmann, Vindimian. En application du § 2.4.1 du règlement intérieur du CGEDD, chacun des membres délibérants cités ci-dessus atteste qu’aucun intérêt particulier ou élément dans ses activités passées ou présentes n’est de nature à mettre en cause son impartialité dans l’avis à donner sur le projet qui fait l’objet du présent avis. Étaient absents ou excusés : Mmes Guth, Hubert, MM. Letourneux, Roche * * * L’Ae a été saisie pour avis par courrier du conseil général de Charente en date du 1 er avril 2014, le dossier ayant été réputé complet le 4 avril 2014. Cette saisine étant conforme à l’article R. 122-6 du code de l’environnement relatif à l’autorité administrative compétente en matière d’environnement prévue à l’article L. 122-1 du même code, il en a été accusé réception. Conformément à l’article R122-7 II du même code, l’avis doit être fourni dans le délai de 3 mois. Par courriers en date du 8 avril 2014, l’Ae a consulté : - le préfet de département de Charente, - le ministère du travail, de l’emploi et de la santé, - la direction régionale de l’environnement de l’aménagement et du logement de Poitou-Charentes. Sur le rapport d’Éric Vindimian et Frédéric Cauvin, après en avoir délibéré, l’Ae rend l’avis qui suit, dans lequel les recommandations sont portées en italique gras pour en faciliter la lecture. Il est rappelé ici que pour tous les projets soumis à étude d’impact, une « autorité environnementale » désignée par la réglementation doit donner son avis et le mettre à disposition du maître d’ouvrage et du public. Cet avis ne porte pas sur l’opportunité du projet mais sur la qualité de l’étude d’impact présentée par le maître d’ouvrage, et sur la prise en compte de l’environnement par le projet. Il n’est donc ni favorable, ni défavorable au projet. Il vise à permettre d’améliorer la conception du projet, et la participation du public à l’élaboration des décisions qui portent sur ce projet. 1 Désignée ci-après par Ae. Ae CGEDD – Avis délibéré du 25 juin 2014 –AFAF de Courcôme, La Faye, Raix et Villefagnan (16). page 2 sur 17 Synthèse de l’avis Le projet d’aménagement foncier agricole et forestier (AFAF) avec inclusion d’emprise de Courcôme, La Faye, Raix et Villefagnan est un des AFAF mis en place le long de la ligne à grande vitesse Sud-Europe-Atlantique (LGV-SEA) en construction. Il est placé sous la responsabilité du conseil général de la Charente et se situe au nord du département. Ce projet d’ampleur relativement modeste (1 783 ha) concerne quatre communes. Les principaux enjeux environnementaux concernent la préservation des zones humides et la protection de l’habitat de l’Outarde canepetière. L’étude d’impact est très complète et présentée avec un réel souci didactique. Elle identifie les principaux enjeux mais comporte quelques imprécisions sur la description des zones humides concernées par le projet. Il convient également de noter que l’aménagement se situe en zone agricole très peu boisée avec une densité de haies très faible. Le linéaire de haies qui seront plantées dans le cadre de ce projet dépasse largement les prescriptions préfectorales. Les principales recommandations de l’Ae concernent : • la justification des travaux connexes prévus, en particulier les arrachages de haies et les plantations, notamment au regard de l’arrêté préfectoral du 9 février 2011 qui fixe des prescriptions pour les travaux au sein du site Natura 2000 2 « Plaine de Villefagnan » et de leur cohérence avec les aménagements envisagés dans le cadre de la réalisation de la LGV ; • l’approfondissement de l’analyse des impacts sur l’Outarde canepetière et la gestion durable des parcelles en jachère dédiées à l’accueil de cette espèce ; • l’explicitation des engagements en matière de suivi des mesures et de leurs effets. Elle a fait par ailleurs d’autres recommandations plus ponctuelles, précisées dans l’avis détaillé ci- joint. 2 Les sites Natura 2000 constituent un réseau européen en application de la directive 79/409/CEE « Oiseaux » (codifiée en 2009) et de la directive 92/43/CEE « Habitats faune flore », garantissant l’état de conservation favorable des habitats et espèces d’intérêt communautaire. Les sites inventoriés au titre de la directive « habitats » sont des sites d’intérêt communautaire (SIC) ou des zones spéciales de conservation (ZSC), ceux qui le sont au titre de la directive « oiseaux » sont des zones de protection spéciale (ZPS). Ae CGEDD – Avis délibéré du 25 juin 2014 –AFAF de Courcôme, La Faye, Raix et Villefagnan (16). page 3 sur 17 Avis détaillé 1 Contexte, présentation du projet et enjeux environnementaux 1.1 Contexte et programme de rattachement du projet La ligne à grande vitesse (LGV) Sud Europe Atlantique a été déclarée d’utilité publique par décret du 10 juin 2010 pour la section Tours-Angoulême. Elle placera Bordeaux à 2 h 05 de Paris. La concession de cette ligne a été attribuée par Réseau ferré de France (RFF) à LISEA 3, le 16 juin 2011, pour une durée de cinquante ans. Sa construction est assurée par COSEA, et sa mise en service prévue pour 2017. La LGV concerne 113 communes situées sur six départements et trois régions. Elle traversera le département de la Charente sur 115 km environ, entraînant un prélèvement foncier et une coupure des territoires, perturbant, entres autres, les conditions d’exercice de l’activité agricole. Afin de remédier au prélèvement en superficie et de restaurer la fonctionnalité du parcellaire agricole, et conformément à l’article L. 123-24 4 du code rural et de la pêche maritime (CRPM), le conseil général de la Charente conduit actuellement 19 procédures d’aménagement foncier, agricole et forestier (AFAF) 5 relatifs à la LGV, dont 11 en inclusion d’emprise 6. L’ensemble des aménagements fonciers agricoles et forestiers dans les différents départements et la ligne à grande vitesse Sud Europe Atlantique font partie du même programme d’opérations fonctionnellement liées au sens du code de l’environnement (article L. 122-1). Ce programme comprend également, entre autres, les sites de stockages provisoires de matériaux liés à la construction de cette LGV. Le projet d’AFAF, objet du présent avis, est localisé à une cinquantaine de kilomètres au nord d’Angoulême, à une dizaine de kilomètres des limites départementales des Deux-Sèvres, de la Charente-Maritime et de la Vienne, et concerne les communes de Courcôme, La Faye, Raix et Villefagnan. L’opération concerne une superficie cadastrale 7 totale de 1 783 ha répartie sur les communes suivantes : • Courcôme pour 766 ha ; • Raix pour 519 ha ; • La Faye pour 174 ha ; • Villefagnan pour 325 ha. Le maître d’ouvrage de l’AFAF est le conseil général de la Charente. Les travaux dits « connexes » prévus dans le cadre de cet AFAF seront réalisés sous la maîtrise d’ouvrage d’une association foncière d’aménagement foncier agricole et forestier (AFAFAF). Ces travaux sont prévus pour un montant estimé de 867 k€ TTC, dont 223 k€ HT en faveur de l’environnement selon le maître d’ouvrage. Le coût total de l’AFAF (études et suivi, procédures et travaux connexes) n’est pas 3 Dont les actionnaires sont VINCI, la Caisse des Dépôts et Consignations, AXA Private Equity et Meridiam. 4 Texte de l’article L. 123-24 : « Lorsque les expropriations en vue de la réalisation des aménagements ou ouvrages mentionnés aux articles L. 122-1 à L. 122-3 du code de l'environnement sont susceptibles de compromettre la structure des exploitations dans une zone déterminée, l'obligation est faite au maître de l'ouvrage, dans l'acte déclaratif d'utilité publique, de remédier aux dommages causés en participant financièrement à l'exécution d'opérations d'aménagement foncier mentionnées au 1° de l'article L. 121-1 et de travaux connexes ». 5 Anciennement « remembrement ». 6 Aménagement foncier avec inclusion d'emprise : l'emprise de l'ouvrage public est incluse dans le périmètre d'aménagement foncier. Un prélèvement de 5% maximum est opéré sur toutes les propriétés comprises dans le périmètre (proportionnellement aux apports de chacun), ce qui permet d'acquérir la surface nécessaire à la réalisation du grand ouvrage public. Les prélèvements sont indemnisés. Les réserves foncières constituées par la SAFER viennent réduire (voire annuler) ces prélèvements. Aménagement foncier avec exclusion d'emprise : l'emprise de l'ouvrage public est exclue du périmètre d'aménagement foncier. Les propriétaires situés sous l'emprise sont donc expropriés (par voie amiable ou judiciaire). La restructuration se fait de part et d'autre de l'ouvrage dans le périmètre perturbé par l'ouvrage.
Details
-
File Typepdf
-
Upload Time-
-
Content LanguagesEnglish
-
Upload UserAnonymous/Not logged-in
-
File Pages17 Page
-
File Size-