L E C O U V E

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LE COUVENT PAU PARIS V euve L. R IB A U T A lphonse PICARD et fils LIBRAIRE-ÉDITEUR lib r a ir es -éditeurs R me Saint-Louis, 6 Rue Bonaparte , 82 MDCCCXCXV LE COUVENT DES URSULINES D’ORTIiEZ LE C O U V EN T PAU PARIS V euve L. RIBAUT A lph on se PIC ARD et fils LIBRAIRE-ÉDITEUR lib r a ir es -éditeurs Rue Saint-Louis, 6 R me Bonaparte , 82 MDCCCXCXV Extrait desÉtudes historiques et religieuses du diocèse de Bayonne LE COUVENT DES URSULINES D’ORTHEZ Les Ursulines, qui séjournèreut pendant plus d'un siècle à Orthez, ont réalisé un tel bien dans cette ville qu'il nous a paru intéressant de réunir quelques notes sur leur établissement. Il ne serait guère aisé, vu la pénurie absolue de titres aux archives départementales et communales, de composer un récit à peu près suivi, si déjà, au siècle dernier et à la veille même de la Révolution, l’historien de leur Ordre ne leur avait consacré huit pages d’un important ouvrage bien rare aujourd’hui (1); et il se trouve que, par un hasard heureux pour nous, le couvent d’Orthez est presque le seul à avoir une histoire à peu près complète, du moins dans ses principales lignes. Toutefois il sera permis d’indiquer préalablement dans quelles conditions les religieuses allaient arriver à Orthez. CHAPITRE PREMIER I. — Des Couvents d’Orthez jusqu’en 1691 Ancienne capitale des vicomtes béarnais, protecteurs des ordres religieux, la ville d'Orthez posséda jusqu’aux guerres de religion divers couvents : Jacobins célèbres dans la région du Sud-Ouest par l’éclat de la science théologique et le mérite de leurs vertus, qui donnèrent des saints à l’Eglise. Capucins, Cordeliers, dont le nom reste attaché à un récit émouvant (2), Trinitaires rédempteurs (1) Histoire de l’Ordre de Ste-Ursule depuis sa fondation jusqu’à nos jours ; divisée en quatre parties. A Paris chez Nyon libraire, rue du jardinet. Et à Orléans chez C. A. Jacob aîné, imprimeur-libraire, rue St-Sauveur MDCCLXXXVII avec approbation et privilège du Roi, t. U p. 345-353. Le volume qui nous appartient porte en suscription : « A la comte de S,0-Ursule d’Orthez ». Cfr. Historia cronologica y general de la Orden de Santa Ursula, fundada por Santa Àngela Merici Virgen, para la instruccion del por se.xo el licdo D. Pedro G. de Villaumbrosa. — Madrid : Eusebio Aguado 1850. — Zaragoza : José Bedera 1866 capitulo iv artigulo iv. — "De la Congregacion de Tolosa p. 255. (2) Vr dans Poeydavant : Histoire des troubles survenus en Béarn, 1819 t. i p. 357. Un cordelier célébrait la messe en 1569, lors de l’entrée de Mongonmery : il s’enfuit, se jette dans le gave et est porté, dit le narrateur, au pied du couvent des cordeliers de Bayonne. B. 1 2 — dos captifs et surtout l’abbaye royale de St-Sigismond dout les Sœurs, objet de la faveur toute particulière des vicomtes et des rois, étaient'vouées à l’instruction de la jeunesse de tout le Béarn (1 ). Jeanne d’Albret, en introduisant le protestantisme dans ses Etats, dispersa les religieux et affecta leurs biens à des œuvres protes­ tantes jusqu’à ce que Louis XIII remit les choses en l’état ancien. Cependant le coup porté au catholicisme avait été rude et les monastères se repeuplaient lentement, ce qui trouve son explication dans ce fait que le Béarn restait en grande partie attaché à la foi nouvelle. De zélés missionnaires, parmi lesquels St-Vincent-de- Paul, continuateurs des Olgiati, des Colom et des Bitoz, travaillaient avec un saint zèle à ramener les masses par la prédication et la controverse. Et le fait venant appuyer la parole, l’intendant Fou­ cault, ce grand convertisseur, leur prêtait une aide efficace. Mais on s’étonnera, et non sans juste raison, que dans cette œuvre de relèvement de la foi catholique, aucun des prélats dont l’action s’exercait sur le Béarn n’ait songé à demander un secours à l’éducation, ce levier moral si puissant pour façonner et disci­ pliner les esprits (2). Grâce à elle on inculque et on grave profondé­ ment dans l’âme de l’enfant les vérités premières. St-Sigismond, il est vrai, était relevé de ses ruines, mais végétait chétivement, sous la menace perpétuelle d’une annexion à Bayonne que retar­ daient les enquêtes judiciaires ; et les rapports des conseillers du Parlement mentionnent son état d’abandon presque complet, encore qu’à la fin du xvne siècle on y trouve des pensionnaires nobles. Spontanément, en 1684, les jurats catholiques qui savaient assez les difficultés à vaincre lors des élections, pour conserver la direc­ tion des affaires communales, désirèrent assurer à leurs compatriotes le bienfait d’une éducation catholique. C’est du moins ce qu’affirme l’historien de l’Ordre qui avait eu en mains des « mémoires... « (lesquels) ne., laissent rien à désirer pour écrire l’histoire de ce « nouvel établissement ». 11 est de toute nécessité d’y ajouter foi puisque les délibérations municipales manquent dans le registre côté BB 8, du 4 avril 1684au 31 octobre 1686, pour avoir été égarées de 1767 à 1792, (1) Les sœurs grises furent appelées en 1769. — Arrêt du Conseil d’Etat sous la date du 2 novembre. — (2) Cependant à Pau, il y avait les religieuses de Notre-Dame fondées en 1626. — 3 — Ils s’adressèrent donc à Mgr Philippe de Chaumont, évêque de Dax. Les Ursulines étaient déjà établies à Pau, à Bayonne (1621 et 1624), à Dax (entre ces deux dates), à Oloron (4 juin 1633) (1), et à St-Jean-de-Luz : il avait été question de les introduire à Nay en 1660 (2). Fondées en Italie, au xvie siècle (3), par sainte Angèle de Mérici (4) pour l’éducation de la jeunesse, elles ne furent, après avoir été approuvées en 1544 par Paul III et érigées en ordre reli­ gieux par Grégoire XIII en 1572, connues en France que lorsque des personnes pieuses de Toulouse jetèrent les bases, sous les auspices de l’archevêque, d’une communauté approuvée, en 1611, pour le royaume, par Louis XIII. Une bulle de 1614 adressée par Paul V à l’official les admit aux vœux solennels et à la vie claus­ trale, sous la règle de St-Augustin et selon les constitutions de la mère Marguerite de Yigier. Les religieuses de la Congrégation de Toulouse portaient la robe et le scapulaire de cadis blanc avec la ceinture de cuir : les dimanches et jours de fête, la Semaine Sainte, pour la vêture, la procession et les enterrements des sœurs ; elles revêtaient la robe de cadis noir avec des manches de trois pans et demi de large, un manteau noir traînant à terre à l’occasion des grandes cérémonies, des assemblées de Chapitre et aussi pour aller à la sainte table. Elles tenaient partout cinq classes d’externes et récitaient le grand office romain. A côté des sœurs, existait dans chaque monastère une congrégation de dames pieuses, chargées de visiter les hôpi­ taux, les malades pauvres, les prisonniers, d’instruire les servantes, les filles d’artisans et de leur enseigner la doctrine chrétienne. Ces dames récitaient l’office de la Sainte-Vierge, jeûnaient la veille de scs fêtes et tous les vendredis de l’année. Au-dedans une religieuse les présidait, mais elles avaient le droit de choisir parmi elles la mère de la congrégation et les autres dignitaires. Prévenus favorablement en faveur de ces religieuses, les jurats (1) Menjoulet, Chronique du diocèse et du pays d’Oloron, Oloron, Marque, 1869, t. n, p. 248. |2) Arch. eomm. de Nay, BB 4. Enquête. (3) Abbé Postel, Histoire de S10 Angèle de Mérici, 2 vol. in-8°, Paris. Pousselgue. (4) La première fondation, faite sur un territoire aujourd’hui français, et sous les auspices de César de Bus, fondateur aussi de la Doctrine chrétienne, fut celle de l'Isle dans le Comtat Venaissin (1592), d’où les religieuses allèrent essaimer en France. Or, on sait aussi le succès dans ces contrées, de l’institut de la Doctrine chrétienne. ortkéziens d’un commun accord avec le prélat- convinrent d’en appeler « pour l'instruction des petites filles. » Il ne fallait plus que l'autorisation de messieurs les gens du Roi. Les conjonctures étaient favorables, car ces délibérations s’étaient poursuivies jusqu’en l’année 1685, demeurée célèbre par la révoca­ tion de l’édit de Nantes. Il serait hors de propos d’en parler ici autrement que pour dire qu’un grand nombre de calvinistes abandonnèrent la religion réformée, d'une façon plus apparente que réelle, et que nombre d'entre eux purent ainsi conserver leur foi à Orthez (1). Cependant on no se hâtait pas. Le 12 mars 1690, MM. de Lapuyade et de Lassalle, jurats, déclaraient au corps de Ville que depuis longtemps les catholiques désirent avoir dans la ville et dans l’enceinte (2) un « couvent de filles pour apprendre la foi et les « bonnes mœurs au sexe. » Ces souhaits sont bien légitimes depuis « que par les ordres et par les soins de nostre très invincible « et très pieux monarque, toute cette ville assés peuplée et assés « grande et autrefois le théâtre des religionnaires de la province, « s’est rangée et s’est mise dans le giron de l'Eg'lise, où il n’est « rien de si raisonnable que de leur enseigner, particulièrement au « sexe qui a comme en partage l’esprit de la dévotion. » Il lui est plus séant d’être ainsi élevé que chez des régents, « en compagnie « des garçons, par des raisons qu’il est facile de pénétrer » ; d’autant qu’avertis que la dame Angélique de Lavie « fille de « l’illustre Monseigneur de Lavie, premier président du Parlement « de Navarre, dont le seul nom inspire une grande reconnaissance « à cette ville » est en volonté de sortir du couvent des Ursulines de Pau.

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