Document generated on 10/03/2021 5:58 p.m. 24 images Steven Spielberg et le dernier gadget Indiana Jones and the Last Crusade de Steven Spielberg André Roy Denys Arcand Number 44-45, Fall 1989 URI: https://id.erudit.org/iderudit/23166ac See table of contents Publisher(s) 24/30 I/S ISSN 0707-9389 (print) 1923-5097 (digital) Explore this journal Cite this review Roy, A. (1989). Review of [Steven Spielberg et le dernier gadget / Indiana Jones and the Last Crusade de Steven Spielberg]. 24 images, (44-45), 100–101. Tous droits réservés © 24 images inc., 1989 This document is protected by copyright law. Use of the services of Érudit (including reproduction) is subject to its terms and conditions, which can be viewed online. https://apropos.erudit.org/en/users/policy-on-use/ This article is disseminated and preserved by Érudit. Érudit is a non-profit inter-university consortium of the Université de Montréal, Université Laval, and the Université du Québec à Montréal. Its mission is to promote and disseminate research. https://www.erudit.org/en/ INDIANA JONES AND THE LAST CRUSADE DE STEVEN SPIELBERG Henry Jones (Sean Connery) et Indiana Jones (Harrison Ford). «Reproduction ordonnée des deux precedents volets de la trilogie» STEVEN SPIELBERG ET LE DERNIER GADGET par André Roy epuis des mois il était annoncé par n'importe quel artisan d'Hollywood. méchants nazis, que ce soit en train, en par bande-annonce, et depuis des C'est dire combien le cinéma de Spielberg avion, en zeppelin, à cheval ou en voiture. D mois il était déjà vendu et aimé. a pris un tour catastrophique, esthétique­ Divisée en chapitres d'égale longueur, l'his­ En huit semaines, il aura fait à peu près le ment parlant, tant l'œuvre semble n'avoir toire est pimentée de moments forts (et tour de tous les écrans du monde et il d'autre finalité que de s'imiter elle-même, toujours fort attendus parce qu'annon­ dominera. C'est le dernier gadget de Ste­ n'obéissant qu'à des considérations com­ cés), si nombreux qu'ils vous donnent la ven Spielberg, le plus fin, le plus gentil, le merciales. nausée. Après une demi-heure, on souhaite plus brillant et surtout le plus riche Le cinéma de Spielberg ressemble à vivement quelques minutes de répit (qui cinéaste américain actuel. Le dernier? Oui, un magasin d'accessoires qui croulerait ne viendront jamais), une plage où on peut mais d'une trilogie, commencée avec The sous l'accumulation et la surenchère. C'est se reposer (qui ne pointera jamais à l'ho­ Raiders of the Lost Ark, poursuivie avec le cinéma d'un calculateur qui fait une rizon). Mais qu'est-ce que le repos au Indiana Jones and the Temple of rallonge pour encaisser vite et plus. On en cinéma? Doom, et qui se veut la répétition d'une rajoute faute d'idées et d'invention. Mais à Le repos au cinéma, c'est quand le recette éprouvée. force d'en rajouter, il y a risque d'être pris spectateur peut apprivoiser les personna­ Indiana Jones and the Last Cru­ de court et de n'offrir que de la pacotille, ges et comprendre le décor (le paysage, sade n'est pas un cinéma qui se mime; il propre mais chère, comme cela arrive avec dirait Godard) dans lequel ils évoluent. n'y a ici ni parodie ni pastiche, encore The Last Crusade. C'est quand on donne au spectateur ce moins de tentative d'auto-démystification. Ce dernier avatar met en scène (le souci de s'approcher de la beauté et du Le film se veut la reproduction ordonnée mot est vite dit) l'archéologue aventurier mystère. Ce moment s'appelle l'émotion, des deux précédents volets de la trilogie, Indiana Jones, à la poursuite cette fois du et il naît de la précarité de l'instant et de une reduplication qui aurait pu être ficelée Graal et toujours poursuivi par les mêmes la fragilité du cinéma. L'émotion permet 100 d'entrer dans l'intimité d'un secret sans le que la doublure d'Indy adulte qui, lui- prétentions. Le réfèrent et les personnages connaître, tout en nous laissant conscients même, se cite. Le père ? Sean Connery ne sont des choses forcloses dans l'effet d'ac­ de partager cette intimité comme un tré­ joue que le faire-valoir de Harrison Ford. cumulation calculé au millimètre près qui sor caché. Cela se fait sans effraction et La recherche du père ? Si elle se résume à la n'éjecte que le vide profond qui le nourrit. sans tapage, soit tout le contraire de la réplique «Don't call me Junior!», elle me On nous propose un cinéma qui tourne méthode Spielberg. Mais pour que l'émo­ paraît bien courte. La femme? Quand elle sur lui-même indéfiniment, entretenant sa tion passe, il faut, de la part du cinéaste, n'est pas une sotte (comme dans The Tem­ propre fascination, la recyclant au maxi­ garder la bonne distance; c'est une ques­ ple of Doom), elle est une traîtresse; Ali- mum et sans entropie (d'où cette impres­ tion morale qui demande la confiance et la son Doodie est la seule et unique femme sion de vieux cinéma réoxygéné). générosité de l'auteur. du film et elle écope d'un rôle antipathique Indiana Jones and the Last Crusade Or Steven Spielberg est un cinéaste (la misogynie de Spielberg ne laisse plus est un film sur lequel ne pèse aucun regard qui non seulement se méfie des specta­ maintenant de doute). donc pas de point de vue ni de morale, et teurs, mais se révèle radin en plus. Il faut Les personnages sont bien là sur en ce sens, il est sans égard pour le specta faire peu confiance aux spectateurs pour l'écran, en chair et en celluloïd, mais ils teur (qui n'est qu'un cochon de payant) les prendre pour une masse d'idiots à qui n'existent pas, immunisés contre le doute Il tient d'un cinéma en circuit fermé, fabri il faut tout expliquer afin de rendre l'intri­ et l'angoisse; contre l'amour aussi, ridicu­ que comme un robot et fonctionnant gue si limpide qu'on la saisirait même en lisé en un clin d'œil démagogique dans la comme tel: sans âme, sans sensibilité, ne comprenant pas l'anglais. Spielberg va scène de l'hôtel vénitien. Rien que des d'une intelligence purement artificielle. • tambour battant (ah! l'horrible musique marionnettes, que des objets à traiter de John Williams) du Charybde de la cari­ comme des effets spéciaux. On ne dira INDIANA JONES AND THE LAST CRUSADE cature au Scylla de la facilité, dans une jamais assez combien ce cinéma est inhu­ États-Unis 1989. Ré.: Steven Spielberg. Scé.: Jeffrey suite d'actions et d'excès qui ne peut que main tant il est indifférencié, baignant dans Boam. Mus: John Williams. Int.: Harrison Ford, Sean boursoufler et allonger une intrigue qui une a-sexualité ravageuse le propulsant Connery, Alison Doody, John Rhys-Davies, Denholm ne tiendrait pas les trente minutes des dans un hors-temps qui le déconnecte de Eliot. 129 minutes. Couleur. Dist.: Paramount. serial des années 30 et 40 auxquels il fait tout réel. On ne peut y reconnaître ni la référence. fable politique ou mystique (tout joue sur Apprivoiser un personnage? Le ciné­ le bluff) ni le symbole (la question de aste n'en a ni l'envie ni le temps (le temps, filiation y est absolument absente) parce c'est de l'argent!). Indiana jeune? Il n'est que le film ne se hausse même pas à ces çftadio fùiéfiùn* inc. us RUS GRAND DISTRIBUTEUR DE FILM QUEBECOIS (MARCHE NON THEATRALE) •f'___»w_____r^c*_l_W'___ ______U dnnm_ r hktok* .«T>rrFr»_K«_.T_i_ff.___ •U Prillr Wil*, . i voiralMohiR*nt!> IllAK I (.\i\smn m, 1 la petite voleuse (S5K______B < i Al 1.1 Mil I I K DEMANDEZ NOTRE NOUVEJ lii(#4t/<____VV*Z&tio: iJr^H^iËtè refera*- .y»fr«MCi'yT__f^__* .ÎBfSa^Ç^SwsS~ AMBCfrgECT^if *t£f y^fc*#W^;' r3_''iV"T-r^rV^i•«-•••vy*C__fr'^0^:^'ri^''_^_M^i_S^. J<f * •C___V'^**_>Jt^__^___T>'Ty<^r£*tu^O Irans-Canadienne Suite 201, Ville St-Laurent, Que. H4T 1S2 Tél.: (514) 334-4820 101 .
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