Le Grand Jardinier De Belgique

Le Grand Jardinier De Belgique

3T-QUATRIÈME ANNÉE. --- N° 1038 Le Numéro: 1 franc. Vendredi 22 Juin 1934 G 7 TTE HEBDOMADAIRE PARAISSANT LE VENDRE L. DUMONT-WI1.DE — G. GARNIR — L. SCMJGTJEN T ' % ^“4%^ % Le Grand Jardinier de Belgique ■ rntilufo luxe d'un moéeurV-ô sur une voiture d& 35.900fiS ou, pâiunr l’avoor coipyoT Si vous désirez recevoir une description complète de cette merveilleuse voiture avec le prix-courant actuel, demandez-les à FORD MOTOR COMPANY (BELGIUM) S. A., BOITE POSTALE 37 Vingt-quatrième 'Année. N° 1038. Le Numéro: 1 franc. Vendredi 22 Juin Ï934. Pourquoi Pas ? L. DUMONT-WILDEN — G. GARNIR — L SOUGUENET Administrateur : Albert Colin Administration : ABONNEMENTS U» An 6 Mois 3 Mois Compte chèques postaux Belgique <47. rue du Houblon, Bruxelle» 47 00 24.00 12 50 N* 16,664 Ket du Corn. Nos I9.9I7-1S et 19 Congo 65 00 35 00 20 00 Etranger reion le» Pau» 80.OOou 65.00 45.00 ou 35.00 25.00ou20.00 Téléphone ; No 12.60 36 cr-1.......... y.--.------ — Jules BUYSSENS Aux yeux du biographe comme à ceux du lecteur, Dans un village proche de la marche linguistique,, que nous le voulions ou non, les héros de cette pre­ une souriante maman Wallonne emmaillote un pou­ mière page de « Pourquoi Pas ? » apparaissent pres­ pon qu’elle berce avec des chansons patoises dont il que tous marqués en plein front d’un signe polémi­ ne saura jamais le sens. Le père est un jeune institu­ que. La main qu ils nous ont tendue lorsque nous teur flamand, bilingue comme de juste, mais que avons franchi leur seuil, le visage qu’ils ont levé sur son mariage et ses convictions ont persuadé de l’ex­ nous étaient empreints de cette sueur, de cette pous­ cellence du français. Ce jeune instituteur en tient sière de l’arène en quoi sans doute il est loisible de fort pour les lumières, et il fait confiance à M. Frère, Voir la trace de leur force ; mais cette poussière et à M. Bara, à M. Graux, qui sauront bien un jour cette sueur-la ont toujours quelque amertume et les museler l hydre noire. Ce pédagogue modeste et forts traînent derrière eux, inéluctablement, le sou­ studieux ne ressemble guère aux instituteurs du rire aigre des rivaux malheureux, le geste de haine type danseur mondain ou esthète à la manque dont de ceux qu’ils ont vaincus. Disons-le froidement : nous avons vu depuis quelques joyeux spécimens. il y a des bruits de chaînes derrière leur char. Poli­ Mais il y a chez lui cette solide et minutieuse cul­ ticiens, bâtisseurs de plans, anarchistes saboteurs et ture des normaliens primaires du temps jadis —- tribuns prometteurs, capitaines d’industrie, lieute­ hommes exacts et un peu rigides, qui compensaient nants generaux grands cordons, comédiens illustres par le violon, les fleurs et les abeilles, Vaustérité du et jusqu’aux irritables poètes, jusqu’aux romanciers tableau noir et la monotonie de la leçon d’écriture. trempés plus souvent dans le fiel que dans l’eau de En exergue, une date : 1872. rose, ils grimaçaient tous un peu leur triomphe : et s il en était d’éblouissants, de curieux, de solides, Tournons la page : M. Frère et M. Bara ont triom­ Il estimables et d’héroïques, il n’en était guère de phé, non sans bagarre. Le jeune instituteur a été sereins; la paix n’était point avec eux. nommé à Waermaerde lez-Harleghem, dans la ré­ gion, et sa femme, également institutrice, « tient I Causer deux heures avec Jules Buyssens, après auprès de lui la classe )) des filles. Le poupon vient avoir professionnellement tiré les vers hors du nez, d atteindre ses douze ans. Et voilà qu’un jour d’au­ Murant un certain nombre d’années, aux grands pre- tomne, de cet amer automne qui suit les élections \miers de Vacrobatie gouvernementale, financière ei du printemps de 1884, il a fallu s’enfuir, chassé par artistique, c’est entrer dans une oasis. Raconter les hommes noirs, vainqueurs à leur tour. L’institu­ jeette vie, c’est tourner les pages d’une histoire toute teur et l’institutrice, pourvus d’un maigre traitement en belles images, des images d’Epinal avec des lé­ d attente, vident les lieux, sous le hourvari des gendes fleurant bon l’odeur des sept vertus les plus « calotins ». aimables, et destinées à enchanter les petits, à mo­ Le petit Buyssens est marqué profondément par raliser les grands, à faire s’attendrir les vieillards. cet injuste revers. Le sceau de l’infortune va lui don­ L Premier tableau : voici les collines de Flandre, ner, dès l’enfance, une sorte de virilité grave et pré­ Le Mont de Lenclus dominant une perspective de coce. Et dans leur angoisse, ses parents s’émerveil­ grasses campagnes où serpente la Lys lente à join­ lent d avoir un garçon si bien doué, qui compose dre l’Escaut. Chanvres rouis, houblonnières, toits déjà des petits morceaux de musique, et que l’on jrouges, de ce rouge vermillon tirant sur l’amarante vient d expédier au Conservatoire de G and, afin qui va séduire éperdûment, dans quelque dix ans, qu’il s’y forme sous la direction du père Holeman. tes peintres. Les toits rouges gondolent un peu — Un jour, en tripotant à une machine, le jeune beaucoup moins qu’ils ne gondoleront chez Laer- Buyssens y introduit le doigt. Le doigt reste dans la maens. Les verdures des pommes de terre, arra­ machine, et avec lui, la carrière de l’enfant. Jules chées, brûlent en tas vers le ciel d’automne. Spira­ ne sera jamais musicien. les des fumées, inflexions des fleuves, gondolement Et cette deuxième vignette s’intitule : « Un mal­ des toits... heur n’arrive jamais seul ». Mais il n’est point de ✓'ÿjwZïN. (jFMm GLACES de SECURITE Renseignements à l’Agence de Ventes des GLACERIES RÉUNIES, 82, rue de Namur, 82, Bruxelles POURQUOI PAS? 1437 belle histoire par l’image qui ne demande un prompt Jardins d’Eurasie d’abord, Caucase sourcilleux redressement. Le troisième épisode réconforte et aux vallées de qui les boyards édifient à cette épo­ moralise. Après des hésitations et des angoisses dou­ que villas et palaces, Riviera plus aérée et plus luxu- loureuses, le gosse trouve lui-même son destin : il riante que la vraie. Puis voici les jardins d’Angle­ fera jardinier. Nous voudrions dire : horticulteur, terre, nobles parcs au luxe calme et puissant, les savant horticulteur, mais jardinier est un trop joli « manors » de la terre de Galles et le mystère gaéli­ Imot pour qu’on y renonce sous prétexte qu’il est que, Jersey la riante, et Guernesey qui sourit aux Impropre dans le présent cas. Avec sa dispense oiseaux de la mer, et puis l’Ile de France et le gra­ d’âge (le minimum d’admission étant quatorze ans), vier de ses jardins, ses roses et ses lis et le lierre et Jfuies Buyssens entre à l’Ecole d’Horticulture de la pierre, fraternels, s’unissant pour composer par­ Cand. A u bout de l’année, il est le premier de sa tout une géométrie que la première tend à parfaire, classe, et, de provisoire, son admission devient défi­ et le second à défaire. nitive... Troisième tableau : Le père, la mère Buys­ sens, inondés de joie, assistent à la distribution des Images, images, images. Et puis, pour clore, deux prix, les sept frères et sœurs du lauréat Ventourent scènes classiques, et pour ainsi dire indispensables. et le félicitent. Primo : Le petit Buyssens, devenu un grand jeune homme plein d’avenir, rencontre le bon maître qu’il [ Mais, dans toute biographie populaire qui se res­ n a point vu encore, l’excitateur d’idée qui l’a pecte, il y a le coup de foudre intellectuel. Et cela éveillé jadis. Il se présente à l’auteur de « Parcs et Va fournir le quatrième tableau... A l’Ecole d’Hor­ Jardins », à cet Edouard André qu’il vénère depuis ticulture, Buyssens a d’abord brillé par devoir, et l’adolescence. Il devient son employé, puis son ami, l’abnégation seule l’aiguillonne : huit frères et l’héritier de sa pensée. Secundo : La scène d’amour. sœurs, voyez-vous, et ce terrible traitement d’at­ Le jardinier déjà presque célèbre s’en va dessiner, tente... Mais voilà qu’en troisième année, un maître pour les Pommery, un parc dans la montagne de avisé lui passe un fort in-octavo illustré, « Parcs Reims. Passe une jolie Champenoise que nous ima­ et Jardins », d’Edouard André. L’adolescent se ginons en ce temps-là protégée par une ombrelle, et trouve lui-même aux feuillets de ce livre. Il sera se penchant un peu pour suivre le geste de l’archi­ architecte de jardins ? Ce n’est pas alors une spé­ tecte, expliquant son projet au bord d’une pe­ cialité définie; la science de cette architecture est louse... Il n’y a plus qu’à fermer l’album puisque encore à codifier. Buyssens hésite de nouveau. Il Voilà que notre amateur de jardins, né dans un ter­ Va trouver un certain Peynaert, qui professe tant roir verhaerien, a trouvé le moyen d’unir sur son bien que mal cette branche encore indécise; et le berceau la Flandre poétique et la Wallonie chan­ bon Peynaert de répondre : « Etudiez d’abord les tante, et que ce jour-là la plus noble terre de France fleurs. La botanique, c’est le solfège de l’architec­ lui donnait une compagne. ture des jardins. Et puis voyagez ! » L’imagerie étant close, l’administration reprend I Voyager ! Vadmirable verbe, et quelle résonance ses droits.

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