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mmmmmmmmmmxtmM&k «Sp V le ne fay rien sans Gayeté (Montaigne, Des livres) i Ex Libris José Mindlin ] M mm &«, m WMMMË. i JLÊ. ' ( ) x ^ ^ •^ >À9 ffy» ' rJ , if LES SINGULARITEZ DE LA >^ J NOUVELLE ÉDITION Avec Notes et Commentaires FAR PAUL GAFF^ , Professeur à la Faculté des Lettres de Dijon. PARIS 2J, QUAI VOLTAIRE, 2S 1878 LES SINGULARITEZ DE LA FRANCE ANTARCTIQUE. ANDRÉ THEVET ISoLf/fj LES SINGULARITEZ DE LA FRANCE ANTARCTIQUE NOUVELLE ÉDITION Avec Notes et Commentaires PAR PAUL GAFFAREL, Professeur ri la Faculté des Lettres de Dijon. PARIS MAISONNEUVE & G», LIBRAIRES-ÉDITEURS, 25, QUAI VOLTAIRE, 2>. 1878. 1 ai ttï'y NOTICE BIOGRAPHIQUE. ' NDRÉ Thevet, l'auteur de l'ouvrage dont nous publions une nouvelle éditio }, n'est pas un de ces écrivains de premier ordre qui, par la sûreté de leur critique, le charme de leur style, ou l'intérêt de leurs écrits commandent l'admiration à leurs contemporains et s'imposent à la postérité. Il passait au contraire, même de son temps, pour ne pas avoir un jugement très sûr, et, à une époque où le Français était manié par tant d'auteurs avec une grâce naïve qui nous enchante encore, il n'écrivait que lourdement, parfois même avec pédantisme. Ses ennemis, et il en eut beaucoup, ne l'épargnèrent pas. Ils mirent en relief ses erreurs, et l'attaquèrent avec une vivacité que ne justifiaient pas les livres de l'infortuné Cordelier. Malheureux pendant sa vie, il fut encore malheureux après sa mort, car le silence se fit autour de son nom, et, même de nos jours, le plus consciencieux des bibliographes américains, M. Harrisse, a oublié ou négligé de le citer parmi les — VI — auteurs qui ont écrit sur la Nouvelle France *. Pour­ tant les Singularité^ de la France antarctique commen­ cent à être fort recherchées, non seulement par les bibliophiles et par les Américanistes, qui se disputent à des prix presque fabuleux les rares exemplaires de cet ouvrage, mais aussi par tous ceux qui s'occupent du XVIe siècle. Il nous a donc paru utile d'éditer de nouveau, en l'accompagnant de notes qui éclaircissent ou corrigent le texte, ce précieux recueil, où se trouvent consignés tant de renseignements curieux non-seulement sur l'essai de colonisation tenté par la France au Brésil, mais aussi sur les origines Cana­ diennes et les premières années de la prise de posses­ sion de l'Amérique par les Européens. Nous n'avons pas, contrairement à tant d'éditeurs, la prétention d'avoir remis en lumière un chef-d'œuvre : nous n'avons cherché qu'à faire connaître une œuvre secondaire, mais utile et surtout intéressante. André Thevet naquit à Angoulême en 1502. Nos recherches, dans sa ville natale, sur sa famille et ses premières années n'ont pas abouti. Il est probable néanmoins qu'il était d'origine modeste et qu'il ne reçut qu'assez tard une éducation fort superficielle : car il porta toute sa vie le fardeau de son -ignorance » HARRISSE. Notes pour servira l'histoire, à la bibliographie et à la cartographie de la Nouvelle France (1545-1700). VII native, et, malgré ses efforts pour se donner les appa­ rences de l'érudition, le bonnet, dont le coiffa si libéralement le malin Rabelais, laissa toujours passer le bout de l'oreille i. A défaut de la science qui lui manquait, Thevet avait une extrême curiosité, une véritable passion de connaître, qui s'étendait à tout, aux livres, aux médailles, aux monuments, aux plantes et aux animaux. Il aimait les Singularités, pour em­ ployer son langage, non pas seulement les objets extraordinaires, mais plus encore les objets rares ou peu connus. Ce fut un collectionneur de haute volée. S'il eut vécu de nos jours, il aurait été possédé de la manie du bric-à-brac. On peut lui refuser le dis­ cernement, mais non ce goût des recherches patientes, cette admiration naïve pour les œuvres artistiques de toutes les époques, cet enthousiasme de bon aloi pour les savants et pour la science, qui font d'André Thevet un personnage, dont on pourra médire, mais qu'on n'aura pas le droit de dédaigner. Thevet prit de bonne heure l'habit de Cordelier et étudia la théologie. Il ne paraît pas que la seholas­ tique et les argumentations de l'école aient eu pour lui beaucoup d'attraits, ni même qu'il ait toujours Cette fine remarque est de M. Ferdinand DENIS. Cf. l'inté­ ressante notice qu'il a consacrée i Thevet. Lettre sur l'intro­ duction du tabac en France, 1851. — VIII — fidèlement observé les règles de l'ordre; car il lui arriva certain jour, en Espagne, une mésaventure, qu'il nous racontera lui-même i : « Quant à ces inquisiteurs de la foi, ils sont (côme semble) un peu trop spéculatifs en première instance, sans.ouyr le plus souuent les défenses d'aucun. Et ne dy ceci sans cause : attendu que estant à Seville, certains impos­ teurs, soubs prétexte que Ion me trouua à dix heures du matin au lict, iour de Sainct Thomas, me menè­ rent lié et bagué deuant un d'iceux, crians que i'estois Luthérien, et que ce iour ie n'auois esté à la messe, sans auoir esgard que i'estois arriué le soir auparauant en ladicte ville, fasché et rompu de la tempeste et ondes marines. Vray est que, comme estant prest à partir, pour estre conduit en la prison obscure, i'eusse deuant la compaignie tiré un agnus Dei, enchâssé en or, et une petite croix de bois rouge, faite à la grecque que i'auois apportée de Hierusalem, cela fut occasion de ma délivrance, moyennant aussi ledit agnus Dei, que me print ce gentil inquisiteur, qui me commanda de vuider bientost la ville, sur peine d'estre attaint du crime, dôt Ion m'accusoit. » Thevet ne fut donc jamais un théologien de profession. Lorsque le vice-amiral de Bretagne, Villegaignon, l'emmena avec lui au Brésil pour essayer d'y fonder une France THEVET. Cosmographie universelle. T. n. P. 491. — IX — américaine, notre Cordelier eut grand soin de ne jamais se mêler aux discussions religieuses, qui com­ promirent si rapidement les destinées de notre colo­ nie, et même, dès qu'il comprît qu'il allait être forcé de se prononcer, il demanda à regagner la France. Ce n'était pas en effet aux tournois théologiques que se complaisait Thevet : non pas qu'il ait jamais jeté le froc aux orties, ou qu'il ait témoigné pour la religion une indifférence, que ne comportaient ni sa robe, ni son caractère, mais les voyages l'intéressaient bien autrement. A vrai dire, il ne pouvait tenir en place. Il avait hâte de connaître par lui-même les villes et les pays dont il lisait la description. Ses supérieurs eurent le bon sens d'utiliser cette humeur voyageuse. Au lieu de le confiner dans un de leurs cloîtres, ils lui enjoignirent de courir le monde pour la plus grande gloire de l'ordre : seulement, comme ils n'étaient pas riches, ils l'avertirent qu'ils le sou­ tiendraient de leur influence, mais non de leur bourse. Thevet ne demandait rien autre chose : Il se mit aussitôt en marche et partit pour l'Italie. Il eut l'heureuse chance d'être présenté à Plaisance au car­ dinal Jean de Lorraine, et sut lui plaire par sa naïve curiosité. Le cardinal était libéral et généreux. Il résolut de faire un heureux, et fournit à Thevet les moyens de visiter l'Orient. Ce dernier s'embarqua à — x — Venise, et commença une longue série de pérégrina­ tions, qu'il a racontées dans le premier de ses ouvrages, la Cosmographie du Levant, et sur lesquelles il est revenu plus tard dans sa Cosmographie universelle. Nous n'essaierons pas de le suivre dans ses marches et contre-marches. Aussi bien ses aventures ne furent jamais bien dramatiques. Nous préférons céder la parole à un de ses amis, au poète A. de Baif, qui nous a tracé en quelque sorte son itinéraire ! Aux ans plus forts de ta jeunesse Volant à l'ancienne Grèce Et la terre des vieux Hébrieux, T'embarquas au port de Venise, Et commenças ta belle emprise De veoir les hommes et les lieux. Tu vis l'isle où de Diomède Les compagnons malgré son ède Furent transmuez en oyseaux. Tu vis la terre Phéacie Où les peuples passaient leur vie, Faisant festins et ieux nouveaux. De là costoyant la Morée L'isle à Pelops jadis nommée, Surgis au bers de Jupiter Où seiournas neuf lunes pleines, Puis vas par les eaux Egiènes Dans Chio deux mois habiter. Ode insérée dans la préface de la Cosmographie universelle. — XI — Là tu sceus par les Caloiers Des Grecs les chrestiennes manières. En devis humains et plaisans, Puis tu vis la nouvelle Rome Qui du grand Constantin se nomme Où fis ta retraicte deux ans De là tu vis la cité belle Qui du nom d'Adrian s'appelle. Et vis la cité que fonda Philippe de luy surnommée : Puis à travers la mer Egée Ta nef à Rhodes aborda : Où fut plantée la masse grosse De ce démesuré Colosse Qui l'entré' du Port eniamboit. De là, la cité d'Alexandre Te voit en Egypte descendre Au pays que le Nil boit. Au péril de ta chère vie De là passas par l'Arabie La pierreuse au mont Sinaï : Visitas la mer Erythrée, Mes et roches où Persée Tua le grand monstre envahy. Toy de là par ceste mer creuse Tu vas en l'Arabie heureuse Prendre terre au port de Sidem : Par Gazer ville Sanscrinine Tu reviens en la Palestine Voir la saincte Hierusalem.

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