ARRAS, ÉVOLUTION DU SYSTÈME DÉFENSIF ARCHÉOLOGIEDE L’ÉPOQUE ROMAINE DES À NOS HAUTS-DE-FRANCE JOURS 1 1 1 2 3 ARRAS, UN SITE ANTIQUE D’ORIGINE MILITAIRE (IER-VE SIÈCLES) 1. Fouille du site de Baudimont ne présence militaire est attestée par Une tour de plan carré de 30 m², position- (rue Baudimont, 2004) Ul’archéologie sur le mont Baudimont née à cheval sur le mur d’enceinte, présente 2. Restitution de la portion dès les années 20 à 10 avant notre ère. le même mode de construction. La muraille de l’enceinte et de la tour Ce bruit de fond militaire est généralisé au est ceinturée par un fossé large de 9 m mises au jour début de la présence romaine en Gaule. vers les vallées marécageuses de la Scarpe 3. Plan du castrum et du Crinchon et de 36 m vers le plateau. e au IV siècle avec son er Au début du I siècle de notre ère, la ville de enceinte, ses fossés et sa voirie Nemetacum est fondée au carrefour de voies - menant vers l’île de Bretagne et le monde lation d’une garnison et la création de L’insécurité du IVe siècle motive l’instal e siècle, la ville est forti- casernes militaires. Abandonnés peu avant castrum de 8,5 ha pour faire face le milieu du Ve siècle, ces longs bâtiments rhénan. À la fin du III compartimentés en chambrées occupent fiée par un Les observations archéologiques montrent 315 m² chacun. aux incursions des Germains transrhénans. un rempart fait d’une alternance de moel- Ses fondations mêlent des blocs calcaires lons de grès et de carreaux de terre cuite. et des éléments architecturaux réutilisés. 1 2 3 4 LES SYSTÈMES DÉFENSIFS DU BOURG ABBATIAL ET DU BOURG COMTAL (IXE-XIE SIÈCLES) es raids normands obligent l’abbaye 1. Restitution du castrum e Saint-Vaast à se doter d’une enceinte offre toutes les commodités d’un habitat novum du X siècle L d’une superficie interne de 352 m² qui entre 885 et 890. Les observations archéo- aristocratique (aula, cuisine, latrines, 2. Vue archéologique zoomée logiques montrent qu’il s’agissait d’une chapelle, etc.). des deux résidences castrales levée de terre couronnée d’une palissade de bois, précédée de fossés profonds de 7 m L’instabilité géopolitique du XIe s. incite le 3. Intérieur du donjon du XIe et larges d’au moins 16 m. En 988, et après comte de Flandre à renforcer sa résidence siècle avec maçonneries encore en élévation (Place d’un donjon de 370 m² au sol. Dotée de du Théâtre, 2005) reconnaît la possession d’Arras à son vassal puissants contreforts de grès et de murs un siècle de conflit, le roi Hugues Capet 4. Plan archéologique Baudouin IV, comte de Flandre. Ce dernier larges de 2,80 m, la structure fouillée pré- des deux résidences sentait encore 9 m d’élévation. Plusieurs castrales mises au jour, parties de ce donjon sont toujours visibles reporté sur le plan paroissial fortifie alors le bourg abbatial laissé hors de 10 ha, ce castrum novum dispose de murs l’enceinte de l’abbaye. D’une superficie de maçonnés épais de 1,5 m, entourés par des - dans le théâtre actuel. L'édification d'un fossés secs larges de 35 m. Les interven- ment de celui de la cité antique et donne au nouveau périmètre fortifié se fait distincte tions archéologiques de la place du Théâtre territoire d'Arras sa composition bicéphale ont mis en lumière une résidence comtale si caractéristique. Tracés N parcellaire actuel limite communale 0 500 1 000 m Enceintes 7 IIIe siècle IXe siècle 11 4 Xe siècle XIIe siècle 8 1 XIVe siècle Mont Baudimont XVIIe siècle Mont de la Madeleine 5 3 10 1 - Rue Baudimont 2 2 - Place du Théâtre 3 - Boulevard de Strasbourg 9 6 4 - Rue de Loliette 5 - Rue du Saumon 6 - Boulevard Carnot 7 - Avenue Paul Michonneau 8 - Porte Baudimont 9 - Rue Sainte-Marguerite 10 - La Thieuloye 11 - Rue des Trois-Filloires 12 - Carrières Wellington 12 1 2 LES ENCEINTES MÉDIÉVALES D’ARRAS (XIIE-XVE SIÈCLES) 1. Synthèse des différentes râce à un essor économique et démo- positionnées à cheval sur le rempart. Du enceintes et localisation des Ggraphique, la ville s’étend considé- côté des marais (front nord-ouest / sud- sites évoqués dans la plaquette rablement à partir du XIe siècle. Le comte ouest), des fossés en eau défendent des 2. Cheminée de la cuisine de Flandre fait ériger un nouveau périmètre levées de terre palissadées. Resté inchangé de la résidence du bailli d’Arras depuis le IIIe accolée à la courtine du XIIe siècle (Rue du Saumon, 2002) vation archéologique réalisée boulevard de cité antique est agrandi dans les années 1370 fortifié entre 1100 et 1111. Une obser- siècle, le périmètre fortifié de la Strasbourg suggère que ce tracé s’appuie pour protéger ses faubourgs des ravages de e siècle, la guerre de Cent Ans. À partir du XVe siècle, seul le front le plus vulnérable au nord-est l’utilisation croissante de l’artillerie à poudre sur un fossé préexistant. Jusqu’au XIV et sud-est, est protégé par une courtine provoque l’épaississement des remparts, maçonnée de grès et de pierres calcaires, tant pour se protéger des boulets ennemis épaisse de 1,50 m à 2 m, défendue par que pour accueillir l’artillerie défensive : des fossés secs. L’opération archéologique de larges talus de terre sont ajoutés à menée rue de Loliette atteste aussi la l’arrière de la courtine et les portes sont présence de tours de plan carré de 30 m², protégées par des ouvrages avancés. 2 1 3 DE L’APOTHÉOSE DU SYSTÈME BASTIONNÉ AU DÉMANTÈLEMENT (XVIE-XXE SIÈCLES) partir du XVIe siècle, les ingénieurs avancée établie à partir du XVIIe siècle. Tout 1. Face nord de la demi-lune e À militaires transforment en profondeur du XVII siècle (Avenue Paul Michonneau, 2018 et 2019) le paysage des abords d’Arras. Le par l’ingénieur Vauban entre 1668 et 1670, comme la citadelle d’Arras qui est édifiée diagnostic archéologique du boulevard cet ouvrage militaire est réalisé en « rouge- 2. À gauche : Courtine du XIIe siècle ; à droite : Courtine Carnot témoigne de l’épaississement barre ». Ce style architectural consiste à et remparement du XVIe siècle alterner des assises de pierres calcaires (Boulevard Carnot, 2017) banquette d’artillerie, large de 8 m, que avec des rangées de briques pour renforcer extérieur du rempart par l’ajout d’une 3. Soldats britanniques devant précèdent un mur d’escarpe et un fossé. la maçonnerie. La défaite militaire de la porte Baudimont pendant Les fouilles menées le long du boulevard de 1870 ayant montré l’obsolescence des la Première Guerre mondiale transformations avec la destruction d’une vote le déclassement des enceintes d’Arras Strasbourg offrent un autre exemple de ces fortifications anciennes, le gouvernement église paroissiale pour l’installation d’une en 1889. S’en suit un démantèlement partiel plate-forme d’artillerie. La demi-lune mise au jour avenue Paul Michonneau illustre, la porte Baudimont. qui prend fin en 1929 avec la destruction de quant à elle, la première ligne de défense 1 2 3 LE TÉMOIGNAGE MATÉRIEL DE LA PRÉSENCE MILITAIRE 1. Panoplie de différents es fouilles sur l’oppidum d'Étrun et à équipements gaulois retrouvés Actiparc témoignent de la présence leur ville mais aussi le royaume de France. dans l'Arrageois (IIIe - Ier siècle L constituent une milice afin de défendre avant J.-C.) militaire romaine dans l’Arrageois à partir À partir du XIVe siècle, les villes se dotent de la conquête des Gaules par César dans progressivement d'une artillerie à poudre 2. Pion de jeu de la résidence comtale (Xe siècle) défensive et de compagnies d'archers pour renforcer la défense du royaume de France 3. Reconstitution d'objets les années 50 avant notre ère. La Paix IIIe siècle. Les vestiges matériels d’une contre l'ennemi anglais. La fouille de la rue d'équipements militaires romaine éloigne l’armée jusqu’à la fin du retrouvés sur les sites d'Arras, remilitarisation réapparaissent en effet à Sainte-Marguerite a permis de retrouver e (II siècle) cette époque (casernes, armement, etc.). l'ancien jardin d'entraînement des archers Les cimetières des VIe et VIIe siècle situés arrageois du XVe siècle. Ce siècle voit aussi révélé des sépultures individuelles où les bourgeoises de défense, l'une d'arbalétriers aux portes de la cité antique d’Arras ont la création de deux nouvelles compagnies défunts sont inhumés avec leurs armes et l'autre d'arquebusiers. À ce jour, aucun (épée, hache, lance, etc.). À la suite de témoignage archéologique des destructions l'obtention de son statut de commune opérées entre les IVe et XVe siècle. n’a été au XIIe siècle, la ville d'Arras organise mis en évidence. L’opération archéologique elle-même sa défense. Les bourgeois menée à l’emplacement de l’ancien couvent 1 2 3 4 5 6 de la Thieuloye révèle un important niveau quelques dizaines de balles de mousquet et 1. Assiette représentant d’incendie qui témoigne des ravages du e siècle. un hallebardier (1635), rue des Trois-Filloires siège d’Arras de 1414. Épaisse de 20 à Les témoignages militaires les plus à deux cuirasses datables du XVIII 40 cm, cette couche renfermait plusieurs importants concernent la Première Guerre 2. Cible en forme d’oiseau (XVe siècle), rue Sainte- pièces appartenant à l’artillerie (boulet mondiale et se trouvent dans les carrières Marguerite de canon), au costume (brigandine, souterraines de la ville. Plus de vingt ans e éperon) et à l’équipement militaire de d’investigations archéologiques y ont, en 3.
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