Document generated on 09/26/2021 8:27 p.m. Ciné-Bulles Western sauce danoise Dear Wendy de Thomas Vinterberg Stéphane Defoy Volume 24, Number 2, Spring 2006 URI: https://id.erudit.org/iderudit/60776ac See table of contents Publisher(s) Association des cinémas parallèles du Québec ISSN 0820-8921 (print) 1923-3221 (digital) Explore this journal Cite this review Defoy, S. (2006). Review of [Western sauce danoise / Dear Wendy de Thomas Vinterberg]. Ciné-Bulles, 24(2), 51–52. Tous droits réservés © Association des cinémas parallèles du Québec, 2006 This document is protected by copyright law. Use of the services of Érudit (including reproduction) is subject to its terms and conditions, which can be viewed online. https://apropos.erudit.org/en/users/policy-on-use/ This article is disseminated and preserved by Érudit. Érudit is a non-profit inter-university consortium of the Université de Montréal, Université Laval, and the Université du Québec à Montréal. Its mission is to promote and disseminate research. https://www.erudit.org/en/ Sans en avoir la prétention, La Classe de démonstration appuyée (Bowling for Co­ madame Lise apparaît aussi comme un Dear Wendy lumbine), le thème du port d'armes chez remède aux conflits entre les différentes de Thomas Vinterberg nos voisins du Sud réapparaît une fois de cultures. Alors que les élèves apprennent plus et c'est la jeunesse qui en fait à nou­ leurs tables de multiplication et leurs règles veau les frais. d'accord, nous apprenons beaucoup d'eux : Western dans la classe de madame Lise, le mépris Sous la forme d'une fable qui prend racine et le jugement d'autrui sont mis au placard sauce danoise dans le mal-être d'une poignée de jeunes pour faire place au jeu et à la rigolade. Là laissés-pour-compte, la dernière proposi­ où il n'y a que différences, il n'y a ni rejet STÉPHANE DEFOY tion de Vinterberg manque cruellement de ni exclusion. Le film de Groulx est un dis­ substance et son allégorie bat de l'aile. cours optimiste sur le Montréal de demain : oilà que nos deux comparses Bien qu'il faille reconnaître un excellent les individus issus de communautés diffé­ danois, pères fondateurs du réputé travail de recherche afin de vulgariser les rentes vivent, à cet âge, en harmonie. Pour­ V Dogme, reviennent à la charge et différents types d'armes à feu qui nous quoi cela changerait-il dans un proche cassent à nouveau du sucre sur le dos de passent sous les yeux. Dear Wendy s'en­ avenir? De plus, ces jeunes immigrants de cette Amérique du Nord paranoïaque et glue dans une morale simpliste se résumant deuxième génération auront probablement amorale. Lars von Trier (Breaking the à : malgré les meilleures intentions du mon­ plus de facilité que leurs parents (ceux-ci Waves, Dancer in the Dark) à l'écriture de, qui se frotte aux fusils finira par s'y ne parlant souvent ni français ni anglais) à et Thomas Vinterberg (Festen) à la réalisa­ piquer. C'est ainsi que les craquants Dan­ s'intégrer à la société, à sortir des frontiè­ tion ont uni leurs efforts pour confec­ dys, pacifiques de nature, qui ont comme res (voie ferrée, cour de triage, autoroute) tionner une fiction dont l'action se situe première règle de ne jamais dégainer sur qui isolent Parc-Extension des autres quar­ dans une ville minière imaginaire pendant qui que ce soit, devront bientôt faire des tiers. les années 1960. Dear Wendy s'intéresse choix déchirants. Le récit s'articule autour à un groupe de jeunes marginaux qui par­ d'une longue lettre d'amour — souvent Sylvie Groulx (qui a déjà travaillé avec tagent un intérêt commun pour les armes à inopportune — adressée à Wendy (le pis­ les enfants pour le film Grandir) signe un feu. Une attirance particulière qui se trans­ tolet du personnage principal) témoignant film dans la lignée d'Etre et avoir (2002) formera en véritable obsession donnant ainsi d'une passion peu commune pour les et de Spellbound (2002). La Classe de naissance ainsi à un club secret : les Dandys, revolvers. Le contenu de la missive nous madame Lise prouve à quel point les en­ formés de six jeunes maniant la gâchette est dévoilé par l'entremise d'une narration fants sont d'agréables sujets pour ce qu'on avec dextérité. Après Michael Moore et sa accablante s'échelonnant inutilement sur nomme — plus rarement aujourd'hui — un « cinéma-vérité ». C'est probablement l'innocence des enfants qui est la source de leur aisance à l'écran : leur oubli de la caméra est aussi fréquent et total que leur spontanéité. Ce qu'on retient de cette réus­ site de Sylvie Groulx : l'attachement que porte madame Lise à ses élèves. Si bien qu'après le visionnement du film, on a l'im­ pression d'avoir vécu cette année avec elle. • La Classe de madame Lise Numérique / coul. / 89 min / 2005 / doc. / Québec Réal. et scén. : Sylvie Groulx Image : Michel La Veaux Son : Sylvain Vary et Olivier Calvert Mus. : Robert M. Lepage Mont. : France Pilon Prod. : Galafilm Dist. : Les Films du 3 Mars Dear Wendy CINF3L/LLES VOLUME 24 NUMÉRO 2 .51 CRITIQUES l'ensemble du film. En l'occurrence, on de l'utilisation des armes à feu. Il n'a pas neuse, un tantinet perplexe, qui se laisse parle beaucoup dans Dear Wendy et l'on non plus l'habileté d'un Gregg Araki (The attendrir peu à peu. Et puis un homme s'explique sans cesse. Lorsqu'il reste du Doom Generation, Mysterious Skin) pour séducteur, qui s'infiltre insidieusement temps, on pratique son tir et l'on s'émous- dépeindre les aléas d'une jeunesse dé­ dans son intimité. Avant d'être un film tille à l'écoute des balles qui sifflent et qui sœuvrée cherchant à combler le vide am­ d'acteurs, ce thriller non classique en est finissent leur course sur des cibles. biant. Dear Wendy n'atteint pas toujours un de personnages. L'approche psycho­ sa cible. • logique est certes réaliste, illustrée par des Lorsque tout ce beau monde est fin prêt à gestes lourds de sens et des lapsus confon­ faire face à la musique, il ne reste qu'à dants. Mais l'analyse n'est ni freudienne attendre un événement marquant qui fera Dear Wendy ni complaisante, jamais plaquée; elle surgit basculer l'univers de nos héros. L'intégra­ 35 mm / coul. /101 min / 2005 / fict. / Danemark d'elle-même, comme autant de visions tion d'un nouveau membre, un incorrigible qu'il y a d'observateurs. délinquant d'origine afro-américaine (notez Réal. : Thomas Vinterberg le cliché), sera tout indiquée pour renver­ Scén. : Lars von Trier Image : Anthony Dod Mantle Dans son parcours jalonné d'objets inso­ ser la situation. S'ensuit un épilogue prévi­ Mus. : Benjamin Wallfisch lites au succès mi-critique, mi-public sible qui emprunte aux classiques du Mont. : Mikkel E.G. Nielsen (Nettoyage à sec, Comment j'ai tué mon western. Cette fois, les vilains sont per­ Prod. : Lucky Punch et Nimbus Zentropa père, Nathalie...), Fontaine se plaît à Dist. : TVA Films sonnifiés par le corps policier, ici en grand Int. : Jamie Bell, Bill Pullman, Michael Angarano, cultiver l'ambiguïté dans la normalité et nombre, et les jeunes tireurs d'élite s'en­ Novella Nelson les jeux de séduction qui s'apparentent gagent dangereusement dans un duel perdu davantage à des jeux de pouvoir. C'est là d'avance. Suivant la recette éprouvée, ils l'enjeu le mieux traduit ici : les rapports tombent un à un au combat pour faire Entre ses mains de force frôlent le désir sous-jacent avec durer le plaisir de cet affrontement san­ d'Anne Fontaine une subtilité admirable. Hormis un ou guinolent. deux sursauts légitimes, le film ménage ses effets et évite les clichés du genre. Le Ce western dans une ville ouvrière fictive Le tigre spectateur qui carbure à l'action et aux du fin fond des États-Unis s'égare dans la rebondissements risque sans doute d'être moralité sentencieuse. En accouchant de et la souris déçu. Parce que démasquer le coupable ce scénario, von Trier, de connivence avec n'est pas la priorité de la cinéaste. En son complice réalisateur, continue à faire NICOLAS GENDRON jouant cartes sur table, elle parvient la leçon à une Amérique réduite à un d'ailleurs à convaincre son public de ne terreau fertile en violence contre l'indi­ aurent (Benoît Poelvoorde) est pas non plus en faire la sienne. Par une vidu. Néanmoins, nous retiendrons de vétérinaire et a le regard inquisi­ précision chirurgicale d'états d'âme et des Dear Wendy une belle recherche sur le teur d'un félin. Claire (Isabelle dialogues sans détour, Anne Fontaine L dresse le constat suivant : cette relation plan des éclairages afin d'insuffler aux Carré) est agente d'assurances et affiche remuante qu'entretiennent Claire et Lau­ décors un caractère vieillot qui se marie à la bonté obsessive d'une sainte. Alors que rent s'avère peut-être leur ultime planche merveille avec la musique du groupe The la menace d'un tueur au scalpel plane sur de salut. Cet étrange tiraillement est infi­ Zombies et d'autres succès des années Lille, la rencontre banale de ces deux niment bien dosé par les interprètes; Carré 1960. Il faut souligner également la con­ solitudes dépasse rapidement le cadre est d'une justesse de tous les instants en fection de costumes originaux venant professionnel. En fait, les personnages se héroïne romantique et Poelvoorde, qui appuyer la spécificité de chacun des mem­ rapprochent tant et si bien que Claire en trône normalement sur un Podium burles­ bres du clan.
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