Les Films Étrangers Tournés À Montréal Pour Une Poignée De Dollars Yves Lafontaine

Les Films Étrangers Tournés À Montréal Pour Une Poignée De Dollars Yves Lafontaine

Document généré le 26 sept. 2021 20:41 24 images Les films étrangers tournés à Montréal Pour une poignée de dollars Yves Lafontaine Montréal cinéma Numéro 39-40, automne 1988 URI : https://id.erudit.org/iderudit/22235ac Aller au sommaire du numéro Éditeur(s) 24/30 I/S ISSN 0707-9389 (imprimé) 1923-5097 (numérique) Découvrir la revue Citer cet article Lafontaine, Y. (1988). Les films étrangers tournés à Montréal : pour une poignée de dollars. 24 images, (39-40), 74–77. Tous droits réservés © 24 images inc., 1988 Ce document est protégé par la loi sur le droit d’auteur. L’utilisation des services d’Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politique d’utilisation que vous pouvez consulter en ligne. https://apropos.erudit.org/fr/usagers/politique-dutilisation/ Cet article est diffusé et préservé par Érudit. Érudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé de l’Université de Montréal, l’Université Laval et l’Université du Québec à Montréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche. https://www.erudit.org/fr/ LES FILMS ETRANGERS TOURNES POUR UNE POIGNEE DE DOLLARS par Yves Lafontaine u'est-ce qui pousse les cinéastes étrangers à venir tourner à Montréal? «Le taux de change», répondait Qprosaïquement, il y a deux a__s, l'Américain Jerry Schatzberg, en train de filmer Street Smart sur la rue Sainte- Catherine, maquillée en bas-fonds newyorkais pour l'occasion. Cela dit, il ajoutait que Montréal n'était pas seulement un paradis pour producteurs en quête d'économies budgétaires, mais aussi un lieu où se trouvaient rassemblés des techniciens très compétents et un décor naturel pouvant facilement passer Christopher Reeve duns Street Smart, le film de Jerry Schatzberg aurait coûté 9 millions de dollars s'il avait été réalisé à New York, il en pour n'importe quelle grande ville. a coûté 7 millions à Montréal. LES MILLE ET UN VISAGES DE MONTRÉAL déploiement technique et policier. L'ancienne École des Hautes Études commerciales, rue Saint-Denis, fut transformée en un La présence à Montréal de productions étrangères n'est pas th un phénomène nouveau. Déjà, en 1958, le premier The Fly poste de police, le 10 Precinct Police Department, Quand on (Kurt Neumann) avait l'insigne honneur de se dérouler à revoit le film aujourd'hui, l'ensemble demeure toujours harmo­ Montréal. Plus précisément dans des studios montréalais. Une nieux. Il est très difficile de discerner les scènes tournées à seule scène en extérieur, le jardin d'une riche villa (probable­ Montréal de celles prises à New York et ailleurs en Europe. Signe ment située à Westmount figure dans le film. Cependant, tous évident d'un travail admirable de la part des directeurs artisti­ les personnages secondaires sont décrits comme Montréalais et que et photographique, ainsi que d'un repérage judicieux des portent des noms francophones, un fait à peu près unique pour lieux de tournage. une production américaine. En effet, si les Américains tournent L'ancien Palais de justice a servi, quant à lui, de toile de beaucoup à Montréal, il est plutôt rare que la ville apparaisse à fond au tournage du film Little Gloria... Happy at Last, une l'écran sous son vrai visage. production pour la NBC tournée à Montréal presque entière­ ment en intérieurs. Il apparaît aussi dans War and Remem­ Le Montréal newyorkais brance et dans la série américaine Henry Ford: The Man Comme Montréal ressemble en bien des points de vue architec­ and the Machine. turaux à New York (sur une échelle évidemment plus petite), En cadrant de près les vieilles pierres du Vieux-Montréal, c'est travestie en vieux quartier newyorkais qu'elle est, le plus ses bâtisses centenaires, ses rues étroites et ses sombres ruelles, souvent, filmée. ce n'est pas l'exploration ou la recréation d'un univers (pour Pour le tournage de la superproduction (près de 24 mil­ eux) inconnu que poursuivent certains cinéastes américains, lions S) de Sergio Leone, Once Upon a Time in America mais la recherche ou la reconstitution d'un passé qui appartient (1984), le Vieux-Montréal fut maquillé en Lower East Side à leur histoire (les années trente surtout). newyorkais des années trente. La scène du guet-apens fut filmée Les quelques réalisateurs français qui viennent tourner à sous la pluie en pleine nuit et nécessita un impressionnant Montréal reprennent à leur compte les archétypes des séries B 74 MONTRÉAL A MONTREAL Keith Carradine et le réalisateur Alan Rudolph dans le Vieux-Montréal lors du tournage de The Modems. Montréal y devient le Paris de 1926. américaines, dans leur reproduction de la vie newyorkaise comédie, etc.), Montréal n'est jamais identifiée comme ville (Lune de miel), ou s'obstinent à perpétuer une image anglo­ francophone, ni même canadienne. C'est une ville nord-améri­ phone de Montréal (Paroles et musique ). Seul Alexandre caine, standardisée, souvent non identifiée (Blind Rage, Arcady a présenté la ville telle qu'elle est (ou presque). Pour Hockey Night, Rebel High), moderne (Of Unknown Origin, son film Hold Up, il a tout de même senti le besoin de cons­ Models, Dreamworld, Spy Games) sans être luxueuse. Le truire dans le Vieux-Montréal un faux pont d'où Belmondo Vieux-Montréal y cède sa place au centre-ville, au port et aux devait effectuer une cascade très difficile (mais les cascades quartiers plus industriels (City on Fire, par exemple a été filmé n'ont pas été retenues au montage final! ). dans l'est de la ville sur les terrains d'une raffinerie désaffectée). Montréal, european style D'autres cinéastes-américains mais aussi européens-sont COÛTS DE PRODUCTION fascinés par l'âme du décor de notre arrondissement historique Plus que pour des raisons de décor, c'est avant tout l'aspect et cherchent à en dégager l'aspect européen. L'Europe, c'est un financier (taux de change, salaires des techniciens, coûts de vaste passé historique dont l'Amérique est dépourvue et que les location des studios et de l'équipement cinématographique) qui cinéastes recréent, à défaut de l'explorer. Ainsi, à l'instar de incite les producteurs à venir tourner à Montréal. Seulement ceux qui maquillent Montréal en New York, ils la font passer sur le plan salarial, la différence serait, pour les productions pour Paris (The Modems, Paroles et musique), Londres réalisées au Québec par rapport à celles tournées à l'extérieur (Oh Heavenly Dog), Vienne (Hotel New Hampshire), de la province, de l'ordre de 5 à 20% inférieure aux salaires Varsovie (Thefeweller's Shop), Berlin (Au nom de tous les payés par les syndicats canadiens (Nabet, Latse) et américains. miens) et Moscou (The Amateur). La plupart du temps donc, Mais pour certains postes clés, elle peut atteindre 25%. Pour c'est l'aspect polyvalent et interchangeable de Montréal qui ce qui est des coûts de location, la différence tournerait autour séduit les étrangers. de 5 à 10%. Ainsi, le film de Jerry Schatzberg (Street Smart), produit L'Américain Robert Altman, bien connu pour tirer parti au par Cannon, aurait coûté 9 millions de dollars s'il avait été maximum de ses décors, s'est intéressé au contexte climatique réalisé à New York et 8 millions à Toronto; il en a coûté 7 de la ville pour Quintet. Durant l'hiver 1978, sur le site futuriste millions à Montréal (une économie bienvenue pour des produc­ d'Expo 67, il a tourné sa parabole post-apocalyptique. Dans un teurs qui avaient, de leur propre aveu, accepté le projet parce monde frigorifié, les anciens pavillons de l'exposition univer­ que l'acteur principal, Christopher Reeve , l'aurait exigé, avant selle forment une ville désincarnée, insolite, où le récit baigne de signer pour le troisième épisode de Superman.) dans le mystère (magnifiquement photographié, Quintet inau­ gurait la collaboration de Robert Altman avec le directeur-photo STRUCTURES DE PRODUCTION Pierre Mignot). Si chaque année, une bonne part des productions réalisées Films de genre à Montréal sont américaines, plusieurs arrivent ici prêtes à être Dans les films de genre (thriller, horreur, catastrophe, exécutées. Des maisons de production montréalaises comme ^5 Henry Ford: The Man and the Machine. Montréal en ville américaine. Ici les abords du Canal Lachine. Filmline International et Productions Boudrias-Rorhbach se Boudrias-Rorhbach collaborent surtout avec des producteurs chargent d'aller chercher ces contrats à New York ou à Los indépendants: Atlantic International (Filmline International) et Angeles et de les produire sur place. C'est le cas de sept à dix Cannon (Les Productions Boudrias-Rorhbach). films tournés, sur pellicule, chaque année pour la télévision. La D'autres productions ne sont que partiellement financées plupart de ces productions sont destinées aux réseaux CBS et aux États-Unis et sont considérées comme des produits améri­ NBC. Filmline International a, en effet, signé il y a quelques cains ou canadiens, jamais comme de vraies coproductions (les années une entente avec Robert Halmy, une maison de produc­ ententes de coproduction sont apparues, faut-il le rappeler, pour tions de New York, qui possède un contrat ouvert en vertu contrer l'envahissement des productions américaines). Blue duquel elle s'engage à livrer annuellement un certain nombre Man a été financé à 50% par les États-Unis au moyen de pré­ de films aux chaînes américaines. Pour ce qui est des films ventes auprès de distributeurs. Le reste venait de Téléfilm destinés au marché des salles, Filmline ainsi que Les Productions Canada et d'une pré-vente à un réseau national de télévision. FILMS ETRANGERS TOURNES A MONTREAL FILMS ETRANGERS TOURNES A MONTREAL Année Origine Réalisateur Producteur, Année Origine Réalisateur Producteur, coproducteur, coproducteur, Titre Version ou Intermé­ Titre Version ou intermé- diaires diaires québécois québécois 1988 White Lady Que.

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