L’Inventaire du patrimoine de la République du Pays d’art et d’histoire de la Provence Verte (2012-2016) Karyn Orengo, chargée d’Inventaire du patrimoine Présentation de l’enquête L’inventaire du patrimoine en Provence Verte En avril 2012, le Pays d'art et d'histoire de la Provence Verte a lancé une opération d'inventaire du patrimoine de son territoire en convention avec la Région Provence Alpes-Côte d'Azur. Ce partenariat associe un travail de recherche, conduit selon la méthodologie de l'Inventaire général, avec les objectifs du Pays d'art et d'histoire en matière de gestion, de diffusion et de médiation des patrimoines. Cette entreprise de connaissance a pour objectif de recenser, étudier et faire connaître le patrimoine local, pour en faire découvrir les différentes facettes et participer à la constitution d’une mémoire régionale accessible à tous. Au regard de l’étendue du territoire - 43 communes, près de 25% de la superficie du Var – une approche thématique a été adoptée. Pour la première opération d’inventaire, le choix s’est porté sur le patrimoine de la République. L’étude a consisté en une recherche de toutes les traces matérielles (bâtiments et objets) et immatérielles du processus d’installation et de pérennisation de la République, dans les domaines publics, associatifs et privés. Au-delà des symboles visibles - comme le sigle RF ou la devise Liberté Egalité Fraternité - une fontaine, un cours planté, une coopérative agricole, un drapeau sont autant d’éléments qui ont pu intégrer cette vaste thématique, pour peu qu’il ait été possible d’en percevoir la teneur symbolique, notamment à travers les archives ou la tradition orale. L’enquête a couvert une période qui s’étend de 1792 à 1980. Elle a nécessité quatre années de recherches en archives et sur le terrain et a été restituée au grand public en deux temps : - 2014 : publication de la brochure Laissez-vous conter les cercles en Provence Verte et production du film documentaire Paroles de cercles, loisir et démocratie en Provence Verte ; - 2016 : publication de l’ouvrage de synthèse de l’étude Le patrimoine de la République en Provence Verte et réalisation d’une exposition itinérante. Les notices d’inventaire réalisées sont consultables sur le site Internet du Pays d’art et d’histoire www.patrimoineprovenceverte.fr. Actuellement, la base de données comprend 374 notices Architecture (Mérimée), 170 notices Objet (Palissy) et 1616 notices Illustration (Mémoire). Laissez-vous conter les cercles en Provence Verte Le patrimoine de la République en Provence Verte 2014 © La Provence verte 2016 © La Provence verte N°37 – Juillet 2017 – Lettre d’information Patrimoines en Paca – DRAC / MET 1 Les problématiques scientifiques L’ancrage des idées républicaines dans le département du Var a fait l’objet de travaux historiques qui ont mis en évidence certaines caractéristiques sociales de ces villages urbanisés, où la politique pénètre toutes les couches de la population. Ces marqueurs sociaux et spatiaux auraient contribué au développement précoce d’une sensibilité républicaine, qui se diffuse durant plus d’un siècle avec plusieurs temps forts : l’insurrection au coup d’Etat de louis Napoléon Bonaparte en décembre 1851, l’exploitation industrielle de la bauxite du centre Var à partir de 1880, la révolte des vignerons en 1907 ou encore le succès des listes « rouges » aux élections législatives de 1924 et 1932. Plusieurs questions se posaient alors : qu’apporterait une enquête sur les traces encore lisibles du message républicain dans l’espace public ? Comment recouper ces témoignages avec les éléments d’analyse produits par l’histoire sociale ? L’objectif de cette enquête n’était pas d’établir la liste des équipements publics présents dans chaque commune mais plutôt de comprendre les enjeux de ces aménagements pour ancrer le régime républicain dans l’espace villageois. L’étude des formes architecturales a été associée à la prise en compte du message de nature politique et de la charge symbolique de ces équipements. Dans cette perspective, une lecture globale de l’espace villageois a été proposée, pour mettre en lumière la place inédite qu’y occupent le bâtiment public, le monument, mais aussi la place ou le cours planté. Monument de l’Insurrection de 1851, Barjols Plan du cours de Nans-les-Pins avec emplacement à acquérir © La Provence verte pour l’école, 1866 Archives Départementales du Var – 2Op82/2 N°37 – Juillet 2017 – Lettre d’information Patrimoines en Paca – DRAC / MET 2 Le territoire de la Provence Verte Le territoire de la Provence Verte est situé au centre-ouest du département du Var, il réunit 43 communes de l’arrondissement de Brignoles, structurées en une communauté d’agglomération (Provence Verte) et une communauté de communes (Provence Verdon). Son territoire, bien que récent d’un point de vue administratif, recouvre des réalités culturelles, sociales et économiques qui contribuent à lui forger son identité et à lui assurer sa cohérence. La Provence Verte s’étend des contreforts de la Sainte-Baume aux gorges du Verdon. Elle est composée de bourgs et villages disséminés dans une campagne de plaines et de collines. L’habitat s’organise selon la structure méditerranéenne du « village-ville » alliant ruralité et urbanité. La centralisation des hommes et des équipements favorise très tôt le développement d’une sociabilité villageoise foisonnante et vigoureuse. Dans ce contexte, vie sociale et vie politique se confondent. Le revirement d’opinion du Var Blanc au Var Rouge s’opère de manière radicale dans l’arrondissement de Brignoles, où la population autrefois la plus favorable au royalisme et la plus attachée au traditionalisme religieux se mobilise pour défendre les institutions de la République. Lors de l’insurrection de 1851, les communes de cette circonscription sont celles qui comptent le plus d’insurgés. Cette adhésion à la gauche la plus radicale ne se dément pas jusqu’au milieu du 20e siècle. N°37 – Juillet 2017 – Lettre d’information Patrimoines en Paca – DRAC / MET 3 Patrimoine inventorié : les bâtiments Administration publique Bâtiments départementaux Le département du Var compte quatre arrondissements au début du 19e siècle: Toulon, Draguignan, Brignoles et Grasse. Brignoles, en tant que chef-lieu d’arrondissement, est le siège d’une sous- préfecture et accueille les nouveaux équipements. Dans les années 1830, le Préfet du Var lance un programme de construction de palais de justice avec maison d’arrêt et caserne de gendarmerie dans chaque chef-lieu d’arrondissement. A Brignoles, le projet est confié à l’architecte départemental Esprit Lantoin, auteur du palais de justice et de l’hôtel de préfecture de Draguignan. Ses dessins sont présentés au Conseil des Bâtiments Civils en 1835. Ils sont approuvés, après quelques modifications, en 1837. Les plans de la prison sont à nouveau remaniés en 1838 pour se conformer à la circulaire ministérielle du 2 octobre 1836, qui préconise l’adoption du système cellulaire pour les prisons départementales. Le système philadelphien est appliqué aux nouveaux plans de la prison de Brignoles : chaque détenu est isolé dans sa cellule et privé des communications visuelles et verbales avec les autres prisonniers, tout en étant constamment vu et surveillé par le personnel pénitencier. Les bâtiments, de style néoclassique, sont construits entre 1839 et 1842. Une fois ces établissements achevés, le département se charge de trouver des locaux convenables pour les hôtels de préfecture. A Brignoles, il est installé dans le palais des comtes de Provence récemment libéré par le déménagement du palais de justice et des prisons. Il y reste jusqu’en 1914, année de l’acquisition de la demeure d’un ancien avocat, place du palais de justice. Palais de justice / Vue intérieure de la Prison / hôtel de Sous-Préfecture de Brignoles © Région Provence-Alpes-Côte d’Azur Inventaire général, photo : Françoise Baussan N°37 – Juillet 2017 – Lettre d’information Patrimoines en Paca – DRAC / MET 4 Mairies Au début du 19e siècle, la mairie est le plus souvent un édifice loué ou acheté, modeste, situé au centre du village. Parfois, elle est aménagée dans la maison du maire, du secrétaire de mairie ou de l’instituteur. Les bâtiments combinent plusieurs fonctions : four communal, logements, prison... Peu de bâtiments sont construits avant la monarchie de Juillet. Toutefois, à Bras, un hôtel de ville est édifié sous l’Empire entre 1822 et 1824. Installé contre l’église, il est détruit en 1855 pour agrandir la place du village et créer une communication avec la place de l’Église. A partir de la Monarchie de Juillet, le développement des mairies est étroitement lié à celui des écoles. La loi Guizot de 1833 impose aux communes de plus de 500 habitants de se doter ou d’entretenir une maison d’école, puis la loi du 18 juillet 1837 rend obligatoire l’entretien d’une mairie ou d’un local affecté à cette fonction. L’espace dédié à l’institution municipale est alors souvent aménagé dans l’école, au point que l’on pourrait plutôt parler pour cette période d’ « école-mairie » que de « mairie- école ». Plusieurs projets sont mis à l’étude mais seuls deux aboutissent : Saint-Martin de Pallières en 1839 et Varages en 1843. Deux hôtels de ville sont édifiés sous le Second Empire indépendamment d’une école ; il s’agit de Tourves (1857) et Garéoult (1858). Construits sur la place principale du village, ils présentent une architecture néoclassique. La mairie de Garéoult est associée à un presbytère. Hôtel de ville de Tourves Hôtel de ville de Garéoult © La Provence verte © La Provence verte Sous la Troisième République, la loi du 5 avril 1884 impose d’installer la mairie dans un espace indépendant. Les communes construisent peu de bâtiments, préférant s’installer dans des bâtiments existants. Ces derniers sont pour la plupart des édifices modestes, à un ou deux étages, situés au centre du village, souvent sur la place principale.
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