Les codes cambodgiens / Cochinchine française ; [traduits par Mr Cordier] Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France Les codes cambodgiens / Cochinchine française ; [traduits par Mr Cordier]. 1881. 1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le domaine public provenant des collections de la BnF.Leur réutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n°78-753 du 17 juillet 1978 : *La réutilisation non commerciale de ces contenus est libre et gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source. *La réutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait l'objet d'une licence. Est entendue par réutilisation commerciale la revente de contenus sous forme de produits élaborés ou de fourniture de service. 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LOIS CONTRE LES MALFAITEURS (LAKKANA CROM CHOR) (1) DISPOSITIONS PRÉLIMINAIRES Dans le livre bali Pra thom masal on dislingue huit catégo- ries de malfaiteurs (chor) : 1° Ceux qui commettent eux-mêmes les crimes: 2° Ceuxqui font commettre les crimes en leur nom et place; 3° Ceux qui enseignent les moyens de commettre une action criminelle ; 4° Ceux qui, sciemment, donnent refuge à des malfaiteurs; 5° Ceux qui, sciemment, se lient d'amitié, font société avec des voleurs, des malfaiteurs, dans l'intention d'en retirer un profit; C° Ceux qui, connaissant un malfaiteur, se contentent de lui reprendre ce qui leur a été volé, sans faire connaître le cou- pable à la justice; 7° Ceux qui donnent refuge aux malfaiteurs, les cachent, les aident et leur fournissent les moyens d'échapper à la justice par la fuite; 8° Ceux qui recèlent des objets volés, soit pour en user, soit pour les consommer, soit pour les dénaturer, les fondre, etc... Les individus des trois premières catégories sont regardés comme des malfaiteurs (chor) dans toute la rigueur du mol; ceux des cinq dernière ; sont considérés comme complices. Après avoir distingué entre les malfaiteurs proprement dits (1) Lakkana ou Lakkena (selon le dictionnaire de M. Aymonier) est un mot provenant du pâli, qui signifie : signe, nature, lois, État, ordres, pro- priétés d'une chose. — 6 — et les complices, le Pra llwm masat passe â la distinction des crimes, qu'il divise en cinq catégories, qui sont : 1° Ocrol tus; 2° Mohanta lus; 3« Caru lus; 4° Mochhim tûs; 5° Lohu lus. PREMIÈRE CATÉGORIE. (OCROT TUS.) Les {crimes qui sont renfermés dans la première catégorie, qu'on regarde comme les plus graves, sont les suivants : 1° Pénétrer en armes dans le royaume pour le piller; 2° Piller, dévaliser avec violence les bonzes; 3° Incendier le palais ou le trésor du roi ; 4° Brûler les livres sacrés, les pagodes (pehear), les sala des bonzes (hangar où ils reçoivent les étrangers), les kedey (demeure des bonzes), les maisons, soit des mandarins, soit des particuliers; saisir et lier les bonzes ou leurs élèves, ou les particuliers pour les mettre à mort, soit à coups de fusil, soit à coups de sabre, soit à coups de lance, soit en les brû- lant, soit en les foulant aux pieds, soit en les plongeant dans l'eau, soit en les enterrant pour prendre leurs biens; saisir des personnes du palais pour les mettre à mort ; tuer son père ou sa mère ou son instituteur (cru) ; tuer un mari pour avoir sa femme; tuer les pères et mères pour prendre leurs enfants; tuer celui qu'on a poussé à voler pour avoir le produit du vol; voler des statues de Somanm cudom, qu'elles soient d'or, d'ar- gent, de bois, de pierre, d'étain, de cuivre jaune, de cuivre rouge, de vermeil, de briques ou autres choses semblables, coiiôi- dérées comme racine-mère de la religion (rus Khêo Pra Pût sasse- na); saper, renverser, miner une pagode (pehear) ou un sema (caveau de pagode), pour en extraire les objets qui ont été offerts et qui y sont conservés pour la future transmigration; couper, arracher ou renverser l'arbre sacré (dom pôu) (1); voler les livres sacrés bali ; voler les objets des bonzes pour les détruire. (1) Figuier religieux. / — DEUXIÈME CATÉGORIE. (MOHANTATUS.) Les crimes compris dans celle catégorie sonl : 1° Voler, à la faveur des ténèbres, les objets d'un ennemi dont on veut se venger secrètement, mais sans intention d'en retirer un profit, soit en les conservant, soit en s'en servant, soit en les consommant, mais uniquement pour les jeter afin qu'ils soient perdus, ou pour les détruire au détriment du maître; 2° Se réunir en bande pour effrayer quelqu'un par des cris ou des coups de feu et l'obliger à prendre la fuite, afin de s'emparer de ses biens ou des objets qu'il a abandonnés. TROISIÈME CATÉGORIE. (CARU TUS.) Leb crimes rangés dans cette catégorie sont : 1° Voler ou enlever des objets quelconques, abstraction laite de leur valeur, pour les dépenser ou les fondre; 2° Voler ou piller les biens, les objets d'un individu quel- conque, soit sur les grands chemins, soit sur un marché, soit dans les forêts ou dans des endroits solitaires, et prendre ensuite la fuite; 3° Voler les biens d'une personne qu'on a endormie ou enivrée par des potions, des drogues ou des sorcelleries, de manière à lui faire perdre connaissance ou à la priver d'intei- ligence ou de mémoire; 4° S'embusquer dans les bois, les forets ou dans les fossés qui bordent les chemins, ou dans d'autres endroits cachés, pour y guetter les passants qui portent de l'argent ou des marchan- dises, et les dévaliser ; Dans ce cas, si le voleur, découvert ou surpris, dit pour s'excuser qu'il l'a fait pour s'amuser, cette excuse n'est nulle- ment recevable ; 5° Aller d'un bord a l'autre d'un lac, d'un étang ou d'un cours d'eau, pour voler. - 8 — QUATRIÈME CATÉGORIE. (MOCCHIMTUS). Les crimes dont se compose la quatrième catégorie sont : 1° Les vols commis par ceux qui se cachent dans un fossé pour profiter d'un moment propice afin de détrousser les pas- sants ; 2° Les vols commis par ceux qui se cachent sous l'eau pour enlever la cargaison d'un bateau ; 3° Les vols commis en secret; 4* L'assistance que donnent aux malfaiteurs ceux qui, après les avoir accompagnés jusqu'à mi-chemin, reviennent garder la maison où est déposé le butin de ces voleurs ; 5° Les vols commis par ceux qui coupent, soit le sac, soit la valise, soit les paquets, soit la hotte de quelqu'un pour en prendre le contenu ; 6° Les vols de barques, de pirogues, de chariots ou d'autres objets laissés devant une maison, sur le bord d'une rivière ou dans l'enceinte d'une habitation close avec une haie; les vols commis dans les maisons mêmes ou quelque part que ce soit. Dans les cas précédents, quiconque sera pris en flagrant délit, ne pourra s'excuser en prétextant qu'il n'a pas voulu voler, mais seulement emprunter l'objet déplacé par lui. 7° Les vols commis par ceux qui, sans porter chez eux les objets volés, les vendent, les dépensent ou les consomment avec des amis, dans les marchés ou dans des lieux solitaires. CINQUIÈME CATÉGORIE. (LOHU TUS.) Les crimes de cette catégorie sont : 1° Abuser de la confiance, soit de son père, soit de sa mère, soit de son épouse, soit de ses enfants, soit de ses proches, soit de ses amis, pour voler leurs biens ; 2° Se lier d'amitié, faire société avec des personnes connues — 9 — comme voleurs; se rendre complice des voleurs ou des malfai- teurs ; 3° Se lier, sciemment, d'amitié ou agir de concert avec des complices de malfaiteurs. Des peines édictées contre les crimes des cinq catégories précédentes. Tout ceux qui se rendent coupables d'un des crimes de la première catégorie, qui est antaiung ocrol lus, doivent être punis de mort; mais il y a vingl-el-une manières, plus ou moins cruelles, de la leur faire subir : 1° Les exécuteurs, après avoir fait de larges blessures, d'où le sang jaillit à flots, à la tète du patient, la font mettre sur une barre de fer rougie au feu et l'y laissent jusqu'à ce que toute la chair soit consumée et qu'il ne reste plus que l'os nu; ,; 2° Ils lui écorchent la tète, de manière à faire retomber la peau sur le visage pour le couvrir; 3° Ils versert de l'huile dans la bouche du coupable, tenue ouverte au moyen d'un bâillon, et l'enflamment avec une mèche ; 4" Ils lui fendent la bouche des deux côtés, jusqu'aux oreilles, et la tiennent béante avec un bâillon jusqu'à ce que le patient expire ; 5° Ils lui enveloppent les dix doigts des mains d'une toile imbibée d'huile et y mettent le feu ; 0° Ils tailladenl les chairs du patient, du cou aux chevilles des pieds, sans solution de continuité.
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