ana Défriche en bordure de forêt classée Sissili. Cliché P. Morant L'évolution de l'occupation du sol peut être déterminée grâce à l'interprétation de données satellites. Le sud-ouest du BurKina est une région attractive pour les agriculteurs et les phénomènes d'arrivée et d'installation de migrants ont pu être étudiés, pour la période 1981 -1991, grâce à la télédétection. L'interprétation des données SPOT récentes a été réalisée pour une partie du sud-ouest du BurKina. L a zone cotonnière du BurKina, région de Houndé, est assez attractive par sa plu­ Coopération INERA-CIRAD viométrie plus favorable et sa disponibi­ lité en terres cultivables et en pâturages. Ce travail a été réalisé dans le cadre d'une coopération scientifique entre Dans cette région, les migrants ont bénéficié l'INERA (Institut d'études et de recherches agricoles, Burkina) et le CIRAD des efforts de vulgarisation et de promotion (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement, France). La création de la cellule télédétection basée au pour le cotonnier. L'agriculture a été intensi­ Centre de recherches agricoles et de formation de Kamboinsé (Burkina) fiée, assurant la subsistance en produits a été assurée avec l'appui financier du ministère de la coopération vivriers et un revenu monétaire grâce à la française. vente du coton. Cette unité, composée de sept chercheurs et équipée de matériel informatique, développe des activités dans le domaine de l'approche L'insertion des populations de migrants n'a spatiale des phénomènes agro-pastoraux. Elle joue un rôle d'appui pas posé de problème dans les premiers et de formation auprès des programmes de recherche et contribue à la temps. En effet, la mise à disposition de terres réalisation d'études cartographiques pour les projets de développement sur l'ensemble du territoire burkinabé. et l'intégration dans les organisations de pro­ ducteurs ont été favorisées par une popula­ tion autochtone souvent accueillante et socialement structurée. Toutefois, le phéno­ mène migratoire s'est amplifié au cours du Objectif de l'étude P. MORANT temps, les migrants sont devenus majori­ CIRAD, INERA, taires, l'espace cultivable et pâturable est L'objectif du travail de recherche, décrit dans 01 BP 596, arrivé à saturation. C'est pourquoi, dans cer­ Ouagadougou, BurKina cet article, est de fournir aux responsables taines zones des départements de Solenzo et Nouvelle adresse : administratifs et aux structures de développe­ de Houndé, l'immigration s'est arrêtée et cer­ CIRAD-CA, BP 5 0 3 5 , ment la situation actualisée de l'occupation tains migrants récemment arrivés sont partis 34032 Montpellier, du sol. Par les méthodes classiques d'enquête vers des espaces situés plus au Sud. France par questionnaire, la collecte des données Agriculture et développement ■ n° 10-Juin 1996 est difficile à conduire et l'interprétation sta­ la programmation et l'organisation des tistique est longue et complexe dans le cas prochaines installations. Dans les zones déjà d'une évolution rapide des phénomènes, fortement occupées, Il sera possible de suivre comme celui de l'immigration. Les prises de les problèmes de dégradation et d'engager vue aériennes les plus récentes dataient de des actions prioritaires de conservation 1981 et représentaient une situation trop du milieu. ancienne par rapport aux installations des nouvelles exploitations agricoles dans le sud-ouest du Burkina. L'étude a commencé à partir de données satellites facilement Le sud-ouest, accessibles et renouvelables dans le temps une région d'accueil à des périodes choisies. Une représentation spatiale des zones cultivées aux dates des migrants sélectionnées a pu être ébauchée. Les résultats serviront à la préparation des L'exode du plateau central s'est poursuivi plans d'aménagement, notamment pour ces dernières années et les implantations nouvelles n'ont plus seulement concerné la région cotonnière du Burkina, mais aussi plus au sud, les provinces du Houet, Situation géographique de la Bougourlba et de la Comoé (figure 1 ). et démographique Des conditions naturelles Le BurKina est un pays enclavé, de faible superficie (275 000 Kilomètres carrés) par favorables à l'agriculture rapport aux pays voisins, essentiellement rural. La diversité régionale est importante tant La région sud-ouest du BurKina bénéficie du point de vue climatique que du point de vue d'une pluviométrie favorable (entre 1 000 et démographique et ethnique. Les situations 1 300 millimètres par an), étalée sur les mois agricoles sont différentes selon les conditions du d'avril à novembre. Néanmoins, la réparti­ milieu et les ethnies : systèmes de production, tion des pluies sur le cycle de culture n'est régimes fonciers, modes d'occupation des terres. pas toujours régulière, ce qui peut entraîner Sur le plateau central, appelé « le plateau Mossi », des déficits hydriques, notamment sur des la densité de population est élevée (jusqu'à sols sableux à faible réserve en eau. En 130 habitants par kilomètre carré dans la province comparaison des régions du nord et du centre du Kouritenga) entraînant une forte pression humaine sur les terres. L'occupation du sol par l'agriculture conduit parfois à une saturation de SOUROU / KOSSI I l'espace et s'accompagne de surpâturage par les \ animaux d'élevage. Les régimes climatiques perturbés depuis une trentaine d'années ont pénalisé une agriculture peu productive et essentiellement orientée vers l'auto- consommation. Un phénomène compensatoire d'émigration existe dans les traditions, mais il a été MOUHOUN amplifié dans la décennie 80-90, notamment vers la zone cotonnière située à l'ouest du plateau cen­ Houndé tral (tableau 1). MALI KENEDOUGOü) HOUET ¡ SISSILI Bobo-Dioulasso Tableau 1. Illustration du phénomène de Orodarai migration dans quelques provinces (extrait du BOUGOURIBA recensement général de la population de 1985). GHANA Ban fora* Province Population Solde Sidéradougoy. migratoire Gaoua COMOE Yatenga 522 241 -153 089 ----------Limite de province COMOE Passore 216 719 - 64 420 Mangodara f^Djigoué Sanmentenga 363 586 - 73 275 Sissili 235 606 + 79 110 Kossi 307 742 + 56 439 COTE D'IVOIRE Comoé 242 401 + 16 613 Houet 545 844 + 137 957 Figure 1. Carte du BurKina et des régions concernées par les migrations. Agriculture et développement ■ n° 10 - Juin 1996 télédétection du BurKina, où dominent les cultures de sor­ Le développement rural récent gho et de mil, on rencontre dans le sud-ouest une grande diversité de plantes : maïs, sor­ Depuis une dizaine d'années, des campagnes gho, igname, mil, riz, sésame, fonio, taro, d'éradication des maladies et la mise etc., principalement en variétés locales à en œuvre de projets de développement cycle long. Le réseau hydrographique est intégrés ont favorisé l'évolution de cette assez dense et comporte des rivières perma­ région : réalisation de forages et de retenues nentes (la Comoé, la Bougouriba), ainsi que d'eau ; construction d'écoles et de de nombreux bas-fonds, potentiel important dispensaires ; réfection des routes et mise en pour de futurs aménagements hydro-agri­ place d'un encadrement agro-pastoral coles. La végétation est de type soudanienne, (vulgarisation, approvisionnement en avec des forêts claires. Il existe plusieurs matériel et en intrants, commercialisation, forêts classées et délimitées qui, dans la par­ etc.). La production agricole s'est accrue tie sud de la zone d'étude, occupent près du grâce à l'introduction des nouvelles variétés quart de la superficie totale ; elles jouent un de maïs à grain blanc et de la culture de rôle de réserve de faune et de flore. cotonnier, accompagnées de la diffusion de nouvelles pratiques culturales et dans La région est située sur le socle granitique, certains cas de la culture attelée. L'igname est entrecoupé de faciès volcano-sédimentaires devenue une culture de rente, lorsque du birrimien et présente un phénomène les voies de communication ont permis de cuirassement généralisé et des lambeaux sa com m ercialisation sur des marchés de cuirasse façonnent le paysage. Les sols urbains (Bobo-Dioulasso, Ouagadougou) ou sont principalement des sols ferrugineux étrangers (Côte d'ivoire, Ghana). L'élevage, tropicaux lessivés, limités par un horizon en principalement transhumant, occupe les voie d'induration (carapace ferrugineuse), vastes espaces non cultivés comme réserves plus ou moins profond. pastorales pour les troupeaux sédentaires et transhumants. Ces différents éléments rendent cette région Diversité et isolement attractive pour des populations d'agriculteurs et d'éleveurs en quête d'espaces cultivables de la population et de pâturages, devenus rares dans leurs régions d'origine. La densité de population est faible, de 14 habitants par kilomètre carré en moyenne pour la province de la Comoé, mais inégale­ ment répartie entre la partie ouest plus peu­ La zone étudiée plée et la zone d'étude située à l'est (figure 1 ). avec les images SPOT La diversité des ethnies autochtones est une particularité de la région et certaines d'entre Au vu des premières données exhaustives elles ne sont représentées que par quelques de présence ou d'absence de migrants et milliers d'individus. L'isolement géogra­ d'un gradient de densité d'occupation du sol, phique, les accès difficiles, le faible degré nous avons retenu la zone d'étude sur un d'infrastructure ont longtemps confiné ces transect nord-sud, allant de la ville populations dans leurs villages. Jusqu'au de Bobo-Dioulasso jusqu'à la frontière début des années 80, en raison de la présen­ de la Côte d'ivoire (figure 2). Etant donné ce des rivières et des forêts galeries, se trou­ les difficultés rencontrées pour obtenir des vaient à l'état endémique l'onchocercose statistiques démographiques et agricoles (maladie propagée par l'eau et provoquant la récentes ou mises à jour, nous avons étudié cécité des hommes) et les trypanosomiases le phénomène d'arrivée et d'installation animales, empêchant toute dynamique de de migrants au moyen de la télédétection.
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